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Le vent frais soufflait paresseusement sur le sable chaud. A intervalles réguliers, l'eau turquoise venait déposer son écume nacrée sur la plage dorée. Très haut dans le ciel, les mouettes planaient lentement, veillant sur la scène. Tout respirait le calme et la tranquillité. Markus, confortablement affalé sur une chaise longue, contemplait les belles naïades presque nues qui l'entouraient. Homère et Nikita jouaient au ballon avec Médor. Toute la clique du ChouChouLand était là, à ChouChou-Beach, se reposant après de nombreuses victoires. Tous ou presque : Milvus avait disparu sitôt l'USS Chouchou sur le tarmac du Spatioport. Il s'était éclipsé en disant à peine au revoir.
- Je me demande où il peut bien être, pensait de temps en temps ChouChouBoy en sirotant son cocktail.
A ce moment là, il vit que la surface de son verre se mettait à trembler et que du vacarme se faisait entendre.
- Tiens, tiens, aurions-nous un spinosaure dans le coin ? fit flegmatiquement ChouChouBoy en baissant ses lunettes de soleil.
- Où ça, où ça ? firent Bibi, Homère et Nikita, en tenant respectivement un canon à plasma, un filet à papillon et une mitraillette hypodermique.
- Une tête de spinosaure ferait très bon effet dans mon salon comme trophée, pensait Bibi.
- Médor sera ravi d'avoir un compagnon de jeu, pensait Homère.
- Une telle créature a sûrement de nombreux secrets à révéler à la science, pensait Nikita. Et puis ca ressemble un peu à un rancor.
Tous trois commencèrent à monter la dune pour aller voir d'où venait le bruit. En bas, de sa chaise longue, Miles Teg leur prodiguaient des conseils.
- Arythmique, marchez de façon arythmique !
- Mais non, Miles, c'est un spinosaure qu'ils vont chasser, pas un ver des sables.
- Désolé, M. le Président, mais mon flair me dit que ce n'est pas du tout un spinosaure.
- Ah bon ? fit ChouChouBoy en se retournant.
Puis il murmura :
- Vous avez raison. C'est quoi ça ?
- On dirait un Guymelef, M. le Président, fit Tuor.
- Par les os noirs de Tapadamis, tu as raison ! Mais que diable fait-il ici ?
- Je n'en ai aucune idée. Peut être que Milvus va nous éclaircir les idées.
En effet, c'était lui qui venait d'apparaître dans le cockpit du robot géant pour saluer les trois chasseurs qui en étaient tombés sur le cul dans le sable en voyant le Guymelef surgir devant eux. ChouChouBoy les rejoignit et commença à interroger Milvus sans ménagement.
- Capitaine Milvus ! Qu'est ce que c'est que cette chose !
- Ca ? C'est Majipoor, mon Guymelef. Je viens de terminer de le construire. J'avais trop envie d'en avoir un, après avoir vu Escaflowne sur Canal Plus.
- Mais ça va pas la tête, Milvus ? T'as fumé de la moquette ou quoi ?
- Oui M. le Président, c'est bien cela.
- Alors, là, je renonce, fit ChouChouBoy dépassé.
Mais déjà les autres se pressaient autour du Guymelef pour l'admirer. Milvus fit une petite démonstration, et ChouChouBoy finit par se prendre au jeu.
- Mais pourquoi l'appeler Majipoor ? demanda Nikita. Quel est le rapport avec la planète ?
- Mon Guymelef sera aussi resplendissant que la planète géante. J'ai dit !
Et le soir venu, tout le monde ne parla que de Guymelefs au cour du grand banquet en plein air. Tuor et quelques autres, intéressés, voulaient en construire d'autres. Mais Milvus ne voulait rien dire sur la technique de son Guymelef. Nikita était en train d'essayer de lui faire changer d'avis lorsqu'un éclair traversa le ciel et qu'une explosion projeta Bibi au sommet d'un cocotier. Il tenait encore sa cuisse de poulet à la main quand il réalisa ce qui lui était arrivé.
