Son Altesse Supremissime le Grand Oiseau du Ciel du Soir faisait sa promenade quotidienne sur les terrasses de son palais, contemplant avec satisfaction la ville basse en contrebas. Il vit au moins trois brasiers dans la ville, et eut un petit sourire en pensant aux hérétiques qui devait être en train de se tordre de douleur en ce moment-même . Le Grand Inquisiteur exécutait son travail avec zèle, et il jugea que c'était bien. Le moindre hérétique vivant était une menace inadmissible pour son règne. Lui seul avait le droit divin de régner, de décider de la vie et de la mort du moindre de ses sujets.
- Votre Altesse, fit un serviteur en l'approchant avec discrétion. Ses dames sont prêtes pour votre visite.
- Bien.
Sans se presser, il se dirigea vers sa salle de torture. Cela faisait déjà bien longtemps qu'il n'avait plus la possibilité de se procurer du plaisir via le sexe, mais les activités nouvelles qu'il avait adopté en remplacement le satisfaisait amplement. La douleur des autres était une source sans fin d'endorphines pour son cerveau surmené. Gérer une planète n'était pas choses facile, et sans sa séance quotidienne de « relaxation », cela ferait longtemps qu'il n'aurait pu assumer ses importantes fonctions. Il était presque arrivé quand il entendit un bruit étrange dans son dos.
- Qu'est ce que...
Il se retourna et vit que les curieux crépitements qui se faisaient entendre venaient d'étincelles apparues non loin de lui. Sous ses yeux effarés, les étincelles se transformèrent en une torsion de l'espace, à six exemplaires. Six personnages apparurent, chacun entouré de sa propre distorsion spatiale, qui se délita rapidement une fois la matérialisation des intrus terminée.
- Qui êtes-vous ? Comment diable êtes-vous arrivés ici ? C'est impossible, j'ai payé une fortune monbrouilleur de téléportation.
Un des intrus s'avança en souriant et dit :
- Vous croyez vraiment que nous avons encore besoin de technologie pour nous téléporter ? Vous êtes pathétique !
L'effroyable vérité se fraya alors un chemin dans sa cervelle dégénérée.
- Vous êtes... Les hérétiques de la moquette !
- Bonne réponse, fit ChouChouBoy.
- A moi la garde !
Mais les ChouChouLandais étaient déjà prêts à combattre. ChouChouBoy tendit sa main droite vers le sol à sa droite et prononça ses mots fatidiques :
- Materialize !
Aussitôt, un long bâton constitué d'un tube de verre indestructible ou flottait des bulles d'un étrange magma se matérialisa. À chacune de ses extrémités se trouvaient un globe du même verre à l'intérieur duquel des éclairs miniatures crépitaient. Il fit quelques moulinet avec pour en vérifier le poids, puis se mit en garde. Une masse de gardes armés jusqu'au dents était sortit de nul part pour affronter les ChouChouLandais, mais ceux-ci se contentèrent de sourire en contemplant d'un oeil prédateur.
- Materialize ! Jigokunosaru ! hurla Chen Li matérialisant un Paradoxal Golem roux aux canines acérés, doté d'une longue queue préhensile et d'une silhouette simiesque assez souple pour sauter sans hésiter sur les gardes et les éplucher comme de vulgaires bananes.
Devant une telle violence les gardes hésitèrent un instant, mais Son Altesse Supremissime le Grand Oiseau du Ciel du Soir leur lança un regard courroucé et ils se reprirent. Quitte à mourir ou se faire massacrer, autant choisir les ChouChouLandais, ce serait moins douloureux.
Ori et Calimsha matérialisèrent également leurs golems pour prendre les gardes à revers. Une fois encerclés, ces derniers ne pouvaient plus rien faire et se faisaient massacrer comme des moutons par la Paradoxal Weapon de ChouChouBoy et les Paradoxals Golems de Ori, Calimsha et Chen Li.
Pendant ce temps là, le troll et l'ewok étaient en train de se disputer à cause d'un petit incident technique.
- Gottferdom ! Dépêche-toi où on va rater la fête !
- T'en a de bonne, toi ! Si tu avais un peu mieux diriger ta matérialisation, nos champs morphiques ne se seraient pas mélangés et on n'en serait pas à essayer de démêler nos fourrures !
- Tu parles, c'est toi qui sait pas viser. Ma téléportation était parfaite !
Un garde, les voyant ainsi empêtrés, se dit qu'ils faisaient une proie facile et se jeta sur eux avec son épée. Cette dernière fendit l'air, manquant de peu nos deux ChouChouLandais. Elle était passé entre les deux, tranchant nette dans la pelote de fourrure emmêlé qui les liait. Ils hurlèrent de douleur de concert à cause des poils arrachés, mais étaient désormais libres. Ils en profitèrent donc pour transformer sur le champ le pauvre garde en kebab mutant, puis regardèrent autour d'eux pour choisir un endroit ou se jeter dans la bagarre.
- Et merde ! Y a plus de place.
- Gottferdom ! Il n'y a pas le choix, on doit trouver des gardes ailleurs dans le palais. Les copains monopolisent tout ceux qui sont ici.
- La faute à qui ?
- Materialize ! Geldfliege !
Une gigantesque mouche de métal étincelant apparut au coté de Hébus, qui sauta dessus et la fit décoller, partant à la recherche de victimes potentielles pour sa massue. Passant en rase-motte avec sa fifine géante, il lui suffisait d'abaisser sa massue pour les faucher en séries et se faire de somptueuses brochettes.
Kettch, de son coté avait également activé Bowling Meister et s'en servait pour parcourir à grandes enjambées le Palais. Juché sur l'épaule de son Paradoxal Golem, il leur faisait une chasse impitoyable, usant de ses boules de bowling sans se retenir.
Quelques minutes plus tard, les combats étaient terminés. Ori, suivi de son Weißekatze, les griffes et le corps ruisselant de sang, qui tenait Son Altesse Supremissime le Grand Oiseau du Ciel du Soir dans sa gueule, s'approcha de ChouChouBoy et lui demanda :
- On faut quoi de lui ?
- Mmmmm. On ne peut pas le tuer, ni le livrer au peuple. Il faut en faire un exemple, pour que les habitants de cette planète puissent reconstruire leur vie, et pour avertir les autres tyrans du Secteur de Sirius.
Cependant, ChouChouBoy fut interrompu dans ses pensées par l'arrivée de Milvus, suivi de Farf, Pavel et T-Citron.
- On amène le Grand Inquisiteur...
De grand, il n'avait que le nom, car il ne faisait pas plus de 1m30 à tout casser. Chauve, un oeil noir et un autre blanc, il avait une allure cadavérique qui cadrait bien avec sa fonction. Il ne cessait de proférer tout un assortiment d'injures avec une petite voix aiguë d'oiseau qui exaspérait bien vite quiconque l'entendait.
- Ah. Bien !
Les ChouChouLandais contemplèrent les deux prisonniers, ligotés comme des saucissons, se demandant que diable faire d'eux.
- Je ne peux m'empêcher de penser que Aphraelle est horriblement vague quand elle nous donne une mission à accomplir.
- J'ai une idée... fit quelqu'un.
Les ChouChouLandais écoutèrent, puis approuvèrent. Ils se mirent donc au travail pour laisser la planète comme il fallait après leur départ. Aussi, au petit matin suivant, ils contemplèrent avec fierté leur travail. Les deux monstres qui gouvernaient jusqu'à hier la planète avaient été déposés dans une sphère de stase, située au milieu de la plus grande place de la capitale. Ils ne portaient en tout et pour tout qu'un caleçon à rayures chacun. Ils étaient figés à jamais dans le ridicule. Personne ne viendrait jamais leur apporter une admiration posthume mal placée, les enfants riraient d'eux pendant des siècles et les chiens pisseraient sur leurs sphères.
- Ainsi doivent finir les tyrans, déclara Milvus.
- Notre devoir est achevé. Nous pouvons partir, déclara ChouChouBoy.
Et les ChouChouLandais partirent, avec la satisfaction du travail bien fait. Les habitants leurs firent des adieux déchirants. Puis ils se remirent à leur partouze géante. Les moquettes spéciales étaient en effet toujours aussi efficaces pour réveiller la libido des peuples sortant de la dictature, et les ChouChouLandais, suivant les instructions de leur Déesse, leur en avait fourni d'importantes quantités à prix cassé.
- C'est toujours émouvant de libérer une cité, dit Farf, en jetant un dernier regard à la planète avant le saut dans l'hyperespace.
Quelques jours plus tard, l'USS Yggdrasil relâchait au sein des Anneaux de Neuf Brouh-yés. Nul autre endroit au sein du Secteur de Sirius n'était plus cosmopolite, et s'était l'endroit le plus indiqué pour quiconque voulait commercer où se divertir. Sitôt le vaisseau stationné dans les docks, les ChouChouLandais et les néo-silencieux s'égayèrent donc un peu partout à la recherche de distractions diverses et de bonnes affaires.
Un groupe assez important, composé de joyeux fêtards, se dirigèrent sans hésiter vers un certains resto célèbre pour ses cosplays couettiques. Après un court trajet en métro, ils arrivèrent en vue d'un astéroïde repeint en rose où ils descendirent. Le restaurant lui-même était construit autour d'un palmier géant, qui dépassait du toit.
