Chenbrolo était un petit système stellaire sans histoire, mais fier de son indépendance. Nombreux avait été les empires et les conquérants à vouloir l'annexer. Mais aucun n'avait réussi. Il fait dure que le niveau technologique de cette nation était impressionnant et que la plupart des peuples maîtrisant aussi bien la science aurait fondé une large nation sur plusieurs systèmes. Mais pas les Chenbrololiens. Il se contentaient se leur système, et d'explorer la galaxie sans jamais fonder de colonie ni conquérir de voisin génant. Ils laissaient les autres tranquilles, et veillaient à ce qu'on les laisse tranquilles. Jusqu'à ce jour funeste...
Le Général de Guerre Léoto der Chantecoq entra dans la war room en réajustant sa cape, puis se tourna vers le Président Yzak-Ros pour le saluer.
- Où en sont les préparatifs ? demanda ce dernier
- Notre mur de défense spatial est fin prêt. Il est composé de 150 vaisseaux dernier cri avec l'élite de nos troupes pour équipages. Tout le système, ainsi que les cinq systèmes stellaires les plus proches ont été truffés de détecteur. Nous les verrons en avance, et nous les accueilleront comme il se doit.
- Parfait.
Mais à ce moment précis, alors que les deux hommes souriaient de satisfaction et de soulagement mêlés, une alarme stridente se mit à hurler.
- Une flotte d'invasion est sortie de l'hyperespace !
- Où ça ? demanda calmement le Général.
- En orbite autour de la planète ! Ils sont à peine à 15 000 km d'altitude.
- Quoi ? C'est impossible. Aucun vaisseau ne peut émerger au beau milieu d'un puits de gravité !
- Et pourtant ! Nos détecteurs sont formels. Une dizaine de croiseurs sont en train de glisser dans notre exosphère !
- Ordonnez à la flotte de les intercepter !
- Impossible ! Leurs trajectoires ne leur permettent pas de faire demi-tour assez vite !
- Des vaisseaux plus petits sont éjectés des croiseurs ! fit un autre surveillant.
- Que font les plateformes de défenses orbitales ?
- Leurs tirs semblent inopérants. Les boucliers des croiseurs les absorbent. Et les autres vaisseaux sont trop petits et rapides pour que nos batteries se verrouillent dessus.
- Que font ces derniers ?
- Ils se dirigent vers la surface.
- Des chasseurs capables de rentrée atmosphérique ? C'est du délire !
- C'est ça, où ils veulent se suicider...
- Enfer ! Combien de temps avant l'entrée dans l'atmosphère de leurs chasseurs ?
- Environ trois minutes, s'ils continuent sur leur trajectoire..
- Faites décoller la chasse alors ! Il faut les intercepter.
Mais il était déjà trop tard. Ralentissant à peine pour affronter les couches denses de l'atmosphère, les escadrilles de chasseurs ennemis passèrent sans transition remarquable du mode spatial au mode aérien, et se mirent à foncer vers la capitale et d'autres cibles stratégiques.
- Ils vont trop vite pour nos chasseurs ! Impossible de les intercepter.
- Hmmm. Ne devrais-je pas évacuer ? demanda timidement le Président.
- Ce bunker est indestructible, le rassura le Général. Vous ne craigniez rien.
- Je commence à me méfier de nos certitudes...
- Les chasseurs approchent de la capitale. Ils se dirigent droit sur le Palais !
Et tandis que la chasse locale venait à peine de prendre la bonne direction, les chasseurs ennemis survolaient déjà la ville, le Palais en vue, non sans avoir détruit quelques cibles sur le chesmin.
- Faites tirer les batteries de défense !
Une nuée de missiles fusa aussitôt au dessus du palais, fonçant vers les agresseurs. Une série d'explosion embrasa alors le ciel de la ville, brouillant toute visibilité.
- On les a eu ?
- Impossible à dire. Il y a trop de fumée et les radars sont saturés.
Mais lorsque cette dernière se dissipa, l'horrible vérité leur apparu :
- Ils ont intacts. ! Ils... Ils...
L'opérateur était muet de stupéfaction, et les autres personnes présentes comprirent en regardant les écrans : les chasseurs ennemis s'étaient transformés, et avaient pris une forme de robot humanoïde qui leur avait permis de se poser et de marcher droit sur le Palais.
- Ils viennent droit sur nous ! fit le Président, qui essayait de garder son calme, mais était de plus en plus terrorisé.
Un immense fracas se fit alors entendre, et personne ne comprit ce qui se passait, jusqu'à ce que le plafond disparaisse soudainement. Un des mechas ennemis avait proprement décapité le Palais jusqu'à ses fondations, avec un katana. Le bunker de la war room était désormais à ciel ouvert.
- Yub yub ! C'est le moment de vous rendre ! fit alors une voix, de toute évidence celle du commandant de la flotte d'invasion.
L'invasion de l'imprenable Chenbrolo avait duré en tout et pour tout trente minutes.
Milvus se dirigea vers l'entrée de la cabine, et pour la énième fois, sonna sans qu'on lui réponde. Il soupira, puis se décida à faire ce qu'il aurait voulu éviter. : il tapota le code d'ouverture forcée de la porte. Cette dernière coulissa alors sans protester.
- Que tu le veuille ou non, je rentre.
Joignant le geste à la parole, il pénétra dans la vaste cabine (c'était plutôt une suite) et constata que l'obscurité y régnait. La pièce était également vide, et un bazar indescriptible y régnait. Un grognement indistinct lui indiqua toutefois que le propriétaire de cette cabine devait être dans sa chambre.
- Fous-moi le camp ! Veux rester seul !
La chambre empestait le DNT et la moquette, mais ce n'était rien pour Milvus qui avait consommé, fabriqué, vendu, analysé, testé, etc... ces produits pendant tant d'années. Il entra donc, et constata que la personne qu'il venait cherche était avachi sur le lit, les cheveux et la barbe hirsutes, et entouré de cadavres de bouteilles de DNT. Paradoxalement, tout était d'une propreté méticuleuse. Il fallait en remercier les drones de nettoyages, et surtout leur concepteur, qui avait eu l'idée saugrenue de les programmer pour qu'ils puissent nettoyer à fond, mais sans ranger quoique ce soit.
- Tu vas te bouger, oui ou non ? Ça fait des mois que tu te terres ici.
- M'en fous... J'ai plus aucune raison de sortir.
Il était vraiment devenu une loque. Jamais Milvus n'aurait cru ça possible de Ulyk. Lui qui semblait toujours sortir d'une affiche de propagande en faveur des Chevaliers Célestes.
- Ne sois pas ridicule... Tu n'as rien à te reprocher !
- Rien ? J'ai déclenché une guerre intergalactique alors que j'étais censé l'arrêter ! À cause de moi, des milliards de personnes sont en train de se faire massacrer !
- Pour la dernière fois, tu t'es juste fait manipulé par la Déesse ! Bon sang ! On s'est tous fait manipulés en beauté ! Elle voulait juste une excuse pour exporter sa religion dans la Galaxie d'Andromède ! Elle a poussé l'Empire vers la décadence légère, ou juste attendu qu'elle se produise tout seule. Ce qui a poussé les habitants d'Andromède à nous attaquer. Et hop, à ce moment, on appelle les vieux briscards pour remuer le cul de tout le monde et contre-attaquer.
- Elle avait tout planifié depuis le début ?
- Mais bien sûr ! Les Dieux font toujours comme ça. En surface, tout est bien lisse, on fait pas de coup bas, on attaque pas son voisin sans raison, on obéit aux aînés, on est fair play... Mais derrière, c'est un sac de nœuds d'intrigues !
- Mouais... Je sais pas si j'ai envie de te croire ou pas. Qu'est-ce qui est pire ? Que je sois un salaud ? Ou que la déesse soit une intrigante manipulatrice ?
- Crois-moi. La Déesse n'est pas celle que tu crois.
- Et l'ordre des Chevaliers Célestes ? Et l'Empire ? Comment tu expliques qu'on a eu presque mille ans d'age d'or? J'étais un Chevalier Céleste, merde, je sais comment ça marchait.
- Ah ? Tu crois ? Explique-moi !
- Si ça te fait plaisir... L'Empire était basé sur un subtile équilibre entre la démocratie des Citoyens, axé vers la liberté, et la méritocratie des Nobles et des Aristocrates, axé vers le sens du devoir.
Ulyk récitait d'une voix monocorde, tant ce discours était une évidence pour lui, au même titre que le théorème de Pythagore pour un mathématicien.
- Ce mélange improbable fonctionnait parce que tout le monde s'efforçait de faire le Bien. Et réellement. Pas seulement en faisant semblant ou en prenant du définition du Bien qui les arrangeait. Et les Chevaliers Célestes était là dans leur coin pour surveiller tout ce petit monde : Repérer et punir les corrompus, les cinglés, les crétins, etc...
- Le fameux cercle vertueux, c'est ça ?
