Le Haut Conseil Impérial était sur le point de se réunir lorsque la nouvelle tomba : le leader de la Résistance Canatienne, Contago, fils de Vigo, venait d'être fait prisonnier par les Sardaukars, l'unité d'élite de l'Archiduc Miles Teg. Les conseillers se tournèrent aussitôt vers la plate-forme de retransmission holographique située au centre de la table.
- Félicitations, Archiduc Teg, fit l'Empereur ChouChouBoy 1er, lorsque la transmission fut établie. Vos troupes ont encore une fois prouvées leur valeur inestimable.
- Vos propos m'honorent, Votre Altesse Divine, répondit la créature mutante en expulsant quelques bulles de gaz orangé qui remontèrent lentement à la surface de son aquarium privé. Je vis pour vous servir.
- Je vous attends avec impatience au Palais. L'exécution publique de Contago sera un des plus grand triomphe de mon règne. Je vous offre l'organisation de son exécution.
- Merci, Votre Altesse. Je vous promets que ce sera une grande réussite. Le sang et l'alcool couleront à flot pour bien montrer à cette Galaxie que les Humains sont la race leader et que la pax humana permettra de sortir des ténèbres. Ce porc emplumé de Contago subira les pires souffrances qu'aucun Canatien n'ait jamais enduré. Je pense que le Seigneur de la Guerre Milvus doit maintenant être soulagé. Son œuvre n'est plus menacé.
- En effet, répondit ce dernier. Canatia est notre plus glorieuse victoire, et il aurait été dommage que de pitoyables terroristes la gâchent.
La transmission prit fin et la séance put commencer.
- Très bien fit l'Empereur. Après cette bonne nouvelle, quelle est la situation sur le front ?
- Tout va bien de ce côté-ci également, répondit Milvus. La confédération Waquan'Che a définitivement capitulé. Nous contrôlons désormais 48 % de la Galaxie. Et nos espions indiquent que notre objectif suivant, le Royaume du Mur de Fleur, n'a pas une technologie ni un ensemble industriel capable de nous résister. Sa conquête sera aisée.
- Pensez-vous que nous pourrons le faire sans opérations militaires lourdes ?
- Oui, Votre Altesse, répondit l'Assassin Impérial Nikita Thor. Déjà, j'ai fait disparaître quelques membres du gouvernement, avec pour résultat de le déstabiliser profondément. En m'occupant des rares conseillés sensés de leur souverain, j'ai mis le Royaume au bord du chaos. Maintenait, si on ajoute quelques catastrophes naturelles et un ou deux raids sur leurs bases spatiales, ils seront à genoux. Ils n'auront pas d'autre choix que de se plier à la Loi du Chouchou.
- De toute façon, ajouta Milvus notre Flotte est maintenant si impressionnante qu'il nous suffirait de sortir quelques vaisseaux lourds pour effrayer ses couards. Un bon bain de sang les mettra à genoux.
- Conseillers, je vous félicite. Nous sommes restés soudés, et grâce à cela, dans deux ans, la Galaxie sera notre en intégralité. Sur cent mille années-lumière, tous les êtres intelligents vivront jour et nuit, de leur naissance à leur mort, sous la loi de l'humanité, la Loi du Chouchou !
Dès la fin de la séance, la flotte quitta la Base Kassad pour aller envahir le Royaume du Mur de Fleur. A peine trois jours plus tard, les vaisseaux avaient franchi les 40 000 années lumières qui séparaient la Terre de la planète capitale du Royaume. L'USS Seigneur de la Douleur, le vaisseau amiral, faisait 14 000 mètres de long et transportait plus de 5 millions de guerriers. Il arborait fièrement le Chouchou, symbole de l'Empire qui serait bientôt Galactique. Milvus, sur la passerelle, vêtu de son uniforme noir et or de Seigneur de la Guerre, contemplait la sublime planète bleu pastel qu'il allait conquérir. Puis il se tourna vers l'Officier des Transmissions :
- Capitaine, ouvrez une fréquence avec le gouvernement.
- A vos ordres, fit l'officier discipliné.
- Roi Mimosa IV, déclama Milvus aussitôt que le visage du souverain fut apparu sur l'écran. Je vous ordonne d'abdiquer immédiatement, où vous subirez les conséquences de la Loi du Chouchou !
- Jamais je n'abdiquerai. Mon Royaume a toujours été fier et indépendant. Cela ne changera pas aujourd'hui.
- Alors vous allez souffrir. Canonnier ! Détruisez moi la seconde ville de la planète. Planétologiste ! Provoquez un séisme dans la région sud de ce continent.
- A vos ordres.
Les officiers s'exécutèrent, et aussitôt, plusieurs terribles faisceau de mort quittèrent les vaisseaux de la Flotte pour venir frapper la planète. La désolation frappa aussitôt deux régions prospères et peuplées.
- Résultats ? demanda Milvus.
- 40 millions de morts dans la Cité des Orchidées. 60 millions dans la Région Bleue.
- Parfait. Repassez-moi ce crétin de Mimosa IV.
- Seigneur, fit le Roi, le visage bouleversé, je vous en prie ! Arrêtez ! Des millions d'innocents viennent de mourir !
- C'était le but recherché… Maintenant, puis-je avoir votre abdication, où dois-je continuer la démonstration ?
- Mon Seigneur… fit le souverain en bégayant, la lèvre tremblotante. Promettez-moi que si j'abdique, la population sera bien traitée.
- Mais bien entendu… Nous le traiterons avec tout le respect qui lui est du.
- Alors… Je n'ai plus le choix. Peuple ! Pardonne-moi. J'abdique…
- A la bonne heure… Assassin Thor ! Vous pouvez descendre prendre le contrôle du Palais pour assurer la transition. Grand Inquisiteur Markus, à vous de jouer pour déterminer de quels nobles il va falloir s'occuper.
- Avec Plaisir, Seigneur.
Les troupes ChouChouLandaises d'occupation furent aussitôt téléportées à tous les endroits stratégiques de la planète. Milvus arriva dans la Salle du Trône et contempla le chef d'œuvre de marqueterie sur lequel Mimosa IV s'asseyait pour les cérémonies officielles. Ce dernier, les pétales pendantes, attendaient que Milvus déclare quelque chose. Mais ce dernier se contenta de s'asseoir sur le trône et de regarder le souverain avec un sourire malsain. Ne pouvant plus attendre, Mimosa IV prit la parole.
- Mon Seigneur, si je puis me permettre, que va devenir mon peuple ? Nous sommes pacifiques. Vous ne pouvez nous enrôler dans votre armée. Nous serions plus une gêne qu'autre chose.
- Je savais que vous étiez perspicace, répondit Milvus avec son sourire de carnassier. Je pense que votre Royaume sera reconverti en une gigantesque base de production agricole. Vous êtes extrêmement qualifiés pour ravitailler nos glorieuses troupes. Les Kant'herouis nous ont dits le plus grand bien de vos productions.
- Mais, fit Mimosa IV en écarquillant les ocelles, les Kant'herouis sont des cannibales !
- Je le sais bien, fit Milvus en regardant le Roi tomber à genoux.
Mimosa IV était alors dans le plus grand désespoir, réalisant ce qu'il avait infligé à son peuple et ce que les générations futures penseraient de lui. Il pleura à chaudes larmes en songeant qu'il aurait mieux fait de les laisser détruire sa planète.
- La rumeur était donc vrai. Le Chouchou a sombré dans la folie meurtrière. Vous n'êtes plus qu'une bande de pillards interstellaires !
Milvus se délectait de cet instant ou l'ennemi réalisait tout ce qu'il avait perdu et à quel point il s'était trompé. Il se leva, laissant le souverain déchu à ses remords sans espoir.
Cependant, à ChouChouCity, Miles Teg arrivait, de retour de sa campagne contre la guérilla Canatienne, se préparant aux honneurs qu'on allait lui rendre. Mais en fait d'honneurs, ce fut une convocation de l'Impératrice Chen Li qui constitua son comité d'accueil. Intrigué, il se rendit immédiatement au Palais. Il fut immédiatement reçu dans une des salles souterraines de l'immense bâtiment. Dès que le Silencieux l'introduisit dans la pièce, Chen Li prit la parole sans même lui laisser le temps de saluer.
- Ah… Archiduc Teg. Je vois que vous êtes de retour après votre campagne. Merci d'avoir répondu si vite à ma convocation.
- Votre Altesse, c'est tout naturel, fit Teg en agitant ses restes de membres. Les désirs de l'Impératrice sont des ordres. Je vois que le Ministre de la Propagande Tuor et l'Assassin Thor sont là. Quel est donc l'affaire qui requiert leur présence ?
- En fait, fit Nikita en s'approchant de Teg, c'est à vous de nous le dire.
- Comment ? fit Teg, tout en remarquant que Nikita n'était là que sous la forme d'un hologramme. Je ne comprends pas…
- Nous avons eu vent d'une rumeur disant que vous conspiriez contre l'Empereur.
