Aller directement à la deuxième partie
Extrait du journal de bord : L'USS Chouchou est en patrouille près de la Zone Neutre Canatienne. Nous sommes à la recherche de l'Ignoble Tapadamis, qui a été signalé dans ce secteur spatial.
Le nouvel officier chargé des senseurs, exobiologiste de surcroît, était à sa console lorsque le capitaine Milvus lui demanda ou en était les recherches.
- Lieutenant Nikita Thor, détectez-vous le moindre indice qui nous permettrait de retrouver l'Ignoble ?
- Non, Capitaine, aucun signe de vie à portée de nos senseurs. Cette zone est restée neutre à cause de sa relative pauvreté en système.
- Ce qui devrait théoriquement nous faciliter les recherches. Hélas ! Si l'Ignoble s'est rendu invisible, son vaisseau pourrait être à deux mètres de notre coque que nous ne verrions rien.
- En effet, Capitaine, fit Markus. Capturer l'Ignoble sera sans soute moins facile qu'envahir le Pov'Gars Land.
- Envahir et occuper ce pays vide a permis de remonter le moral des troupes. Mais personnellement, je crois que c'était inutile. Il n'y a pas grand chose à tirer de ce pays envahi par les chats…
- Je détecte un système solaire, Capitaine, informa Nikita. Une étoile de type spectral G possédant une planète de classe M.
- Cap sur ce système, Commander Teg.
- A vos ordres, Capitaine.
A peine quelques minutes plus tard, le fier vaisseau de classe Defiant entrait en orbite autour de la planète suspecte.
- Aucune trace de civilisation à la surface, Capitaine. Nos senseurs n'indiquent pas non plus de trace d'une occupation provisoire.
- Je vois, encore une fausse piste.
Mais à ce moment-là, le vaisseau trembla, comme sous le coup d'un impact direct.
- Boucliers à 45 % et en baisse ! cria Bibi. J'arme les phaseurs et les torpilles à photons.
- Aucun vaisseau détecté, fit Nikita. J'essaie de déterminer la provenance des tirs.
Mais un nouveau coup au but fit exploser la console de THL 1138 qui fut projeté à travers la pièce.
- Urgence médicale sur le pont, fit Markus dans son comlink.
- Nacelle bâbord endommagé, nous avons perdu la distorsion ! Impulsion à 65 % de sa capacité.
Au même moment, Homère débarquait sur la passerelle pour s'occuper du mercenaire blessé.
- Graves brûlures sur tout le corps. Deux côtes et le fémur gauche cassés. Il est bon pour le doc-en-boite.
Le vaisseau fut encore secoué par un tir ennemi. Mais enfin la riposte allait être possible :
- J'ai déterminé la position de vaisseau invisible ! fit Nikita. Je transmets ses cordonnées à l'artillerie !
- Feu à volonté, Lieutenant Bibi !
Toute la puissance des phaseurs de l'USS Chouchou se déversa sur l'ennemi. L'espace auparavant noir et glacé s'embrasa, signalant la bataille à des millions de klicks aux alentours.
- Aucun impact détecté, pourtant le vaisseau ennemi devrait se trouver là. Les tirs semblent passer au travers.
Une dernière salve fit sauter l'énergie principale du vaisseau. Les lumières s'éteignirent, l'énergie auxiliaire se mettant en route.
- Défaillance du noyau de distorsion ! fit la voix de Emiliano dans le comlink. Brèche du champ de confinement de l'antimatière. Je dois éjecter le réacteur…
- Boucliers à 5 % et armes inopérantes. Plus aucun moyen de riposte, informa Bibi.
- Nooon ! fit Milvus. Nous sommons foutus !
Et soudain, la cause de tous ces dégâts se dévoila devant eux. Devenant peu à peu visible à la place des étoiles, un gigantesque vaisseau vert apparu, écrasant l'USS Chouchou de sa taille.
- Croiseur Klingon de classe Negh'Var ! s'exclama Nikita.
- Que Diable les Klingons viennent-ils faire ici ? demanda Markus. Ce n'est ni leur univers ni leur époque.
- Ce n'est pas un croiseur Klingon normal, répondit Nikita. Regardez sa passerelle.
- Mon Dieu ! C'est impossible !
- Je n'en crois pas mes yeux !
- L'USS Straton…
- … collé sur ce vaisseau…
- … à la place de la passerelle.
- On nous appelle, fit Chen Li, qui avait gardé un calme exemplaire.
- Sur écran, ordonna Milvus.
Et sur l'œil médusé des ChouChouLandais, Tapadamis apparu devant eux. L'air hautain, habillé en guerrier Klingon, drapé d'un grand manteau, il souriait de toutes ses dents de métal. Ses yeux et tout un coté de son visage étaient artificiels, ainsi que son bras droit et une partie de sa jambe gauche. Son torse nu dévoilait ses deux célèbres tatouages.
- ChouChouLandais, vous êtes en mon pouvoir, déclama-t-il d'une voix électronique en tendant son bras artificiel, je vais vous broyer comme ceci.
Et il broya la boule de pétanque qu'il tenait au creux de sa main d'acier jusqu'à ce qu'il ne reste plus que de la limaille de fer qu'il fit tomber en tas sur le sol de sa passerelle.
- Alerte Noire ! cria Milvus. Vitesse d'éperonnage !
- A vos ordres, répondit froidement Teg, en détournant toute l'énergie restante du vaisseau pour foncer à vitesse maximale sur l'affreux vaisseau bâtard.
L'USS Chouchou s'élança de toute sa puissance sur le vaisseau de l'Ignoble. Mais à cent mètres de sa coque, il stoppa net. L'équipage, subissant une décélération de 11g, fut projeté vers l'écran de la passerelle.
- Que se passe-t-il ? demanda Milvus.
- C'est… impossible ! fit la voix stupéfaite de Nikita. Il a introduit un virus dans le système ! Il contrôle le vaisseau.
- C'est la fin, fit Milvus en d'effondrant sur son fauteuil de commandement.
Deux heures plus tard, les deux vaisseaux filaient dans l'hyperespace en direction du Système Solaire. Tapadamis fit son apparition dans les geôles de son vaisseau, encadré de plusieurs clones de protection.
- Enfin je te tiens en mon pouvoir, maudit Milvus. Je vais pouvoir reconquérir ma terre, et faire payer au ChouChouLand le plus lourd tribut de tous les temps.
- Va te rincer la bouche dans les chiottes, Ignoble, ton haleine méphitique se sent à des klicks de distance, répondit l'intéressé, bouillonnant de rage.
- Ne soit pas si insolent. Tu as définitivement perdu. L'usurpateur ChouChouBoy sera obligé de capituler quand il saura que je détiens la douce Chen Li.
- Plutôt mourir, fit Chen Li. Je ne veux pas que notre terre tombe entre les mains d'un malade comme toi, Ignoble.
- Ahahahaha ! Tu me fais rire. Mon clone dentiste vous a arraché vos capsules de cyanure. Vous ne pourrez jamais vous suicider. Je vais vous garder en pleine santé pour que vous assistiez à la chute de votre pays. Le coté obscur de la connerie va triompher !
- Jamais fit Milvus en lui crachant au visage.
- Tu vas me payer ca, crapaud visqueux ! Vous tous allez tâter de ma salle de torture !
Et sans la moindre hésitation, l'Ignoble ordonna à ses clones de conduire les prisonniers dans les oubliettes de l'IKC Straton. Cependant, avant d'être séparés, Homère eut le temps de glisser un mot à Milvus.
- Capitaine, j'ai découvert un point faible à l'Ignoble. Il a une très mauvaise vue. Sinon, il ne vous aurait pas confondu avec un de mes crapauds hallucinogènes.