- Oui. Ce sont les Fondateurs qui l'ont mis en place avec l'aide la Déesse. Et l'ordre de Chevaliers Célestes a pris la relève.
- Hélas, tout ça n'est qu'une légende.
- Quoi ?
- La Déesse ne nous a jamais aidé de la sorte. Elle ne nous a jamais indiqué ce qu'était le bien ou le mal. Si elle nous surveillait ou nous punissait, c'était quand on la faisait chier. Pas quand on faisait le mal. En fait, elle s'en foutait du bien et du mal, comme tous les Dieux. C'est une putain de notion de mortels, le bien et le mal.
- Hein ? Et la différence entre Anges et Démons alors ?
- Y a jamais eu de différences entre Anges et Démons, sauf dans la tête des mortels.
- Mais elle vous a quand même chargé d'unir le secteur de Sirius, puis la Galaxie, non ?
- C'est vrai. Mais pas comme tu le penses. Tu veux savoir le plus drôle dans l'histoire ? On s'est cassé le cul pendant des années pour que les gens arrêtent de se taper dessus. C'était un fiasco les trois quarts du temps. Et il a suffit qu'on soit absent pendant plus d'un an, perdus entre les univers, pour que ce putain de cercle vertueux se mette en place tout seul.
- Quoi ?
-
- L'Empire est né, parce que pour la première fois dans l'histoire de la galaxie, tout le monde était persuadé que s'il jouait au con, ça allait lui revenir en pleine figure. C'était faux. Dès le début. Mais personne ou presque ne s'en ait jamais rendu compte. Et voilà comme est né ce fichu cercle vertueux où tout le monde faisait le bien, parce que tout le monde faisait le bien.
- J'ai du mal à y croire...
- Moi aussi. Surtout sur le fait que des gens aussi différents aient réussi à se mettre d'accord sur une définition de ce qu'était le bien et le mal. Mais c'est ce qui s'est passé. Un accident cosmique .Une expérience de la Déesse qui a trop bien marché, en dépit de toute logique. Même elle ne pensait pas que l'Empire prendrait une telle ampleur et durerait aussi longtemps. Des tas de Dieu essayent ce genre de plan dans des tas de galaxies en permanence. La notre est la première où ça ait marché. Et personne ne sait vraiment pourquoi.
Ulyk regarda longuement sa bouteille de DNT, ruminant ses révélations, puis finit par dire.
- Mouais, je suppose que je peux te croire. Mais si tu pensais me faire cesser de déprimer et de boire avec tout ça, tu t'es gouré.
Et il avala la moitié de la bouteille d'une seule gorgée.
- Tu ne déprimes plus pour la même raison. C'est un progrès. Tu sortiras bientôt d'ici.
Et il sortit, avec un étrange sourire désabusé.
Milvus se téléporta alors à la surface de la planète, histoire de prendre un verre pour se remonter. Malgré le cynisme qu'il avait affiché devant Ulyk, la tournure que prenait les choses lui plaisait de de moins en moins. Avoir été manipulé par la Déesse ne le gênait pas plus que ça : ce n'était qu'une fois de plus. Mais l'invasion était en train de tourner au bain de sang. Les ChouChouLandais avaient de plus en plus de mal à contrôler leur troupes, et pire, il y avait de plus en plus d'armées qui arrivaient en provenance de la Voie Lactée, en dehors de toute supervision par les ChouChouLandais. Unir une Galaxie, ça avait été un challenge de dingue. Combattre des envahisseurs, massacrer des fanatiques, exterminer des bad guys, ça avait été jouissif. Mais là, on était en train de tourner au génocide pur et simple. Il avait beau être un Ange Majeur, il était né humain, et avait donc en conséquence de vieux relents de la dualité bien/mal qui venait l'empêcher de dormir.
Il était donc en train de se promener dans un quartier des plaisirs animé tout en cherchant un bar sympathique, quand une ombre passa dans un coin de son champ de vision. Il reconnu avec surprise la marque d'une certaine forme de magie que seuls des Démons Médians utilisait. Une attaque ? Sans hésiter il dégaina son katana pour se défendre, et foutre une bonne raclée à ces imbéciles qui avait l'outrecuidance d'attaquer un Ange Majeur. Mais ce ne fut même pas nécessaire. Sorti de nulle part, une jeune fille trancha proprement en deux le démon qui venait d'apparaître.
- Ne te dérange pas pour cette piétaille, dit-elle. On est là.
En effet, Milvus vit qu'au moins une demi-douzaine de démons étaient en train de se faire rétamer tout autour de lui. Ils s'étaient disposés un peu partout dans la rue et en hauteur pour exécuter leur piège, mais visiblement, les élèves de Milvus les avaient pris de cours.
- Je vois ça. Ça fait longtemps que vous me filez ?
- Il y a toujours une d'entre nous à tes côtés au cas où. Mais les autres étaient ici depuis hier pour contrer leur souricière.
- Mes félicitations. Vous êtes toutes toujours aussi efficaces et discrètes.
Tout s'était en effet si vite passé que personne n'avait remarqué ni les démons, ni les oniwabans. La vie continuait comme si de rien n'était.
- De qui ces crétins dépendaient-ils ?
- De Sony Zladzo-vaquero.
- Hein ? Je sais qu'on se déteste, mais ce genre de petite surprise va à l'encontre de tout ce que la Déesse nous a ordonné après notre dernière engueulade. Il a osé lui désobéir ?
- Je ne pense pas...
- Oh merde...
Milvus venait de comprendre la véritable implication de cette parodie d'assassinat. C'était un message. Il prit son communicateur et dit :
- À tout les ChouChouLandais. Réunion d'urgence. Laissez-tout tomber. Tout de suite.
Malgré ses paroles, la plupart des ChouChouLandais préférèrent continuer ce qu'ils étaient en train de faire plutôt que d'obéir à cet appel. En temps normal, il fallait des heures pour les faire décrocher et les ramener (par la peau du cul en général) dans le salle de réunion. Mais pas cette fois-ci, car Milvus téléporta purement et simplement les récalcitrants sans leur demander leur avis.
- Milvus ! Imbécile ! hurlait la goule. Tu m'as téléporté pendant que je faisait un sortilège pour reprendre une forme normale ! Regarde le résultat.
Ce dernier n'était en effet pas beau voir, puisque c'était un mélange de la goule, de Yleyne ne'l Aster, de l'Ori original, et même de quelques réincarnations intermédiaires.
- C'est pas grave. On a un problème plus urgent.
Mais les ChouChouLandais ne voulaient rien entendre. Il faut dire que bon nombre avaient été interrompus pendant un repas, une baston, un bain, une sieste, ou d'autres activités ne nécessitant pas de vêtements.
- Ça va pas la tête d'utiliser tes pouvoirs d'Ange Majeur sur nous ?
- Cas de force majeure. Vous remarquerez que Soso et Tsu sont venus tout de suite. Eux ils ont compris que je rigolais pas.
Cette affirmation calma un peu les protestataires, en voyant que c'était vrai. Les Anges Majeurs n'étaient il est vrai pas réputés pour obéir aux ordres ou même aux simples demandes de leurs collègues. Tout le monde finit donc par s'asseoir pour écouter.
- Je viens d'échapper à des assassins envoyés par Sony Zladzo-vaquero. Pour ceux qui ont loupé un épisode, c'est un des Anges Majeurs de la Déesse, et un blaireau notoire. En temps normal, on évite de se taper dessus parce que la Déesse nous l'a interdit. Mais il semblerait que ce ne soit plus le cas.
- Et alors ? demanda Hébus. Vous avez de nouveau le droit de vous taper dessus ? C'est plutôt une bonne nouvelle.
- En un sens oui. Mais ce qui m'inquiète, c'est la raison pour laquelle Sony Zladzo-vaquero juge que la Déesse se fiche de ce qu'il m'arrive.
- Je suppose que tu as une idée de cette raison... demanda Farf.
- Ouais. Et elle va pas vous plaire.
- Explique toujours.
- OK. Bon. On est actuellement en train de conquérir une Galaxie dans le sang pour porter la belle parole de la Déesse. Je vous cache pas que cette idée me fout un peu les jetons, et que j'ai plus le même enthousiasme que quand on a commencé il y a mille ans. Où même qu'il y quelques semaines, quand on sauvait la Voie Lactée d'enfoirés de fanatiques. Et j'ai comme l'impression que dans la majorité, tout le monde ici ressent plus ou moins la même chose.
Un grand silence se fit alors dans la salle de réunion, chacun regardant fixement son verre tout en ruminant ces déclarations. Puis peu à peu les langues se délièrent
- Moi, je m'en fous un peu, qu'il y ait des milliards de milliards de mort, dit Calimsha. Je les connaît pas ces mecs. Mais bon, d'un autre côté, j'ai jamais aimé la Déesse.
- La Défense et l'Attaque ne sont pas la même chose. Si l'Attaque peut servir à la Défense, l'Attaque peut aussi être l'antithèse morale de la Défense. La situation a perdu toute moralité et nous sommes forts penauds, déclara ChouChouBoy.