- Votre Altesse, fit Teg avec un air étonné criant de vérité, c'est ridicule… Et de toute façon, ne serait ce point l'affaire du Grand Inquisiteur Markus ? Pourquoi n'est-il pas là ?
- Vous le savez très bien, fit Tuor. C'est votre complice.
- Votre Altesse, je proteste. Ma fidélité envers Son Altesse l'Empereur est sans borne. Sans lui, rien de tout ceci n'existerait.
- Très bien, je veux bien vous croire, fit Chen Li. Mais sachez qu'a la moindre erreur de votre part, je n'hésiterais pas à vous torturer pour tirer cette affaire au clair. Je vous priverai d'épice, et je crois savoir que l'état de manque est particulièrement douloureux. Si j'ai la preuve que vous complotez contre mon époux, je vous ferai souffrir plus que vous ne pouvez l'imaginer… Même les souffrances de l'Ignoble Tapadamis et de sa catin de Marcie ne seront rien à coté de ça.
- Oui, Votre Altesse, fit Teg en déglutissant dans son bocal et en pensant à Yamila pour se donner du courage.
- Rompez !
Et Miles Teg put quitter la pièce, visiblement soucieux.
- Qu'en pensez-vous, Ministre Tuor ?
- Il a réagi de façon remarquable, Votre Altesse. Il est resté très vraisemblable dans ses dénégations. Néanmoins, il reste peu probable qu'il soit innocent.
- Vous sous-entendez qu'il y a encore une chance que nous nous trompions.
- Oui, Votre Altesse. C'est pourquoi une enquête approfondie est désormais indispensable. Nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir des doutes, dans un sens ou dans l'autre, sur un membre du Haut Conseil.
- Dans ce cas, exécution !
Non loin de là, le Duc de Mont-Saque de La Valoche du Bois Charmant introduisait l'Archimage Salsa dans son complexe de recherche pour lui montrer l'avancée de son travail. Ce dernier désirait un échange d'information afin de mettre au point de nouvelles armes contre les ennemis du Chouchou.
- Comme vous le savez, une grande partie de mon travail est basé sur une des créatures de feu l'Ignoble. Vous vous souvenez de lui, j'espère.
- Oui, bien entendu. Mais je croyais que Médor était un échec…
- Sur le point de vue du dressage, oui. Le Pov'Gars s'est révélé incapable d'imprégner Médor correctement pour sa fonction de chasseur-tueur. Mais sur le point de vue génétique, c'était une grande avancée en matière de xénocréation. Grâce à sa dissection, les OGM du ChouChouLand sont les plus perfectionnés de la Galaxie, expliqua Homère en désignant ses deux gardes du corps appartenant à ses célèbres légions d'hommes-crapauds.
En même temps, Emiliano vit le corps écorché de Médor dans une niche du mur, de nombreuses aiguilles maintenant ses tissus ouverts. Un champ de stase anentropique assurait la conservation parfaite du corps, comme si la dissection venait d'être faite. Emiliano s'arrêta quelques secondes devant la vitrine, contemplant en connaisseur la véritable œuvre d'art qu'avait réalisé le docteur. Chaque organe, chaque vaisseau sanguin, chaque nerf était visible et soigneusement légendé. Une des mains du monstre était encore tendue vers quelque invisible espoir illusoire. Le rictus de souffrance du monstre parachevait l'ensemble, faisant de la dissection non seulement un chef d'œuvre, mais aussi un superbe avertissement pour tout ennemi du ChouChou.
- Venez par ici, Archimage Salsa, je conserve ici de très intéressantes bactéries de culture.
- Oh, en effet… Toutes ces maladies sont mortelles, je suppose.
- Oui, et la mort intervient toujours dans d'atroce souffrance.
- Alors je crois que j'ai trouvé ce que je cherche. Mon sortilège sera parfait avec ses petites créatures. Je pourrais tuer à distance n'importe quel ennemi du Chouchou. Même une simple photo numérique de lui suffira.
- Même au format Jpeg ?
- Même au format Jpeg. Les pertes lors de la compression ne sont pas suffisantes pour parer un tel sortilège.
- Je crois que nous allons nous amuser alors…
Et les deux compères continuèrent à débattre de leurs nouvelles armes pendant des heures.
Quelques jours plus tard, un garde entra dans le Bureau du Grand Inquisiteur, et annonça :
- Le VICE-roi Bibi the first demande audience, Monseigneur.
- Faites-le entrer.
Les portes s'ouvrirent, et un gigantesque obèse monté sur répulseurs entra dans le bureau de Markus en flottant.
- VICE-roi Bibi the first, quel bon vent vous amène ?
- Je viens pour parler avec vous du Royaume du Mur de Fleurs. Vous qui avez été sur place, a votre avis, me fournira-t-il assez d'esclaves ?
Markus se renversa dans son siège et lui répondit avec un sourire narquois.
- Les floraux, comme leur nom l'indique, sont une espèce végétale. Je ne vois pas trop comment vous trouverez des clients pour eux.
- Vous seriez étonné de voir à quel point les différences d'anatomie ne sont pas un obstacle pour mes… clients.
- Je sais que vous vous flattez d'avoir eu pour amant au moins un spécimen de chaque sexe de chaque espèce présentant de l'intelligence, mais là je crois que là, vous êtes tombé sur un os. Je veux bien parier deux secteurs spatiaux que vous n'arriverez pas à prendre un floral comme amant.
- Pari tenu ! Les floraux feront partie de mes harems.
- Ca, c'est vous qui le dites…
Et le VICE-roi repartit aussi vite qu'il était arrivé. Markus ne put s'empêcher de pousser un soupir de triomphe.
- Je tiens enfin ma revanche, gros porc !
A la frontière de notre système solaire, Le Seigneur de la Guerre Milvus montait à bord de son hyperdestroyer personnel, l'USS Armageddon, et partait pour Tergulia. Il avait reçu un message inquiétant de la part de la princesse Linacasa, une des ses nombreuses concubines. Arrivé en orbite, il déclara qu'il voulait descendre à la surface sans escorte.
- Mais, mon seigneur, protesta le Capitaine de sa Garde Prétorienne, c'est impossible. Vous avez besoin d'une escorte digne de votre rang.
- Ne soyez pas si imbu de votre importance, Capitaine. Je n'ai nul besoin de vous pour me protéger. Vous êtes là uniquement pour décorer. Des affaires privées m'attendent en bas et je ne veux pas être dérangé par des parasites.
- Oui, Mon Seigneur. Vos désirs sont des ordres, se résigna le colosse.
Milvus se matérialisa à l'intérieur du Palais et vit là un spectacle étonnant. Tout avait été dévasté comme si quelqu'un s'était délibérément amusé à tout prendre pour cible. Le magnifique palais reconstruit après la Guerre des Ascaris était en bien triste état. Sans rien perdre de son sang-froid, il s'avança au milieu des ruines en direction de celui qui avait causé tout ce dégât.
- Je tiens Linacasa en otage, cria celui qui se dressait devant Milvus. Tu vas enfin payer pour tes crimes, Boucher !
- Calme-toi, tu m'as l'air un peu sur les nerfs. Trop de surmenage, je suppose.
- Te fous pas de ma gueule, Milvus, je tiens le couteau sous la gorge de ta poufiasse. Dis-moi où la Princesse de Sylvernore est incarcérée, où je fais un trou dans celle-ci.
- Vas-y, je m'en, fous…
- Tu crois que j'en suis pas capable, et bien regarde…
Et il tira Linacasa d'une autre pièce, lui tenant en effet un couteau sous la gorge. Cette dernière émit une légère plaine en voyant Milvus.
- S'il te plaît, Sauve-moi. Au secours !
- Tu me déçois, Lina. Je croyais qu'une amazone comme toi saurait éviter une telle mésaventure.
- Milvus… fit l'intéressée, le désespoir dans les yeux.
- Ta foutue princesse est morte, dit Milvus. Elle a couiné comme un goret quand mes Silencieux l'ont saigné.
- Salaud, hurla l'autre ChouChouLandais en tranchant la gorge de Linacasa. Tu n'es que ce qu'on dit de toi. Un Boucher ! Le Boucher de Sylvernore !
- La ferme, crétin, fit Milvus en se décalant.
Arrivé derrière son adversaire, il sortit un Krys et lui trancha lentement la gorge, laissant couler le sang tiède à gros bouillons. Puis il laissa le corps sans vie s'écrouler lentement sur le sol de l'ancien Palais.
Milvus essuya son Krys, puis s'approcha du corps du mort, et le regarda avec satisfaction. Puis il leva les yeux au ciel et cria :
- Es-tu fier de moi, ô mon Maître Lucifer ?
Il tomba à genoux, en adoration devant le ciel constellé d'étoiles.
- Ai-je agis comme tu le désirais ?
Milvus resta quelques minutes en extase, les yeux dans le vide, la tête renversée en arrière. Puis il se releva et retourna à bord de son vaisseau.
- Quel cap prenons-nous ? demanda le pilote.
- La Terre, vitesse maximale.
- A vos ordres, Mon Seigneur.