Devant cette étrange menace venue de l'espace, les ChouChouLandais restèrent bouche bée quelques instants. Mais ils se reprirent vite et abandonnèrent le festin, ce qui plut beaucoup aux mouettes. Ces dernières fondirent sur la table et la nettoyèrent plus rapidement et plus efficacement que la meilleure des ménagères. Du coté des humains, l'alerte fut déclenchée et en quelques secondes, l'équipage de l'USS Chouchou fut téléportée sur la passerelle du vaisseau, en uniforme complet.
- Origine du tir, Officier Bibi ? demanda Milvus en se tournant vers lui.
- Secteur 56.25 mark 125.84.
- C'est en plein en dehors du plan de l'écliptique. Cap sur ces coordonnés, Pilote !
- A vos ordres ! répondit Teg en faisant vrombir les moteurs.
- Que disent les instruments, Nikita ?
- Je n'arrive pas en croire mes instruments. Une sorte de nuée d'énergie s'est positionnée à environ 1 U.A. de la Terre, en dehors du plan de l'écliptique.
- Qu'a-t-elle de particulier ?
- Elle fait approximativement 0,25 U.A. de diamètre.
- Quoi ?! Vous vous foutez de ma gueule où vous avez pas bu assez de café ?
- Je suis sérieux et sain d'esprit Capitaine. Un véhicule spatial de 40 millions de kilomètres de diamètre se tient devant nous !
- Comme c'est curieux. Seul un dieu peut avoir un vaisseau aussi grand. Et il nous ont dit qu'ils nous laissaient carte blanche pour organiser cette galaxie. Pourquoi reviendraient-ils ?
- Ils ont peut être oublié leurs lunettes de soleil ici ? proposa Markus.
- En effet, c'est possible. Ouvrez une fréquence, Chen Li.
- A vos ordres, Capitaine.
- Pilote de la nuée. Bienvenue dans le système solaire. Veuillez décliner votre identité et vos intentions, demanda poliment Milvus.
- Aucune réponse, informa Chen Li. Je ne reçois que des parasites.
- Des douves ? Des amibes ? demanda Bibi. Passez-les sur écran.
- Non, ô imbécile, répondit Chen Li. Des parasites sur la fréquence subspatiale, pas des organismes vivants.
- Ah bon ?
- Répétez le message en boucle sur toutes les fréquences, ordonna Milvus pour clore le débat.
Puis Milvus se tourna vers Markus et Nikita qui semblaient forts perplexes en regardant les relevés de leurs senseurs.
- Des signes d'activité dans cette chose ?
- Je ne sais pas trop. La quasi totalité des senseurs n'indiquent rien, mais le métronome en peau de grenouille indique que la nuée disparaît un dixième de secondes toutes les sept secondes.
- Disparaît ?
- Oui, pendant une déciseconde, c'est comme si l'objet n'existait pas et n'avait jamais été là.
- Comme c'est curieux… Mais restons objectifs : ça ne nous dit pas si cette nuée est une menace ou non.
- Bien sur que je suis une menace, Capitaine ! gronda une voix caverneuse.
- Baissez le son, Chen Li.
- Ca ne vient pas de la radio, Capitaine. Je n'ai aucune idée d'où vient cette voix.
- Quoi !?
- N'essayez pas de me comprendre, humains limités. Ma nature dépasse votre entendement. Je suis celui qui est féminin, masculin et neutre en même temps. Je suis celui qui est humain et qui ne l'est pas. Je suis celui qui est et qui n'est pas. Je suis Schrödinger ! Cédez-moi le passage ou votre misérable existence cessera subitement.
Et à cet instant, une créature de cauchemar apparut sur l'écran.
Son corps était atrocement difforme, comme s'il était passé dans une machine à faire du fromage râpé. Le plus horrible était sans nul doute que l'on discernait encore chez lui des caractères humains.
- Beurk ! fit ChouChouBoy. On dirait le PDG à la fin de La Mouche II.
- Et encore, à coté de ça, le PDG était un mignon ours en peluche.
- Une idée de pourquoi veut-il aller sur Terre, celui-là, Capitaine Milvus ?