- Je préférerais faire des concerts que massacrer des innocents, ajouta T-Citron.
- C'est devenu n'importe quoi, ce qu'on fait, dit Kettch. Pour un système que je conquiert sans verser la moindre goutte de sang, il y a une centaine qui se font annihiler. C'est plus rigolo.
Les commentaires continuèrent dans la même veine, montrant à quel point chacun aurait préféré faire n'importe quoi plutôt que de continuer la conquête de la Galaxie d'Andromède.
- Et c'est bien ça le problème, expliqua Milvus. Je pense que la Déesse commence à se méfier de nous.
- Mais pourquoi ? demanda Rimone (alias Pavel). C'est loin d'être la première fois où on suit les ordres de la Déesse à contre-cœur.
- C'est pas la première, mais c'est probablement la dernière. Il faut bien accepter l'évidence : on a passé la date de péremption. Il n'y a pas d'autre explication possible à cette tentative d'assassinat.
Les ChouChouLandais étaient encore dubitatifs, quand une musique bien connue se fit soudain entendre, venue de nul part : la neuvième symphonie de Beethoven.
Pulvérisant le plafond au passage comme à son habitude, la Déesse apparut, descendant des cieux dans un pilier de lumière bleutée. Les ChouChouLandais reculèrent probablement, autant pour éviter les débris du plafond que la Déesse. Au fond, ils se demandaient quand même si Milvus avait raison ou juste fait l'expérience de trop dans la quête de la moquette ultime.
- Alors ? Qu'est-ce que je découvre ? On complote contre moi ?
- Ce serait plutôt à nous de te dire ça, fit Tsunami. Et à Sony Zladzo-vaquero.
La Déesse jura alors tout bas, en essayant de ne pas se faire voir. Peine perdue.
- Oh, je vois... fit Milvus. Ce crétin a été trop rapide et a pris de l'avance sur le calendrier. C'est ça ?
Il y eut alors un flash, et un jeune homme à l'allure mauvaise apparut.
- Tiens, quand on parle du loup...
- Vous trois n'avaient jamais été dignes de servir la Déesse. Votre temps est révolu.
- Sony ?
- Oui Maîtresse ?
- Ta gueule.
Sony voulut répondre, mais estomaqué par la réponse de la Déesse, ne put faire sortir un mot de sa bouche.
- Tout ceci est un malheureux malentendu. Il est vrai que la situation a totalement changé, et que j'ai moins besoin de vos services désormais. Il est vrai aussi que vous subissez tous une sérieuse baisse de morale à cause de cause des résultats de votre dernière mission. Des résultats parfaits, mais un peu trop surprenant pour vous, je le craint.
- Un peu trop surprenants ? grogna Calimsha. On s'est fait manipulés et on est désormais en plein massacre. Chapeau le cynisme.
- On n'interrompons pas la Déesse ! lâcha Sony Zladzo-vaquero en balançant une boule d'énergie sur l'entropiste.
Ce dernier esquiva, riposta, puis tout devint un peu confus. La Déesse hésita entre punir une subordonné trop zélé et un entropiste trop indépendant. Les autres ChouChouLandais rentrèrent dans la bagarre, et Sony Zladzo-vaquero jubilait :
- Et bien voilà ! Plus besoin de prendre des gants ! Je l'avait bien dit !
Il balança encore plusieurs attaques, grillant trois branches de ChouChouBoy, qui dans sa forme actuelle n'était pas vraiment optimisé pour l'esquive.
- Le feu consume ma particularité ! Le feu est une chose à la fois merveilleuse et affreuse !
Il se mit à rouler dans tous les sens, projetant des flammèches qui menaçaient de mettre le feu à la salle de réunion. Sony Zladzo-vaquero s'en donnait à cœur joie et les ChouChouLandais répliquaient eux aussi avec une enthousiasme remarquable.
- Je commence à en avoir sérieusement marre... fit la Déesse en se massant les tempes. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre...
Elle leva alors un bras, et tendit un doigt vers la bagarre en murmurant quelque chose. Une rayon bleuté jaillit et fusa vers les ChouChouLandais (et Sony Zladzo-vaquero). Un rayon annihilateur.
Une expression d'horreur apparut sur le visage des ChouChouLandais qui eurent le temps de voir le rayon, et la présence d'esprit de comprendre ce que c'était. Mais ils n'eurent pas le temps de réfléchir bien plus. Surgissant de nulle part, un nouveau venu l'avait dévié avec une vielle épée rouillée.
- Il ! Qu'est ce que tu fous ici ? lâcha la Déesse.
- À ton avis ? Si tu n'as plus envie de tes jouets, je viens te les prendre avant que tu ne les casses.
- Je fais ce que je veux de mes serviteurs. Et je répète ma question : qu'est-ce que tu fous ici ? Tu ne devrais pas être en prison ?
- J'ai eu une bonne remise de peine pour bonne conduite, grâce à ma nouvelle avocate.
À ce côté se trouvait en effet une autre personne qui était arrivée de nulle part (décidément, on rentrait dans ce vaisseau comme dans un moulin), une jeune femme tenant une pomme dorée dans sa main.
- Éris ! Qu'est-ce que tu a encore foutu, petite p...
- Je m'amuse bien sûr ! Une guerre intergalactique, et tu veux que la Déesse de la Discorde reste chez elle à boire le thé devant sa cheminée ?
- Je vais te me le...
La Déesse était désormais totalement hystérique, et balança plusieurs attaques de Magie Divine sur Il et Eris, qui se mirent en posture de combat avec un sourire inquiétant. Pendant ce temps-là, les ChouChouLandais s'échappait discrètement de la salle de réunion, sous la vive recommandation des Anges Majeurs.
- À mon avis, on ferait bien de se barrer de ce vaisseau le plus vite possible ! dit Soso.
- À ce point ? demanda T-Citron.
Mais une explosion se fit entendre alors derrière eux, en provenance de la salle de réunion. Vingt mètre de paroi furent arrachés, et une dépression soudaine suggérait fortement que la coque avait elle aussi souffert.
- Ça répond à ta question ?
- Euh... Ouais.
- Je croyais que ce vaisseau était indestructible... grommela Hébus. Et les parois en alliage divin ?
- Rappelle-moi qu'elle est la caractéristique de l'alliage bénie, veux-tu... fit Kettch.
- Indestructible à tout sauf à la magie divine... Euh... Oh merde, j'ai compris.
- Et oui, crétin de troll aquatique, le vaisseau a été prévu pour tout encaisser, sauf une enguelade entre Dieu.
- Xuttyurwym ! Comme quoi, c'est toujours une panne hors-garantie qui arrive.
Tout en parlant, il se dépêchait d'aller vers le hangar aux Syuks, mais la bagarre entre les Dieux ne cessait de prendre de l'ampleur. Du coup, le sol avait tendance à se dérober sous leurs pieds au rythme des destructions diverses et variées.
- Attention. Intégrité structurelle du vaisseau en baisse. Attention. Les stabilisateurs orbitaux sont non-fonctionnels. Le vaisseau a quitté son orbite et se dirige vers la surface de la planète. Entrée dans les couches denses de l'atmosphère dans dix minutes.
- J'adore les ordinateurs qui donnent de bonnes nouvelles ! grogna Milvus.
La traversée du vaisseau devenait de plus en plus difficile. Le sol se gondolait, les cloisons se déplaçaient, des objets volaient. Les chariots des deux philosophes végétaux bloquait sur un obstacle toutes les dix secondes. Le champ de force de Hébus commençaient aussi à fuir, influencé par les ondes de magie divine.
- Mais quelle merde...
Une explosion encore plus violente que les autres les projeta au sol et en assomma la moitié. Des éclairs d'énergie crépitaient de partout, grillant poils, bras, branches, nageoires ou autres appendices au passage.
- Puuupupuuuuuuuuu !! Mokona ne veut pas mourir !
- Mais non, fit Calimsha... On va juste agoniser dans d'horribles souffrances à cause de ces enfoirés de dieux !
- T'es toujours rassurant, toi, fit Ori.
Un choc sourd les informa à la place de l'ordinateur (qui semblait désormais HS) que le vaisseau venait de pénétrer les fameuses couches denses de l'athmosphère. Et sous le regard désabusé des ChouChouLandais encore conscient, le vaisseau commença à se désagréger.
- Il manquait plus que ça ! fit Milvus en faisant tourner ses yeux dans leurs orbites, d'exaspération.
Le fier USS Yggdrasil n'était désormais plus qu'une masse informe de métal tordu, fondu et déchiqueté en train de former une énorme boule incandescente dans l'athmosphère. Les Syuks étant aussi solides que le vaisseau, ils devaient probablement être dans le même était. Essayer de rejoindre leur hangar ne servait donc plus à rien. Et il y avait une telle concentration de Magie Divine incontrôlée, que de toute façon, plus rien ne marchait, ni technologie, ni magie.