Et à peine une heure plus tard, Milvus foulait le sol du Spatioport et humait l'air du ChouChouLand. Il apprit les soupçons qui pesaient sur Teg et le convoqua discrètement dans son Château du Marsupilami Noir, tapis dans, les brumes des montagnes.
- Alors, très cher Archiduc… On complote contre ce bon vieux ChouChouBoy, commença de but en blanc Milvus.
- C'est faux, je ne fais qu'enquêter sur certains points obscurs de la Campagne Canatienne. Je suis presque sur que c'est l'Empereur qui a commandité l'assassinat de ma chère Yamila.
- Pur délire ! Quel aurait été son intérêt ?
- Eliminer un rival dangereux. Si j'ai une preuve définitive, je ne lui pardonnerai jamais ça !
- Prudence, prudence, mon ami. Malgré ta prescience et ton épice, tu es loin d'être discret.
- Ce qui veut dire ?
- Tu en demande beaucoup trop. Mon but et de calmer le jeu entre toi et lui. Tu sais ce qui est arrivé à Tapadamis.
- Oui, bien sur. Je n'ai pas envie de devenir un légume décérébré presque incapable de faire quoi que ce soit tout seul…
- Lui aussi avait défié ChouChouBoy parce qu'il avait tué sa bien-aimée. Je ne voudrais pas que l'histoire se répète. L'empire serait déstabilisé si toi ou ChouChouBoy mourait.
- Tu as raison, Milvus. Mais je ne renoncerai jamais…
Et Teg reparti pour CoinCoin-City où se trouvait son Palais. Milvus, mécontent de n'avoir pas réussi à décourager Teg, s'enferma dans ses appartements avec la ferme intention de ne pas en sortir avant deux semaines. Mais il fut dérangé bien plus vite…
Dans son somptueux palais, ChouChouBoy fulminait contre Milvus. Pour se passer les nerfs, il s'amusait à lancer des fléchettes sur son bouffon en essayant de l'éviter quand il y pensait, c'est à dire pas souvent...
- Mais qu'est-ce qui lui a pris, à ce crétin ? Ca lui suffisait pas d'avoir massacré la population de Sylvernore ? Non, il faut en plus qu'il tue la copine de ce pauvre THL 1138 qui à ma connaissance, ne lui avait rien fait.
- Votre Altesse, je crois qu'il ne savait pas qui elle était quand il l'a fait explosée.
- Je t'ai adressé la parole, bouffon ?
- Non, Votre Altesse Suprême, fit Tapadamis en recevant stoïquement une fléchette dans le nez.
- Alors tu te tais !
- Oui…
- Résultat, THL lui en veut à mort, ce qui est le cas de le dire, puisque qu'il se retrouve avec dix centimètres d'acier dans le cou. Ce qui est vraiment très peu malin de sa part. Il aurait du savoir que Milvus ne se laisserait pas faire comme ça. Mais bon, Monsieur a été mercenaire, Monsieur est le plus grand guerrier de tous les temps, alors il croit pouvoir piéger un Seigneur de la Guerre. Enfin, bon, il est mort et il est inutile de lui reprocher quoi que ce soit. Ce qui n'est pas le cas de ce cinglé de Milvus qui va m'entendre dès que je tiendrai sa carcasse de dégénéré entre mes mains. Bouffon !
- Oui, Votre Altesse ?
- Quand est-ce que cet idiot de Milvus sera de retour ?
- Justement, Votre Altesse, j'étais venu vous dire qu'il était déjà là…
- Quoi ! Incapable ! Crétin ! Anacoluthe ! Avocat ! Pourquoi ne me l'as-tu pas dit plus tôt ?
- Votre Altesse, vous ne me l'avez pas laissé vous le dire, fit Tapadamis, en essayant désespérément d'éviter une pluie de fléchettes qui le transformaient peu à peu en hérisson.
- Gardes ! cria-t-il à ses fidèles Silencieux. Préparez mon glisseur d'apparat ! Je me rends au château du Marsupilami Noir.
- Oui, Votre Altesse, firent les gardes ne se précipitant vers les garages royaux.
Milvus était tranquillement affalé sur un canapé de son Palais, sirotant un liquide bleuté. Sa tenue débraillée - une chemise sale et un pantalon troué - ne déparait pas avec son teint jaunâtre, son air de défoncé et sa barbe de trois jours. Devant lui était dressé une bouteille dont l'étiquette indiquait "Château St-Maclou - 2006". L'Empereur entra en trombe dans la pièce, pointant un doigt inquisiteur sur le Seigneur de la Guerre.
- Vous ! De quel droit avez-vous exécuté le Prince THL 1138 ?
- Votre Altesse, Il avait assassiné cette poufiasse de Linacasa, répondit Milvus en remplissant son verre. Même si c'était plutôt un service qu'il me rendait, je ne puis ainsi tolérer qu'on s'attaque à ceux qui sont réputés être mes protégés.
- Ce n'est pas une raison. Seul moi ait droit de vie ou de mort sur un des membres du Haut Conseil Impérial ! Je pourrai vous faire exécuter pour un tel acte de sédition.
- Calmez-vous, voyons, Votre Altesse, fit Milvus en s'affalant encore un peu plus sur son canapé. Vous savez très bien que je contrôle la flotte. Qui vous dit qu'elle vous jurerait toujours allégeance après que vous m'ayez fait étranglé ?
- Insolent ! Vous consommez bien trop de drogue pour être efficace. Quand cesserez-vous donc de boire cette horrible liqueur de moquette ? Vous n'êtes plus qu'un junkie dégoûtant.
- Et alors ? fit Milvus en s'approchant de son Empereur. Je ne le fais qu'en privé. Je ne suis pas pire que les autres membres du Haut Conseil. Il y a dix ans nous n'étions rien, Aujourd'hui nous sommes tout. Notre influence est au-delà de toute imagination. Nous sommes presque des dieux. En un sens, c'est le cas : nous avons été investis d'une mission divine, mener cette Galaxie vers la Gloire. C'est pour cela que nous devons être forts. Et THL 1138 ne l'était plus.
- Vous êtes fou ! THL 1138 vous gênait, c'est tout !
- Ô Votre Altesse Suprême, je vous rappelle que c'est précisément pour cela que j'occupe ce poste.
- Vous rendez-vous compte qu'en l'assassinant, vous avez rompu le fragile équilibre du pouvoir ? Les membres du Haut Conseil vont être tentés de s'entre-tuer, maintenant !
- Ma foi, c'est ta théorie, pas la mienne.
- Ne soyez pas insolents, Milvus. Je nous vous ai pas autorisé à me tutoyer. L'étiquette n'est pas pour les chiens !
- Je m'en fous, l'important est que j'ai raison, fit Milvus en se levant d'un pas mal assuré.
ChouChouBoy regarda Milvus qui essayait de maintenir son équilibre. Il nota qu'il allait pied nu, et se demanda comment une telle loque pouvait être, une fois dégrisé, le redoutable Seigneur de la Guerre qui avait pris une part si importante dans la conquête de la galaxie.
- Vous avez tort, fit l'Empereur d'une voix ferme, renonçant à avoir du respect tant que Milvus serait "dans le space"
- J'ai tort d'avoir raison ?
- Non, vous avez tort tout court !
- J'ai tort de faire court ?
- Ne vous moquez pas de moi, où je vous prive de votre moquette !
- Oh… Pas cool…
- Je n'obtiendrai rien de vous dans cet état. Rendez-vous à mon palais dès que vous serez dégrisé.
- Ah ! Cool !
Et l'Empereur repartit, à peine moins furieux que lors de son arrivée.
La Grande Serre de Botanique de ChouChou-City était une pure merveille. Haute de cinquante mètres, entièrement en cristal et fer forgé, protégé des chocs par des champs de force, elle rassemblait les espèces végétales les plus curieuses de toute la galaxie. Se promener à l'intérieur était un privilège accordé seulement au meilleurs des citoyens de l'Empire, et c'était une visite dont on se rappelait longtemps. Bibi et Markus y était ce jour-là, discutant d'un sujet gravissime. Bibi était en sueur et s'épongeait régulièrement le front avec un mouchoir si sale que Markus n'aurait même pas utilisé pour nettoyer ses WCs.
- Reconnais que j'ai gagné le pari. Tu n'y es pas arrivé !
- Ce n'est que provisoire, fit Bibi, encore plus laid que d'habitude avec tous ces boutons d'allergies. Je ne renonce jamais.
- Homère est formel : encore un contact avec un floral, et tu es bon pour le choc anaphylactique. Tu ne pourras jamais gagner.
- Si ! répliqua-t-il en flottant vers Markus. Un Bibi ne perd jamais !
- Tu vois bien que si… Tu ne peux pas baiser une plante. Tu as perdu, donne-moi l'acte de propriété de deux secteurs, n'importe lesquels. Tu vois que je ne suis pas exigeant.
- Jamais, plutôt mourir.
- Oh, mais ca peux s'arranger, fit Markus en poussant Bibi vers un arbre. Je serais réellement désolé à l'idée de te tuer.
- Oui, c'est çà… Tu sais très bien que tu n'oseras jamais. Tu n'en as pas l'envergure.