- …
Les ChouChouLandais avaient totalement perdu la notion de temps. A peine alimentés, sans cesse réveillés dans leur sommeil par des sonneries stridentes, à moitié aveugles à cause des flashs de l'éclairage, il en venait presque à regretter les premières heures de la torture, où Tapadamis n'avait fait que les tabasser. Ils ne tenaient plus debout, et lorsqu'un clone d'équipage vint leur donner quelques quignons de pain sec, ils purent à peine se traîner pour aller les ramasser. Ils commencèrent à man ger en silence, rongeant lentement leur pitance, chacun dans son coin. Finalement, ce fut Markus qui brisa le silence oppressant qui régnait.
- Capitaine, nous devons trouver un moyen de nous évader. Sinon, ChouChouBoy ne pourra strictement rien faire quand l'Ignoble arrivera dans le système solaire.
- Qui nous dit que ce n'est pas déjà arrivé ? J'ai l'impression que cela fait un mois que nous avons été capturés.
- Je suis sur du contraire, Capitaine.
- Quand pensez-vous, Teg ? Que vous dit votre prescience ?
- Waaaa… Yagaga.
- Mouais, c'est pas très clair comme réponse.
- J'ai fait un rêve cria soudain Emiliano en se réveillant brusquement. Je sais somment sortir d'ici.
- Ah bon ?
- Lieutenant Bibi, cria-t-il, dix naïades nues vous attendent derrière cette cloison, prêtes à assouvir tous vos fantasmes !
- Ouuuuuiiiii ! hurla Bibi en sortant un bazooka ( d'où ?) qu'il braqua sur la cloison, et tira.
Une énorme explosion balaya les ChouChouLandais au fond de leur cellule, écrasés contre l'autre paroi.
- Si j'avais su… fit Milvus, sa chevelure en bataille, en regardant le trou dans la cloison. Chef Emiliano, faites moi penser à vous augmenter. Je vous dois bien ça.
- Capitaine, Capitaine ! fit Chen Li. J'ai trouvé la Sainte Barbe !
- Parfait, mais dépêchons-nous, il aurait déjà du être là. Il va falloir les accueillir comme ils le méritent.
- Pas de problème de ce coté-là, Capitaine, fit THL 1138. C'est l'heure de Friends, on va les prendre totalement au dépourvu.
Et nos amis, armés jusqu'aux dents, s'en allèrent hardiment pour stopper l'Ignoble. Cheminant à travers les couloirs enfumés du vaisseau, ils se rapprochaient petit à petit de la passerelle. Mais ils tombèrent sur un os…
- Alerte ! Les prisonniers se sont échappés !
- Merde, j'avais oublié Marcie, s'exclama THL 1138. Elle regarde pas Friends, elle !
- Tant pis, espérons que Tapadamis entretiennent bien ses armes.
- Taïaut, à l'attaque, ChouChouLandais !
Et les sombres coursives du vaisseau Klingon furent soudainement pleines du bruit et des clameurs de la bataille. Les clones de l'Ignoble était moins bien armés, mais beaucoup plus nombreux. Les ChouChouLandais en abattirent par centaines, mais furent peu à peu repoussés vers un tournant en L où ils subirent un impitoyable feu croisé.
- On est fichus !
- Non, là ! Une trappe, on descend.
- Allez, go, go, go !
Où diable sommes-nous tombés ? demanda aussitôt Miles Teg en voyant les cerveaux dans des bocaux et les terrariums de scorpions.
- On dirait le labo d'un savant fou dit Markus. Tapadamis prépare quelque chose de très mauvais.
- Capitaine, fit Nikita Thor. Regardez !
- Oh non…
Devant eux, un terminal d'ordinateur faisait défiler des données ADN. Nikita Thor traduisit les divers motifs génétiques.
- Gognoriniens, Ascaris, Satan, Canatiens, Langoustines Spatiales, moustiques tueurs… Il utilise tous les génomes connus pour construire quelque chose.
- Mais quoi ?
- Je préférerai ne pas le savoir… Mais vu les combinaisons de gènes utilisés, les ARN obtenus après maturation seront totalement inédits. Il s'apprête à créer la créature la plus dangereuse qui ait jamais existé. Masse musculaire supérieure de 70 % à la normale, squelette en adamantium, capable de synthétiser des toxines plus redoutables que celles des cônes tropicaux.
- Il faut détruire tout cela, Commander Markus. Nettoyez-moi tout ce labo au napalm !
- A vos ordres, Capitaine.
- Je ne ferais pas çà, à votre place fit une voix.
Markus sentit ses cheveux se dresser sur sa tête lorsqu'une main de métal se posa sur son épaule, lui broyant la clavicule comme de la gaufrette. Puis il sentit la douleur et tomba à genoux.
- Puisque vous semblez vous intéresser à mon hobby, venez que je vous présente Médor.
- Euh… Bonjour Médor… Gentil, gentil, le toutou…
Médor faisait trois mètres de haut, et avait des dents acérées d'où s'écoulait lentement une bave qui faisait de drôles de trous dans le plancher.
Médor marchait lentement en direction des ChouChouLandais, reniflant l'air comme pour déterminer par lequel il commencerait. Derrière lui, Tapadamis et Marcie s'étaient installé dans deux fauteuils de cinéma, grignotant du pop-corn et se bécotant en attendant que le spectacle commence. Médor prit son élan, puis sauta sur Markus, qui saignait abondamment de l'épaule droite. Ses gènes sélaciens lui dictaient de se jeter sur cette proie sanguinolente. Mais Markus ne se laissa pas faire. De son bras gauche, il attrapa Bibi et s'en servit comme gourdin pour attaquer Médor. Ce dernier reçut un coup sur le pif qui le fit reculer. Il s'ébroua, se frotta le nez, puis tapota dessus. Pour finir, il plongea une de ses griffes dans sa narine droite, trifouilla quelques secondes, et finît par en ressortir une chose immonde et rougeâtre. Les ChouChouLandais, malgré toutes les horreurs qu'ils avaient vues auparavant, ne purent empêcher un frison de dégoût.
- On se tire ! cria Chen Li en perçant une sortie dans le mur avec son bazooka.
- Restez ici, bandes de lâches, fit Tapadamis en se levant.
Mais par la même occasion, il avait renversé son paquet de pop-corn sur Marcie, ce qui la fit râler, et Médor se jeta sur le pop-corn pour le manger, ce qui la fit encore plus râler. Pour se calmer, elle commença donc à taper sur son chéri-chéri avec Médor, et nos amis purent partir tranquillement.
- Vite ! Il s'agit de trouver la passerelle avant que l'Ignoble ne ce soit débarrassé de sa copine.
Et ce fut le commencement d'un long cheminement vers la passerelle. A chaque couloir, à chaque intersection, ils étaient obligés de descendre une demi-douzaine de Tapadamisards armés des pieds à la tête. Tapadamis n'étant pas là pour les guider, ils étaient incapables d'appliquer une stratégie, mais il n'en était pas moins très encombrant car ils ralentissaient sérieusement la progression des ChouChouLandais. Mais enfin bon, ils arrivèrent à la passerelle et en prirent le contrôle.
- Teg, quel le cap entré dans le pilote automatique ? La Terre ?
- Oui Capitaine.
- Très bien. Chef Salsa, bloquez les accès à la passerelle. Activez les gaz anesthésiants pour nous débarrasser de ces Pov'Gars.
- Capitaine ? Y a un truc louche… fit soudain Tuor.
- Quoi donc ?
- Regardez l'écran.
- Oh Merde !
- C'est impossible fit Markus.
- Et pourtant…
- Capitaine, une planète ne peut pas être composée de crème fraîche. C'est scientifiquement impossible.