- Mugi ! fit Pavel en voyant les serveuses, dans leur uniforme de maids sur patins à roulettes, avec de somptueuses couettes dans leur chevelures.
- N'est ce pas ? fit Farf. Je vous avait dit que ce resto vous plairait.
Les ChouChouLandais s'installèrent à une grande table ronde, parlant de tout et de rien (c'est à dire de Gundam et de Magical Girls). Les serveuses leur apportèrent les menus (imprimé sur du papier rose) et ils se mirent en devoir de choisir parmi les nombreux plats exotiques qui étaient à la carte. Grâce au traducteur universel, les alphabets étranges et les prononciations exotiques n'étaient pas un problème, mais il n'en restait pas moins que la plupart des plats leur étaient totalement inconnus. Heureusement, un petit hologramme avec parfums incorporées pouvait être activé pour chaque plat.
- C'est très pratique ce système. On devrait mettre le même pour les bars et restos de la Promenade, dit Ori.
- C'est clair, ajouta Farf. Je vais essayer de piquer discrètement un menu pour le faire analyser.
Mais lorsque la ravissante serveuse vint prendre la commande, le Farfadet fut quelque peu troublé par ses grands yeux et ses deux couettes roses, et oublia complètement ne serait-ce que l'existence du menu. Lorsque les plats arrivèrent, les ChouChouLandais en avaient l'eau à la bouche, mais ce n'était pas qu'à cause de la bonne cuisine du lieu.
- Heu... Si on mangeait avant que ça refroidisse, dit Calimsha (en se pinçant discrètement jusqu'au sang).
- Oui, bonne idée, dit T-Citron, mais avec un air absent.
Les serveuses s'occupant désormais des autres tables, les ChouChouLandais réussirent à se reprendre pour attaquer leurs assiettes. Le repas fut copieux et bien arrosé, aussi arrivé aux desserts, ils se mirent à improviser un petit karaoké de génériques japonais. Un certain nombre d'autres tablées était dans le même était qu'eux, aussi, pour une fois, ne se firent-ils pas trop remarquer. Cependant, quelque chose se produisit. Pavel essayait d'attirer une des serveuses sur ses genoux en lui promettant un uniforme de pilote de Gundam quand quatre étranges individus s'incrustèrent à leur table.
- On vous offre quelque chose ? fit l'un d'entre eux.
Les ChouChouLandais regardèrent lors les nouveaux venus. Celui qui avait parlé était un grand dadais en smoking poussiéreux avec une voix éraillé et une clope au bec. Il donnait l'impression d'avoir un cancer en phase terminale. Le second était habillée de pied en cap d'une panoplie sado-maso avec cuir, clous et pointes. Son visage était constellé de piercings et à sa ceinture brillait tout un assortiment de seringues. La troisième (puisque c'était une femme), était habillé en bonne soeur, avait les yeux dans le vague et une bouteille de vodka à la main. À peine arrivée, elle commanda une demi-douzaine de verres d'alcools divers. Enfin, le dernier du groupe était vêtu d'une salopette bleu, et traînait une fourche sentant le fumier. Il n'y avait guère groupe plus hétérogène que ces quatre là, et les couetteux se demandèrent ce qu'ils venaient faire là.
- Z'êtes sur que vous vous êtes pas trompés de resto ? dit Milvus avec de grands gestes amicaux. Il y a tant de resto à thèmes ici que c'est facile se se gourrer.
- Non, nous sommes surs de nous. C'est vous les ChouChouLandais, que nous venons voir.
Et ils sortirent leurs armes.
La réaction des ChouChouLandais fut assez lente, en raison du festin qu'ils venaient d'engloutir. Mais ils se reprirent vite. Ils ordonnèrent à leurs endoglandes de relarguer en urgence un composé dans leur sang pour neutraliser l'alcool, et ils sortirent leurs propres armes, tout en envoyant la table à la figure de leurs assaillants. Un vent de panique absolue courut dans la salle et les clients du restaurant se mirent à courir comme des dératés vers la sortie tout en piétinant les pauvres serveuses qui se trouvaient sur leur chemin. Quelques unes réussirent quand même à échapper à cette foule en détresse en se réfugiant dans les lustres de la salle.
- Putain de merde ! dit Ori en sautant derrière une autre table. Ils nous veulent quoi ces gusses ?
- On peut essayer de leur demander, répondit Calimsha. mais je les sent moyen d'humeur à nous répondre.
- Fait chier ! fit quelqu'un.
Clope-au-bec avait sortit deux fusils-mitrailleurs et les utilisait pour cribler de trou un peu n'importe quoi, que les ChouChouLandais se trouvent derrière ou non. Monsieur SM avait sorti un fouet garni d'aiguilles de seringues et s'en servait également sans retenue, déchiquetant les nappes que les ChouChouLandais jetaient derrière eux pour aveugler l'ennemi. L'Alcoolo avait dégainé deux katanas, et avec des cris hystériques, elle se mit à découper le bar en rondelles fines, délogeant Farf qui avait pourtant cru avoir trouver une bonne base fortifiée. Quant au Paysan, il utilisait tout simplement sa fourche pour tenter des DTC multiples sur le pauvre Pavel qui esquivait comme il pouvait cette attaque odieuse.
- Mais quel bordel, fit Milvus, sortant son katana avec la ferme intention de neutraliser l'Alcoolo dans un duel sans merci.
Le carnage le plus total régnait désormais dans les restaurant. Tables, chaises et plantes vertes étaient sans dessus dessous. Des plats et de la nourriture étaient renversés un peu partout. L'aquarium géant avait explosé, et les homards-scorpions qu'il contenait s'était échappés. Ces derniers, quelque peu irrités par cette captivité, cavalaient à toute allure sur leurs douze pattes, avec la ferme intention de se servir de leur redoutable dard empoisonné sur le premier gastronome qui passerait à leur portée. T-Citron marcha sur un morceau spongieux et glissant, reste d'un gâteau ou d'un ragoût, difficile à dire, et partit dans un vol plané qui le conduisit à se fracasser la tête contre la vitrine du restaurant, la pulvérisant sous l'impact.
Devant le restaurant, une petite foule s'était amassé pour essayer de voir ce qui se passait. Elle hésitait sans cesse entre s'avancer pour mieux voir et reculer pour ne pas prendre une balle perdue. Au sein de cette foule, deux individus émergèrent, regardant ce qui se passait avec un effroi qui ne faisait place à aucun doute.
- C'est bien ce que je pense ? demanda Soso.
- Ouais. Ce sont eux.
- On est dans une merde noire. Ils vont venir nous chercher après s'être occupé des couetteux. Et on va y passer ! C'est pire que tout ce qu'on avait imaginé.
- Quelqu'un aurait-il l'obligeance de m'expliquer ce qui se passe ici ?
C'était ChouChouBoy, accompagné de sa chère et tendre, qui avait l'air à deux points de relarguer de la fumée par les oreilles, tant il bouillait intérieurement.
- Encore une bagarre de bar ? Je vais aller les chercher par les oreilles et les foutre dans les cachots du vaisseau. J'en ai marre de la réputation qu'on se traîne.
Et joignant le geste à la parole, il s'apprêta à rentrer dans le restaurant (ou ce qu'il en restait), mais les deux Anges se précipitèrent pour le stopper en lui faisant un placage aux jambes.
- Non mais ça va pas la tête ? Qu'est ce qui vous prend ?
- Faites pas ça, chef ! C'est pas une bagarre de bar, c'est le début de la fin, fit Tsunami.
- Les Quatre les ont attaqués, et après en avoir fini avec eux, ils vont s'en prendre à nous.
- Quoi ? Z'avez trop bu ! Lâchez-moi !
- On a pas bu ! Laissez-nous vous expliquer.
- D'accord, mais soyez bref ! Y a un resto en train d'être démoli, je vous rappelle !
- Vous vous souvenez qu'on avait totalement déconseillé à tout le monde de faire un pacte avec un Oragoune ?
- Oui, et alors ? Quel est le rapport ? demanda ChouChouBoy, impatient.
- Ne me dites pas que c'est ça les conséquences néfastes que vous redoutiez ? demanda Chen Li.
- Oh que si ! Ils ont débarqués ! Et ils vont tous nous massacrer.
- Mais qui, merde ? Soyez plus clairs bande de cons !
- Les Quatre Archanges !
- Hein ?
- Il s'agit de Raphaël, Michel, Gabrielle et Uriel, les quatre Archanges du clan Muÿœƒor.
- Si je comprends bien, on a sur le dos des Anges Majeurs chargés de nous punir pour les conneries qu'on a faites récemment. Et merde, manquez-plus que ça ! Enfin, d'un autre côté, on a été confronté à bien pire.
- C'est pire que ça, ce ne sont pas des Anges Majeurs, mais des Archanges. Au moins, avec des Anges Majeurs, on aurait pu négocier avec eux ou le Dieu les envoyant. Mais ces quatre-là, plus personne ne sait à quel dieu ils appartiennent. Ils sont obsédés par l'idée de garder les intérêts du clan, à n'importe quel moyen. La plus grande partie des dieux du clan les considèrent comme incontrôlables et se gardent bien d'avoir affaire à eux.