- Non, Je suis perplexe.
- Et bien réfléchissez ! C'est votre boulot !
- Avez-vous remarqué que la passerelle de son vaisseau ressemble diablement à celle d'un vaisseau de classe Sabre ? demanda THL 1138.
- Quoi ? Vous aussi, vous fumez de la moquette maintenant ?
- Non, il est sérieux, M. le Président, fit Nikita Thor. Elle est gravement endommagée, mais c'est bien la passerelle de l'USS Straton.
- Mais alors, fit Chen Li. Ca veut dire que Schrödinger serait Tapadamis ?
- En effet, il y a comme une vague ressemblance, dit ChouChouBoy, narquois.
- Pas que lui, il ressemble aussi à Marcie, ajouta Milvus.
- Quoi ?!
- Je me trompe peut-être, commença Markus, mais je pense que lorsque notre torpille quantique a frappé le vaisseau, il n'a pas explosé.
- Mais nous l'avons vu explosé de nos propres yeux…
- Non… Il a du réussir à plonger dans une autre dimension. Il a pu en revenir, mais sans conserver son intégrité. Du coup, ses occupants ont du fusionné.
- Quoi ! explosa Milvus. Vous voulez dire que cette chose est à la fois Tommy et Marcie ?
- Parfaitement.
- Mais c'est dégoûtant ! fit-il en tirant la langue de dégoût.
- Je croyais que vous aviez déjà remarqué.
- Vous m'avez très bien compris. Repassez-moi Son Horreur, Chen Li.
- Bien, Capitaine.
- Schrödinger ! Votre présence dans ce système vient d'être interdite par ordre d'hygiène publique. Veuillez-le quitter aussi vite que le permet votre vaisseau.
- Hors de question ! Vous ne m'impressionnerez pas avec des insultes.
- Barrez-lui le passage, Teg !
- Euh… Oui, Capitaine, peu convaincu par l'efficacité de la manœuvre, vu la différence de taille entre les deux vaisseaux, mais obéissant.
- La nuée nous passe au travers, informa Nikita. Je détecte des ruptures du continuum espace-temps. Nos moteurs ne vont pas apprécier.
Et en effet, à peine quelques instant plus tard, un message inquiétant arrivait de la salle des machines.
- Capitaine, informa le chef Salsa, les ruptures spatio-temporels endommagent le champ de confinement de l'antimatière et les cristaux de dilithium. J'ai du éjecter le noyau de distorsion pour éviter l'explosion. Nous n'avons plus de distorsion et seulement 20% de l'impulsion.
- Diantre ! lâcha Milvus en cognant l'accoudoir de son fauteuil. Schrödinger va atteindre la Terre avant nous ! Et qui sait ce qu'il veut y faire…
- Nous le poursuivons à vitesse maximale. Néanmoins, il va arriver en orbite vingt minutes avant nous.
Et les ChouChouLandais assistèrent impuissants à la mise en orbite des restes de l'USS Straton, et du lancement d'un petit vaisseau dans l'atmosphère.
Dès que l'USS Chouchou fut posté en orbite, l'équipage découvrit la nature du "petit vaisseau".
- On dirait une sorte de robot géant… Il se dirige sur Paris.
- Un mécha ? demanda ChouChouBoy, sceptique.
- C'est une Evangelion ! fit Miles Teg, sidéré.
- Vrai ? fit Milvus, l'œil brillant.
- Oui…
- Markus, vous avez le commandement. Je pars combattre Schrödinger.
- Quoi ?! fit ChouChouBoy. De quel droit ?
- Faut bien que j'essaie mon Guymelef, répondit-il en disparaissant dans le turbo-ascenseur.
Et quelques minutes après, Milvus était dans son mécha géant, en route pour Paris. Ce dernier avait pris sa forme d'oiseau de proie et filait à Mach 3 vers la capitale de la France.
- Capitaine, il file sur Jussieu, fit Markus dans son comlink. Aurait-il pactisé avec Satan ?