- Putain cong, cette fois c'est vraiment la fin ! fit Farf.
Les habitants de la surface de la planète eurent doit à une magnifique feu d'artifices sous la forme d'innombrables étoiles filantes se dispersant sur une vaste zone. Puis il ne resta plus rien. Aucun morceau du fier vaisseau ChouChouLandais qui avait vécu plus de mille ans ne parvint à toucher le sol sous une forme autre que de la pousssière.
Pavel-Rimone se réveilla et constata avec surprise qu'il était intact. En revanche, il se demandait où diable il pouvait être. Autour de lui, de hautes parois d'une blanche immaculées se dressaient, sans qu'il y ait de sortie ni de moyen de grimper. Il regarda de plus près et vit qu'elles étaient lisses comme de la porcelaine. Aucun moyen de sortir.
- Qu'est-ce que c'est que ce bordel.
Il essaya de grimper, de percer un trou, de voler, de se téléporter, mais rien ne marchait. Au bout de plusieurs heures il s'assit, découragé et exténué. Mais à ce moment précis, une cascade d'eau tomba du ciel dans le trou où Pavel était.
- Merde on veut me noyer ?
Mais dès que sa délicate peau de prêtresse moe fut au contact de la dit-eau, la cruelle vérité s'avéra encore pire :
- Ahhhhh ! C'est brûlant !
En quelques secondes, le puits fut remplie d'eau bouillante, et Rimone transformé en homard bien cuit.
- Mmmmm. Il y a quelque chose dans mon thé.
T-Citron plongea une cuillère dans sa tasse et en sorti la petite chose qui y flottait misérablement.
- C'est bizarre. On ne dirait pas un moucheron.
Il regarda de plus près, mais la chose était tellement déformé, qu'il ne put rien distinguer.
- Bof, tant pis.
Et d'une pichenette, il propulsa l'insecte non identifié par dessus le balcon, dans le massif de fleur. Là, Rimone tomba sous le nez d'une grosse coccinelle qui parlait avec l'accent toulousain.
- Oh putain cong, c'est Pavel tout bouillu !
Apposant ces antennes sur la blessée, Farf lança plusieurs sorts de guérison, et Pavel-Rimone revint peu à peu à la vie.
- Où est-ce que je suis ?
- Sur un pétale de géranium.
- Ha... C'est normal.
- N'est normal que la normalité.
- Certes, mais ça ne fait pas vraiment avancer les choses.
- Tu veux donc avancer ?
- Ouais, ce serait une bonne idée.
- Partons donc en voyage alors.
Sentant que poser des question ne servait pas à grand chose, Pavel et Farf se mirent en marche. Il fallait d'abord descendre du géranium, ce qui n'est pas évident quand on mesure 5mm. Mais heureusement, après avoir descendu de quelques feuilles, et subi de nombreuses chutes, ils découvrirent un ascenseur.
- Dites le mot de passe pour entrer, fit l'ascenseur avec la voix de Mokona.
- Heu... Pupupu ?
- Vous pouvez entrer.
- Je suis pas hyper rassuré, de rentrer dans un ascenseur en forme de Mokona...
Le trajet fuit d'abord assez lent et confortable, mais l'ascenseur se mit à accélérer de plus en plus, puis à remonter, puis à redescendre, puis à aller à droite à gauche, en oblique, en diagonale.
- Beuh.... Je vais être malade...
- Tu vas arrêter ça, sale puputeur ?
- Puuuuuuuuuu ! Je ne sais plus où je suis !
La centrifugeuse continua encore pendant quelques minutes, puis l'ascenseur s'arrêta brusquement, une sonnerie retentit, et une voix délicate et féminien, qui n'était donc pas celle de Mokona annonça :
- Sixième étage, rayon lingerie féminine.
Il était en effet désormais dans un grand magasin, et s'effondrèrent par terre quand la porte de l'ascenseur s'ouvrit. Ils constatèrent avec surprise en se relevant qu'ils avaient repris leur forme de naissance.
- Mes antennes ! Où sont mes antennes !
- J'aimerait comprendre pourquoi je redevient un mec, chose que je n'était plus depuis plusieurs réincarnation, juste quand j'arrive dans ce genre d'endroit...
Cependant, une vendeuse s'approcha d'eux et leur dit :
- Bonjour mes chéris ! On vient acheter une petite surprise pour sa chère et tendre, où c'est pour vous-même ?
- Heu... Je crois qu'on s'est perdus...
Mais la vendeuse lâcha un petit rire et ses oreilles d'elfettes frétillèrent.
- Ne soyez pas si timide.
- Ha, mais, c'est toi Gougoule !
- Je suis Yleyne ne'l Aster ! Ne me traitez pas de goule, ou j'appelle la sécurité !
Milvus se réveilla avec l'impression d'être dans une piscine de jus de haricot de Soisson. Il émergea un peu plus et réalisa que c'était exactement ce qui se passait. Et il était en train se noyer en plus. Se remuant alors de plus belle, il réussit à rejoindre le bord de la piscine et à se hisser hors de cette abomination.
- Pouah ! Theu heu teu ! Quelle horreur.
Gling gling gling !
- Je te le fais pas dire.
Relevant la tête, Milvus vit qu'une silhouette bien connue était assise sur un muret, le regardant tout en jouant abominablement mal d'une guitare ayant une corde cassée.
- JKL ?
- Ouais ! Encore et toujours.
Gling gling gling !
- J'aurais du m'en douter. À chaque fois que je suis dans une merde noire à cause des frasques des Dieux, je tombe sur toi en sauveur en me réveillant.
- Et ouais ! Que veux-tu, je t'aime bien.
- Je suis super rassuré, tu peux pas imaginer. Sinon, on est où ?
- À ton avis ?
Gling gling gling !
Milvus regarda autour de lu, et vit que la piscine était devenu un dance floor, sur le lequel Hébus, en tutu rose et coiffé d'une afro, était en train de danser de manière frénétique. Des poissons verts était en train de faire leurs nids dans des palmiers roses, et des Tanukis pogotaient devant la prestation du Troll. Se regardant, Milvus vit qu'il était sous sa forme féminine, et habillé d'un sailor fuku.
- En enfer ? Chez ton oncle ?
- Presque.
Gling gling gling !
- Oh non... Merde... Me dit pas qu'on est dans les limbes ?
- Et si !
- Manquait plus que ça. Sors-moi de là !
- Faut d'abord retrouver les autres.
Gling gling gling !
- Tu peux pas arrêter de massacrer cette pauvre guitare qui ne t'as rien fait ?
- Non. Je m'entraîne.
Gling gling gling !
Arrachant avec difficulté Hébus à son dance floor, Milvus et JKL se mirent en route pour rassembler les ChouChouLandais et sortir des Limbes. Ce qui consista à s'entasser dans une Acadiane poussive tractée par des sangliers géants, sur un chemin à flanc de falaise.
- On fait comment pour les trouver ?
- On laisse faire le destin.
- Quoi ?
- Il n'y a aucun moyen de se repérer d'une quelconque façon que ce soit ici. Donc on ne peut que s'en remettre au destin.
- C'est super rassurant...
- T'inquiètes, le destin est aussi truqué ici, donc ça ira.
Cependant, après avoir serpenté un bon moment pour suivre la falaise, la route était arrivé au bord d'un large cañon. L'air était chaud et sec et la végétation se limitait à des buissons rabougris. Il n'y avait pas âme qui vive.
- On fout quoi ici ?
- C'est un endroit parfait. Ils ne devraient pas être loin.
Constatant que chaque question qu'il posait ne fait qu'en apporter d'autre sans que la moindre réponse ne pointe le bout de son nez, Milvus se résigna à se taire et à attendre. Il n'eut cependant pas à patienter beaucoup : une rumeur sourde commençaient à se faire entendre. Quelque chose approchait.
- Les voilà, dit JKL.
Milvus et Hébus regardèrent alors dans le cañon, et y virent un curieux spectacle. Un ewok hyperactif, et visiblement en pleine overdose de caféine, était en train de sauter partout, sur le fond et les parois du cañon. Non loin de là, Bip-bip étaient visiblement occuper à battre de nouveaux records de vitesse en dépassant le mur du son.
- Il faut les attraper, dit alors JKL en sortant deux filets à papillon.
- Avec ça ?
- Bien sûr. Mais tout d'abord, il faut un appât.
Il siffla alors un petit air entre les dents, et l'Acadiane sauta alors sur le Troll pour le manger. Elle changea alors de couleur, puis de forme, puis de taille, jusqu'à devenir un énorme morceau de nougat, que JKL et Milvus firent rouler pour le balancer dans le cañon.
L'effet fut immédiat : Bip-bip et Kettch stoppèrent net leurs activités pour aller sauter et sautiller sur le morceau de nougat géant.
- C'est le moment !