Bibi se mit à rire en tournant sur lui-même dans les airs. Ses yeux porcins regardaient Markus avec l'air de beaucoup s'amuser. C'est alors que Markus arracha d'un coup sec un des servo-controleurs de Bibi. Ses répulseurs emballés, il tournoya quelques secondes dans les airs, puis alla s'écraser sur un arbre tout proche.
Un araucaria.
Markus contempla le corps déchiqueté, le sang qui coulait en cascade sur le sol, la graisse qui s'échappait lentement par les plaies béantes. Il était un peu déçu que ce soit allé si vite. Mais bon, on ne peut pas tout avoir. Il murmura avec délectation :
- Souviens-toi de l'anus vivant !
Et la dernière parcelle de vie s'échappa de Bibi, tirant une langue de tortue démesurée. Markus partir, sans oublier de recommander d'utiliser le corps de feu le VICE-roi pour le fumier du "Jardin des mauvaises herbes", où on faisait pousser les plantes les plus laides de l'Empire.
Mais au moment ou il sortait de la serre, une silhouette lui sauta dessus et commença à le griffer de toutes part.
- Christelle, ca va pas la tête ?
- Tu as tué mon bibichounet d'amour, salaud !
- Oh ! Tu te calmes, où je t'efface.
- Effacer le programme d'une I.A. est interdit, tu ne peux pas le faire.
- Ah bon ?
- Et oui, fit Markus en tapotant sur son portable. Tu crois que c'était légal, de tuer ton "bibichounet" ? Ordinateur ! Fin du programme !
- Non, fit Christelle tandis que son corps holographique fondait, laissant échapper des pixels qui roulaient un peu partout. Ce n'est pas possible !
- Et si… répondit Markus, en parlant à la tête de Christelle, qui disparaissait progressivement, exprimant l'horreur la plus totale.
- Merci de ce service, fit une grande ombre en sortant de derrière un palmier.
- De rien, si nous voulons bien que nos affaires tournent, il faut bien que chacun fasse une part du travail. Et c'était un plaisir de me charger de ces deux-là moi-même.
- J'adore travailler avec vous, vous êtes toujours si professionnel et si inventif.
- Je pourrais dire la même chose de vous, Teg. Je suppose que c'est pour cela que nos affaires communes marchent aussi bien.
Au plus profond du Palais Impérial de ChouChou-City, dans une salle secrète gardée par de féroces animaux, une réunion se tenait. Il y avait là ChouChouBoy, Chen Li, Tuor et Nikita.
- Bon, commença ChouChouBoy, premier point sur l'ordre du jour, Miles Teg. Où en est-il ?
- Le Seigneur de la Guerre Milvus lui a conseillé de garder profil bas, expliqua Tuor. Mais il ne veut pas l'écouter. Il s'est retranché dans son Palais du Poisson Mort, à CoinCoin-City, et il doit être en train de faire des recherches sur la mort de Yamila. En outre, il pourrait être pour quelque chose dans le regrettable accident du VICE-roi.
- Je croyais que c'était Markus le suspect.
- En effet, ce qui prouve bien que ces deux là, et peut-être l'Archimage Emiliano, y sont pour quelque chose.
- Mouais, ils ne sont pas près d'abandonner ce ridicule complot, fit ChouChouBoy en bougonnant. Tout ça à cause de Milvus et de son excès de zèle lors de la conquête de Sylvernore. S'il ne s'était pas mis THL 1138 à dos, l'équilibre du pouvoir n'aurait jamais été rompu. Les conjurés n'auraient jamais osé mettre à exécution leur complot.
- C'est une chose certaine, Votre Altesse, mais reconnaissez que sans la disparition de Yamila y est aussi pour quelque chose.
- Vous avez raison, Nikita. Mais j'ai du choisir entre deux risques, et j'ai choisi celui qui me paraissait le moins grave. Seul l'avenir nous dira si j'ai eu raison. A ce propos, j'espère que vous avez bien fait votre travail, Thor !
- Bien entendu, Votre Altesse, il n'y aucune preuve de la vérité sur Polménore.
A ce moment, Tuor, qui écoutait avec attention depuis quelques instants, fronça les sourcils et demanda :
- Quelle vérité ?
- Voyons, vous le savez très bien, M. le Ministre, répondit Thor.
- Quoi, alors Teg disait vrai ? Votre Altesse ? Vous avez fait assassiner Yamila ?
- Oui... Je croyais que tu le savais.
- Non… C'est horrible, fit Tuor en se levant et en reculant lentement.
ChouChouBoy réagit alors immédiatement.
- Chen Li ! Sonde son esprit !
- Oui, mon Empereur. Avec plaisir…
- Otez cette sorcière Bene Gesserit de ma vue !
- Il vous est loyal, mais il est faible… Il se raccroche à des valeurs dépassées. Cette révélation l'a plongé dans un grand trouble.
- Vos Altesses, je ne trahirai jamais le Chouchou, protesta Tuor.
- Oui, justement, il se raccroche au ChouChouLand du passé… Il n'est pas fidèle à vous, mon Empereur, mais au Chouchou ? Et maintenant, il pense que vous avez trahi le Chouchou.
- Alors il doit cesser de me servir.
- Oui, mon Empereur… Silencieux ! ordonna Chen Li. Emparez-vous du Ministre de la Propagande.
- Oui, Votre Altesse.
Et douze Silencieux s'emparèrent de Tuor stupéfait et l'empêchèrent de bouger.
- Tu n'aurais pas du te séparer de ton épée elfique, fit Chen Li en prenant un objet à la ceinture de Tuor. Jamais je n'aurais pu utiliser une épée aussi lourde contre toi.
- Quoi ?
- Ce sabre laser, en revanche…
- Je suis immortel. Tu ne peux pas me tuer…
- Oh que si, fit Chen Li en abattant le sabre laser sur le cou de Tuor.
Elle le décapita d'un mouvement souple et précis. La lame bleu violet traversa les chairs et les os comme du beurre, cautérisant la plaie au passage. Sa tête sauta et vint rouler au pied de ChouChouBoy ravi, malgré l'absence regrettable de sang. Le Quickening se dispersa dans la pièce, sans trouver d'immortel où se réfugier, mais en cassant tout au passage. A la fin, Chen Li mit le sabre laser à sa ceinture et revint tranquillement s'asseoir à la table de réunion.
- Bien, fit ChouChouBoy. Après ce petit interlude, nous pouvons reprendre notre réunion.
Une ombre furtive rodait dans le laboratoire du Dr de Mont-Saque. Farfouillant par-ci, manipulant par-là, elle effectuait des opérations mystérieuses au but connu d'elle seule. Elle seule ? Non, l'ombre était elle-même espionnée. Et quand la lumière s'alluma brusquement, elle se retourna brusquement.
- Archimage Emiliano Salsa Torti Pomodoro… Quelle joie de vous revoir.
- Ce n'est pas ce que vous croyez, Homère…
- Oh que si, c'est ce que je crois. Vous vouliez me tuer avec ces bacilles de la mort jaune. Un bien joli dispositif que vous nous fabriquiez là… Je serais mort en buvant mon café. Vous êtes gonflé de vous être renseigné auprès de moi pour savoir comment me tuer. Vous n'auriez jamais du trahir le Chouchou.
- Mais non, pas du tout…
- Voyons, ne niez pas, ce serait ridicule. Vous ne m'avez demandé de mon aide que pour mieux me piéger…
- Et j'ai réussi, fit Emiliano en brisant la fiole sur le sol. Nous mourrons ensemble !
Mais Homère sourit et ramassa les débris de la fiole en secouant la tête.
- Voyons, imaginez-vous que je n'ai pas pris l'antidote de tous les poisons que j'ai crée ici ? Vous êtres bien naïf… J'ai plus d'antidote que de sang dans mon corps.
Et prenant un pistolet hypodermique, il injecta une dose d'antidote et de somnifère à un Archimage stupéfait.
L'Assassin Impérial Nikita Thor était en train de méditer au cœur de son somptueux château spatial en orbite autour de la terre. Les yeux fermés, assis dans la position du lotus, de nombreux cierges, disposés selon un dessin plus vieux que l'humanité, brûlaient autour de lui. Devant lui, une immense baie vitrée d'une pureté incomparable laissait voir La Terre. Les continents et les îles se détachaient avec une netteté stupéfiante de l'immensité bleutée de l'océan. C'était un spectacle d'une beauté stupéfiante, mais qui fut soudain gâché par un vacarme gigantesque. En moins d'une seconde, Nikita avait interrompu sa méditation et brandit son sabre laser à la lame vert émeraude. Rapidement et professionnellement, il regarda autour de lui pour voir d'où venait l'attaque. Stupéfait, il vit qu'elle venait de l'espace.
- Teg ! lâcha-t-il de surprise en voyant l'aquarium du Navigateur qui venait de pulvériser la verrière en la traversant. Heureusement qu'il y avait des champs de force de secours… La prochaine fois, frappez avant d'entrer.
- Il n'y aura pas de prochaine fois, répondit le Bashar Suprême.