Et en effet, la question méritait d'être posé. Depuis que la Fac la plus laide du monde s'était mystérieusement relevée de ses cendres, des milliers d'enquêteurs avaient étés envoyés pour savoir si Satan est derrière ce phénomène. Mais aucun n'avait pu découvrir si Satan était revenu des morts, où si un quelconque héritier était apparu. Pas une seule trace de labo suspecte n'avait été découverte (en tout cas pas en rapport avec Satan). La vérité allait enfin éclater….
Lorsque Majipoor toucha le sol de Paris, l'Eva de Schrödinger était Quai St Bernard, en train de s'avancer vers Jussieu, en écrasant au passage les sculptures d'art moderne. Le Guymelef de Milvus atterrit entre lui et Jussieu, fracassant le sol en béton avec ses pieds en touchant le sol. Il s'interposa aussitôt, sa cape flottant au vent et brandissant son épée pour le faire reculer.
- Rends-toi, Ignoble ! ordonna-t-il.
Mais ce dernier ne fut nullement intimidé, et continua à avancer. Milvus, utilisant son épée comme une massue, lui assena un terrible coup sur la tête qui le fit tituber en arrière. L'Eva glissa sur les pavés mouillés et tomba dans la Seine, soulevant des gerbes d'eau. Vexé et cabossé, Schrödinger attrapa Majipoor par les pieds et, sans hésiter, il le projeta en l'air vers l'Ile St Louis.
- Meurt, incapable !
Dans un grand fracas de pierres brisées, le Guymelef de Milvus s'écrasa sur le Pont Sully, au sud de l'île. Schrödinger leva le bras de son Eva vers Milvus et lui décocha un missile qui le manqua de (très) peu. La station-service située là explosa, enflammant les immeubles et le parc voisin. Les pigeons et les moineaux, indignés par tout ce vacarme et cette destruction, s'envolèrent en paillant.
- Salaud ! On ne touche pas à Paris, tu va payer, ignoble mutant baveux qui pue des pieds !
Et Milvus, tout en criant ses injures pas très originales mais exactes, se mit à courir en direction de Schrödinger en faisant tournoyer son épée au-dessus de lui. L'Eva reçut un coup de plein fouet, mais ne s'écroula pas dans la Seine. En fait, l'épée lui était passé au travers comme si de rien n'était. Milvus, fut perplexe, mais pas pour longtemps.
- Il est celui qui est et qui n'est pas… Oh non ! Il peut contrôler son niveau d'existence.
- Tu ne peux pas me toucher, fit Schrödinger comme s'il lisait dans ses pensées. Je n'existe que lorsque c'est moi qui attaque.
L'Eva se pencha et le frappa de plein fouet dans le dos. Majipoor tomba à genoux sous le choc, soulevant des gerbes d'écume. Mais Milvus était un dur à cuire. Il se releva sans dire un mot, puis les deux mechas s'empoignèrent l'un l'autre, engagés dans une lutte de colosses au milieu des poissons. Finalement, Schrödinger cessa son existence, et Milvus, déséquilibré, plongea à la renverse. Schrödinger le saisit à deux mains, et le projeta vers le Canal. Milvus et son Guymelef furent projetés dans l'écluse qui formait l'entrée du Port de l'Arsenal. Coincé sous le ponts du métro et les voies sur berges, il était immobilisé pour un certain moment…
De son coté, Schrödinger ne perdit pas un instant. Il se fraya un chemin dans Jussieu, se dirigeant vraisemblablement vers un laboratoire précis. Il finit quand même par quitter son Eva pour entrer normalement dans un bâtiment. Mais un commando, composé de ChouChouBoy, Miles Teg, Bibi, THL 1138 et Tuor l'attendait déjà pour le stopper. Une fusillade éclata en plein dans les couloirs de la fac.
- Bandes d'imbéciles, vous ne pouvez m'atteindre, je n'existe pas.
Et faisant exploser les portes au passage, il continua sa progression, devant les ChouChouLandais impuissants qui lui courait après
- Pierre philosophale, je te tiens ! fit Schrödinger en faisant exploser la porte d'un laboratoire.
- De quel droit entrez-vous ici ? hurla le nain du proton en pointant un doigt accusateur sur l'intrus.