- J'en ai marre...
- Qu'est ce qu'on a comme option, alors, à votre avis, demanda Chen Li.
- Heu... À part le seppuku, j'avoue que je sèche, fit Tsunami.
Tsunami et Soso sortirent en effet de nul part le kit complet pour cette célèbre mais morbide pratique, sous le regard amusé des passants qui prenaient toute l'affaire pour une attraction ou une publicité, et s'étaient confortablement installés pour ne rien rater.
- Vous plaisantez j'espère.
Mais l'expression qui se peignait sur leur visages ne donnait pas du tout cette impression. La mort dans l'âme, ChouChouBoy mit les ChouChouLandais en alerte rouge et leur avait demandé de regagner le vaisseau. Avec un peu de chance sa coque en alliage béni offrirait quelque protection.
- J'espère qu'ils vont m'obéir, et pas rappliquer ici en voulant profiter de la bagarre...
Cependant, dans le restaurant, la bataille était de plus en plus confuse et intense. Milvus avait fait sauter tous ses sortilèges de contrôle, déchaînant sa puissance de Milvusaelle, Ange Majeur. Ce qui était on ne peut plus utile contre un Archange comme Gabrielle. Les yeux injecté de sangs, elles étaient plongés dans un combat acharné au sabre, faisant jaillir le sang de leurs chairs mais ne prêtant pas la moindre attention à leur blessures.
- Mouhahahaha ! hurla Gabrielle. Ta réputation ne ment pas, tu es bien complètement cinglée. Je suis contente d'avoir enfin un combat digne de ce nom.
Son regard était celui d'une tueuse psychopathe ne possédant aucune barrière morale. Sa tenue de religieuse était déchiré maculé de sang un peu partout. Une vision d'horreur capable de terrasser le plus coriace des cathos intégristes.
Raphaël de son coté, avait acculé dans un coin Calimsha et le menaçait avec tout se panoplie de seringues. T-Citron, qui avait été laissé pour mort dans les ruines de la vitrine, tomba alors du plafond et s'agrippa sur l'Archange comme une araignée.
- Vas-y, bute-le.
- OK.
Calimsha, ayant enfin quelques secondes de répit, voulut matérialiser son Paradoxal Golem. Mais à sa grande surprise, l'Oragoune ne répondit pas. Impossible de matérialiser quoique ce soit. Totalement pris par surprise, il décida de revenir aux bonnes vielles méthodes et lâcha un puissant sort de magie entropique qui frappa de plein fouet Michel.
- Gaaarrkkquoic ! fit alors l'Archange, comme s'il avait avalé de travers.
- On le tient !
De leur coté, Ori et Farf essayait de se débarrasser de Michel. Malgré son air maladif, qui donnait l'impression qu'il était à deux doigts de s'écrouler, il ne cessait d'esquiver les attaques des deux ChouChouLandais, sans cesser de fumer ses clopes, qui empestait l'air dans tout le restaurant. Son visage au teint cireux ne reflétait aucune expression.
Ori et Farf s'étaient également aperçus que la magie paradoxale ne voulait plus marcher. Ce qui les désavantageait fortement car ils n'avaient aucune arme sur eux. Leur confiance en leurs nouveaux pouvoirs semblait vouloir les conduire à leur perte. Jamais ils n'auraient dut sortir sans ce qui était autrefois leur arsenal habituel, même pour aller dans un resto. Il ne leur restait plus que la magie, et hélas ils n'avaient jamais été des élèves très appliqués pour cette discipine.
- Tu te souviens de cette fichue incantation qui permet de lancer des boules de feu dantesques ? demanda Ori.
- Laquelle ? dit Farf. Y en a des centaines pour ce genre de chose.
- N'importe laquelle ! Juste une bien puissante !
- Heu... Attends.
- C'est vrai ? Tu t'en souviens.
- Je crois que non.
- Mais c'est pas vrai ! Le con !
Le dernier des fans de couettes, Pavel, quant à lui, était toujours engagé dans un duel avec le Paysan, c'est à dire Uriel. Il n'avait pas plus d'armes que les autres en entrant dans le restaurant, mais avait pu en récupérer une de fortune : une tringle à rideau bien solide, en chêne. Il était donc engagé dans un combat au bâton avec Uriel, qui de son coté, se servait du manche de sa fourche. Les deux combattants enchaînaient les coups avec frénésie, détruisant tout sur leur passage.
- Celui qui me fera un DTC n'est pas encore né ! cranait Pavel, bien qu'il n'en menait pas large.
Son adversaire, en effet, en plus d'être un colosse, maniait sa fourche avec une dextérité rare. Il jurait comme un charretier, en articulant à peine, ce qui en plus de son épaisse moustache, rendait ses injures plus incompréhensible que celles que Prunelle jetait sur Gaston.
Pavel hurla de douleur quand Uriel lui assena un terrible coup, lui frappant les jambes avec un large mouvement de faux. Il tomba à genoux et leva la tête vers son adversaire qui semblait s'apprêter à le décapiter. Il regarda autour de lui et vit que les autres étaient dans une aussi triste situation que lui. Milvus avait été cloué au mur comme un papillon. Calimsha et T-Citron, ligoté l'un à l'autre avec des lanières de cuir, étaient hérissés de seringues comme des hérissons. Farf et Ori étaient sur le point d'être plongés vif dans une friteuse géante rempli de vieille huile de cuisine.
- C'est la fin...
Avec un fracas assourdissant, la verrière du restaurant (ou plutôt ce qui en restait) fut soudain pulvérisée en un million de minuscules morceaux de verre. Archanges comme ChouChouLandais se figèrent sur place, cherchant à déterminer ce qui s'était passé, et surtout, qui en était le responsable. Une silhouette indistincte était visible au milieu des décombres, masqué par la fumée et la poussière qui tourbillonnait.
- Quel est le connard qui ose nous déranger ? cria Raphaël, pointant ses seringues vers le nouveau-venu.
Une voix profonde, qui emplissait tout l'air environnant, sans pourtant être caverneuse, se fit alors entendre. C'était comme si l'inconnu parlait dans un mégaphone, chuchotait à l'oreille, et parlait directement dans la tête de toutes les personnes présentes. Curieusement; il avait un accent britannique plus que prononcé.
- On se tait quand je suis là !
- Merde, manquait plus que lui, fit Michel en sortant une nouvelle clope.
- C'est qui lui, arriva à demander Pavel, tout en essayant discrètement d'échapper à Uriel.
- Je suis le Métatron. Et accessoirement, je suis le seul officiellement investi de la mission de punir les hérétiques coupables de Magie Paradoxale. Otez-vous de mon chemin !
Mais les quatre Archanges n'avaient absolument pas l'air de vouloir l'écouter, et lâchèrent leur proies pour se déployer autour de l'Ange Majeur, en une lente spirale qui n'était pas sans rappeler le vol des vautours au-dessus du chercheur d'or agonisant.
- Vous voulez vous opposez à moi ? Fous que vous êtes.
Métatron écarta alors les pans de son long manteau noir, et en sortit une grande arme, qui malgré son aspect quelque peur rudimentaire, n'en avait pas moins l'air redoutable,
- Par le marteau de Grabthar, je vais tous vous réduire en pizzas !
Et il le fit virevolter au tour de lui avec adresse, le faisant passer sous le nez des Archanges, qui évitèrent de peu un impact fatal.
- C'est moi ou cet Ange à la con mélange ses films ? demanda Calimsha à Milvus.
- J'en ai bien l'impression. Mais je suggère qu'on profite de cette diversion pour filer à l'anglaise.
- Très bonne idée, confirma Farf.
Et profitant de ce que leurs ennemis entre-étripaient en les oubliant, les couetteux, discrets comme des fouines (ou des infiltrateurs de harem), sortirent des ruines du restaurant. Ils tombèrent alors directement sur ChouChouBoy, Chen Li, Tsunami et Soso.
- Je ne suis pas très content de vous, fit le premier. J'avais pourtant lourdement insisté sur le fait que nous devions nous comporter en êtres civilisés et éviter de détruire les établissements de divertissement après usage.
- C'est pas à nous qu'il faut dire ça, dit Pavel. Et si on pouvait se barrer le plus loin possible, ce serait pas une mauvaise idée.
- Pas de problème, Hébus est en route pour nous récupérer. Tous les autres ChouChouLandais et Néo-silencieux sont déjà à bord du vaisseau.
- Mais il n'y a pas de docks assez grand pour l'USS Yggdrasil sur cet astéroïde. Il va nous téléporter au passage ?
- Je suppose que oui.
- Heu... Je crois que c'est pas son idée, dit T-Citron en désignant quelque chose qui arrivait à grande allure.
- Merde ! Le con !
Dans un fracas dantesque, le puissant USS Yggdrasil éperonna de toute sa masse l'astéroïde rose, le pulvérisant au passage, avec le restaurant, les ChouChouLandais, les divers anges et les quelques inconscients qui n'avaient pas fui, préférant regarder le spectacle de la bataille angélique.