JKL sauta alors dans le cañon, suivit par Milvus qui avait renoncé à comprendre ce qui se passait : être dans les Limbes avec un Dieu comme guide était exactement comme y être sans guide. Ils abattirent leur filets à papillon sur la tête des deux ChouChouLandais, et tout fut fini. Le monde explosa autour d'eux et des champignons en fromage se mirent à proliférer comme des souris.
Dans le rayon lingerie féminine, l'incident avait dégénéré en bataille rangé. Yleyne ne'l Aster avait appelé des renforts, tandis que Pavel et Farf semblait résolu à ne pas repartir sans la goule. Mokona de son côté, se contentaient comme à son habitude de sautiller partout en puputant, affolé par tant de violence. L'ascenseur s'ouvrit de nouveau et un bataillon entier de policier en sortir, qui avaient tous la tête de Tsunami ou de Soso. Dégainant des tasers, ils les utilisèrent sur tout le monde sans faire de discrimination, et en mettant le feu à la lingerie par la même occasion.
- En taule les puuuutes !
Et une fois leurs prisonniers bien ligotés, ils repartirent dans l'ascenseur où ils s'entassèrent dans un espace visiblement trop petit pour les contenir tous. Pavel, Farf et Yleyne étaient complètement groggy à cause des tasers, mais entendirent avec quelque satisfaction que l'ascenseur s'était remis à puputer de plus belle. Il s'était brutalement transformé en métro fonçant dans un tunnel sombre. Le trajet dura apparemment assez longtemps, car les effets des tasers avaient disparus quand le métro émergea en pleine lumière, pour s'arrêter au milieu d'un carrefour. Soso et Tsunami avaient aussi de toute évidence réglé leur crise existentielle, puisqu'il n'y avait qu'un seul exemplaire de chacun. Les cinq ChouChouLandais descendirent, et se retrouvèrent devant un grand bâtiment composé de quatre grands piliers supportant chacun une pyramide inversé.
- Je connais ce bâtiment... fit Pavel.
Cependant, une foule compacte était sorti du métro suivant et les poussa sans qu'ils puisse faire grand chose vers l'étrange bâtiment. Après être passé dessous, ils se retrouvèrent dans un immense hall ou des millions de gens se croisaient devant de petits stands ou l'on vendait probablement quelque chose, mais les ChouChouLandais ne voyaient rien à cause de la foule.
- Ah, quel horreur ! C'est plein de trap ! fit alors Pavel.
- Hein ? fit Yleyne.
- Merde, c'est vrai, 'j'oubliais y en a aussi un avec nous.
- Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que je devrais prendre ça comme une insulte, fit l'elfette en sortant un bâton de Magical Girl pour taper sur Pavel.
Occupés comme ils étaient à se disputer, les ChouChouLandais n'avaient cependant pas remarqué que la foule les séparait peu à peu, jusqu'à ce qu'ils furent hors de vue les uns des autres. Farf par exemple, réalisa soudain qu'il était tout seul au milieu d'une horde fangirl yaoi qui affichait tous le même air inquiétant.
- Hoho... Je crois que je suis dans la merde.
Ce ne fut que de longues heures plus tard que les ChouChouLandais réussirent à se retrouver, après avoir été piétiné par la foule en furie. Ils étaient couverts de bleus et leurs vêtements étaient déchirés. Mais ils étaient toujours vivants. Ce qui était normal dans les limbes, vu qu'on ne pouvait pas y mourir, mais ils ne le savaient pas.
- Plus jamais ça...
Trébuchant encore un peu, ils arrivèrent devant un petit stand ambulant d'où s'échappait une odeur alléchante.
- Si on mangeait un peu, les goules ?
- Ouais, bonne idée.
Ils s'installèrent donc et découvrirent que malgré leur odeur appétissante, les plats avaient une drôle d'allure.
- Qu'est-ce que c'est que ça ?
- Des takoyakis de Cthulhu, répondit le tenancier.
- Oh, tiens, Calimsha !
- Qu'est-ce que tu fabriques ici ?
- Des takoyakis de Cthulhu. Des yakitoris de Cthulhu. Des okonomiyakis de Cthulhu. Des sushis de Cthulhu. Tout ce qu'on peut imaginer avec de la viande de Cthulhu, en fait.
- Original. Depuis quand ?
- Je ne sais pas. Le temps n'a pas d'existence ici. Mais j'ai l'impression que ça fait un bail. Des siècles.
- Sont super bon, tes machins, dit Farf, tout en mastiquant.
- Tu m'étonnes. Des centaines d'années que je ne fait que faire de la cuisine. J'ai eu le temps de progresser.
- Ah ouais quand même.
Cependant, les ChouChouLandais, en regardant autour d'eux, virent que la gargote était désormais dans la voiture-bar d'un TGV, qui se déplaçait au sein de la Voie Lactée.
- Tiens on n'a encore changé de décor... fit Farf.
- Ah enfin. Je vais peut-être enfin arrêter de manipuler du Cthulhu !
Cependant, un RER trop bien connu apparut non loin de là, sur une trajectoire parallèle du TGV. Enfin, presque parallèle, puisqu'il se rapprochait lentement.
- Tiens, on dirait que Satan arrive.
- On non pas lui...
- Et si ! fit un voix venant de nul part.
Le RER se stabilisa alors à moins d'un mètre du TGV, puis s'y arrima. Sans même prendre la peine de déployer un quelconque tube de connexion, Satan sauta alors d'un train et l'autre, et fit une entrée aussi spectaculaire que d'habitude. Il avait encore une fois changé d'apparence, et ressemblait désormais à un canari sous overdose : un costard jaune fluo, des lunettes aux verres de couleur différentes, des sandales à talon, une cape noire et blanche avec un de ses motifs donnant mal au crêne... Bref, il était encore un fois l'incarnation d'un mauvais goût tellement assumé qu'il en devenait du génie. Ou pas.
- Qu'est-ce que tu viens faire ici ?
- Vous sortir de là.
L'explosion avait pulvérisé tout : le cañon, le nougat géant, les champignons, les ChouChouLandais, JKL... Quand ils revinrent à eux, ils virent qu'ils étaient dans une espèce de marécage constitué de Saint-Nectaire.
- Qu'est-ce qu'on fout là ? firent Bip-bip et Kettch.
- Croyez-moi, vous voulez pas le savoir, répondit Milvus.
Tout autour d'eux, à perte de vue, ce n'était qu'une lande désertique constitué de fromage fondu, avec quelques arbrisseaux rachitiques recouverts de moisissures. Des acariens géants, de la taille d'un crabe, surgissait de temps en temps pour redisparaître aussitôt. Ils se mirent à marcher droit devant eux, sans chercher à prendre une direction en particulier, faute de repères à utiliser. La première personne qu'ils croisèrent était un jeune homme qui se baladait avec un poignard brandi. Ils n'avait cependant guère l'air menaçant, avec son air perdu, et leur dit :
- J'ai perdu mon petit bout de pain !
Puis il continua son chemin.
- Curieux autochtones... lâcha Hébus.
Quelques heures plus tard, ils arrivèrent en vue du premier repère tangible dans ce désert : un château lui aussi intégralement constitué de Saint-Nectaire. Il avait un look résolument médiéval, avec ses tourelles, ses murailles, son donjon, ses mâchicoulis, son chemin de ronde, etc... Seul le matériau de construction était anormal. À son abord, la végétation était un peu plus fournie, et des mésanges zinzinulaient dans les arbres.
- Pourquoi j'ai l'intuition qu'on va trouver ChouChouBoy et Chen Li dans ce château...
- Parce que tu les connais bien, Milvus...
Ils pénétrèrent donc dans le château, mais au lieu de tomber sur une cour de château-fort, ils arrivèrent dans un mini-golf. Le couple présidentiel était là, en train de disputer une partie acharnée, qui avait l'air de durer depuis des heures.
- Les ChouChouLandais au rapport ! fit Milvus. Prêts à se barrer de ces foutues Limbes.
- Ohh... fit ChouChouBoy. Bonne idée. Mais pour quoi faire ?
- Euh...
- C'est vrai quoi, fit Chen Li. On est bien ici.
- Dans un château en fromage ?
- C'est vrai que ça pue un peu... confirma Kettch.
- N'insulte pas le Saint-Nectaire ! rétorqua ChouChouBoy en le menaçant de son club.
- Calmez-vous ! Calmez-vous ! On ne peut pas rester ici parce que l'endroit est instable. Ce château peut disparaître d'un instant à l'autre.
Et comme pour confirmer les dire de l'amiral, le château fondit brusquement, et les ChouChouLandais se retrouvèrent sans transition à déambuler dans un zoo, à côté de l'enclos des lions.
- Qu'est-ce que je disais...
- Mon château ! Rends-moi mon château !
- Ne m'étrangle pas, j'y peux rien. C'est ça les limbes.
ChouChouBoy grogna, puis haussa les épaules et partit avec Chen Li acheter des cornets de glace.
- Mais quel bordel... Et où est passé Kettch ?