Et la douche de secours, situé au-dessus de la porte cracha des protons féroces qui tombèrent en une abondante cascade sur Schrödinger, ce qui ne lui fit ni chaud ni froid.
- Il va en falloir plus pou r me stopper, Doc… déclara-t-il en décochant son plus beau sourire.
- Avale-moi donc cet attracteur inductif frénétique cria le prof en sortant un impressionnant canon portatif antichar "modifié"
- Miam… Délicieux… fit Schrödinger en avalant l'attracteur tout cru.
- Je vais te flinguer, espèce d'ylure, la pierre est à moi.
- Mais bien sur, fit Schrödinger en balançant le chimiste un peu fou, mais génial, par la fenêtre.
Puis il ouvrit un placard, et en sortit une fiole au fond de laquelle se trouvait un petit caillou plutôt laid.
- Ah… Quel bonheur de te voir. La Pierre. Enfin… Nous allons pouvoir redevenir nous-mêmes.
Au-dessous de la fenêtre, quelques étages plus bas, le prof à moitié mort continuait à protester.
- Mon trésor, il m'a volé mon beau trésor…
Mais, sans que quiconque puisse s'interposer, le terrible monstre prit la pierre et quitta la fac, non sans prendre la précaution de faire s'écrouler un plafond amianté sur les ChouChouLandais pour qu'il ne puisse pas le suivre.
Quelques heures après, ChouChouBoy émergeait des débris, accompagné du reste du commando. D'une voix un peu pâteuse, et en crachant des morceaux de plâtre, il ordonna :
- USS Chouchou, cinq téléportations !
Et à bord du vaisseau, il retrouvèrent le reste de l'équipage, plutôt affolé.
- Il a kidnappé Oona, hurla Chen Li en attrapant ChouChouBoy par son uniforme jusqu'à ce qu'il soit bleu, étranglé par son col.
- Du calme, du calme, fit-il quand il eut repris son souffle. Où est Milvus ?
- Toujours coincé dans son Guymelef, expliqua Markus. Salsa est en train d'essayer de le désincarcérer en découpant le mécha et le pont des voies sur berge.
- Et Schrödinger ?
- Nos senseurs, aussi perfectionné qu'ils soient, ne peuvent détecter quelqu'un qui n'existe pas.
- Cherchez Oona alors…
- Ah… Bonne idée fit Nikita. Essayons ça. Latitude : 48° 51' 34'' N. Longitude : 2° 17' 37'' E. Altitude : 320 m au-dessus du niveau du sol. Ca alors ! Elle est au sommet de la Tour Eiffel !
- Que diable fait-elle là ? Et Pourquoi donc capturer Oona, d'ailleurs ?
- Schrödinger doit sûrement vouloir effectuer un rituel, fit Homère.
- Comment le savez-vous ? demanda ChouChouBoy.
- L'altitude est favorable aux rituels. Je ne vois pas d'autre raison d'aller se promener là-haut. Et Oona est le seul être pur du ChouChouLand. Ce qui indique également fortement un quelconque rituel maléfique. Il veut probablement redevenir comme avant.
- Très bien. Téléportez-nous là bas.
- Impossible, il a mis des brouilleurs dans la tour. Je ne peux que vous téléportez en bas.
- Contrariant…Tant pis. Nous devons arrêter Schrödinger. Il a la pierre philosophale, il va pouvoir se séparer.
- Il a la Pierre Philosophale ? répéta Markus. Oh non !
- Quoi ? Qui y a-t-il ?
- Pour que Tapadamis et Marcie Ross redeviennent eux-mêmes, il suffisait d'un être pur et de deux où trois babioles aisées à obtenir.
- Mais alors, pourquoi veut-il la pierre ?
- Pour garder ses pouvoirs !
La nouvelle jeta un froid parmi les ChouChouLandais. Si Tapadamis et Marcie Ross gardait de tels pouvoirs une fois la fusion annulée, qui sait ce qui pouvait se passer ? Cependant ChouChouBoy prit les devants.