- Mouhahahahaha ! Et un repère de couetteux en moins ! tonitrua Hébus, un grand sourire satisfait sur son visage.
Hébus aurait bien laissé les ChouChouLandais présents sur l'astéroïde dans l'espace et le vide, mais Homère de Mont-Saque insista pour les téléporter d'urgence dans l'infirmerie. Là, il jeta les corps mutilés par l'explosion, la décompression et le froid intense dans des autodocs, et enclencha les programmes de remise en état. Ce fut donc avec une santé éclatante qu'ils en sortirent une heure plus tard et se dirigèrent d'un commun accord vers la passerelle. Là, ChouChouBoy éjecta le troll du siège de capitaine, et le réprimanda vertement d'avoir éperonné l'astéroïde.
- Non mais ça va pas la tête de me lyophiliser ?
- Mais euh...
- Pas de mais ! Corvée de ménage à grande eau !
- Noooooooo ! Tous mais pas ça !
- Si !
Cependant, Milvus récupérait son fauteuil de capitaine. Où plus exactement, il envoya au recyclage le siège présent (impossible de le récupérer après les customisations à coups de boues et de fumier que Hébus y avait apporté) et en fit installer un nouveau, tout neuf.
- Bon, maintenant qu'on est tous sains et saufs ici, faisons le point. Que sont devenus les Archages et Métatron ?
- Toujours en train de se battre, informa Tsunami. Ils ne se sont même pas aperçus de la destruction de l'astéroïde on dirait.
- Ça ne m'étonne qu'à moitié.
- En tout cas, on est à priori en sécurité, dit Farf. Grâce à l'alliage béni et le bouclier spécial de notre vaisseau, ces cinq-là ne peuvent nous atteindre.
- Mouais... Y a encore cette fichue Déesse qui peut venir déverser sa fureur sur nous, ajouta Calimsha avec son cynisme habituel.
Intérieurement, il songeait déjà à s'esquiver discrètement via l'espace B de sa boutique, quand un forme orange apparut sur la passerelle, passant entre les jambes de Ori, après s'y être frotté.
- Qu'est ce que ce chat fait encore sur la passerelle ?
- Miaou ! répondit Azraël.
Et il se transforma en un jeune homme roux, aux cheveux en pagailles, au visage de bishonen rebelle, et portant un bracelet faits de grosses perles noires et blanches en alternance. Il avait l'air d'avoir seize ans ou un peu plus, mais dégageait une aura étrange. Et la façon dont il regardait les ChouChouLandais était tout sauf rassurante. Ces derniers étaient tous stupéfaits (ou essayaient de le paraître) de ce retournement de situation imprévu. Milvus en rata même sa précieuse chaise de capitaine et se vautra par terre sans la moindre classe.
- Qui êtes-vous ? demanda Tuor en braquant un blasteur sur l'intrus.
- Mais celui que j'ai toujours été, Azraël, l'Ange de la Mort.
- C'est impossible... fit Tsunami. Ton aura est désormais celle d'un Ange de cet univers. Mais elle n'existait pas il y a encore quelques minutes.
- Il faut se rendre à l'évidence, il nous a tous roulés dans la farine. Il devait probablement dissimuler sa nature depuis le début.
- Ping Pong ! La comédie avec les Eva il y a plus de trois ans a mieux marché que je n'aurais osé l'imaginer. Vous avez tous cru que j'étais un Ange d'un autre Univers, d'une nature profondément différente. Alors que j'étais bel et bien le Azraël de cet univers.
- Mais pourquoi cette comédie ? demanda ChouChouBoy.
- C'est très simple. J'en ai un peu marre d'être un Ange Déchu. J'attendais donc le bon moment pour agir, et regagner les bonnes grâces de Aphra-chan. Avec les conneries que vous avez accumulées récemment, je pense que ce moment idéal est venu. Alors, je vous en prie, soyez raisonnables et rendez-vous. Ne compliquez par la situation avec une résistance inutile.
Les esprits étaient tous tendus sur la passerelle de l'USS Yggdrasil. Si Azraël était aussi puissants qu'il en avait l'air, les choses s'annonçaient mal. Confiant dans la quasi-invulnérabilité de leur bouclier, ils n'avaient pas pensés que l'ennemi puissent être à l'intérieur depuis le début.
- Il est hors de question que nous nous rendions aussi facilement, dit Calimsha. Mais vous devez vous en douter.
- Tant pis pour vous !
Azraël déploya un cercle magique sous lui et leva une main, s'apprêtant à lancer une attaque dévastatrice. Mais il avait sans doute sous-estimé les ChouChouLandais et leurs réflexes. Un immense flash lumineux aveugla tout le monde, sans qu'on sache qui avait lancé le sortilège. Dans la confusion, tout le monde essaya de fuir. Comme chacun le sait, les yeux de chats voient très bien dans l'obscurité. L'inconvénient, c'est que les yeux de chats sont très sensibles aux flashs. Azraël mit donc plusieurs secondes à se remettre su sortilège.
- Nyaaaa. Je vois qu'il n'y a plus personne. Je vais devoir me mettre à la chasse aux souris.
Et sur ce, tous les sens aux agents, Azraël quitta la passerelle pour explorer le vaisseau et trouver ses proies. Il allait les attraper une par une, et les croquer. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas autant amusé.
Pas très loin de là, un petit groupe de ChouChouLandais était en train de réfléchir sur la stratégie à adopter pour se débarrasser de ce matou encombrant qui osait les traiter comme de vulgaires souris.
- Vous trois, vous êtes aussi des Anges Majeurs ! Chuchotait ChouChouBoy. C'est de votre compétence de vous charger de ce genre d'ennemi.
- Mais euh....
- Pas de mais !
- C'est à cause de vous tous qu'on est dans ce pétrin, rouspéta Tsunami. Je ne vois pas pourquoi ce serait à moi de me sacrifier pour nous en sortir.
- Gottferdom ! Et si je fait choisir entre la massue et l'ange shojo, tu prends quoi ?
- La massue.
- Comme tu voudras.
Et Hébus abattit sa massue sur le crâne de Tsunami, l'envoyant dans les pommes.
- Non mais ça va pas la tête ? dit ChouChouBoy, parlant plus fort qu'il ne l'aurait voulu.
- Nyaaaaaa !!! Je vous ait trouvés !
- Bougez pas, je m'en charge ! dit Hébus. Bande de tafioles !
Et le troll, dégainant son plus belle assortiment de massue, fonça sur Azraël avec un cri de guerre primal qui aurait pu provoquer une crise cardiaque à toute une légion d'orques. Mais l'ange se contenta de sourire, et lorsque Hébus fut arrivé à sa hauteur, il l'esquiva avec souplesse, tout en lui jetant un maléfice.
- Rhaaa !! Qu'est ce qui m'arrive ?
Sous ses yeux horrifiés, sa belle fourrure rousse bien sale changea de couleur jusqu'à devenir d'un beau rose bonbon, tandis que toute la saleté accumulée disparaissait. Des petits noeuds-noeuds apparaissait un peu partout comme de l'acné.
- Noooooooooooo !
Et il chargea sur l'ange avec plus de fureur qu'il n'en avait jamais eu. Mais toute sa force physique l'avait quitté et Azraël le bloqua comme il l'aurait fait avec un enfant de quatre ans.
- Les Trolls... Vous êtes beaucoup trop faciled à manipuler. Quel dommage...
Et d'un coup de patte, il envoya Hébus au tapis.
- Au suivant de ces messieurs...
Milvus, poussé par les autres, s'avança, armé de son éternel katana. Il n'en menait pas large mais essaya de garder bonne figure.
- Aujourd'hui je vais mourir en grave... Euh non, en brave !
Faire un lapsus dans ses dernières paroles, voilà qui était quelque peu ridicule, mais avec sa tendance naturelle à ce genre d'erreurs, ce n'était pas étonnant.
Les deux combattants se faisaient face, guettant les moindres indices du prochain mouvement de l'autre. La concentration était extrême, et la tension palpable. Aussi, quand de grands coups sourds résonnèrent dans tout le vaisseau comme un tonnerre divin, ils sursautèrent, tous deux traversés par une puissante décharge d'adrénaline dans tous leur corps.
- C'est Aphraelle ?
- Non, je crois que ce sont Métatron et les Archanges. Ils essayent de rentrer. Mais ils rêvent... vous êtes mes proies, et jamais je ne laisserait le bouclier magique de ce vaisseau faiblir.
- C'est vachement rassurant...
Cependant, s'ils ne pouvaient rentrer, les Archanges et Métatron pouvaient taper sur le vaisseau et même jouer avec. Ils se mirent donc à faire une partie de foot avec l'USS Yggdrasil. Les compensateurs d'inertie, malgré leur haut niveau de raffinement, finirent par être un peu en surcharge. À l'intérieur, les occupants du vaisseau commencèrent donc à ne plus pouvoir tenir sur leurs jambes, puis ils furent carrément propulsés vers le plafond, un mur ou le plancher, selon les moments.
- Nyaaaaa... Je suis malade... fit Azraël.