- Il essaie d'empêcher Hébus de piquer la barbaque des lions, expliqua Bip-bip.
- Mais quel bordel ! Même dans les limbes, tout le monde se disperse.
- C'est ce qui fait votre charme, dit JKL.
La coutume (et la méfiance la plus élémentaire) voulait que les mortels (et mêmes les immortels, anges, démons, demi-dieux, etc...) ne fassent pas confiance aux Dieux, en particulier quand ils affirmaient être là pour aider. Aussi avant de suivre Satan sans discuter, commencèrent-ils par lui demander pourquoi il voulait les aider.
- Voyons, vous me blessez. Vous êtes des individus assez uniques, et je serai fort marri de vous voir coincés ici.
- Mais bien sûr...
- Il magouille forcément quelque chose, ajouta Farf.
- De toute façon, quelque soit mes intentions, je suis le seul à pouvoir vous tirer des Limbes. Alors réfléchissez un peu et suivez-moi.
Constatant qu'ils n'avaient guère de choses à perdre, les ChouChouLandais suivirent donc Satan, qui venait de quitter la voiture-bar pour aller vers l'avant du TGV. Ils passèrent plusieurs voitures avant de tomber sur le contrôleur qui leur demanda :
- Vos billets, s'il vous plaît.
- Euh...
Ils s'apprêtaient à inventer des excuses à la con quand ils virent que le contrôleur n'était autre que T-Citron.
- Nous n'avons pas de billet, mais nous avons-ceci, fit Satan en tirant un lapin blanc de son chapeau.
- Ah, je vois. C'est l'heure. Bien, je vous suis.
- Et nos billets ? protestèrent les passagers.
- Ce n'est plus la peine de les composter, je m'en vais.
- Quoi ?
- C'est inadmissible !
- C'est un scandale !
- Remboursez !
Les passagers étaient en train de commencer une petite émeute, aussi les ChouChouLandais s'éclipsèrent aussi rapidement que possible. Ils quittèrent le TGV pour le RER de Satan, puis ce dernier se détacha pour filer dans l'espace, non sans faire entendre ses bruits si caractéristiques que tout parisien connaissait.
- On fait quoi maintenant ?
- C'est l'heure d'aller au combat, expliqua Satan avec un petit sourire en coin.
- De la baston ? Contre qui ?
- Ahh... Surprise !
Et les ChouChouLandais, par les fenêtres du RER, virent qu'ils s'approchaient d'un immense château à l'architecture hétéroclite et indescriptible, qui orbitait autour d'un trou noir.
JKL avait réussi à grand peine à réunir les ChouChouLandais et à les amener devant l'enclos des ourang-outang. Il avait vaguement songé à les assommer puis les transporter sur son dos, mais finalement il avait réussi à les convaincre sans devoir se résoudre à de telles extrémités.
- Oook ? fit un des occupants.
- Ne vous inquiétez pas, nous ne faisons que passer.
Un à un, les ChouChouLandais entrèrent dans l'enclos, par une porte que JKL avait ouverte. Il y avait une sorte de grotte artificielle qui devait servir d'abris aux primates. Mais curieusement, au lieu de l'odeur de fauve qu'on s'attendait à y trouver, cela sentait plutôt les vieux bouquins.
- L'espace B nous attends, messieurs-dames. Ne traînons pas.
- Que faites-vous ici ? hurla alors une voix.
C'était un des gardiens du zoo qui venait de surgir, et qui, de toute évidence, n'était pas très content de voir des inconnus entrer dans les enclos des animaux.
- Ah tiens, toi aussi tu es dans ce bordel ? On t'embarques avec nous dans ce cas-là. Plus on est de fous, plus on rit.
Et il empoigna le pauvre Ulyk par le col, qui fut entraîné dans la grotte avant même d'avoir eu le temps de protester ou de comprendre ce qui se passait. Sans trop de surprises, les ChouChouLandais découvrirent une immense bibliothèque au fond de la grotte. Des rayonnages partaient dans tous les sens, au mépris des lois de la géométrie et de la gravité.
- Surtout que personne ne quitte le groupe. Si on n'en perd un ici, on ne le retrouvera pas de sitôt.
Mais malgré ces craintes, le petit groupe arriva sans encombres dans une autre pièce, qui était aussi une bibliothèque, mais sans fantaisie géométrique : Ils étaient sortis de l'espace B. Une vaste table de réunion trônait au centre de la pièce, et deux grandes portes en bois étaient disposées de chaque côté de la pièce. L'une d'entre-elles s'ouvrit précisément au moment où le dernier ChouChouLandais quittait l'espace B.
- Salut les goules ! firent les autres ChouChouLandais, en entrant en désordre dans la pièce.
Eris, Il et La Déesse avaient continué de se battre un bon moment après la destruction de l'USS Yggdrasil, le temps qu'ils réalisent qu'ils avaient été projetés dans les Limbes. Mais ils avaient été encore plus lents encore à comprendre pourquoi.
- Si ce n'est aucun de nous trois, alors qui ? demanda Eris.
- Sûrement pas les ChouChouLandais. Je leur ait donné des pouvoirs, mais pas autant.
- Alors c'est l'œuvre de l'un d'entre nous. Je veux dire d'un Dieu, ajouta-t-il en voyant les regards agressif des deux Déesses.
- Ce qui ne nous avance guère. Si on additionne tous les Dieux qui ont de sales rancunes contre l'un d'entre nous, ça doit faire un beau chiffre.
- Je penche plutôt pour des Dieux voulant nous piquer les ChouChouLandais. Et dans ce cas-là, ça se réduit de beaucoup.
- Si vous n'aviez pas débarqué tous les deux, alors que je réglai une affaire strictement privée aussi.
- C'est ça... Et on aurait du te laisser jeter à la poubelle des ChouChouLandais encore parfaitement utilisables...
- Sans compter que certains d'entre eux sont aussi mes disciples depuis des années !
- Oh... N'importe qui peut-être un de tes disciples. Tu triches sans arrêt...
- Mais non c'est pas de la triche. Et bon, ça t'a jamais gêné d'avoir des hérétiques dans tes rangs.
Les trois Dieux continuèrent de se chamailler ainsi tout en explorant les Limbes pour retrouver les ChouChouLandais. Il avait était entendu tacitement qu'il fallait à tout prix récupérer les ChouChouLandais avant de sortir des Limbes, et éviter de trop se taper dessus pour avoir une chance de réussir. Mais ce n'était pas gagné. Quelques heures plus tard, ils arrivèrent néanmoins en vue d'un château étrange ou leurs pouvoirs divins détectaient plusieurs ChouChouLandais.
- Oh non...
- Quoi ?
Un château avec une architecture d'aussi mauvais goût... Ça ne peut être qu'Oncle Satan !
Et justement, dans les château, Les ChouChouLandais et les deux Dieux étaient en train de prendre tranquillement le thé tout en mangeant des petits gâteux à la pâte d'amande et des Pim's à la goyave. La rumeur disait que des cochons de lait rôtissaient dans un coin pour la suite du repas. L'ambiance était quelque peu étrange, car dans les Limbes, tout le monde pouvait prendre l'apparence qu'il voulait. Et comme beaucoup avaient retrouvé la mémoire qui leur était revenu, ils avaient repris leur apparence originale. Ou pas.
- Tout cela est délicieux, fit Ori, mais pourquoi est-on ici ?
- Ouais, où est la baston ? ajouta Farf. C'est pour ça que j'ai suivi, moi.
- Remboursez ! tonna Hébus en tapant sur la table, manquant de la briser au passage.
- Calmez-vous, calmez-vous, fit Satan en faisant tinter sa petite cuillère contre sa tasse. Si vous voulez de la baston, vous allez en avoir.
- On se bat contre qui, coup-ci ?
- Pas contre qui, corrigea Satan. Pour quoi.
- Vous allez vous battre pour votre liberté, ajouta JKL au vu de la perplexité des ChouChouLandais. Nous vous avons sauvé la vie en vous propulsant dans les limbes. Mais maintenant c'est à vous d'agir.
Cette déclaration souleva comme c'était préviisble une vague de stupéfaction et de brouhaha parmi les ChouChouLandais, qui en avait trop vu pour ce satisfaire de cette explication.
- On a bien compris qu'on avait La Déesse, Eris et Il aux trousses. Mais quel est vôtre intérêt là-dedans ?
- Oh, on a des comptes à régler nous aussi, expliqua JKL.
- Donc, vous aussi vous voulez seulement nous utilisez...
- Je dois avouer que c'est exact, fit Satan. Mais examinez la situation avec un peu de recul. La Déesse veut se débarrasser de vous. Il et Eris veulent vous inclure dans leurs serviteurs. Nous, on veut juste foutre le bordel, et ça implique que vous gagnez votre liberté.
- Des dieux qui cherchent encore plus de chaos que Eris ? C'est le monde à l'envers ! s'exclama Calimsha.