- Markus, THL 1138, Homère. Vous allez nous couvrir avec le vaisseau en occultation. Les autres, vous mettez vos armures de combat, et on y va !
La nuit tombait lentement, et sous la lumière déclinante du crépuscule, le Champ de Mars était désert, comme si les touristes avaient pressentis que la Tour serait dangereuse pour eux ce soir-là. Haute, solitaire et métallique, elle se dressait devant les ChouChouLandais comme un monolithe arrogant et imprenable.
- On va devoir monter tout ça ? fit Bibi, vert de fatigue anticipée.
- A pied, fit ChouChouBoy en armant son protoplaseur surboosté.
- Ca ne va pas être de la tarte !
- Compagnie, en avant ! hurla ChouChouBoy.
Et tous commencèrent la lente ascension de la tour, marche après marche. Un orage était en train d'éclater, et très vite, ils durent faire attention à ne pas glisser et tomber sur ceux qui étaient derrière, au risque de déstabiliser toute la colonne.
- Les éclairs se multiplient, M. le Président, fit Nikita. Et ils semblent attirés par la masse métallique de la tour. Nous sommes peut être en train de tomber dans un piège. Cet orage ne m'a pas l'air naturel.
- Je sais, mais nous n'avons pas le choix. Il faut arrêter Schrödinger.
- Et sauver Oona, dit Chen Li d'une voix guerrière en prenant la tête de la colonne.
L'orage ne cessait de d'augmenter d'intensité, et bientôt, ce ne fut plus des marches glissantes, mais une véritable cascade d'eau qu'ils durent affronter.
- Passage en mode Amphibie ! ordonna le Président.
Chacun activa sa combinaison selon les ordres de ChouChouBoy, et aussitôt, une sorte de scaphandre les entoura pour les protéger et leur fournir de l'air au milieu de cette tempête. Mais à peine arrivaient-ils au premier étage que Schrödinger apparut.
- Insolents ! Comment osez-vous interrompre mon rituel ?
Il flottait dans l'air, apparemment par magie, au milieu de la tour, entre les quatre piliers, entre le premier et le second étage.
- Subissez mon courroux ! hurla-t-il.
Tout en déclamant ceci, des éclairs bleus partirent de ses doigts pour frapper les ChouChouLandais. Bibi fut frappé de plein fouet et se mit à dégager la subtile odeur d'une saucisse trop cuite. Il tomba en arrière, entraînant Tuor et Miles Teg dans sa chute. Les trois compères dévalèrent les escaliers d'un seul trait, ne s'arrêtant que tout en bas de la tour. Ils finirent leur course dans la baraque de vente, cognant contre la machine à tickets. Grâce à leur armure, ils n'avaient même pas un bleu (sauf Bibi qui était noir comme du charbon), mais la machine les acheva en les noyant sous une mer de tickets vierges.
Au même moment, a bord de l'USS Chouchou, Markus était en train d'assommer THL 1138 avec des insultes wazzapatistes toutes plus vertes les unes que les autres.
- Espèce de George Bush ! Même pas capable de passer outre une petite pluie pour qu'on voie quelque-chose !
- Commander, vous exagérez ! C'est tout sauf une "petite pluie" C'est la plus forte tempête que la France ait connue depuis l'ère tertiaire ! Mon avis que c'est pas naturel !
- Veux pas le savoir ! Que dirai ChouChouBoy si je plantais le vaisseau dans la tour ?
- Je vous rappelle que c'est le Capitaine Milvus, votre supérieur direct.
- Me parle pas de ce Capitaine d'opérette ! S'il croie qu'il va récupérer son fauteuil après ça, il se fourre le doigt dans l'œil jusqu'à l'ongle du petit orteil ! A bas les marsus noirs !
- Mais oui, mais oui, fit THL 1138, habitué à ce discours mégalomane qui réapparaissait chaque fois que Milvus lui confiait le commandement du vaisseau.
- Le droit ou le gauche ? fit la voix de Homère dans l'intercom.
- Kwwaaa ? fit Markus, interrompu dans son délire.
- L'ongle du petit orteil. Le droit ou le gauche ?