Dans ces conditions, tout combat était impossible : Anges, ChouChouLandais et Néo-silencieux étant en train de voler en tout sens dans les coursives du vaisseau sans pouvoir faire quoique ce soit. Le tangage finit cependant par cesser et chacun put essayer de remettre ses organes internes à la bonne place.
- Rendez-vous, où on recommence ! fit la voix très spéciale de Métatron.
- Jamais ! fit Azraël. Ils sont à moi.
- Qu'est ce que tu fous là toi ?
- À ton avis ? Je ramasse des champignons !
- C'est vrai ? Quelle variété ? Ça me donne envie d'omelette.
- Mais c'est qu'il me prend au sérieux, le con. Je vais me le faire.
Et, répondant à une impulsion, il désactiva le bouclier magique du vaisseau et sortit dans le vide pour faire face aux cinq anges.
- Je vais vous exploser ! Nyaaaaaaaaaa !
De leur coté, les ChouChouLandais étaient une fois de plus laissés à eux-même, et avec une chance de s'en sortir. C'est donc avec une rapidité peu coutumière de leur part qu'ils en profitèrent. Sans même rejoindre la passerelle, ils plongèrent le vaisseau dans l'hyperespace, avec comme seul but de mettre le maximum d'années-lumières entre eux et les anges déchaînés.
- Où on va ? demanda Ori en constatant que le saut hyperspatial avait été fait au hasard.
- J'aimerais bien le savoir... dit ChouChouBoy. Nos ennemis sont des putains d'Anges. On ne sera en sécurité nul part quand ils se seront aperçus de notre fuite.
- On a toujours le bouclier divin, dit Farf. Il marche toujours.
- Mouais... Ça ne résoudra pas le problème de fond. C'est Aphraelle qui en a après nous, et elle, le bouclier divin ne lui fera rien, contrairement à ses subordonnés.
- Il existe un endroit où elle ne pourra pas nous trouver, dit Ori.
- Hein ? Lequel ?
- On fait un saut dimensionnel au hasard pour arriver dans un univers parallèle. Jamais elle ne pourra nous tracer. Et si on fait plusieurs saut d'affilé, encore moins.
- Ça va pas la tête ? dit Calimsha. On sera perdu dans ce cas-là. On ne pourra jamais revenir dans notre univers.
- Ce sera un moindre mal, expliqua Ori. Surtout si on a ce vaisseau, nos Syuks et nos pouvoirs. On trouve un coin peinard, on monte un petit empire pour avoir des sujets fidèles, et on profite de la belle vie jusqu'à la fin de nos jours.
- Je n'avais pas vu les choses comme ça. C'est vrai que c'est tentant de se débarrasser définitivement de cette fichue Déesse et des restrictions qu'elle nous impose.
- Y a une faille dans ce plan, objecta Milvus. Elle pourra nous traquer, moi, Soso et Tsu.
- Mmmmm. Ben dans ce cas-là, désolé, mais on vous laisse ici, ou on vous débarque en route dans un autre univers.
- Quoi ??? Mais je suis pas d'accord, firent Soso et Milvus d'une seule voix.
- Oh, faites pas vos chieurs. On est réglo en plus, on vous laisse un choix !
- Entre la peste et le choléra oui ! Hors de question que vous alliez vous conquérir un univers rempli d'elfettes pendant que je me fais torturer par Aphraelle.
- Si tu le prends comme ça, on va le faire de force, dit ChouChouBoy. Ligotez-les !
Tous les ChouChouLandais s'étaient donc retournés contre les trois Anges Majeurs du pays. Tsunami, toujours assommé, n'avait eu aucune chance. Milvus et Soso, en revanche, n'avait pas l'intention de se laisser faire, et une bataille acharnée et confuse avait désormais lieu dans le vaisseau. Milvus et Soso avaient donc déployés leurs ailes et fait sauter tous les verrous de sécurité de leurs pouvoirs. Bien entendu, l'alliage béni dont été constitué la coque et l'ossature de l'USS Yggdrasil tenait le coup sans broncher, mais il n'en était pas de même du reste des équipements. Les coursives et les pièces où avait lieu les combats ressemblait donc après leur passage à une barre de Jussieu après désamiantage : du métal à nu et de-ci de-là, le cadavre fondu et brûlé d'un équipement quelconque, mais pas plus.
- Tout ceci est très embêtant, constata ChouChouBoy. Si on continue à dévaster le vaisseau de la sorte, notre plan tombe à l'eau. C'est un élément crucial de celui-ci.
- Laissez-moi faire, dit Calimsha. Je suis sur que je peux les battre avec ma magie du chaos.
- Non, t'en as assez fait comme ça. C'est toi qui as fait le plus de dégât je te rappelle !
- Mais euh...
- Il faut trouver un moyen de les avoir en douceur, de mettre au point un piège dans lequel ils ne peuvent que tomber.
- Mmm ! Mmm ! firent les ChouChouLandais, approuvant.
Cependant, une ombre apparut à ce moment précis et ils se tournèrent tous vers elle, braquant un assortiment totalement hétéroclite d'armes. Mais ce n'était pas un Ange.
- Qu'est-ce que tu fous ici ? Comment tu es passé à travers notre bouclier ?
- Mais par l'espace B, bien entendu, répondit Phoenix-co.
- Je suppose que tu as quelque chose à nous vendre, sinon tu ne serais pas là.
- En effet. J'ai la solution à vos problèmes.
- Comme par hasard...
Le piaf sortit alors de son grand manteau un étrange appareil (qui ne devait tenir dans les plis de son manteau que grâce à la présence de dimensions de rangements supplémentaires) et commença une petite démonstration. Il avait même amené avec lui un petit stand de présentation, avec présentoir à prospectus intégré.
- Mesdames et Messieurs, je vous présente l'AspirAnge©®™ version 2.53 Deluxe. Cette petite merveille de technologie intègre les dernières évolutions de la recherche fondamentale en matière de détection d'ange, couplé à tout un assortiment d'armes incapacitantes spécialement conçues pour ce type de gibier. Son usage est tellement simple que même un escargot trisomique pourrait s'en servir. Son écran 24 pouces 16/9eme indique avec une résolution WQUXGA de 3840 x 2400 pixels l'emplacement exact des cibles, avec une précision de 15cm. Son viseur combiné laser/micro-onde permet de verrouiller la cible à travers n'importe quel d'obstacle : végétation, eau, mur, métal, choucroute, béton, alliage béni... etc, etc. A niveau des armes, ce modèle dispose en standard de missiles à tête chercheuse, de repositronneur, de projecteur de micro-dards, de charges nucléaires tactiques, de vaporisateur d'antimatière et de fragmenteur de réalité. Mais en option, je vous conseille le rayon anti-shojo, qui transforme tout adepte de la couette en flammekueche dans un rayon de trois kilomètres.
- Heu... On va éviter les options... dit Pavel.
- Bon alors, comment ça marche ce truc ?
- C'est très simple... commença Phoenix-co.
Mais il ne put aller plus loin dans ses explications. Une demi-douzaine de ChouChouLandais, avec entre autre Kettch, Mokona et Ori, avaient commencé à tripoter tous les boutons de la machine au hasard. De multiples petites alertes rouges clignotèrent un peu partout.
- Non ! Pas comme ça ! geignit Phoenix-co.
La machine se mit alors à vibrer de plus en plus fort, au point qu'elle commença à bouger tout seule. Les ChouChouLandais s'étaient reculés avec prudence, à l'exception de Mokona, qui juché sur celle-ci, puputait à tout va et semblait beaucoup s'amuser à cette équitation d'un nouveau genre.
- Imbéciles !
De petites explosions commencèrent à se faire entendre, puis des sifflements et des crépitements. De la fumée sortait par à peu près tous les orifices de ventilation de la chose. Puis elle explosa purement et simplement, dégageant une épaisse fumée noire et nauséabonde. Elle se dissipa très lentement, et on pu voir un Mokona tout noir inconscient sur une pile de débris.
- Boaarh ! Pas solide ce matos, constata laconiquement Kettch.
- Mais quelle bande de cons ! Vous êtes pire qu'un escargot trisomique ! J'y crois pas !
- Ben qu'est ce que tu attendais d'une bande de ChouChouLandais ?
- ...
Une fois toute la fumée dissipé et Mokona envoyé à l'infirmerie, un nouveau sujet de discorde survint. Phoenix-co voulait faire payer la machine détruite aux ChouChouLandais, tandis que ces derniers ne voulaient évidemment pas.
- Vous avez cassé, vous payez !
- C'est de la marchandise défectueuses, espèce d'escroc ! Hors de question qu'on paye !
ChouChouBoy et Phoenix-co était donc en train d'essayer de s'étrangler mutuellement, avec tous les ChouChouLandais autour en train d'essayer de les séparer. Plus personne ne faisait attention à ce qui se passait ailleurs. Soso et Milvus avait été oubliés, et les autres Anges encore plus. La plus grande pagaille régnait, mais quand une voix bien connue et cristalline s'éleva, tout le monde se pétrifia sur place.
- Salut les fous ! Alors, on complote dans mon dos.
- A... A... Aphraelle.
- Je vois que vous avez réussi à semer les quatre Archanges, ainsi que Métatron et Azraël. Ce n'est pas rien. Je suis assez fière de vous, malgré les conneries innommables que vous faites.