- Que diable viens-tu faire ici ? ajouta-t-il. Que me veux-tu ?
- Tu le sais mieux que quiconque, fit le mutant en usant de la Voix.
- Ah, je vois, fit Nikita, en faisant des moulinets avec son sabre laser. Tu es enfin au courant.
- Comment as-tu osé tuer ma Yamila ?
- Je n'ai rien osé du tout… J'ai agi sur ordre direct de ChouChouBoy.
- Ce n'est pas une raison, fit Teg en lançant une volée de petits missiles. Tu aurais pu désobéir.
- On ne désobéit pas à son Empereur, répondit Nikita en bloquant les missiles avec son sabre. Et de toute façon, j'étais d'accord avec lui.
- Comment ? fit Teg, en grondant de toute sa puissance.
- Tu ne te rends pas compte à quel point elle te bridait. Jamais tu n'aurais pu t'élever au maximum de tes capacités avec elle en boulet.
- Qui es-tu pour me juger ainsi, fit Teg tandis que des légions entières de Sardaukars Impériaux entraient dans la pièce de méditation. Yamila et moi aurions pu devenir les maîtres de l'univers connu.
- Ca c'est ce que tu crois, fit Nikita en faisant tournoyer son sabre pour zigouiller les Sardaukars par douzaines.
Mais même un Assassin impérial ne pouvait lutter contre des centaines de Sardaukars féroces. Il finit par succomber sous le nombre, bouillant de rage.
- Depuis quand se bat-on 500 contre un ? Je croyais que le grand Miles Teg était un homme d'honneur.
- Mon honneur m'a fait perdre l'amour de ma vie : Yamila. Depuis, j'ai renoncé à l'honneur.
- Foutaises…
- Qu'on le torture et qu'on le brûle en place publique de CoinCoin-City. Je veux qu'il souffre le plus possible…
Lorsque Salsa se réveilla, il vit un horrible monstre hideux au-dessus de lui. Puis sa vision s'éclaircit, et il vit que ce n'était qu'Homère, qui le regardait en souriant.
- Ah, mon cher Emiliano, vous êtes de retour parmi nous.
- Qu'allez vous faire de moi ? Me dénoncer à ChouChouBoy ?
- Voyons, cher ami, ne soyez pas mesquin. Je ne vais pas vous décevoir en vous conduisant à une mort indigne de vous. J'ai envie de prendre bien soin de vous.
- Quelque chose me dit que vous ne parlez pas de cocooning…
- Toujours aussi perspicace, hein… Regardez vos mains.
- Elles sont en sang ! Que m'avez-vous injecté ?
- Un petit virus de ma conception, dérivé de ceux que j'ai trouvés sur la planète Canasine VII. Il provoque de nombreuses hémorragies internes et vous pouvez imaginez la suite. Ebola n'est rien à coté de ce virus.
- Salaud ! cria Emiliano en crachant à la figure du Docteur.
- Salsa, salsa, voyons, vous savez bien que je suis immunisé. Vous vous doutez bien que sinon, je ne serais pas ici à discuter tranquillement avec vous. Ce virus est terriblement contagieux. Voilà pourquoi nous sommes au cœur de mon labo P5. Je ne voudrais pas que ce virus s'échappe ailleurs. Je me retrouverai bien vite un peu seul dans la Galaxie…
- Vous êtes fou ! fit Emiliano en crachant du sang.
- Mais bien entendu, fit Homère en allumant sa chaîne hi-fi. Ca ne vous gène pas si je mets un petit air de salsa ? Ce sera terriblement bien approprié à la situation. J'ai trouvé récemment un petit fichier MP7 très intéressant.
Et Homère se mit à esquisser quelques pas de danses pendant que le corps de Salsa se couvrait de plaies qui éclataient l'une après l'autre, projetant du sang aux quatre coins de la pièce. Il ressentait une douleur de plus en plus forte et il se mit à hurler comme un dément. Il s'écroula, une main sur sa poitrine pour empêcher son cœur de sortir de sa cage thoracique. Homère continuait à danser, de plus en plus vite au fur et à mesure que le mal submergeait Emiliano. Et ce dernier, déjà secoué de convulsions depuis un bon moment, se mit à courir de long en large dans la pièce, frappant les murs et les objets. Les féroces hommes crapauds, impassibles, se tenaient au garde à vous dans un coin, tandis que l'agonisant laissait du sang partout dans la pièce. A bout de force, il tomba dans un coin, à genoux, puis vomit une bonne partie de ces viscères dans une mare de sang noir. Le sourire de Homère était de plus en plus démoniaque, et les plaies d'Emiliano apparaissaient au rythme de la musique. Les yeux de Salsa furent éjectés de leurs orbites par un jet de sang en provenance de ce qui restait du cerveau, et chacun de ces os semblait vouloir s'échapper de son corps meurtri. Au final, il s'écrasa au sol en se désagrégeant, comme une outre qui se vide, projetant du sang partout. Homère fit une pirouette finale pour célébrer la fin du morceau de salsa et il se retrouva alors face à celui qui avait été Archimage au moment précis de sa mort. Il fut totalement aspergé de fines gouttelettes de sang des pieds à la tête. Il se recula, éclata de rire, puis déclara :
- On ne trompe pas le Duc Homère de Mont-Saque de la Valoche du Bois Charmant !
L'Impératrice Chen Li, dans son plus splendide glisseur d'apparat, entrait en triomphe dans CoinCoin-City, acclamée par une foule incroyablement nombreuse. Le grand cortège de glisseurs pénétrait lentement dans la Capitale de Miles Teg, pour une visite diplomatique que personne n'attendait mais ce point de détail n'empêchait personne de faire la fête. La ville était dans le délire le plus total, comme si tous étaient devenus subitement fous de joie. L'Archiduc Miles "Poussin" Teg, Bashar Suprême des Sardaukars Impériaux, Commander du Chouchou, Prince du CoinCoinLand, grand Gourou de la secte du Poisson Mort, en revanche, était d'un calme olympien. Tuer Nikita l'avait un peu calmé, mais sa vengeance ne faisait que commencer. Il avait tout prévu et chronométré avec précision, mais il était impatient de voir son plan se réaliser. De la plus haute tour de son incroyable Palais baroque, il regardait le cortège impérial progresser sur l'avenue Duncan Idaho, puis déboucher sur la place du Katana. Il sourit alors lorsqu'il vit les glisseurs s'engager sur l'immense avenue Shaï-Hulud qui débouchait sur la place du Palais. Il s'approcha de la vitre au moment précis où le glisseur de l'Impératrice passait sous l'arche de Stilgar.
A bord de son glisseur, l'Impératrice Chen Li repassait dans sa tête le discours qu'elle allait prononcer devant la foule du CoinCoinLand pour lui annoncer que son Prince adoré venait d'être arrêté et qu'il allait être torturé à l'endroit même où Nikita avait expiré trois jours auparavant. Teg aller payer pour les souffrances abominables que ce pauvre Nikita avait dut endurer avant d'être enfin achevé. Elle savait que cela provoquerait des émeutes sans précédents et elle s'en réjouissait. Ce serait l'excuse rêvée pour anéantir le pays qui avait osé adoré un homme qui avait comploté contre l'Empereur ChouChouBoy. L'exécution de l'assassin impérial était la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase et l'Empereur avait pris sa décision : Teg devait mourir. Mais il arriva le moment fatal où le cortège passa sous un superbe pont de pierre entre deux immeubles. La pierre était taillé avec tant de délicatesse qu'il aurait pu passer pour de la dentelle. C'était une des merveilles les plus visitées de CoinCoin-City. Au moment précis où l'Impératrice Chen Li se trouvait sous l'arche, l'enfer se déchaîna.
Miles Teg regarda avec délectation l'immense explosion qui projeta les débris du pont à plus de cinquante mètres de hauteur, dévastant tout sur son passage. Cette sorcière de Chen Li n'avait aucune chance. Haletant, il pensa au désespoir qui envahirait ChouChouBoy en apprenant la nouvelle. Œil pour œil, dent pour dent. Chen Li était morte exactement dans les mêmes conditions que sa chère et tendre Yamila. Tout comme lui, ChouChouBoy n'aurait aucun moyen de prouver publiquement que c'était son pire ennemi qui avait tué sa bien aimée. Au dehors, les débris finissaient de retomber dans la foule, faisant des centaines de blessés. Il ne regrettait pas d'avoir du sacrifier au moins une cinquantaine de ses loyaux sujets. De toute façon, ceux qui protesteraient prouveraient qu'ils ne sont pas dignes de faire partie de la Secte du Poisson Mort. Ils ne resteraient donc pas longtemps des citoyens vivants du CoinCoinLand. La journée s'annonçait donc très bien pour Teg.
La douleur de l'Empereur fut telle qu'il détruisit la moitié de ses vases précieux avant de se calmer. Ou plutôt, c'était Homère qui avait réussi à lui injecter un tranquillisant avant qu'il n'ait tout détruit. La réaction fut immédiate. Complètement flagada, écroulé dans son trône, il regardait avec effarement les deux seuls ChouChouLandais qui lui étaient restés fidèles et vivants : Milvus et Homère. Car la disparition de Markus ne pouvait dire qu'une chose : il était bien complice de Teg. Et ils allaient devoir payer pour leur trahison.