- On s'en fout, Bones ! Tout d'abord, de quel droit écoutez-vous la passerelle ? Occupez-vous de vos oignons !
- Désole, Commander, mais je soigne des patients, pas des oignons !
- VOUS VOUS FOUTEZ DE MA GUEULE OU QUOI ? cria Markus dans l'intercom en tapant dessus jusqu'à ce qu'il soit pulvérisé. Et vous, d'abord, passez-moi ces foutues commandes, incapable, fit-il à THL 1138.
- Non, Commander, vous allez tous nous tuer !
Cependant, au premier étage, ChouChouBoy et Chen Li essayaient de passer en force vers le second étage tandis que Nikita les couvrait en tirant sans relâche sur Schrödinger. Mais cela ne lui faisait ni chaud ni froid et il se contenta de ricaner en s'approchant lentement de l'exobiologiste et de le saisir par les épaules en lui broyant les clavicules. Nikita hurla de douleur tandis que Schrödinger le poussait vers la rambarde. Puis l'horrible créature le jeta dans le vide et il cria de désespoir devant la mort certaine. Mais ce répit avait permis à ChouChouBoy et Chen Li d'atteindre le second étage. Essoufflés, ils arrivèrent sur la plate-forme battue par la pluie pour voir que Schrödinger les avaient précédés. Le désespoir envahit alors leurs cœurs.
- Vous êtes fichus. Rendez-vous !
- Jamais, cria Chen Li en arrosant Schrödinger d'une rafale de canon à proton.
Mais ce dernier n'existait pas quand les rafales traversaient l'espace où il se trouvait quand il était vivant. Ce qui fait qu'il était indemne grâce à ses morts répétés… Il projeta ses rayons sur le couple présidentiel, qui tomba à terre sous le coup de la douleur insoutenable.
- Je vais vous faire mourir à petit feu !
Maintenant, c'était au tour de THL 1138 d'engueuler Markus.
- Imbécile ! Vous nous avez fait échouer dans la Seine ! On a pas l'air malin ! Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? Se battre contre les poissons ?
- De quel droit parlez-vous ainsi ? Je suis votre supérieur !
- Pas du tout ! Je suis un mercenaire, et j'en ai ras le bol ! Je me casse !
- Quoi ? Mais c'est pas possible !
- Et si ! La seule manière de me retenir serait de tripler mes honoraires !
A ce moment, la porte du turbo-ascenseur s'ouvrit en une créature de cauchemar en sortit, toutes dents et griffes dehors. Markus et THL 1138 se figèrent d'horreur.
- Le premier qui fait pas son job normalement aura affaire à mon Médor, fit Homère en prenant une voix grave et menaçante. Alors stoppez vos querelles de bonnes femmes et remettez-vous au travail sérieusement !
Et sans délai, THL 1138 et Markus sautèrent sur leur console respective, sans dire un mot, pour reprendre le boulot.
Et à ce moment précis, où Schrödinger se croyait vainqueur, un incroyable fracas accompagné d'un vacarme monstrueux projeta Schrödinger contre les poutrelles de la tour. En conséquence, il fut électrocuté par ses propres éclairs (ca faisait court-circuit, forcément…). Il disparut dans un nuage de fumée noire pour réapparaître un peu plus tard, ressuscité, mais fort fâché de cette mort involontaire.
- Qui a osé me tuer ? cria-t-il dans la direction du vacarme.
Mais à cause de l'orage toujours aussi intense, il ne voyait rien du tout. Il s'avança à tâtons vers la rambarde et tomba nez à nez avec un gros machin en métal.
- C'est quoi ce truc ?
- C'est Majipoor, imbécile heureux !
- Milvus ? Oh merde, je pensais pas que tu arriverais à te décoincer de l'écluse aussi vite…
- Je ne manque jamais de ressources pour te combattre, Ignoble !
Salsa descendit de la main de Majipoor, brandissant un énorme scintilleur bizarrement bricolé.
- Prends ça dans les gencives, Schrödinger, fit Salsa en ouvrant le feu sur lui.