- Je ne trouve de trace de pareil phénomène nul part dans nos archives, fit Nikita Thor. Ce ne peut être qu'une supercherie.
A ce moment-là, tous comprirent.
- Le Holodeck !
- Et oui, fit la planète en prenant l'apparence de Tapadamis. Vous ne vous êtes jamais évadés de votre cellule ! Toute cette évasion n'était pour moi et Marcie qu'un divertissement de plus !
- Même Médor ? demanda THL 1138.
- Oh non, lui je l'ai bel et bien créé. Il est aussi réel que vous et moi. Je n'ai simplement pas résisté à l'envie de vous le montrer. Et maintenant, vous allez me suivre bien gentiment sur la passerelle. J'ai besoin de vous pour ma victoire finale. Gardes ! Saisissez-les !
Et l'équipage de l'USS Chouchou, solidement ligoté, fut emmené sur la passerelle enfumé du vaisseau de guerre. Tapadamis se posta droit devant l'écran et fit un signe au clone chargé des transmissions.
- Empereur Tapadamis à l'usurpateur ChouChouBoy. Répondez !
- Ici le Président de la République Hétérogène du ChouChouLand. Qu'est ce que tu me veux, Pov'Gars ?
- Regarde donc ton écran, idiot. Je détiens le ramassis d'incapable qui sert d'équipage à ton vaisseau amiral. Et en particulier une jeune dame à qui tu tiens beaucoup, si je ne m'abuse…
- Chen Li ! Non ! Tapadamis, je te préviens que si tu touche à un seul de ses cheveux, je te ferais subir des tortures telles que tu en regretteras les flammes de l'enfer ! Délivre-là ou tu subiras ma colère.
- Mais je n'ai nullement l'intention de lui faire du mal. Je l'ai trouvé entouré d'une bande de personnes louche, et je lui ai accordé ma protection. Elle te rejoindra, dès que tu m'auras rendu ma terre, le Pov'Gars Land, ainsi qu'un petit dédommagement : le ChouChouLand.
ChouChouBoy, complètement désemparé, ne sut que faire. Il regarda Chen Li, et celle-ci le fixa droit dans les yeux.
- Tu sais ce que nous avons convenu de faire en de pareil cas, mon amour.
- Non, je ne peux pas, répondit ChouChouBoy, blême, mais luisant de sueur.
- Fais-le ! ordonna Chen Li en usant de la Voix.
ChouChouBoy tendit un bras, tous ces muscles crispés sous le coup de l'intense combat qui se livrait en lui-même. Il essayait de retenir sa mais, mais c'était impossible. Chen Li maîtrisait bien trop la Voix pour qu'il puisse résister.
- Je t'aime, fit-il en appuyant sur le bouton.
- Je sais, répondit Chen Li en fermant les yeux.
Sur la surface, à proximité du Spatioport, une immense superstructure se tourna lentement pour pointer vers l'IKC Straton Puis elle se chargea, accumulant une quantité inimaginable d'énergie dans un espace à peine plus grand qu'un dé à coudre. Puis le Canon Planétaire tira. Un faisceau invisible partit à la vitesse de la lumière, traversa l'atmosphère, arriva dans l'espace, et sans la moindre pitié, frappa le vaisseau Klingon qui fut percé de part en part. L'intégrité de la coque ne résista pas et le vaisseau se brisa en deux morceaux. Blessé, l'oiseau spatial tombait en une danse folle et désespérée. Privé de toute forme de propulsion, il s'abîma dans l'atmosphère de La Terre.
Désespéré, ChouChouBoy sanglotait silencieusement dans un coin de son Palais. Qu'avait-il fait ? Il ne cessait de se repasser les événements dans sa tête encore, et encore. Il aurait du faire quelque chose ! Il aurait du résister ! Mais il avait échoué… Sa vie n'avait plus de sens. Il se leva, marchant comme un zombie. Ses pas le menait malgré lui vers l'armurerie. Mais en même temps, il savait que sa bien aimée s'était sacrifié pour lui. Il n'avait pas le droit de faire ça. Il tomba à genoux sur le marbre précieux, au milieu d'un couloir bordé d'œuvres d'arts toutes plus belles et rares le unes que les autres.
- Pourquoi ? cria-t-il.
Et il se replongea dans ses sanglots.
- Monsieur le Président ? Je peux vous parler ? Monsieur le Président ?
- Fichez-moi la paix ! Même si les quatre cavaliers de l'apocalypse sont en train de frapper à la porte, je ne veux pas en entendre parler ! Fichez-moi la paix !
- Je pense que vous devriez quand même m'écouter. Nos senseurs ont indiqué que la partie avant de l'IKC Straton s'est écrasé dans la jungle de nos montagnes, non loin du Rio Soupapiero. Il semblerait qu'ils aient réussi à mettre en route un système de secours, car le crash à été relativement peu violent. Ce qui signifie qu'il pourrait y avoir des survivants, et…
- Des survivants ? Mon dieu ! C'est fantastique ! Préparez immédiatement une expédition de secours.
Et il pleurait de joie en prenant dans ses bras le Silencieux éberlué.
- Monsieur le Président ? dit ce dernier, très gêné.
La barge à répulsion remontait lentement le Rio Soupapiero. La région ou l'IKC Straton s'était écrasé possédait une importante veine de maldinium, rendant impossible la téléportation. Et comble de malchance, aucun vaisseau n'était disponible ou assez près. En partculier l'USS Chouchou que Tapadamis avait du laissé dieu sait où. Ils devaient donc se contenter de ce moyen de locomotion archaïque. Mais les satellites ChouChouLandais lui indiquaient avec précision la position de l'épave, et dans quelques heures, ils y seraient. En attendant, ChouChouBoy, dressé à la proue de la barge, sa longue cape flottant dans le vent, regardait l'horizon, espérant que le miracle se produirait. Derrière lui s'alignait une multitude de docs-en-boite, près à recevoir les blessées, même à l'article de la mort.
- Pourvu que j'arrive à temps, ne cessait de penser ChouChouBoy.
- M. le Président, fit un Silencieux en s'approchant de ChouChouBoy. Nous ne sommes plus qu'a vingt klicks du lieu du crash. Nous devons quitter le fleuve et nous enfoncer dans la jungle.
- Allez-y !
L'immense barge vira lentement de bord, prenant de l'altitude pour venir flotter à seulement quelques centimètres au-dessus de la canopée. ChouChouBoy vit alors un miroitement de l'air au loin.
- Passez-moi les macrojumelles, Lieutenant.
- Tenez, fit le Silencieux en lui tendant l'appareil. Voyez-vous quelque chose ?
- Oui ! De la fumée. L'analyse spectrale indique qu'elle provient d'un feu de bois. Il y a donc des survivants !
Et un superbe sourire se dessina sur les lèvres de ChouChouBoy tandis qu'il reposait les macrojumelles.
- Elle est vivante, je le sais ! Accélérez !
- Nous sommes déjà au maximum, Capitaine.
- Oh mon Dieu, que cette attente est un trop fort supplice pour moi. Que ne donnerais-je point pour que mes tourments cessent sur-le-champ ! Existe-t-il …
Mais ChouChouBoy fut à ce moment interrompu par une détonation qui fit chavirer la barge. Elle se mit soudain à pencher à bâbord et ChouChouBoy fut jeté à terre par la puissance du choc.
Il se releva aussitôt, pour voir qu'un incendie s'était déclaré au gaillard d'avant, et que la barge tombait lentement au milieu des arbres.
- Statut ?
- Suspenseurs restants en surcharge. Nous n'aurons plus aucune sustentation dans cinq minutes.
- Abandonnez la barge ! Nous sommes vulnérables dessus.
- A vos ordres.