Sous l'œil horrifié des ChouChouLandais, la Déesse fit sortir le vaisseau de l'hyperespace et désactiva son bouclier. Aussitôt, les six Anges à moitié fou que Aphraelle venait de nommer apparurent devant eux, avec des expressions variées, mais donc aucune ne leur paraissait rassurante.
- On est fichus... dit Calismha, résigné.
Mais non, ne soyez pas aussi pessimiste. Je ne vais pas vous manger.
- Même après ce qu'on a fait avec la Magie Paradoxale ? demanda Ori. On a fini par croire à ce que racontait Tsunami et Soso, tellement ils nous ont barbés avec leurs hypothèses catastrophiques.
- Je dois avouer qu'au début, j'étais belle et bien furieuse. Si je vous avait eu sous la main, à ce moment-là, j'aurais probablement fait ce que redoutaient ces deux-là. Mais je suis calmé maintenant. Je vous pardonne donc.
Un soupir de soulagement parcouru les ChouChouLandais. Ils se laissèrent tomber à terre, et réalisèrent tout d'un coup qu'ils étaient tous crevés.
- Mais nous avons du pain sur la planche, pour réparer vos bêtises. Il faut absolument trouver un moyen de contrecarrer les effets secondaires de votre association avec les Oragounes.
- Et nous dans cette histoire ? dit alors Raphaël.
- Quoi, vous ? répondit la Déesse, agacée. Fichez le camp !
- Nous ne sommes pas sous vos ordres, et nous ne sommes pas satisfaits. Les actions de ces créatures mettent en danger le clan et son honneur. Nous nous devons d'agir.
- Quelle impudence ! Je suis Åpphrãëlle?=Nzeße¢ ðek Muÿœƒor !! Et je vous ordonne de partir tout de suite de mon vaisseau !
- Hors de question. Nous n'obéissons à personne, et encore moins à vous. Ce n'est pas une gamine gâtée qui va nous faire reculer.
Les ChouChouLandais suivaient, fasciné, ce dialogue de plus en plus houleux. Ayant échappé de peu à l'ire de leur Déesse, ils étaient à la fois soulagés d'être à l'abri et mort de peur en voyant ce à quoi ils avaient échappé. Le spectacle de cette dernière en train de progressivement bouillir de colère contre d'autres était quasiment hypnotique.
- Vous allez voir ce qui se passe quand la « gamine » se fâche !
- Aiaiaiaie... Je le sens pas, dit Calismha
Les combats faisaient à nouveau rage au sein du vaisseau ChouChouLandais. Mais les factions avaient encore changé. Il y avait d'un coté Aphraelle, avec les ChouChouLandais, et de l'autre, les quatre Archanges. En temps normal, les ChouChouLandais auraient été ravis de se battre pour leur Déesse. Mais là, ils en avaient un peu marre de ses facéties. Elle les avait tous affublé de nekomimi, d'une queue, et ils ne pouvaient plus communiquer que par un langage à base de nyaaa ~~. Cependant, pour la commodité de la compréhension, ce qui va suivre sera une version doublée.
- Gottferdom ! Me réveiller pour me faire subir un tel affront.
- Mais non, t'es très mignon comme ça, bubus, fit T-Citron.
- Groar... fit Hébus, le poil hérissé. Tu veux voir mes griffes ?
Mais le Bagage était là pour le protéger, et même Hébus n'osait pas le taquiner de trop près. Il avait bien trop peur de se faire avaler et de ressortir propre, repassé et sentant une bonne odeur de lavande.
- Je suis étonné de te voir avec nous, fit Calimsha à Phoenix-co. Surtout avec des nekomimis.
- Grmbllff ! Aphraelle paie bien.
- Mouais...
Cependant, les trois ChouChouLandais et le piaf arrivait sur la Promenade. Des bruits suspects firent tendre l'oreille à T-Citron, et très vite, l'horreur se peignit sur son visage.
- Quelqu'un est en train de piller mon bar ! Aux armes !
- Calme-toi ! tenta Calimsha.
Mais il était trop tard. Ils découvrirent que Gabrielle, au lieu se battre, était en train de vider toutes les bouteilles, tonneaux, fûts, amphores, flaques, verres, etc... du bar. Assise par terre au milieu des cadavres vides de ses victimes, elle était en train de chanter des chansons paillardes tout en faisant des mouvements louches avec son katana.
- Elle vide notre réserve de vodka-polka offerte par le Kokacool ! À mort !
Et sans plus réfléchir, il se précipita dans son bar, une hache de guerre dans chaque main, et le Bagage à sa suite.
- À moooooort !
Gabrielle tenta de se relever d'un bond, s'empêtra dans sa tenue de bonne soeur, et se cassa la gueule, évitant ainsi T-Citron qui avait voulu lui sauter dessus, mais avait mal calculé son élan. Il atterrit quelques mètres plus loin, plantant ses haches dans le bois du bar.
- On peut même pas boire tranquille dans ce coin ! Faites chier !
Continuant de jurer comme un charretier, elle tailla en pièce sa tenue avec son katana, pour ne plus être gêné dans ses mouvements. À moitié dénudée, elle se releva, bien décidé à découper T-Citron en rondelles à cocktail avec son arme. Mais Calimsha, Hébus et Phoenix-co arrivait à leur tour, la prenant à revers.
- Et merde ! Je crois que je vais devoir passer aux choses sérieuses.
L'Archange déploya alors un cercle magique sous ses pieds, qui luisaient d'une couleur bleu claire. Tout se mit à vibrer dans le bar, et plusieurs bouteilles en équilibre instable s'écrasèrent au sol.
- Tu es un Troll de Troy, hein ? demanda Gabrielle en regardant Hébus droit dans les yeux.
- Huk huk huk, oui !
- Je vais pouvoir tester si les rumeurs sont vraies, alors.
- J'aime pas ça du tout... dit Hébus.
- Ne me dit pas que tu ne sais pas quel est l'élément de Gabrielle, chuchota Phoenix-co à Hébus.
- Non, je sais pas...
- L'eau.
Noooooooooooooooooooo !
Trois tourbillons liquides ayant vaguement l'apparence de dragons se précipitèrent sur le Troll, et après avoir tournoyé autour de de lui quelques secondes, ils vinrent l'étrangler avec avidité.
- Quelle horreur ! dit T-Citron.
Bien décidé à venger son compagnon, il sauta par derrière sur l'Archange, bien décidé à la couper en deux avec ses haches. Mais elle devait avoir la peau dure, car il n'arriva qu'à lui déchire un peu plus ses vêtements.
- Très belle tentative, dit Calismha, mais c'est une Archange, pas une elfe. On cherche à la vaincre, pas à la déshabiller...
- Est-ce de ma faute si elle a une peau épaisse comme celle d'un crocodile ?
Tous deux étaient en train de courir en rond pour éviter de se prendre un coup de katana, tandis que Phoenix-co, qui s'était assis au bar, était en train de réfléchir tout en vidant les bouteilles délaissées par Gabrielle. Étant donné l'avance que Aphraelle lui avait déjà donné, ne valait-il pas mieux de partir tout de suite ?
Quelque part, dans une coursive sombre du vaisseau, trois autres ChouChouLandais et dix néo-silencieux, armes au poing et nekomimi sur la tête, patrouillaient à la recherche d'ennemis à dézinguer. Enfin, c'est ce qu'ils auraient aimé faire. Parce que là, en fait, ils étaient en train de fuir comme des dératés, avec un Michel crachant du feu aux trousses. Il avait déjà grillé trois néo-silencieux, et les sept autres paniquait à grosse goutte. Ils ne savaient que trop bien, que contrairement aux ChouChouLandais, ils n'étaient pas immortels grâce au scénariste.
- On va tous mouuuuurrrir ! geignait l'un d'entre-eux en s'écroulant.
Michel semblait temporairement semé. Aussi le petit groupe fit une pause pour récupérer le moribond.
- Debout et soit un homme ! le gronda ChouChouBoy avec sa voix caverneuse.
Éminemment frustré que la magie paradoxale ne marche toujours pas, il il avait endossé son armure de guerre la plus impressionnante et sophistiquée. Tout de métal rouge foncé et noir, elle le grandissait de cinq bon centimètres et lui donnait la carrure d'un maori. Son exosquelette intégré lui permettait de porter deux lances missiles compacts et un bazooka, en plus des nombreux pistolets, poignards et sabres qu'il avait d'habitude. De la fumée sortait par des évents d'aération situés sur le cou comme des branchies, et un masque intégrale lui donnait une voix à mi-chemin entre celle de Dark Vador et celle d'Alucard. La forme de son casque cachait totalement celle de visage, lui donnant l'apparence d'un Seigneur de l'Obscurité.
- Chef vous me faites peur avec votre look actuel.
- Tais-toi imbécile !
- C'est vrai que c'est pas du meilleur goût, enchaîna Chen Li. Si tu avais écouté mes remarques...
- Mais euh... Une tenue de combat que j'ai entièrement dessiné de ma main. Avoue qu'avec ça, tous nos ennemis vont trembler de peur.
- Je suis pas sur que ce soit le cas de celui à qui on a affaire en ce moment, railla la First Lady.