- C'est souvent comme ça avec les Dieux... soupira JKL. Enfin, l'important, c'est que vous compreniez que ces trois zigotos se dirigent droit vers ce château, pour vous récupérer.
- Ha. D'où la baston qui s'annonce.
- Exactement.
- Un point m'intrigue, quand même, demanda Bip-bip. On est que des mortels accompagné de trois Anges Majeurs décadent. Comment on peut se battre contre trois Dieux ?
- Ha... fit Satan. Je savais que cette question surgirait. En temps normal, vous n'auriez en effet aucune chance autre que de finir en petit toast carbonisé. Mais...
- Mais....
- Ici, on est dans les Limbres. There's no rules.
Et ils disparut dans un nuage de fumée. De même que JKL. De même que le château, sa cuisine, les tables, les chaises et les petits gâteaux. Les ChouChouLandaise se retrouvèrent le cul par terre dans le sable et la poussière. Non loin de là, les trois Dieux approchaient sans se presser, mais inexorablement, en marchant d'un pas décidé vers les ChouChouLandais.
Les ChouChouLandais se relevèrent, se regardèrent, regardèrent les Dieux approcher, puis, sans vraiment que la moindre parole ne fut échangé, tout le monde fut d'accord sur la marche à suivre :
- C'est l'heure de jouer les bourrins...
Les ChouChouLandais s'alignèrent alors pour faire face aux Dieux, et chacun commença à déchaîner ses pouvoirs et son imagination.
ChouChouBoy prit la forme d'un grand sorcier à la peau bleue, fumant par les oreilles et doté d'yeux étincelant comme des braises. Il avait en outre une armure en peau de dragon mordoré et une immense cape le rendant encore plus intimidant. Des petits éclairs issus de globes de verre fumé apparaissait ça et là, soulignant sa puissance.
Chen Li, à ses côtés, dégaina toute une rangée de griffes en adamantium qui semblaient pouvoir trancher un ennemi sans même le toucher. Elle matérialisa en plus une grande lance de combat avec laquelle elle fit quelques moulinets avant de prendre la pose.
Kettch se transforma en ewok géant armé d'une demi-douzaine de machine-gun qu'il brandissait avec ses bras supplémentaire tous en hurlant des yub yub à vous glacer le sang. Des tatoutages de X-Wing était en outre bien visible sur ses bras.
Bip-bip, utilisant ses dons de haute vitesse, se mit à vibrer à une fréquence ultra élevée, se transformant en une arme mortelle capable de tout trancher tout objet ou tout ennemi, même en ne faisant que le frôler légèrement.
Hébus, sans scrupules, invoqua Geldfliege pour s'en servir de monture volante, tout en sortant une immense massue de trois mètres de long, agrémentés de nombreux excroissances de métal tordu, point et aiguisé, particulièrement méchantes prêtes à tout massacrer
Milvus, avec son habituel sourire de psychopathe, prit sa forme d'Ange Majeur, sortant des ailes immenses mais étrangement noires, tout en dégainant son sabre de techno-mage qui pulsa au rythme de magies oubliées. Un cercle lumineux technomagique bleu apparu sous lui, remplis de symboles cabalistiques.
Calimsha brandit un sceptre de technomancien déguisé en parapluie, tout en marmonnant des litanies discordiennes, se préparant mentalement à affronter Eris elle-même, avec un sourire ravi. Le parapluie se transforma alors en un grand bâton noir qui semblait contenir des mécanismes internes, car de la vapeur sortait par de petits évents d'aération.
Ori se transforma en une étonnante créature mi-goule mi-elfette et matérialisa des lance-missiles de forme un peu étrange qu'il chargea avec des Camemberts bien faits comme seul lui en avait le secret. Une odeur horrible en sortait, ce qui présageait de leur redoutable efficacité en tant qu'armes biologiques interdites.
TCN brandit deux haches de guerres en mithril bismuthé, projetant des éclairs, tout en se laissant ses cheveux pousser jusqu'à ce qu'ils puissent à la fois lui servir d'armure, d'armes et de cheveux de la Méduse pétrifiant son ennemi.
Farf prit l'apparence d'un rugbyman barbu et chevelu, mais qui au lieu d'une tenue de sport, portait une armure de combat rouge et noire, toute équipée. Il ajouta à ceci un petit arsenal d'armes de tout genre et de tout calibre.
Pavel se transforma aussitôt en Magical Girl à couettes, et sortit de nulle part une guitare technomagique rose et noire qui faisait aussi bazooka et cafetière, qui parlait en faisant des mugi-mugi ou en baragouinant un allemand affreusement torturé
Mokona se créa un immense mecha blanc et rouge avec des rayures jaunes, ressemblant à un croisement improbable entre un personnage de tokukatsu et un chevalier du zodiaque, et se mit à puputer si fort que le sol en trembla avant de sauter dans le cockpit de sa création.
Tsunami sortit ses pelles à tartes sacrées, et gesticula quelques instants avec pour faire ses incantations, brisant tous les scellés posés sur ses pouvoirs d'Ange Majeur par la Déesse. Pour s'apercevoir ensuite que de toute façon, les scellés avaient déjà sautés depuis qu'il était dans les limbes.
Soso n'en fit pas moins, dégainant une immense épée bâtarde de cinq mètres de long et de un mètre de large, sur laquelle il fit cuire quelques œufs sur le plats, histoire de démontrer qu'en plus de découper n'importe qui, elle pouvait faire la cuisine et brûler l'ennemi.
Ulyk, se demandant toujours vaguement ce qu'il faisait là, se gratta la tête, puis se transforma en un grand orc noir et bleu armé de deux tronçonneuses, faute de plus d'inspiration.
Une fois ces longues séances de transformation terminées, les ChouChouLandais se mirent à danser quelque chose qui ressemblait vaguement à un haka, mais en beaucoup effrayant et en beaucoup plus ridicule, sous l'œil médusé des Dieux qui avaient commencé à s'endormir pendant la préparation des ChouChouLandais.
- Ils font quoi, là ?
- Les cons, comme d'habitude, expliqua la Déesse. Vous laissez pas distraire.
Les trois Dieux se positionnèrent donc en face des ChouChouLandais, et les regardèrent sans bouger, pour bien montrer qu'eux n'avaient pas besoin de prouver quoique ce soit. Les deux groupes de protagonistes se faisait donc face sans dire un mot, cherchant à s'intimider mutuellement, sans vraiment y arriver : les uns étaient cinglés, les autres juste trop sûr d'eux. Il n'y avait plus un bruit et plus un seul mouvement, à l'exception de quelques tumbleweeds qui passèrent en silence. Puis au milieu du no man's land, une bouche d'égout s'ouvrit lentement et un personnage bien connu en sorti.
- Je me demande bien pourquoi mon entrepôt de gouttière de combat communique avec ce souterrain... Voyons voir où je suis.
Phoenix-co regarda alors autour de lui, découvrant les deux rangs de combattants qui ne lui pétait pas la moindre importance.
- Oups... Je crois que je ferai bien de revenir sur mes pas.
Puis l'enfer se déchaîna.
Plusieurs énorme déflagration se produisirent quand les ChouChouLandais et les Dieux commencèrent à se taper dessus et à se balancer divers projectiles matériels ou non les uns sur les autres. Les ChouChouLandais avait l'avantage du nombre, mais c'était quand même des Dieux en face. D'un autre coté, dans les Limbes, les règles du jeu étaient un peu différentes.
- Vous ne nous aurez pas, minables mortels ! rugit Il en augmentant encore un peu sa taille.
- Tu crois que t'es le seul à pouvoir faire ça ? ricana Ori. Moi je pense que vous autres Dieux avez un peu la grosse tête.
- Ouais ! Il est temps qu'on s'occupe de vous, renchérit Pavel, tandis que tous les ChouChouLandais augmentaient leur taille
Les ChouChouLandais, dans un magnifique mouvement synchronisé, remontèrent tous leur manche droite, dévoilant chacun un magnifique ChouChou doré étincelant de mille feux.
- Imbéciles ! C'est moi qui vous ait donné ces armes et ce pouvoir ! dit la Déesse.
- Et alors ? On a plus besoin de toi pour les utiliser ! Tu ne les contrôle pas !
La lumière provenant des ChouChoux ne cessait de gagner en intensité, accumulant une énergie inimaginable, jusqu'à ce que leurs porteurs les braquent sur leurs trois ennemis en les regardant dans les yeux, en en leur criant :
- Oretachi wo dare da to omotte yagaru ?
Ils firent alors feu avec leurs chouchous dorés. Les tirs d'énergie pure fusionnèrent et une vague de puissance pure déchira le tissus même des limbes, ravageant tout sur son passage. Le château fut réduit en cendre, ainsi que tous les décors hétéroclite qui se trouvaient à proximité. Tout cette accumulation de choses étranges, issues de l'imagination des personnes présentes, mais aussi visiteurs d'autrefois, oubliés depuis longtemps, et bien sûr, de l'imagination de l'Univers lui même... Tout fut réduit à néant.