En quelques secondes, le commando de Silencieux se replia au sol, activant leurs polymères de camouflage.
- Périmètre scanné. Rien n'a été détecté.
- Dans ce cas-là, ce sont sûrement des Invisibles qui nous ont attaqués.
A ce moment, un Silencieux émit une légère plainte, et en se tournant vers lui, ChouChouBoy le vit tomber au sol, la gorge tailladé, le sang coulant à flot des jugulaires et des carotides. On l'avait visiblement pris par derrière pour lui trancher la gorge.
- Dos à dos ! Nous sommes probablement cernés.
Les commandos s'exécutèrent, se regroupant en une masse compacte, pointant leurs énormes canons à plasma quadritubes tout autour. Mais ils n'aperçurent que de vagues frémissements de la végétation, aussi bien au sol que dans les arbres. Ils tirèrent plusieurs rafales, arrosant les alentours.
- Ca ne sert à rien, fit un Silencieux. Nous tirons dans le vide.
Et comme pour répondre à cette affirmation, plusieurs rires sadiques se firent entendre et trois commandos tombèrent, une balle entre les deux yeux.
- Bandes de nullards, fit une voix zozotante. Même si on était visible, vous nous rateriez
- C'est ce qu'on va voir, lâcha ChouChouBoy. A tous les Silencieux : Prenez les Détecteurs d'Anomalies Optiques !
- Oui M. le président. Mais je vous rappelle que les DAO en sont encore un stade expérimental. Ils peuvent aussi bien nous faire gagner que nous gêner en nous aveuglant.
- Je sais, Colonel. Mais nous n'avons pas le choix.
Les Silencieux mirent aussitôt la visière qui allait leur permettre de détecter les Invisibles. Grâce à elle, toute anomalie optique apparaissait sous la forme de croix rouges. En les joignant, ils obtenaient la trajectoire des Invisibles. Avec de la chance, ils pouvaient en déduire la localisation actuelle d'un Invisible et le prendre pour cible. Bien entendu, l'appareil distinguait les Invisibles des Silencieux sous polymère de camouflage. Sinon, ils se seraient entre-tués.
- J'en vois un ! cria un capitaine.
- Feu à volonté !
Et la bataille commença entre les deux factions, brutale et soudaine. Les arbres de la jungle se souviendraient longtemps de ce terrible déchaînement de violence. Car les coups qui n'atteignaient pas leur but finissaient fatalement leur couse mortel sur un être vivant de la jungle. Les branches brûlaient, les animaux explosaient en une masse sanguinolente. Très vite, ces derniers s'enfuirent, et cette région resta longtemps dépourvu de toute vie animale. Mais les arbres ne pouvaient s'enfuir, et ils souffrirent beaucoup. De nombreux vénérables ancêtres furent broyés, coupés ou incinérés. De jeunes pousses qui ne demandaient qu'à s'épanouir sous la douce et nourricière lumière du Soleil furent impitoyablement carbonisés, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, même pas un fragment de racine. Cette journée vit le triomphe de la mort noire.
ChouChouBoy, trempé de sueur, regarda autour de lui ses troupes. Les Invisibles survivants semblaient s'être enfuis. De son côté, les indicateurs tactiques de sa visière indiquaient que parmi ses troupes, les pertes étaient nombreuses. Mais il y avait un nombre trop important de disparus. Quelque chose clochait…
- Rassemblement ! Il semblerait que nous ayons été séparés d'une partie de nos troupes. Comme convenu, nous allons à l'emplacement du crash. S'ils sont toujours en vie, c'est là que nous les trouverons. En route !
Et la colonne s'avança lentement au milieu de la jungle. Ils progressaient petit à petit vers le site du crash, se déplaçant avec difficultés au milieu de la végétation exubérante. Soudain, un éclaireur revint affolé vers ChouChouBoy.
- M. le Président. C'est horrible ! Venez voir ce que nous avons découvert.
L'éclaireur guida rapidement ChouChouBoy vers le sommet d'une petite butte où un spectacle d'horreur attendait les courageux ChouChouLandais.
- Mon Dieu ! Quelle horreur sans nom ! Qui ou quoi est donc capable d'une telle chose ?
Là, au sommet de la petite élévation, accrochés par une corde à de hautes branches, pendaient les corps méconnaissables de quatre humains. La chair était à vif sur tout le corps. On aurait dit qu'on les avait dépecés comme un animal. Toute leur peau leur avait été enlevée. ChouChouBoy s'approcha d'eux, et vit avec effroi les plaques de reconnaissance autour de leur cou.
- Des Silencieux ! Ce sont des Silencieux ! Détachez-les !
Les Silencieux s'exécutèrent, détachant leurs camarades et posant avec précaution les corps mutilés sur le sol. ChouChouBoy détacha sa cape, et recouvrit les corps avec.
- Qui que soit celui qui ait fait ça, il payera pour son crime, déclara-t-il. Nul n'a le droit de traiter un ChouChouLandais comme un lapin !
- Justement, M. le Président, quelle créature a bien pu faire une telle boucherie ? Pensez-vous à la même chose que moi ?
- Oui. Il pourrait s'agir de la créature qui s'était attaqué en 1987 à des soldats américains dans la jungle d'Amérique du Sud.
- Et qu'on avait ensuite signalé à Los Angeles ?
- Tout à fait. Cela correspondrait parfaitement.
- Dans ce cas-là, M. le Président, ils n'avaient rencontré qu'un individu immature…
- Que dites-vous ?
- Je dis que la version adulte se tient droit devant moi…
- Quoi, fit ChouChouBoy en se retournant.
Et là, il vit une hideuse créature à l'aspect extrêmement féroce et redoutable. Celle-ci poussa un cri dans leur direction, et un humain apparu à ses côtés.
- Alors, Usurpateur, que penses-tu de mon Médor ? demanda Tapadamis.
A proximité de l'épave de l'IKC Straton, les prisonniers de Tapadamis ne restaient pas sans rien faire. Patiemment, lentement, ils rongeaient les cordes de leur voisin. Au bout de plusieurs heures, Markus poussa un cri de triomphe.
- Ca y est ! J'ai les mains libres.
Et il se détacha aussitôt les pieds. Puis il détacha Homère qui était à coté de lui. En quelques secondes, tout le monde fut debout, près à se battre.
- Il nous faut trouver des armes le plus vite possible, fit Bibi. Nous allons devoir nous battre.
- En effet, fit Miles Teg. Mais une question me turlupine. Comment être sur que nous ne sommes plus dans le Holodeck ?
- Je n'en ai aucune idée, fit Milvus en riant jaune. Tous les trucs qui ont un jour permis à quelqu'un de le savoir ont étés enregistrés par Tapadamis. Et on peut être sur qu'il a pris les mesures en conséquence… S'il a verrouillé les commandes, on peut être sur que c'est la plus sure des prisons.
- Moi je suis sur que non, fit Chen Li.
- Comment ?
- Lorsque j'ai usé de la Voix, j'ai senti l'esprit de ChouChouBoy. Et je le sens toujours. Il n'est pas loin… Il arrive pour me secourir.
- Alors c'est parfait. On trouve des armes et on s'en va botter le cul à ce crétin d'Ignoble. Et ensuite, on le bouclera dans les oubliettes les plus profondes du Château du Marsupilami Noir !
- Et je boufferai la clé ! fit sauvagement Homère.
- Si tu veux… fit Markus, regardant d'un autre œil son vieil ami.
La petite bande retourna donc explorer les décombres du vaisseau Klingon, sur lesquels était juché l'USS Straton, en mauvais état, mais qui semblait avoir un peu moins souffert du crash.
- Il semble récupérable fit le Chef Salsa. Peut-être allons nous pouvoir le réintégrer à notre flotte.