- Milvus, trouvez ce porc de Markus et tuez-le-moi. Je veux qu'il souffre.
- Ce sera avec joie, Votre Altesse. Et pour Teg ?
- Oh, pour lui, ne vous inquiétez pas, je m'en charge…
- Je vois, Votre Altesse, ca promet, j'espère que je pourrai me libérer pour assister au spectacle. Il ne manquera pas d'intérêt.
- Ce sera avec joie. Je sais que vous êtes un spectateur très exigeant.
Milvus partit pour accomplir sa mission et ChouChouBoy resta seul avec le Docteur Homère.
- Mont-Saque !
- Oui, Votre Altesse ?
- Suivez-moi, nous partons sur-le-champ pour CoinCoin-City !
Milvus déboula sur Naboo en quelques heures. Décidément, ce pauvre Markus était doué pour beaucoup de chose, mais pas pour se cacher. Il apprit que Markus était seul car sa chère Reine était partie participer à un jeu télévisé à Tokyo. Il en fut extrêmement satisfait, car il allait pouvoir s'expliquer en seul à seul avec le traître.
- Que diable faites-vous ici ? demanda ce dernier en le voyant arriver.
- Je suis venu te dire que Teg est toi avez été démasqué. Je viens t'arrêter.
- Tu es vraiment marrant, Milvus, tu ne peux pas t'arrêter de plaisanter.
- Je ne plaisante pas. Le complot a été mis à jour. Salsa est mort et Teg le sera bientôt.
- Je n'arrive pas à croire que tu reste fidèle à ChouChouBoy. Il a fait tuer Yamila. Ca aurait pu être Linacasa ou Amidala.
- J'avoue avoir été contre la suppression de Yamila. Mais bon… ChouChouBoy au pouvoir, je contrôlais la flotte à ma guise. Et qui contrôle la flotte contrôle tout : l'armée de terre, les communications, la bureaucratie, le commerce… La flotte est le vrai centre du pouvoir. En convoitant le trône, je risquerai de tomber dans la paperasse. Je n'ai pas du tout envie de céder mon siège à quelqu'un d'autre.
- Tu es répugnant. Je vais te tuer !
- Bien sur que je suis répugnant. Mais attention, faut pas inverser les rôles. C'est moi qui viens te tuer.
- C'est ce que tu crois, mais tu viens de tomber dans un piège !
Et Milvus se sentit pris dans un rayon télétransporteur longue distance avant de pouvoir dire une seule phrase.
A bord de son glisseur de combat, ChouChouBoy, en grand uniforme, réfléchissait à la meilleure façon de torturer Miles Teg. Il allait payer pour ces crimes ! Il monta sur le pont d'observation, sa longue cape claquant au vent, et le regard fixé sur le CoinCoinLand qui apparaissait peu à peu à l'horizon. Homère était juste derrière lui, au cas où l'Empereur perdrait encore la tête.
- Mon fidèle Duc de Mont-Saque. Nous allons enfin débarrasser l'humanité des ses derniers rebuts. J'ai appris comment vous avez tué Salsa, et j'espère que vous serez aussi inventif pour Teg. A nous deux, nous allons mettre au point une petite fête dont on se souviendra longtemps.
- En effet, Votre Altesse, répondit le Docteur avec un sourire sadique. On va bien s'amuser. Et après cela, les CoinCoin-Landais feront de très bons cobayes pour mes petites expériences…
- Comme vous dites, mon cher, comme vous dites…
- Votre Altesse, fit un Silencieux en s'approchant. Le traître Miles Teg nous appelle.
- Ah Bon ? Quel culot ! Passez-le sur écran.
- Oui, Votre Altesse !
- ChouChouBoy, tu vas mourir ! hurla Miles Teg.
- Rends-toi, tu es perdu, nous allons franchir la frontière dans quelques secondes, et…
- Erreur ! l'interrompit Miles Teg.
Et tout à coup, le sol se mit à trembler de toute part. Les secousses étaient ressenties même sur le pont du glisseur, ce qui indiquait une intensité d'au moins 6 sur l'échelle de Richter.
- Un tremblement de terre ? Il croit que c'est ça qui va nous arrêter ?
- Euh… Votre Altesse, c'est pas vraiment ça…
- Oh non ! C'est pas possible ! Il peut pas faire ça !
- Apparemment si, fit Homère en oubliant de dire " Votre Altesse"
- Mais c'est illégal ! Comment diable a-t-il pu faire les travaux en secret ?
- Je n'en ai aucune idée, Votre Altesse.
Les ChouChouLandais étaient sidérés, et il y avait de quoi. Car Miles Teg était en train de s'échapper en vaisseau spatial. Ce qui n'aurait rien d'extraordinaire si ce n'était la taille et la nature de ce vaisseau. Car c'était tout le CoinCoinLand qui était en train de décoller. La Principauté était en train de se détacher lentement du sol de la planète et se dirigeait vers l'espace en survolant l'armée de ChouChouBoy.
- Rhhaaaa ! Je vais le tuer, ce Miles Teg !
- Oui, Votre Altesse, vous nous l'avez déjà dit… fit Homère.
- Toi ! fit l'Empereur en se tournant vers Homère. Tu es avec lui ! C'est pour cela que tu m'as injecté du tranquillisant. Pour donner le temps à ton complice le temps de s'enfuir !
- Quoi ! Mais pas du tout, Votre Altesse. Si je ne vous avait pas injecté du Tranquil6000, vous seriez encore en train de tout casser. J'ai fait ça uniquement pour que vous redeveniez maître de vos moyens.
- Ne nie pas ! Tu es un traître. Tu mérite la mort ! Silencieux ! Exécutez-le !
- Mais…
Et les silencieux formèrent un peloton d'exécution tandis qu'on attachait le pauvre docteur à un poteau.
- Votre Altesse, c'est ridicule ! Ne serais-je point parti avec Teg si j'étais de son coté ?
- Tiens, c'est pas con. Je me trompe peut-être…
Mais le peloton avait déjà tiré, et il était trop tard pour changer d'avis. La légende dit que les derniers mots du Docteur Homère, Duc de Mont-Saque de La Valoche du Bois Charmant, furent :
- Oh merde. Ma vie !
ChouChouBoy fut sincèrement contrarié d'avoir bêtement perdu un collaborateur efficace, mais bon, il avait un Poussin à poursuivre, et chassa ses regrets pour se consacrer sur son objectif actuel.
Dès la fin de la téléportation, Milvus regarda autour de lui et reconnu immédiatement le lieu ou le Grand Inquisiteur Markus l'avait emmené. C'était une ruine au bord d'une route qui quittait lentement une ville blottie au cœur d'une vallée pour aller serpenter dans la montagne et atteindre un plateau. Non loin des ruines coulait tranquillement la rivière qui était à l'origine de la vallée.
- Tout un symbole, Markus. Tu me fais vivre un véritable retour aux sources…
- Toute ma puissance vient de cet endroit. Il reflète à la perfection la noblesse de la Cause.
- Tu es trop sentimental, Markus, ca te perdra.
Des ruines émergeait une enseigne calciné et à peine reconnaissable. C'était une sorte de M stylisé juché sur un mat. Vous l'avez compris, cette rivière c'était le Tarn, ce plateau le Larzac et cette ville Millau. La route était la Nationale 9 et les ruines était celle d'un restaurant McDonald. Ils avaient tous étaient détruits par le Djihad Wazzapatiste. Mais celui-ci avait été gardé à l'état de ruine pour servir de mémorial.
- Tu vas mourir, Milvus, fit Markus Wazzapata en dégainant deux énormes éclateurs.
- C'est ce que tu crois, répliqua Milvus en activant son sabrolaser à la lame jaune soleil.
Markus fonça sur Milvus en tirant sans discontinuer des rayons de mort vers le Seigneur de la Guerre. Mais ce dernier fit virevolter son rayon de vie, bloquant les tirs ennemis plus sûrement que n'importe quel bouclier. Sa longue cape noire flottant dans le vent, il esquiva l'attaque de Markus en effectuant un saut périlleux, coupant en deux ses éclateurs au passage. Ce dernier les jeta au loin et dégaina son propre sabre laser pour riposter.
- Je ne savais pas que tu possédais une telle arme, dit Milvus, surpris, en regardant la lame rouge sang.
- Maîtriser les armes et les techniques de son ennemi est le premier pas vers la victoire. Je ne fais jamais les choses à la légère. Comment crois-tu que j'ai trucidé cet imbécile d'Anatole ?
Et Markus fondit sur son adversaire, lançant une terrible attaque. Milvus par le coup, puis fit une feinte afin de surprendre Markus.
- Je pensais que tu avais engagé un mercenaire. Tu remonte dans mon estime, même si tu es toujours incapable de te rappeler correctement le prénom de celui que Amidala aimait.