- Mais je l'emmerde le Michel ! J'en ai marre de ces putains d'aliens, d'anges et de je ne sait quoi qui viennent nous faire chier. Mais qu'il s'amène, je le prends quand il veut.
- Bien parlé ! fit une voix éraillé.
C'était Michel, qui venait de surgir d'un coin d'ombre, jetant d'une pichenette un mégot de cigarette, tout en un sortant une neuve.
- Maintenant, à nous deux !
Et meeeerde ! fit ChouChouBoy, se planquant précipitamment derrière un tournant du couloir tandis que l'Archange tentait de les griller vif en crachant du feu qu'il amorçait avec son briquet.
- Elda Taluta ! cria Pavel.
Cette catégorie de magie semblait marcher, car Michel stoppa sur place et eut soudain le regard dans le vague, comme si un millier de souvenirs refoulés remontait en une même seconde. Pavel continua alors ces incantations avec un sourire de triomphe de plus en plus large. Mais Michel lui fit soudain un clin d'oeil.
- Just Kidding.
Et il transperça Pavel de part en part avec son bras droit. Du sang gicla de partout et plusieurs Néo-silencieux poussèrent des cris de souris terrorisées. L'un d'entre-eux tomba même dans les pommes.
- Fuyez !!! hurla Pavel tout en crachant du sang à la figure de Michel. Vivez pour me venger !
Après quelques secondes d'hésitation, ils finirent par obéir à Pavel quand ils virent que ce dernier préparait une incantation.
- C'est pas le moment de rester ici. Filons !
- Lâches que vous êtes ! lança Michel.
- Tu vas regretter de m'avoir mortellement blessé, sale toxico, articula Pavel entre deux horribles spasmes.
- Que penses-tu pouvoir me faire, créature inférieure ? Je t'ai arraché toutes tes entrailles, tu n'en as plus pour longtemps à vivre.
Et il le jeta à terre avec violence. Comme un pantin disloqué, le corps presque sans vie de Pavel rebondit sur quelques mètres.
- Il ne faut jamais sous-estimer un ennemi à terre...
Pavel avait enfin terminé son incantation. Il frappa alors le sol de la paume de sa main, relâchant toute son énergie alchimique dans le sol. Un pieu d'alliage béni jaillit alors du sol pour l'empaler l'Archange par le fondement, puis ressortir par sa bouche pour aller fusionner avec le plafond.
- Savoure la douleur d'un DTC céleste ! murmura Pavel.
Se furent ces dernières paroles audibles. Mais son agonie dura encore quelques secondes. Si quelqu'un avait collé son oreille près de ses lèvres, il l'aurait entendu murmurer dans son dernier soupir :
- Enmai Ai... Me voila.
Et il expira avec un magnifique sourire sur son visage.
Planqués dans un des hangars à chasseurs, Ori, Kiko, Azraël et Kettch étaient en pleine partie de sabacc. L'Ange Majeur avait appris d'Aphraelle qu'il était condamné à vivre avec les ChouChouLandais pour se racheter. Il avait donc décidé d'en profiter pour devenir aussi mononeuronal qu'eux et passer du bon temps. Ce qui expliquait que malgré le fort intérêt qu'ils avaient à être discrets, Ori et Azraêl chantaient à tue-tête le générique de Tsukuyomi Moon Phase. Ce qui avait provoquer un sérieux mal de tête chez l'ewok, et expliquait qu'il soit en train de perdre à son jeu favori.
- Mais taisez-vous, bande de cinglés ! faisait ce dernier tout en se bouchant les oreilles.
Kiko, de son coté, restait aussi stoïque que d'habitude et amassait discrètement une petite armada de cartes. Encore quelque tours et il gagnait la partie.
- Neko mimi mode ! Ne ?
Tout en fredonnant ainsi, ils faisaient bouger leurs nekomimi en rythme, ce qui fit se révulser les yeux de Kettch.
- Quelle horreur ! Vous chantez encore plus faux qu'une elfette nymphomane.
- Jaloux ! C'est parce que t'as pas d'aussi belle nekomimi que moi !
- N'importe quoi ! Et puis vous allez finir par rameuter un de ces Archanges à la con.
- Mais non... Ne soit pas si rabat-joie. On est bien plan...
Mais il ne finit jamais sa phrase. Une seringue de jet vint se planter à deux centimètres de son oreille, lui coupant le sifflet, ou presque.
- Gniiiii ! désarticula-t-il entre ses dents.
Azraël eut un crachement fort félin et Kiko un haussement de sourcil fort serein. Seul Kettch eut une réaction vaguement adaptée en sautant derrière un container tout en dégainant une blaster avec lequel il se mit en devoir de canarder Raphaël fort copieusement.
- Imbéciles, vous ne pouvez rien contre moi.
Et avec de grands mouvements de capes, il sauta de la coursive ou il était pour fondre sur les ChouChouLandais, tel un grand oiseau de proie tout noir avec des clous.
- Je vais vous soigner aux petits oignons.
Il commença alors à invoquer son élément, l'air, qui tourbillonna autour de lui en deux colonnes menaçantes. Ils les projeta ensuite sur ses adversaires qui furent projeté à l'autre bout du hangar comme des fétus de paille.
- Nyahahahahaha ! Je vais pouvoir vous disséquer, déclara-t-il en sortant toute un assortiment de scalpels, de toute taille et de toute forme.
Mais il n'avait pas vu que Kettch était toujours planqué, et que ce dernier s'était déplacé vers une console de contrôle.
- Mange-toi ça dans la gueule ! cria l'ewok, tandis qu'un énorme électro-aimant, pendu au bout d'un câble, balayait l'espace du hangar. Grâce à ses fameux talents au bowling; il avait parfaitement visé, et la lourde masse métallique faucha au passage l'Archange. Ce dernier fut aussitôt collé à celui-ci sans pouvoir s'échapper.
- Noooon ! hurla-t-il en voyant un mur s'approcher à grande vitesse.
Mais il était trop tard. Avec un bruit répugnant, Raphaël fut pris en sandwich entre la masse de l'électroaimant et la paroi d'alliage béni. Du sang gicla de partout et quelques morceaux de chairs volèrent dans les airs, tels d'étranges shrapnels flasques et roses foncés.
- Bien joué ! fit Azraël, qui venait de se remettre debout.
- On peut pas dire que vous soyez très utile. Je me tape encore tout le boulot !
Kettch continua ainsi à râler tout seul dans sa barbe, articulant à peine, tandis que Ori, Kiko et Azraël se remettait de leur vol plané à travers le hangar et essayaient de rassembler les cartes de sabacc. Aussi personne ne vit que, aussi surprenant que cela puisse être, Raphaël était toujours en état de combattre.
Enfin, plus ou moins. Il n'était plus qu'une masse sanguinolente d'où dépassait des pointes, des lames de couteau et des piercings à moitié accrochés. Il en perdait d'ailleurs une cargaison entière à chaque pas.
- Splendide ! Tu es doué, l'ewok.
- Merde ! T'es encore vivant ?
- Bien sur que oui, je suis un Archange, quand même. Je ne vais pas être terrassé par si peu. Mais quel talent artistique dans cette manière de m'écraser contre le mur ! Je suis sous le charme.
- Mais il est malade ce mec ! dit Kettch en voyant l'expression sur le visage en bouillie de l'Archange et en comprenant ces sous-entendus.
- Bien sur que oui, répondit Azraël, stoïquement. C'est un Archange. Ce sont tous les quatre des malades mentaux depuis des centaine de millénaires.
- Foutons le camp d'ici !
- Très bonne idée, dit Kiko.
Et la petite bande, sans même finir de ramasser les cartes de sabacc, se précipita hors du hangar pour semer Raphaël. Ce qui ne fut pas trop difficile, vu que les reste de l'Archange n'allait pas plus vite qu'un zombie moyen. Ce qui n'empêcha pas les quatre compère de courir comme des dératés jusqu'à l'autre bout du vaisseau, tout au bout de la proue, dans le salon d'observation.
- On l'a semé je crois, fit Ori en reprenant son souffle.
Puis ils regardèrent de l'autre coté et se posèrent simultanément la même question et voyant où était le vaisseau.
- Y a pas un problème là ?
De par ses activités d'infiltrations clandestines de harems d'elfettes, Farf était habitué à se déplacer sans un bruit, véritable fantôme que nul ne remarquait. Aussi était-il singulièrement agacé de se voir suivi sur les talons par une peluche puputeuse qui faisait plus de bruit qu'une légion de chanteurs folkloriques.
- Pupupu ! Mokona a un beau fusil à proton ! Mokona est content !
- Mais faites-le taire ! Et où a-t-il dégotté cette arme ? Parti comme je le sens, il va nous transformer en beignet en essayant de viser l'ennemi.
- C'est Aphraelle qui lui a donné « pour voir ce que ça allait donner », expliqua Homère.
- Parfois je regrette vraiment que la Déesse soit aussi cinglée que nous...
Cependant, ils étaient arrivé à une intersection, et un spectacle insolite s'offrit à eux. Une coulée de boue semblait avoir tout ravagé, et quelqu'un en avait profité pour remplacer un des couloirs du vaisseau par un potager.