- Ce serait une bonne nouvelle. Mais pour l'instant, allons à l'armurerie du vaisseau.
- Là voilà, Capitaine, fit THL 1138. Mais il y a un problème. Elle est vide.
- Merde ! C'était prévisible, mais j'espérais me tromper. L'Ignoble a tout transféré dans la partie klingonne du vaisseau.
- Que faisons-nous, maintenant, Capitaine ? demanda Bibi.
- Suivez-moi !
ChouChouBoy ne se démonta pas et répondit à l'Ignoble.
- Pas mal, mais un peu gros peut-être… Ca doit pas être évident à transporter en vacances, comme animal domestique.
- Imbécile ! Vas-y mon Médor, attaque ! Ksss ! Ksss !
Et la gigantesque créature sauta sur les commandos. Il passa au-dessus de ChouChouBoy qui pointa son canon à plasma en l'air et lui tira dans le ventre, faisant gicler le sang. Mais cela n'empêcha pas Médor de se tomber sur un Silencieux qui n'eut même pas le temps de se défendre. Il lui planta une de ses longues canines dans le crâne et un bruit de succion se fit entendre.
- Mais… C'est dégoûtant ! dit ChouChouBoy en réprimant une grimace. Il lui suce la cervelle !
- Et oui. Je suis particulièrement fier de lui.
- Tu n'es qu'un sinistre personnage et je vais personnellement te punir pour tes fautes.
- Tu me fais bien rire. Je n'ai qu'a redevenir invisible pour t'échapper.
Et joignant le geste à la parole, lui, Marcie et les Tapadamisards survivants devinrent invisibles. Avec un léger temps de retard, Médor disparu à son tour.
- Perdu, Ignoble ! Nous avons la parade, fit-il en mettant sa visière pour activer son DAO.
Et les Silencieux se mirent à canarder les Invisibles avec une belle cohésion. Tapadamis en écuma de rage.
- C'était donc vrai. J'ai exécuté pour incompétence des Tapadamisards qui disaient la vérité. Soit damné, ChouChouBoy ! Je vais tous nous faire sauter, fit-il en sortant un détonateur thermique.
- Non ! fit ChouChouBoy, horrifié à l'idée d'être vaporisé.
Mais à ce moment-là, un objet vint se planter par derrière dans la main de Tapadamis. Celui-ci laissa échapper le détonateur, qui fut récupéré et désactivé par Bibi.
- Il semblerait qu'on arrive pile au bon moment, fit la voix de Milvus. Joli tir, Markus, je vous félicite.
- De rien Capitaine, c'est un plaisir immense d'utiliser des feuilles d'araucarias comme poignard.
Les Tapadamisards, pris sur deux fronts, ne purent faire autrement que se rendre en redevant visibles. En revanche, Tapadamis et Marcie Ross ne se laissèrent pas faire aussi facilement.
- Ils s'enfuient vers l'épave ! cria Milvus. Rattrapez-les !
Et tandis que ChouChouBoy et Chen Li se jetaient dans les bras l'un de l'autre et que certains ChouChouLandais restaient pour garder les prisonniers, les autres foncèrent dans la jungle pour capturer les deux cinglés.
- Trop tard, Capitaine, fit Miles Teg en montrant le ciel. Ils viennent de voler une navette !
- Prenez une autre navette ! Ils ne doivent pas s'échapper.
Et sautant dans une des navettes restantes, Milvus, Nikita et Markus ainsi que Miles s'envolèrent à la poursuite de l'Ignoble dans les airs.
- Là ! Feu, Commander Teg !
- Avec Joie ! Touché ! Il perd de l'altitude.
- Mais il n'est pas out, dit Markus. Regardez ! Il utilise le fleuve pour voler.
- Quoi ?
- Grâce à l'effet de sol, il peut encore garder un peu d'altitude.
- Ne le lâchez pas !
Mais la navette de l'Ignoble prenait de la vitesse, descendant le Rio à une vitesse folle. Soulevant un impressionnant panache d'eau sur son passage, elle filait sans s'arrêter vers les régions habitées du pays.
- Commander Markus, pouvons-nous leur tirer dessus ?
- Non Capitaine, ces navettes ne sont pas équipées d'armement.
- Pourtant, ils nous tirent dessus, eux !
- Impossible !
Mais à ce moment-là, un missile vint percuter leur navette, la propulsant dans l'eau limpide du Rio.
- Et çà, c'était quoi ? fit Nikita en redressant la navette.
- Euh… Un canard ?
- Ne soyez pas ridicule, Markus, répliqua Milvus. Les canards font "coin-coin", pas "Boum !". Vous ne pouvez avoir raison.
- Si vous le dites, Capitaine. Mais il faudra vérifier quand tout ceci sera terminé.
- Tout ce que vous voudrez, mais bon sang, tirez donc sur l'Ignoble !
- A vos ordres, mais je reste persuadé qu'un canard peut être utilisé comme arme.
Et Markus s'exécuta. Mais au lieu d'utiliser les armes que Tapadamis avaient installées, il passa la tête par la fenêtre et tira sur l'ennemi avec un scintilleur portatif. En quelques décharges rapides, il avait descendu la navette en fuite et celle-ci s'écrasait lourdement sur le rivage.
Près de l'épave de l'USS Straton, ChouChouBoy et le reste des ChouChouLandais finissait de ligoter les Tapadamisards survivants.
- M. le Président, fit Bibi. Il ne faut pas oublier la chose que l'Ignoble appelle "Médor". La laisser en liberté ne serait guère prudent.
- Vous avez raison. Formez un commando d'interception avec Tuor, THL 1138, Salsa et des Silencieux.
- Avec votre permission, M. le président, fit le Dr Homère. J'aimerai capturer cette créature vivante pour mes recherches.
- Puisque tous les blessés sont dans des docs-en-boite, vous pouvez allez avec eux si vous le désirez. Mais si Médor de révèle trop dangereux, je vous ordonne de l'abattre. Votre priorité et d'éliminer une menace, pas de protéger les expériences de l'Ignoble.
- A vos ordres !
Et la petite troupe partit fureter dans la jungle aux alentours. Dès qu'il furent hors de vue, ChouChouBoy se tourna vers Chen Li et lui dit :
- Maintenant que nous sommes seuls, on va pouvoir rattraper le temps perdu…
- Tu sais que tu as de bonnes idées, toi…
A l'endroit où la navette s'était échouée, le Rio Soupapiero avait déjà cédé la place à la belle Dyss, et les flots avaient quittés la jungle pour serpenter au milieu de vastes champs cultivés. A perte de vue s'étalait un riant paysage de bocage plein de vie végétale et animale. Les arbres dressaient leur haute ramure au croisement des haies fleuries. Les oiseaux gazouillaient, cachés dans un buisson ou bien en vue sur une branche élevée. Les lapins gambadaient dans les prés, croquant les plantes qu'ils trouvaient appétissantes avec entrain. Toute la région inspirait le calme et la sérénité. Mais pas pour tout le monde. Marcie était absolument hors d'elle. Elle et Tapadamis sortirent de la navette échouée comme des diables de leur boîte et se hissèrent péniblement sur le rivage. Tapadamis avait été absolument incapable de réussir la moindre action et elle avait envie de le découper en morceaux.
- Espèce d'incapable, tes troupes n'ont jamais pu gagner la moindre bataille, même à cent contre un. Est-ce qu'un jour j'aurais enfin la satisfaction de te voir gagner quelque chose ?
- Tais-toi et cours si tu veux que tes vœux soient exaucés. C'est pas en étant fait prisonnier que je pourrai te couvrir d'or !
- Et où diable veux-tu qu'on court ? C'est le désert ici !
- On a perdu notre navette, il faut la remplacer en "empruntant" quelque véhicule.