Mais ce dernier ne se laissa pas faire et bloqua sans état d'âme le sabre de Milvus. Les adversaires continuèrent ainsi, échangeant des coups de plus en plus rapides, de plus en plus difficile à voir pour un spectateur éventuel. Les lames crépitaient et sifflaient à chaque coup, tandis que les ruines du fast-food s'emplissaient lentement d'une odeur d'ozone. Ils étaient deux partenaires dans une terrible danse de la mort, voltigeant à travers les ruines, détruisant tout sur leur passage. Les sabre lasers étaient en train de réduire en miette le peu qu'il restait du McDo. Markus était sur le point de décapiter son adversaire quand Milvus appuya sur un des boutons de son arme, qui changea de couleur en doublant de longueur. Markus sentit une douleur atroce dans son poignet et dut reculer. Il regarda sa main et vit qu'elle avait été brûlée au troisième degré par la lame de Milvus.
- Un sabre laser à double focale. Je reconnais bien là ton goût pour l'exotisme, même dans les armes. Mais ce n'est pas ça qui va te garantir la victoire.
Et Markus porta une terrible attaque, que Milvus bloqua aussitôt, les muscles contractés, et de la sueur perlant sur son front, il résistait en souriant à la fureur de Markus. Mais L'Inquisiteur ne recula pas et il mit toute son énergie dans son bras pour briser la parade de Milvus. Ce dernier ne cédait pour autant pas un seul pouce de terrain. Les deux combattants se retrouvèrent immobile à quelques centimètres l'un de l'autre, attendant celui qui céderait dans ce terrible bras de fer d'énergie coloré. Et finalement, un élément finit par céder…
Les deux sabres lasers rendirent l'âme simultanément, précipitant les deux adversaires l'un contre l'autre. Ils tombèrent à la renverse, et dévalèrent la pente vers le Tarn. Ils se relevèrent non loin de la rivière, Les deux ChouChouLandais se retrouvèrent face à face, les deux visages séparés par à peine quelques centimètres. Markus projeta Milvus dans les airs et se releva. Mais il ne vit plus Milvus.
- Où diable se cache ce démon ?
- Je suis là, imbécile, fit Milvus en criant de l'arbre où il s'était réceptionné.
- Et dès que Markus se retourna, Milvus tira avec le pistolet à fléchette qui portait toujours sur lui.
Un millier de petits dards empoisonnés filèrent à haute vitesse vers Markus, qui les évita de justesse. Il eut toutefois les vêtements tachés par le sang d'un malheureux pigeon qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment et fut instantanément transformé en viande hachée par la rafale de fléchettes.
- Tu vieillis, Milvus, tes réflexes diminuent. Tu es trop lent, fit Markus en sortant un bon vieux pistolaser.
Mais il rata Milvus et ce dernier le nargua :
- Et toi, tu parles trop, répliqua Milvus en dégainant un scintilleur.
Markus évita de peu le rayon qui déchiqueta un jeune poirier qui n'avait décidément pas poussé au bon endroit.
- Alors, Milvus, on fait de la compote de poire ?
- Ca vaut mieux que bouffer les pissenlits par les racines, répondit Milvus en sautant de son arbre. Merde, où il est passé ?
- Je suis là, répondit Markus en posant le bout de son pistolaser sur la tempe de Milvus et un éclateur sur sa mâchoire.
- Oh... Oh…
- Rends-toi !
- Regarde d'abord ton ventre, fit Milvus.
Et Markus vit qu'un scintilleur et un désintégrateur à H+ féroces était pointé sur lui.
La situation était sans solutions. Ils se braquaient mutuellement, ayant tous deux une arme de poing dans chaque main.
- Je crois que notre chemin se termine ici… fit Markus.
- Oui.
Milvus tira, atteignant Markus en plein cœur, qui s'effondra lentement. Il tomba d'abord à genoux, crachant un sang noirâtre qui éclaboussa son uniforme blanc d'habitude immaculé. Puis il s'écroula, face contre terre, expirant lentement dans une mare de sang. Milvus le regarda, fasciné par les dessins que formaient les rigoles de sang sur le sol irrégulier. Puis, sans prévenir, il tomba à terre, sur le dos, raide comme la justice, sa grande cape noire lui faisant un linceul de soie. Il réalisa avec stupeur qu'il avait un trou béant dans son front et un tunnel de sang lui traversant le cerveau de part en part. Les ténèbres le submergèrent pour ne plus le relâcher.
Sur le pont de l'USS Kenshin¸ l'Empereur ChouChouBoy contemplait au travers d'un hologramme géant l'ampleur du désastre. En moins de deux semaines, Le traître Miles Teg s'était emparé du tiers de l'Empire Terrien ChouChouLandais. Il faut dire qu'il avait eu le soutien inconditionnel du puissant Empire Garezty, que ses Sardaukars avaient libéré des envahisseurs Jji'Rosny. Au sein de l'Empire Terrien, les Garetzys avaient retrouvé leur splendeur passée. Ils vouaient depuis à Teg une adoration sans borne. En prenant la planète Garetz comme point de départ, il avait réussi à transformer sa trahison en une véritable guerre civile.
- Vous semblez contrarié, ô mon maître, fit le bouffon de l'Empereur.
- Vois-tu, je me rappelle le jour où j'ai atomisé le Pov'Gars-Land et ta catin de Marcie Ross. Ah ! C'était le bon temps. On s'amusait bien à l'époque. Nous étions soudés. Et maintenant, regarde… Nous ne sommes plus que deux, et la chose dont nous rêvons le plus, c'est de tuer l'autre.
- Ah, ca c'est sur, fit Tapadamis en faisant une pirouette pour s'approcher. Vous n'auriez pas du carbonisé mon pays. Tapadamis a été très triste ce jour-là. Tapadamis est toujours triste depuis. Et maintenant, même vous, Ô mon Maître, vous vous en mordez les doigts.
- En effet. Mais je jure que je ne vais pas me le mordre longtemps…
- C'est ce que vous dites, fit Tapadamis en ricanant, malgré le regard noir de l'Empereur.
23 ans ! Cela allait bientôt faire 23 ans que ce Miles Teg de malheur avait plongé la galaxie dans la guerre civile ! Et ChouChouBoy n'en voyait toujours pas la fin. Ce n'était qu'une succession de victoires et de défaites qui maintenaient un insupportable statu quo. Et toute cette violence avait provoqué de terribles destructions et des pertes en vie sans précédent. Le pire moment avait été sans hésitation lorsque Teg avait fait s'écraser l'USS Dark Bones, un des propres super-porte-chasseurs de ChouChouBoy, sur la Terre, la planète natale de l'humanité. Le gigantesque vaisseau de plus de soixante-dix kilomètres de long avait creusé un cratère tel que la planète entière s'était disloquée, cassée en deux. Les continents avaient alors étés submergés par le manteau de la planète, faisant disparaître toutes les vies et tous les trésors de la planète qui un trop court moment, avait été la capitale de la Galaxie. L'Empereur avait aussitôt voulu se venger en atomisant Polménore, mais Teg l'avait fait disparaître en activant le premier monde-vaisseau. Depuis, presque chaque système habité s'était vu pourvu d'hyperdrive. Et chaque monde l'utilisait pour attaquer son voisin. De la sorte, la guerre galactique générale était devenue un gigantesque ensemble de guerres civiles au sein de chaques secteurs. Les adorateurs du Dieu Teg et les adorateurs du Dieu ChouChouBoy ne cessait de s'entre-tuer, si bien que la population galactique diminuait à vue d'œil. Et de temps en temps apparaissait un seigneur indépendant, qu'il fallait éliminer pour éviter qu'il ne prenne assez de pouvoir pour convoiter l'Empire. Les années passaient, les territoires étaient ravagés, les planètes détruites, les peuples exterminées, mais rien n'y faisait, aucun des deux Seigneurs de la Guerre ne prenait l'avantage. Mais ce jour-là, ChouChouBoy sortit le matin de ses appartements, avec un grand sourire.
- Mon cher bouffon, j'ai enfin trouvé le moyen de combattre ce fichu mentat à armes égales.
- Ah bon ? répondit sarcastiquement Tapadamis. Ce ne fera que le 1654eme plan pour détruire ce cher Miles.
- Silence, insolent, fit l'Empereur en envoyant un rayon d'énergie qui propulsa l'ex-pov'gars dans le mur.
- Je m'excuse, Maître, fit le bouffon en s'extirpant des gravats et en se mettant à genoux comme pour renifler et lécher le sol. Je ne suis qu'un stupide bouffon.
- Vois-tu, fit ChouChouBoy sans prêter la moindre attention à Tapadamis, même s'il parlait à ce dernier, le pouvoir de Teg repose essentiellement sur sa prescience. Si je lui supprime, il sera inoffensif.
- Vous voulez le priver de son épice, Votre Altesse ? fit Tapadamis stupéfait.
- Bien sur que non, andouille. Il contrôle 90 % de la production. Ce serait beaucoup trop compliqué. Non… Je vais l'attirer dans le seul endroit de la galaxie où sa prescience n'est pas opérationnelle.