- Qu'est ce que c'est que ce bazar ?
- Puuu ! Que c'est joli ! Mokona va jardiner ! Pu puuu !!!
Puputant et bondissant de plus belle, l'étrange créature se dirigea vers un des carrés du potager et observa les plantes qui y poussaient avec beaucoup d'attention.
- Puuu ! Mokona va récolter les carottes !
- Mais c'est pas vrai ! On est là pour se battre, pas pour faire de la soupe !
- Puu ! Bonne idée ! Mokona va aussi prendre un chou.
- Il a l'air de s'amuser.
- Moui.... Profitons de cette occasion pour lui fausser compagnie.
- Trop tard : fit une voix spectrale ! Vous êtes dans mon royaume.
Sous les yeux fort surpris de Mokona, une carotte sorti toute seule de la terre et se transforma en un être étrange, moustachu, vêtu d'une salopette bleu et armé d'une fourche. Il essayait de mimer la gestuelle du célèbre Alucard, mais avec sa tenue et son physique ingrat, l'effet était plus comique qu'autre chose.
- Puuuu ! Mokona a peur !
Et il sauta dans le trou où se trouvait quelques secondes auparavant la carotte. Seules les oreilles dépassèrent, telles une étrange plante transgénique.
- Tu me fais pas peur, sale bouseux, déclara Farf en sortant sa Grosse Paulina et en effectuant quelques moulinets pour impressionner Uriel.
- Voilà un combat qui promet d'être intéressant... murmura Homère, tout en allant se mettre çà l'abri derrière les haricots.
Maniant avec dextérité leurs deux énormes armes métalliques, les combattants entamèrent un combat acharné au milieu du potager, massacrant allégrement les légumes et les plantes au passage. Des gerbes d'étincelles jaillirent, volant un peu partout et menaçant de mettre le feu. Mais la terre était heureusement fort humide et ils purent continuer leur combat sans risquer d'être rôtis.
- Tu te bats bien, humain ! fit Uriel, qui avait renoncé à ses imitations foireuses pour reprendre son accent pecnot et incompréhensible.
- Tu croyais donc que les ChouChouLandais ne savaient pas se battre ? Détrompe-toi, nous n'avons jamais eu ce luxe.
- Que veux-tu dire ? demanda Uriel, tout en portant un terrible coup, qui ne toucha pas sa cible, mais embrocha un potiron.
Uriel perdit quelques secondes à décoincer sa fourche du potiron, faisant exploser ce dernier au passage. Il dut sauter sur un muret pour éviter un terrible mouvement de faux de la Grosse Paulina.
- Chacun de nous n'a cessé de se coltiner les ennemis les plus chiants de la galaxie depuis qu'il a été nationalisé, expliqua Farf,tout en tournant autour du muret, cherchant un faille dans les défenses de l'Archange.
- Je vois... Mais tu me sous-estimes si tu crois que je ne suis qu'un nouvel ennemi comme un autre. Malgré ton expérience, et les pouvoirs outrageusement élevés que Aphraelle t'a accordé, tu n'a aucune chance contre un des quatre Archanges.
Il leva une main, et soudain, la terre trembla et se déroba sous Farf. Il fut engloutit par le sol, jusqu'à ce que seul la tête dépasse.
- Il paraît que tu es un Melon-bago. Je suis intrigué car je ne connais pas cette variété. Je me dois de réparer cette lacune.
Et faisant virevolter sa fourche une dernière fois, il la lança en plein sur la tête de Farf. Mais le terrible arme paysanne n'atteignit jamais sa cible. Elle se brisa en mille morceaux avant même qu'elle n'ai put toucher la tête du Farfadet.
- Mais que...
Tranquillement installée sur la passerelle, Aphraelle avait suivi depuis le début les évolutions de ces troupes, comme un général en bataille. Elle n'était guère satisfaite du résultat d'ailleurs, puisque les les Archanges étaient en train de gagner. Mais certains des rebondissements des combats l'avait bien fait rire. Métatron était à ses côtés et regardait tout ceci avec un sourire méprisant.
- Vous voyez bien que vous auriez du me charger de tout ceci, ma Déesse, dit-il. J'aurais été bien plus efficace que ces incapables.
- Mais beaucoup moins rigolo... N'est-ce pas ?
Elle avait adressé ces derniers mots à Jichaël et Lucifer, qui bien installés dans leurs fauteuils, un cocktail à la main, regardaient également les combats. Ils étaient arrivés discrètement et s'étaient installés sans que quiconque les remarquent. Et maintenant, il était impossible de les faire décoller de leurs fauteuils.
- Parfaitement d'accord, dit Lucifer. Il n'y a rien de plus divertissant que les aventures à la con des ChouChouLandais.
Cependant, une porte s'ouvrit et les quatre archanges firent irruption sur la passerelle. Ils étaient tous en sale état, mais vivants et victorieux. Gabrielle n'était plus vêtue que de loques sanglantes. Michel était toujours empalé sur son pieu d'alliage béni, comme un poulet. Raphaël semblait sorti du tournage de Braindead. Et Uriel était couvert de pustules, sous l'influence d'un virus rare que lui avait injecté Homère.
- Nous avons gagné... réussit à articuler Michel, avant de se prendre les pieds dans son pieu et de s'étaler de tout son long sur le sol de la passerelle.
- Ils sont dans un sale état, constata Jichaël. Cela fait bien longtemps que je ne les avait pas vu dans une telle situation.
Aphraelle se dressa au-dessus d'eux avec un sourire glaciale.
- Je vous avait dit de ne pas me sous-estimer. Vous voilà complètement affaiblis et à mes pieds.
Jichaël et Lucifer sursautèrent soudain, comme si une mouche les avait piqué.
- Hohohoho, cousine, je suis admiratif. Je viens de comprendre ce que tu étais en train de faire.
Absorbé par les combats des ChouChouLandais contre les Archanges, lui et Lucifer n'avait remarqué que d'un oeil distrait que le vaisseau était dans une zone étrange de l'espace. La densité d'étoiles y était en effet exceptionnelle. Ils étaient au centre de la Galaxie, tout prêt du monstrueux trou noir qui s'y nichait. Aphraelle avait du débridé un certain nombre de technologies de classe 5 pour que le vaisseau arrive si vite au centre de la galaxie.
- Savourez vos derniers moments en ce bas monde !
Et elle se téléporta, elle et les Archanges, dans le vide de l'espace. Métatron, Jichaël et Lucifer ne perdaient pas une miette de ce qui se passait grâce aux diverses caméras externes du vaisseau. Une terrible bataille avait lieu, car même s'ils étaient épuisé, les Archanges utilisaient jusqu'au bout leur formidable puissance, bien décidés à résister jusqu'au dernier moment.
- Ils sont braves, mais ils ont déjà perdus, dit Lucifer. Les combats qu'ils ont menés aujourd'hui ont été trop féroces.
Et en effet, comme pour confirmer les dires du Dieu, une terrible attaque de Aphraelle propulsa les Archanges dans le trou noir. Juste avant de dépasser l'horizon des événements, ils lancèrent une terrible et dernière attaque mentale. Elle se présenta sous la forme d'une onde de résonance qui fit tressaillir tous les Dieux présents, comme si un million de craie avaient crissé comme un million de tableaux noirs. Aphraelle revint ensuite sur la passerelle, un air plus que satisfait que jamais sur le visage.
- Bravo, bravo, firent Lucifer et Jichaël en applaudissant.
- Nous sommes débarrassés de ces quatre clowns pour un bon moment, dit Aphraelle. Ce n'est pas trop tôt.
Une heure plus tard, la plupart des ChouChouLandais étaient à l'infirmerie en train se faire rafistoler d'un peu partout. Aphraelle passait de l'un à l'autre pour les féliciter et leur offrir des médailles étranges qui semblaient être son idée d'une récompense. Un peu de plus et c'étaient des médailles en chocolat. L'ambiance était cependant aux réjouissances, avec l'idée d'un banquet final qui se profilait l'horizon pour la soirée.
- Un truc me chiffonne, dit ChouChouBoy, qui se mit à compter les ChouChouLandais autour de lui.
- Quoi donc ?
- Où diable sont passé Soso, Tsunami et Milvus ?
- Tiens c'est vrai, on ne les a pas vu depuis un moment.
ChouChouBoy alla vers une console et tapa quelques commandes pour que l'ordinateur lui indique la localisation actuelle des trois disparus.
- Qu'est ce que c'est que ce bazar ? Ils ne sont pas à bord ?
Quelques commandes plus tard et une vidéo s'afficha à l'écran, montrant les trois anges en train de déclencher un sortilège de translocation dimensionnelle.
- Mais qu'est ce qu'ils font ces cons ?
- Heu... Je crois que le problème, c'est qu'il ne sont pas au courant du pardon de la Déesse, fit Farf.
- Hein ?
- Ils se sont enfuis dans le multivers, pour que je ne puisse pas les retrouver, dit Aphraelle. Pour eux, c'est dix fois plus complexe que pour vous. Mais ils ont une chance.
- Mais c'est pas vrai... se lamenta ChouChouBoy. Oh, les cons ! Les cons !