- Ah bon ? Tu veux voler quoi ? Une moissonneuse-batteuse ?
- Pourquoi pas ? En voilà une !
Et malgré les protestations de Marcie, l'Ignoble sauta sur l'engin pour en déloger son légitime propriétaire.
- Vindieu, qu'est ce qui me veut-y le citadin ?
- Barre-toi de là, pecno. J'ai besoin de ton engin !
- Boudiou, certainement-y pas, mon petit père. Mon champ doit être moissonné, et c'est pas un citadin qui va me le piquer !
- Tu te barre, bouseux, où je te transforme en chipolata.
- Boudiou ! Je vais te crever, mécréant, fit le paysan en sortant une fourche.
Mais Marcie découpa la fourche en rondelle avec un laser et asticota Tommy.
- Faut vraiment tout que je fasse tout ! Tu n'es même pas capable de voler une moissonneuse.
- Bien sur que si, fit Tommy en éjectant le paysan désarmé et en s'installant aux commandes.
A terre, le paysan était en train de maudire les deux voleurs.
- Que la peste et le choléra s'abatte sur vos caboches ! Je m'en vais-t-y payer le sorcier du village pour qu'il vous jette un sort. Il ne sera pas dis qu'on me vole ma moissonneuse flambant neuve avec climatisation, GPS, siège chauffants et massants et toutes les options sans que je n'ai rien dit !
Mais évidemment, Marcie et Tommy n'avait rien entendu de cette diatribe car l'habitacle était très bien insonorisé. De toute façon, ils étaient trop occupés par la navette ennemie qui leur arrivait droit dessus pour s'occuper de quoi que ce soit d'autre.
- Vire de bord, ils vont nous rentrer dedans.
- Non, répondit l'Ignoble. Si je tourne, ils vont nous canarder. Je préfère que ce soit MOI qui leur rentre dedans.
Et la moissonneuse fonçait vers la navette. La collision était devenue inévitable.
- Redresse ! hurla Markus en voyant les rabatteurs situés à l'avant de la moissonneuse et qui servait à diriger les céréales vers la barre de coupe.
- Trop tard ! Préparez-vous au choc !
Et la collision se produisit, avec une sorte de lenteur terrifiante, bien qu'elle ne dura que deux secondes et des poussières. L'avant de la navette fut broyé dans un mugissement de métal torturé, aspirant le reste de l'engin dans les lames de la moissonneuse avec une implacable rigueur. Les débris, conduits par l'élévateur passèrent dans le tambour engreneur, le batteur puis selon leurs caractéristiques, furent entraînés sur le chemin normal de la paille ou du grain. Quoi qu'il en soit, la navette et le mécanisme interne de la moissonneuse étaient en train de s'anéantir mutuellement.
- On est mort, fit Nikita.
- Non, on s'éjecte.
Et les quatre ChouChouLandais furent propulsés dans les airs par le mécanisme sans faille des sièges de la navette. Puis les parachutes se déployèrent, leur permettant d'inspecter la région de haut. Il y avait la moissonneuse, en train de s'acharner sur les restes de la navette en grimpant dessus et en projetant d'immenses échardes de métal et de matériau divers aux alentours. Il y avait le fleuve, avec une bourgade non loin de là. Mais il y avait surtout une seconde moissonneuse dans le champ d'à coté. Avant même de toucher terre, nos trois amis avaient décidé de la réquisitionner au nom du Chouchou. Mais il s'agissait pour l'instant de toucher terre sans trop de dommage. Pas évident, vu que les parachutes venaient d'être réduits en charpie par les débris de la navette.
Dans la jungle, le commando de choc avançait prudemment pour débusquer le monstre sans se faire croquer. THL 1138 repéra une trace, la montra aux autres, et prit une pincée de terre pour la renifler.
- Ces traces sont chaudes. Il ne doit plus être loin.
- S'il est toujours invisible, fit Tuor, ca va pas être de la tarte pour le repérer.
- Je ne pense pas que ce soit le cas, répondit le Chef Ingénieur Salsa. N'étant pas assez intelligent pour manier un occulteur, il devait être asservi à celui de l'Ignoble.
- Ce qui expliquerait le léger décalage quand il est devenu invisible tout à l'heure.
- En effet.
- Là, fit Homère. Un buisson qui bouge !
- Faites attention fit Tuor en voyant Salsa s'approcher. Si c'est notre cible, elle est assez près de vous pour vous sauter dessus et vous dévorer avant que vous ne vous soyez rendu compte de quoi que ce soit.
- Je le sais. Mais ce buisson est trop petit pour que ce soit Médor. Je ne pense pas qu'il y ait du dang...
Mais Salsa ne put finir sa phrase car Médor venait de surgir du buisson, sautant sur le pauvre ingénieur pour le dévorer.
µ A bord de la seconde moissonneuse-batteuse, Jules écoutait l'histoire de Gustave en riant à gorge déployée.
- Boudiou ! Mais puisque je te dis que Terminator m'a volé ma Super Gerbe d'Or 2000 !
- Ah ! Ah ! Ah ! Et moi je pense que tu devrais arrêter de boire le Pastis. Ca te réussi plus du tout ! Tiens ? Qu'est ce que c'est-y que ces zoziaux qui arrivent ?
Fortement esquintés, mais vivants, les rescapés de la navette avaient plus ou moins atterri et s'étaient dirigés vers la seconde moissonneuse-batteuse sans traîner.
- Amiral Milvus, de la Flotte ChouChouLandaise. Au nom du Chouchou, je réquisitionne votre engin !
Et laissant les deux paysans comme deux ronds de flans, les vaillants guerriers s'installaient aux commandes de leur nouvel engin de combat. Voyant Teg s'installer, Milvus lui demanda:
- Vous savez pilotez cette chose, Commander ?
- Oui Capitaine, ce n'est guère différent d'une moissonneuse à épice. Je pourrai la piloter les yeux fermés.
- Oui, et bien pour l'instant, gardez les ouverts. Je n'ai pas du tout envie de finir dans un fossé.
Et la folle poursuite s'engagea. A la vitesse ahurissante de 20 km/h, les deux mastodontes filaient à travers champs, détruisant tout sur leur passage. Les lapins et les hérissons fuyaient devant l'hystérie de ces deux grosses bestioles qui ne craignaient ni les arbres, ni les buissons, ni les fossés. Laissant un sillage de mort derrière elles, elles se rapprochaient inexorablement l'une de l'autre.
- Marcie, il faut les ralentir ! Braque le machin qui sert à éjecter le grain vers eux.
- Mais c'est pas un canon laser, ce machin, c'est pas orientable !
- Débrouille-toi comme tu veux, mais il faut les ralentir.
Et Marcie se résigna à obéir. Tirant une masse de derrière les sièges, elle commença à taper sur l'éjecteur avec, le forçant à prendre une direction non prévue par le constructeur.
- Ca y est, j'ai réussi !
Pour les ChouChouLandais, ce fut la déroute qui commença. Submergés par une pluie de grains, ils ne voyaient plus à deux mètres.
- Les essuie-glaces ! Où est la commande des essuie-glaces ?
- Ici, essaya Nikita en appuyant sur un bouton.
- Non, ca c'est la clim, fit Milvus en sentant un vent glacé le transpercer.
- Alors, celui-là ?
Une boule de feu s'échappa du tableau de bord, et les sourcils de Milvus prirent feu.
- Non, ca c'est l'allume-cigares, fit Milvus en éteignant calmement l'incendie.
- Ce bouton vert ?
- Radar anti cailloux.
- Ce noir ?
- Le GPS avec cartographie incorporé.
- Ce rouge ?
- Détecteur de nid de rapace.
- Ce carré ?
- Distributeur de soda.