- Mais comment, Votre Altesse ? Vous avez déjà le plus grand mal à savoir où il est.
- J'ai trouvé le plus beau des appâts, fit-il en montrant une alcôve qu'il venait d'ouvrir, dévoilant son contenu.
- La princesse Yamila ! fit l'ex-pov'gars en s'étranglant de surprise. Comment est-ce possible ?
- C'est un sosie… Plus parfait que je n'aurait su l'espérer.
- Mon Maître, je m'incline devant tant d'intelligence et de ruse… La victoire sera notre !
- Je l'espère bien. Silencieux, suivez-moi pour connaître les détails de mon plan génial et diabolique.
A plusieurs milliers de parsecs de là, dans son palais de Polménore, l'Empereur-Dieu Teg venait d'apprendre que ses fidèles Sardaukars venaient lui amener une information capitale.
- Approche, mon fidèle Bashar… fit le mutant vermiforme. Quel est donc cette nouvelle propre à bouleverser l'Empire ?
- Voilà un enregistrement d'une communication cryptée que nous venons d'intercepter.
Le Sardaukar introduisit le disque doré dans un lecteur et un hologramme apparut juste devant Teg.
- Non ! Ce n'est pas possible…
- On dirait que si.
- Yamila ! Ma tendre et chère Yamila. Vivante ! Comment est-ce possible ?
- Je n'en ai aucune idée, Votre Altesse. Mais souvenez-vous que son corps n'a jamais pu formellement être identifié.
- L'authenticité de la transmission est-elle indubitable ?
- Oui, Votre Altesse. L'enregistrement holographique est authentique, et le code est très récent. Nous venions à peine de le craquer quand cette transmission a été détectée.
- Oui ! Ce jour va changer la face de l'Univers. Ce porc de ChouChouBoy ne l'a donc pas tué. Il l'a faite prisonnière. Il va le regretter ! Pilote ! Dirigez le Système vers l'origine de la transmission.
- Mais, Votre Altesse, il s'agit… fit le pilote, l'air paniqué.
- Ne m'interrompez pas ! fit Teg en usant de la Voix. Obéissez !
Et le pilote, ne contrôlant plus ses propres mouvements, plongea le système polménorien dans l'hyperespace.
Et quelques heures plus tard, L'Empereur-Dieu Teg et sa flotte sortait de l'hyperespace avec une brusquerie inhabituelle.
- Que se passe-t-il ? hurla Teg, excédé au milieu de des sbires jetées à terre par le pseudo-impact.
- Heu, Votre Altesse, c'est ce que je voulais vous dire. Les coordonnées de l'origine de la transmission sont dans le noyau profond de la galaxie.
- A quel point ?
- C'est exactement au centre de la Galaxie, Cordonnées 0, 0, 0.0001.
- Quai ! ? Vous voulez dire que nous sommes au niveau du …
- Trou Noir Galactique Central, oui, Votre Altesse.
- Non, je ne peux pas le croire.
- Hélas si…
- Rhaaaa… fit Teg en pulvérisant une console de commandement. ChouChouBoy, je te ferai frire dans l'huile de vidange pourrie de tes propres vaisseaux !
- Votre Altesse, le système de Polménore devient instable. Il est en train de se faire aspirer par le trou noir.
- Peut-on le sauver ?
- Non. Il était condamné dès l'instant où le saut hyperspatial a été calculé.
- Evacuation ! ChouChouBoy, tiens-toi prêt à mourir !
Et quittant la surface de la planète, Teg se retrouva sur la passerelle de son hypercroiseur d'attaque lourde, le Caladan IV, pour diriger la bataille. Car la flotte ChouChouLandaise n'avait pas attendu pour attaquer celle de Miles Teg.
- En formation Delta 9, ordonna Teg. Ne laissez pas ces infidèles vous souiller !
Les deux flottes se battaient avec une belle ardeur, un vaisseau étant détruit environ toutes les 1,568 secondes. C'était une gigantesque boucherie, et l'espace fut bientôt tellement remplie de débris que certains vaisseaux étaient détruits sans même avoir été touché par l'ennemi. Les senseurs et analyseurs commençaient à être saturé. Du coup, des missiles dernier cri déguisé en vieux machins apparurent sortis de nul part. Les ordinateurs des vaisseaux les cataloguaient comme "menace non-prioritaire" et ils en profitaient pour aller exploser au plus près des croiseurs, voire même à l'intérieur de leurs champs de force. Les ravages causés par ce nouveau type d'arme furent sans précédent.
- Votre Altesse, fit un général à ChouChouBoy, les débris perturbe nos senseurs de plus en plus. Très bien tôt, nous ne serons plus en mesure de distinguer nos propres vaisseaux de ceux de l'ennemi.
- Contrariant… Ordonnez à la flotte de se diriger vers le secteur Oméga 15.
- Un repli ?
- Une manœuvre de désorientation.
A bord du vaisseau de Teg, on hurlait de joie.
- Les Infidèles fuient. Poursuivez-les, ordonna l'Empereur-Dieu.
- A vos ordres, Votre Divinité.
Et les rares survivants se lancèrent derrière la flotte de ChouChouBoy, qui n'était pas en meilleur état.
- Nous les tenons, fit Teg en exultant.
- Votre Altesse ! fit un Sardaukar affolé. Deux nouvelles flottes sortent de l'hyperespace. Et les autres ont fait demi-tour.
- Manœuvre d'évasion !
- Impossible ! Ils nous encerclent et le trou noir nous bloque la sortie. Nous sommes pris au piège.
- Jamais ! Nous allons combattre vaillament. Aujourd'hui est un bon jour pour mourir ! hurla Teg, une rage féroce dans ses yeux bleu noir. Vitesse d'éperonnage !
Mais il était déjà trop tard pour ça. La Flotte Teguienne était aspirée par la singularité, et aucun ne pouvait plus combattre.
- Je ne mourrai pas seul, Infidèles. Lancez la bombe Oméga-13 !
- A vos ordres, firent les Sardaukars, calmes maintenant que la mort était certaine.
Le missile guidé quitta le Caladan IV, échappa au Trou Noir grâce à ses puissants moteurs et sa faible masse, et explosa au cœur de la flotte de ChouChouBoy. L'enfer se déchaîna alors, pulvérisant les vaisseaux l'un après l'autre en un laps de temps ridiculement court. L'onde de choc quitta ensuite la zone de la bataille pour se propager dans le reste de la Galaxie. Aux alentours du Trou Noir, tout vaisseau avait disparu, annihilé par l'une ou l'autre de ces deux forces de destruction cosmiques. Mais il restait de la vie au sein de l'œil du cyclone. Un homme en armure de combat spatial et un Ver Géant venaient de se retrouver face à face.
- Je savais que tu étais un dur à cuire, Teg. J'aurais été déçu d'apprendre que tu étais déjà mort.
- Je pourrai dire la même chose de toi, ChouChouBoy ! fit l'interpellé.
Et les deux Empereurs commencèrent un combat sans merci dans le vide spatial. D'une fureur que ne surpassait que sa férocité et sa vitesse, le combat dantesque commença, avec le Trou Noir en arrière-plan. Justement, ce Trou Noir… Personne n'avait pu lui échapper. Et ce n'était pas deux apprentis dieux qui allaient faire l'exception. Pendant que les deux créatures se bouffaient le nez mutuellement, les forces gravitationnelles, tranquillement et sans émotions, les aspiraient lentement. Mais les combattants étaient tellement concentrés qu'ils ne s'en aperçurent que quand ils eurent tous leurs os brisés et leur sang qui faisait une fontaine tout autour d'eux. Ils hurlèrent de douleur tandis que la singularité les transformaient en deux longs filaments de sang rouge sale de plus en plus minces. Puis les deux fils ne formèrent plus qu'un, et disparurent rapidement.
Le trou noir avait bel et bien absorbé les deux derniers ChouChouLandais de la galaxie.
A bord de son module de sauvetage, le seul qui ait échappé au carnage, Tapadamis, le bouffon, triomphait :
- Ca y est ! Ca y est ! Je suis le maître de l'univers !
Il s'écrasa sur une petite planète de classe M, sérieusement endommagé par les combats, mais encore en un seul morceau. A peine sorti de la capsule, il se mit à courir en tous sens, avec ces vêtements en lambeaux encore fumants et continuait à crier :
- Ca y est ! Ca y est ! Je suis le maître de l'univers !
Mais un tir de repositronneur le frappa dans le dos, et il s'écroula après avoir vibré quelques secondes. Un homme, sorti de nulle part, s'avança, regarda le cadavre, et déclama :
- C'est moi le maître de l'univers ! Le seul et unique ! Moi, George X. Bush III ait enfin vengé mon père ! L'Univers est mien !
Puis il regarda autour de lui, réalisa quelque chose, et murmura, désappointé.
- Zut alors ! Je suis le seul survivant dans toute la galaxie !
- Ouh là, ca veut dire quoi, tout ça ? C'est fini, les aventures de l'USS Chouchou ?
- Ben, on dirait bien, mon vieux.
- Si je m'attendais à ça