- Prenez ça dans votre gueule !
Les ChouChouLandais crurent un instant que c'était déjà fini, mais de la poussière émergea trois silhouettes, qui, visiblement, étaient encore plus énervées qu'auparavant.
- Cette fois, vous avez vraiment dépassé les bornes !
- Comment osez-vous créer plus de chaos que moi ?
Eris se reforma, plus belle et plus chaotique que jamais, et commença à bombarder les ChouChouLandais de pommes dorées géantes, qui explosaient comme des grenades (enfin, plus comme des bombes nucléaires, vu l'échelle) en touchant les ChouChouLandais.
- Tu nous auras pas comme ça ! crana Hébus. On est pas des elfes !
- Ouais !
Mais malgré ces paroles bravaches, les ChouChouLandais ne purent que reculer devant la férocité de la contre-attaque des Dieux. Ce qui bien sûr commença à les irriter sérieusement.
- Ne nous laissons pas faire !
- Chou ! Chou ! Fight the Power !
Sous l'œil médusé des Dieux, les ChouChouLandais se mirent alors tous à absorber leurs chouchous, qui disparurent dans leurs bras comme s'ils étaient des prestidigitateur. Mais ça ne s'arrêta pas là. Une sorte d'onde, de flottement, parcourut tous leurs corps. Les bras et les jambes se rétractèrent, un trou béant apparu à la place du ventre.
- Pincez-moi, je rêve... fit Il.
- J'ai pas l'impression...
- Ils se transforment en chouchous ?
- Je les savait tarés, mais à ce point...
- Quelle horreur !
Le corps de chaque ChouChouLandais avait pris une belle forme torique légèrement irrégulière, un peu duveteuse, d'où seul la tête dépassait.
- Chou ! Chou ! Fight the Power !
- Et merde... Ils disent encore des trucs incompréhensibles.
- Ne nous laissons pas faire ! On est des Dieux, bordel !
Les trois dieux se positionnèrent en triangle, dos à dos, tandis que les ChouChouLandais (qui n'avaient jamais si bien porté leur nom) les entouraient de toute part. Ils regardèrent leurs adversaires, ces derniers quelque peu sidérés que la situation ait dégénéré à ce point.
- Cette fois vous êtes allé trop loin. La plaisanterie est terminée.
Drainant de l'énergie de tous les endroits possibles, les trois Dieux se mirent alors à fusionner avec les limbes elle-même, devenant une partie du tissus interstitiel du multivers lui même. Ils déchaînèrent alors leur puissance, balançant des univers alternatifs par douzaines sur les ChouChouLandais qui ne purent que serrer les dents et encaisser.
- Vous n'êtes que des mortels ! Cessez donc cette arrogance qui vos perdra !
Mais les ChouChouLandais se contentèrent de se relever, et de flotter vers les Dieux avec un petit sourire carnassier.
- Des mortels ? Et alors ? Si on a envie de faire l'impossible, on le fera. Quelque soit la limite qui se trouve devant nous, on la brisera.
- Oretachi wo dare da to omotte yagaru ?
Et les ChouChouLandais se mirent à fusionner, un par un, deux par deux, trois par trois. Leurs têtes disparurent, et il ne resta plus qu'un immense ChouChou. Un ChouChou Unique. C'était l'essence même du ChouChou Suprême, mais revu et corrigé par ce qu'aucun Dieu ou Déesse n'aurait pu créer ou même imaginer exister.
- Tengen Toppa Chouchou Lagann !!!! Who the hell do you think we are ?
L'immense ChouChou entoura les Dieux, puis les emprisonna dans une étreinte telle que tous les boas constrictors de la terre n'auraient osé imaginé. Les Dieux n'arrivaient pas à en sortir, à leur grande surprise. Comment des mortels pouvaient donc réussir à les déborder, même après avoir fait sauté toutes leurs sécurités, après avoir fait appel à tous leurs pouvoirs, à leur plein potentiel ? C'était ridicule. C'était impossible. C'était... ChouChouLandais.
Les limbes et le multivers explosèrent, s'auto-détruisant sous l'effet d'une telle accumulation d'énergie.
Pendant un très long moment qui ne dura pas plus d'une micro-seconde, Dieux, humains, mortels ou non, et toutes les autres créatures présentes ne surent pas trop se qui se passait. La situation était bien trop confuse pour comprendre quoique ce soit. Puis tout le monde se réveilla dans une salle de classe, avec une sévère migraine rappelant une gueule de bois, mais en pire. Tout était en outre affreusement calme.
- J'espère que vous êtes fiers de vous ?
Ces mots avaient été prononcés par la personne qui était assise derrière le bureau normalement occupé par un prof. Cette personne n'était autre que Leirdalag, qui portait des lunettes lui donnant un air à la fois sévère et encore plus sexy.
- Euh... Il s'est passé quoi ? demanda timidement ChouChouBoy en levant la main.
- Il s'est passé que vous venez de détruire le multivers, bande d'imbécile heureux.
- Ah...
- On a été obligé de le faire rebooter ! Et heureusement qu'on se doutait qu'il se passait quelque chose, sinon on aurait jamais réussi à lancer la procédure à temps. Sans compter que comme ce multivers a été conçu il y a des milliards d'années par des sous-traitants, personne ne sait plus où est la notice et on est obligé de tout faire en improvisant. Si jamais on l'a eu à une époque. Mais du coup, il y a hélas quelques effets secondaires.
Tout le monde frémit à ces paroles, redoutant le pire. Quelle merde comique allait encore leur tomber sur la tête ?
- Toutes les personnes impliquées dans cette affaire, qui se trouvent donc dans cette pièce, sont désormais des Dieux, même si elles ne l'étaient pas auparavant.
Un grand silence se fit alors, aussi parmi les anciens mortels que les anciens Anges Majeurs et même les trois individus qui avaient toujours été des Dieux. Leirdalag dut répéter trois ou quatre fois la nouvelle pour que tout le monde parvienne à l'intégrer.
- Merde alors...
- Je peux pas être un Dieu ! protesta Phoenix-co. Je suis un commerçant ! Comment je vais pouvoir continuer mes magou... mes affaires si je suis un Dieu ?
- Ah ça, c'est ton problème.
- Mais j'ai rien à voir avec cette affaire ! Je suis arrivé ici complètement par hasard.
- Rien n'est du au hasard dans ce monde...
- Ouais... On le saura !
- Heu, question aussi, demanda Calimsha.
- Et JKL et Satan ? Ils sont devenus quoi ? Je les vois pas dans cette salle.
- Ah... La question qui fait mal. De toute évidence, ces deux là ont largement profité de la situation. Le fait qu'ils aient réussi à se barrer à temps prouve contre tout attente qu'ils sont plus doués qu'ils n'en donnent l'impression. En tout cas plus doués que vous tous.
Des sourires gênés accueillirent cette déclaration, mais ce moment inconfortable fut interrompu par quelqu'un qui frappait à la porte. C'était Wåc?=Tœr# Hãúðer qui venait voir où en était le cours de Leirdalag.
- J'ai presque fini. Vous avez encore des questions ?
- Heu... On fait quoi maintenant ?
- Ha, ça, c'est pas à moi de vous le dire. Vous êtes des Dieux maintenant, vous faites ce que vous voulez !
- Ouais... fit la Déesse. On s'est emmerdés pour rien, aucun de nous ne peut vous contrôler maintenant.
- En général, et vous le savez bien, dit Wåc?=Tœr# Hãúðer, un Dieu dispose d'une ou de plusieurs galaxies qu'il doit gérer. Mais comme vous êtes nouveau, va falloir s'inscrire sur la liste d'attente. Et elle est longue.
- Bof, de toute façon... Faire chier les mortels ? C'est pas trop notre truc.
- Ben alors, ils vous reste à explorer ce qui entoure le Multivers dont vous venez.
La cloche sonna et tout le monde se leva puis sortit de la pièce.
- On est encore que dans Astilouth ici, expliqua-t-il. On a décidé de vous apprendre la nouvelle ici, pour réduire le choc. Si vous vous étiez directement réveillé dans notre vrai monde, la moitié d'entre vous seraient probablement devenu fous.
- ...
- Enfin, encore plus fous que vous ne l'êtes déjà.
- C'est par où ce monde, alors ? demanda Ori.
- Oh, rien de plus simple. Franchissez le portail.
Leirdalag désignait le portail de l'école, qui se dressait à quelques mètres d'eux.
Les ChouChouLandais remercièrent alors Leirdalag et Wåc?=Tœr# Hãúðer puis franchirent le fameux portail. Ils eurent aussitôt l'impression d'être passés à l'essoreuse. Puis, ils ouvrirent les yeux, contemplant le monde des Dieux avec une perception nouvelle, enfin à même de le comprendre. ChouChouBoy déclara alors :
- ChouChouLandaises, ChouChouLandais. On a un nouveau terrain de jeu à conquérir.