- Ce rectangulaire ?
- Siège massant.
- Ce luisant ?
- Autoradio RDS avec chargeur trente CDs compatible MP3.
- Ce brillant ?
- Réserve de capotes.
- Ce mat ?
- Générateur de parfum.
- Ce cassé ?
- Rasoir automatique.
- C'est pas bientôt fini, vos conneries, fit Miles qui n'appréciait guère que son bouc fut attaqué par le gadget de la moissonneuse.
- Celui-là, fit Nikita avec un air de triomphe.
- Non ! C'est le symbole de l'autodestruction !
Et pourtant, ce fut les essuie-glaces qui se mirent en route, dévoilant le paysage.
- La rivière, firent avec effroi les ChouChouLandais.
- Pas de problème, fit Teg. Un petit dérapage contrôlé, et on est sortis d'affaire.
- Commander, ne dites pas de bêtises, on ne fait pas un dérapage contrôlé avec une moissonneuse-batteuse !
- Ah bon ? fit-il avec stupéfaction. Oh oui ! lâcha-t-il deux quarts de secondes plus tard. Je ne contrôle plus rien !
Et l'énorme dinosaure de métal s'abattit en hurlant de toutes ses entrailles mutilées dans l'eau claire du fleuve. Se retrouvant dans l'eau jusqu'au cou, ses occupants se hâtèrent de sortir de la carcasse inutilisable de l'engin.
- Commander, la prochaine fois que vous piloterez un engin avec des roues, veuillez ne pas le prendre pour une Chevrolet Corvette. Tous les engins terrestres ne peuvent pas faire un dérapage contrôlé.
- Oui, Capitaine, fit Miles en essayant d'avoir l'air digne avec un poisson mort coincé derrière l'oreille.
- En avant ! Et vous, Markus, lâchez ce volatile.
- Soyez indulgent, Capitaine, fit Nikita. Je crois qu'il veut capturer ce canard pour vous prouver qu'il y en a bien sur la Dyss.
- Ignare, fit Markus, c'est une poule d'eau, Gallinula chloropus, et ce n'est pas moi qui la poursuit, mais le contraire.
- Je croyais que ces animaux étaient très froussards…
- C'est le cas, mais pas pour protéger ses petits. Et la malchance a voulu que je plonge dans l'eau juste à coté du nid, fit-il en désignant un buisson de roseaux. Maman ne m'apprécie guère, du coup.
- Tout ce courage maternel est charmant, mais on a un ennemi à capturer. Cessez de jouer, Markus !
- Mais Capitaine…
Mais il était inutile de discuter avec Milvus quand ce dernier avait une idée en tête. Markus accéléra donc pour semer la mère poule et remonter sur le rivage. Malgré tous ces efforts, il ne fut le dernier à sortir de l'eau, le dos endolori par les coups de bec du rallidé.
A la dernière seconde, Salsa avait réussi à éviter le monstre et celui-ci s'écrasa lamentablement sur le sol de la jungle. Mais bien entendu, il se releva aussitôt pour attaquer les chasseurs. Sans s'affoler, ces derniers commencèrent à le mitrailler sans relâche. Mais la peau épaisse de la créature faisait ricocher les balles et les lasers comme si c'était du pop-corn. Même Bibi n'arrivait pas à le toucher malgré son nouveau criquet infernal qui lançait 450 types de projectiles simultanément. En revanche, un Silencieux reçut une balle renvoyée par ricochet dans la fesse et tomba à terre.
- On passe à des armes un peu plus sérieuses, hurla Tuor en sortant un repositronneur de deux mètres de long et en bombardant sans pitié Médor.
- OK ! fit THL 1138 en brandissant un canon à uranium appauvri. Viens par ici, mon toutou, que tonton THL 1138 te décape un peu la fourrure.
- Rooohhhaarrwaarrrr ! rugit Médor en avalant le missile radioactif comme si c'était de la guimauve.
- Je crois qu'il a faim, fit Homère. Je vais essayer des appâts fourrés au tranquillisant.
Et Homère s'éloignait pour préparer tranquillement dans un coin ces appâts.
- Non ! fit Salsa. Il ne faut pas se séparer !
Mais c'était déjà trop tard. Médor avait bondi derrière le buisson où Homère s'était caché. D'horribles bruits de succion et de douleur se firent aussitôt entendre.
- Quelle horreur, fit THL 1138. Il est entrain de le dévorer vivant !
Quelques kilomètres plus loin, Marcie et Tapadamis arrivait enfin au petit bourg paisible qui se dressait au bord du fleuve, Villefranche sur Dyss. La moissonneuse s'arrêta dans un tintamarre de métal tordu et ils l'abandonnèrent sur la place de l'église, il se dirigèrent vers la rivière dans l'intention de voler un bateau. Très vite, ils trouvèrent une bicoque ou un panneau annonçait "Location de bateaux - à la journée, à la semaine, au mois". Un type était en train de faire la sieste dans un fauteuil à bascule au bord de l'eau. Tapadamis le braqua illico avec un petit désintégrateur à protons féroces et ordonna :
- Vas-y Papy, tu nous file le bateau le plus rapide et je ne transforme pas en passoire.
Sans même lever son sombrero pour regarder son agresseur, le loueur répondit :
- Hey, Gringo ! Détends-toi, tu vas t'user les neurones te stresser ainsi. Viens plutôt faire la sieste.
- Pas de coups fourrés, connard. Tu me file le bateau et je me casse. Refuse, et c'est toi qui seras cassé.
- Le bateau le plus rapide est le noir avec une bande rouge. Prends-le si tu veux, tu me payeras après l'heure de la sieste.
- C'est ca… fit Marcie en s'installant dans le bateau. Ils sont complètement pétés, ces ChouChouLandais de province.
Et ils démarrèrent le hors-bord dans un jaillissement d'écume, prenant rapidement la direction de ChouChouCity.
- Ces jeunes, fit le loueur en réajustant son sombrero, toujours pressés… Pas étonnant qu'on soit gouverné par des cinglés. Tiens, ils se multiplient aujourd'hui. En voilà trois autres.
- Au nom du ChouChou, fit Milvus, je réquisitionne ces bateaux !
- Pas de problème, les clés sont sur le contact, je n'ai pas besoin de me lever.
En avant ! Teg, prenez ce bateau. Nikita, celui-là. Nous devons être moins de deux par bateau pour les rattraper. Sinon, nous serons trop lourds.
- A vos ordres, Capitaine !
- Très bien ! Mais où est Markus ?
- Retardé par son volatile, Capitaine.
- Tant pis, nous ne pouvons pas l'attendre.
Et les eaux de la Dyss retentirent bien vite des clameurs d'une poursuite endiablée entre les Invisibles et les ChouChouLandais. Zigzaguant entre les îles et les roseaux, les quatre bateaux prenaient des risques insensés.
- Marcie, fit Tommy épouvanté, on est obligé de couper les méandres en passant par la terre ?
- Oui, ca permet de gagner du temps.
- Si tu le dis, mais si on finit dans un pommier, on aura l'air fin.
- Taïaut !
De leur coté, Les ChouChouLandais fonçait sur leurs puissants destriers mécaniques, ne cessant de rattraper du terrain. Sauf bien entendu Markus, qui arrivait à peine à la baraque du loueur. Prenant ce dernier pour un wazapatiste, il lui fit le signe secret de reconnaissance. Mais à l'air bovin de ce dernier, il comprit qu'il s'était fourvoyé, et sauta sur un scooter des mers (ou de fleuve plutôt ?) pour rejoindre les autres. Le loueur continua alors sa sieste en se disant :
Si ca continue, ce carnaval, je serais trop fatigué ce soir pour dormir.
Pour rattraper son retard, Markus utilisa un jeune bouleau qui s'était couché dans le fleuve comme tremplin. Il fit ainsi un bond prodigieux au-dessus de la campagnes ChouChouLandaise, intriguant les vaches qu'il survolait. Mais celles-ci, pas folles pour un sou, le regardèrent passer avec leur habituelle bonhomie. Tout juste si une vielle matriarche pleine de sagesse nota l'apparition d'une "nouvelle race d'oiseau". Après être monté si haut, Markus se décida quand même à redescendre, et il plongea tel un rapace sur le bateau de Tapadamis. Ce dernier vit une ombre gigantesque plonger sur lui, puis plus rien…
Sans perdre une seconde, le reste du commando se précipitèrent vers le buisson où Médor était en train de dévorer Homère… de léchouilles ! Le fauve féroce était en train de se comporter avec Homère comme un jeune chiot avec un enfant.
- Euh… fit Bibi, qui ouvrit grand la bouche de stupéfaction, comme tous les autres d'ailleurs, mais était bien le seul à pouvoir parler.
- Oh gentil, gentil, le Médor, fit Homère en se remettant debout. Ca c'est un bon toutou… euh… mutant… non… chose ?
- Ne me dites pas que vous avait apprivoisé cette chose, Bones ? demanda Tuor.
- Vous voyez bien que si. Ce n'était d'ailleurs pas très difficile. L'Ignoble reste ce qu'il est : un Pov'Gars, incapable de créer une créature vraiment méchante.
- Ah Bon ?
- Cette histoire devient de plus en plus folle, dit THL 1138. Dépêchons-nous d'emmener Médor au Zoo de ChouChou-City. Plus vite l'histoire sera terminé, et moins nous aurons de chance de devenir fous.
- Pas de risque, fit Emiliano. Comme on est déjà cinglés, on ne risque pas de devenir fous !
Tapadamis risqua un coup d'œil derrière lui et vit une surprise qui le fit éclater de rire. Markus avait raté sa cible et était tombé sur le bateau qui était sur le point de le rattraper.
- Barre-toi de là, criai Nikita, tu me ralentis.
- Désolé, j'ai un peu raté ma réception.
- Ca, tu peux le dire ! J'étais à ça de rattraper cet Ignoble, tu arrive, et on se retrouve bons derniers !
- Si tu veux, je m'en vais…
- Ouais, et plutôt deux fois qu'une, fit Nikita en projetant Markus et son scooter hors du bateau.
Aussitôt revenu dans l'eau, ce dernier mit la manette des gaz à fond, mais l'engin avait été quelque peu endommagé par sa chute. Il partit en vrille, ne cessant de tourner sur lui-même. Par conséquent, Markus se retrouvait une seconde dans l'eau, puis une seconde dans l'air et ainsi de suite… Mais comme en même temps, il filait à toute allure, Markus n'essaya pas de rectifier le comportement de son engin, et restait stoïque, avec un seul but : arrêter l'Ignoble. Ce dernier paniqua en voyant un ONNI (Objet Naviguant Non Identifié ) le serrer d'aussi près et il commença à foncer devant lui sans regarder où il allait. En voyant les faubourgs de ChouChou-City apparaître, Marcie commença à l'engueuler :
- Espèce d'idiot, tu as raté la Spirogyre ! Nous sommes dans la capitale du ChouChou au lieu d'être à Pov'Gars-City !
- Oups !! En effet !
- Et là ! Un comité de réception !
- On est encerclé !
En effet, le reste des ChouChouLandais, après avoir déposé Médor au Zoo, s'était posté sur le fleuve pour stopper Tommy et Marcie. Milvus souriait en voyant qu'il allait enfin attraper ce fichu Pov'Gars. Il n'y avait plus aucune échappatoire pour Tommy.
Mais au moment où il allait passer les menottes au sinistre cyborg, ce dernier lui décocha un sourire de toutes ces dents d'acier, et se dématérialisa.
- Non ! Pas encore ! Il ne va pas le refaire, ce coup-là !
- Non, Capitaine, fit Markus, trempé, mais calme. Cette fois-ci, nous avons un vaisseau !
- Ah bon ?
- Oui, fit Miles Teg, C'est Yamila !
En effet, c'était le StarShooter qui venait de se mettre en orbite autour de la planète. Et en plus, elle avait récupéré l'USS Chouchou que Tapadamis avait planqué dans le nuage d'Oort.
- Elle est trop bien, ma Yamila, fit Miles en souriant béatement.
Les ChouChouLandais se téléportèrent sur la passerelle du vaisseau géant et ils purent voir sur l'écran l'USS Straton qui fuyait encore une fois.
- Je croyais que ChouChouBoy et Chen Li s'occupaient de garder ce vaisseau… fit Milvus.
Mais comme vous vous en doutez, ces deux-là avait autre chose à faire et le vaisseau s'était tranquillement envolé de la jungle où il reposait.
- Nous aurions du vérifier l'état de son vaisseau fit Bibi. La course poursuite n'était qu'une diversion pour gagner du temps en attendant que les moteurs de l'USS Straton aient fini leur précuisson.
- On dit préchauffage, corrigea Emiliano.
- Peu importe, l'important est de se débarrasser une bonne fois pour toutes de ce Pov'Gars ! Le Président n'est pas là et je vais en profiter pour passer outre son indulgence. Tapadamis, je jure que si je t'attrape, je t'écorcherai vif, et ensuite, je t'étoufferai avec tes propres lambeaux de chair.
- Nous sommes à portée de tir, Capitaine.
- Feu !
La torpille quantique jaillit du ventre du StarShooter, filant en une ligne droite parfaite vers le vaisseau de l'Ignoble. Ce dernier la reçut de plein fouet au moment précis ou il allait franchir la vitesse de la lumière. Il s'embrasa, transformé en une nova miniature par les principes étranges de la physique quantique.
- On l'a eu ? demanda Milvus à Nikita.
- Les flammes s'éteignent… Mes senseurs détectent de très nombreux débris. Aucune trace de gros morceaux. L'USS Straton a été détruit.
- Alors… Il est mort.
- Oui, fit Milvus en regardant pensivement l'écran. Tapadamis est mort. Le coté obscur de la connerie avait perdu sa dernière bataille.
Sans plus attendre, le superbe StarShooter fit demi-tour pour regagner la Terre, se déplaçant majestueusement au sein du système Solaire. L'équipage était encore sous le choc, n'arrivant pas à réaliser que la Guerre était terminée. Milvus, assis sur son fauteuil de commandement en était arrivé à se demander si la victoire n'était pas en fait une défaite. En tuant le Pov'Gars, n'avaient-ils pas succombés au coté obscur de la connerie ?
- Capitaine, Capitaine, fit Markus en déboulant sans prévenir sur la passerelle.
- Qui y a-t-il, Commander, fit Milvus en se tournant vers lui. Mais ? Qu'est ce que vous traînez derrière vous ? Un suppositoire géant pour Médor ?
- Non, Capitaine, c'est un des missiles que l'Ignoble avait fait monter sur les navettes de l'USS Straton.
- Que diable faites-vous ici avec ça ?
- Regardez, Capitaine, c'est un missile de classe Donald-IV. J'avais donc raison, c'était bien un canard !
Milvus voulut répondre à Markus qu'il était rétrogradé au rang d'enseigne et qu'il allait devoir éplucher des patates pendant deux ans pour insolence, mais il comprit. Il avait raison. Ils avaient bel et bien succombé au coté obscur de la connerie !
Au loin, dans l'espace profond, un vaisseau clignotait, basculant irrégulièrement entre la réalité et le néant. A son bord, il n'y avait plus personne de vivant. Pas humain en tout cas. Quelque chose avait survécu. Plus ou moins