Il fut atteint de plein fouet et se tordit de douleur. Salsa décocha un sourire triomphant à ChouChouBoy qui le regardait incrédule.
- Comment as-tu réussi à faire une arme qui puisse l'atteindre ?
- Très simple, j'ai bricolé ce scintilleur pour que les particules ne scintillent pas d'un plan quantique à l'autre, mais aussi d'un niveau d'existence à l'autre. De la sorte, le rayonnement est synchronisé avec les fluctuations quantiques de Schrödinger. Mais le plus dur était de recalibrer le compensateur d'entropie pour que…
- OK, OK ! Pas la peine de tout m'expliquer ? Couvre-nous, on monte sauver Oona, fit ChouChouBoy en montant dans la main de Majipoor avec Chen Li.
- A vos ordres, M. le Président, fit Salsa en tirant de plus belle sur l'Ignoble avec ce tout nouveau scintilleur heuristique…
Majipoor grimpait rapidement vers le troisième étage. Mais à mi-chemin, on entendit un bruit répugnant et ils virent le corps disloqué de Salsa en train de s'envoler vers les étoiles.
- Oh non ! fit Milvus, Schrödinger a trouvé une parade au scintilleur heuristique.
- Et en plus, il a envoyé son corps en orbite ! fit Chen Li.
- T'inquiète pas, petite puce, fit ChouChouBoy, on le vengera !
Mais pour le moment, le plus inquiétant était Schrödinger qui se dressait devant eux, flottant à un mètre de la tour. Ses vêtements en lambeaux formaient un halo autour de lui et ses yeux rouges brillaient comme deux braises brûlantes dans la nuit. ChouChouBoy et Chen Li sautèrent vers le troisième étage tandis que Milvus retournait son Guymelef contre la créature.
- Tu ne me fais pas peur, Milvus ! Ton Guymelef va finir à la ferraille.
Et joignant le geste à la parole, il cracha du feu sur Majipoor, qui fut projeté en arrière. Sans point d'appui, il bascula dans le vide et glissa contre la tour jusqu'au sol. Le problème, c'est qu'avec la tempête, le niveau de l'eau était monté, et Milvus commença à paniquer en voyant les flots envahir son cockpit…
Pendant ce temps, Chen Li et ChouChouBoy n'avait pas perdu de temps et avaient détaché Oona de l'antenne de télévision où elle était ligotée comme un saucisson. Mais déjà Schrödinger en avait fini avec Milvus et pointait ses éclairs bleus sur les deux derniers ChouChouLandais. Ils furent projetés contre une poutrelle métallique de la tour. L'Ignoble les y ligota en faisant fondre le métal autour de leurs bras. Ils se retrouvèrent donc impuissants devant un Schrödinger triomphant qui vint les narguer.
- Alors ChouChouBoy, tu ne t'attendais pas à ça. Hein ?
- Va bouffer des crottes de ténia dans une mare à grenouilles, Ignoble !
- Non… Cette fois-ci, c'est moi qui mène la danse. Dans quelques instants, un éclair va frapper la Tour. Une fois amplifié par la Pierre, et avec ce dingue de chien comme catalyseur, je redeviendrais humain tout en gardant mes pouvoirs. Pourquoi n'avoir que le beurre quand on peut avoir aussi l'argent du beurre ? Vous allez assister à mon triomphe en agonisant !
Et mettant à exécution son plan, il projeta de terribles éclairs sur ChouChouBoy et Chen Li qui hurlèrent de douleur.
- Unis dans la vie, unis dans la mort… déclama Schrödinger, les yeux exorbités de bonheur, presque pendant en dehors de leurs orbites.
L'éclair annoncé frappa le sommet de la tour, voyagea vers la Pierre qui emmagasina alors une quantité sans cesse croissante d'énergie. Schrödinger la prit dans ses mains, prêt à absorber son pouvoir. Il jubilait, voyant déjà la Nouvelle Ere s'annoncer. Mais il avait oublié quelque chose. Oona était détachée…
Le féroce Bleu d'Auvergne lui mordit le pied, le lui arrachant par la même occasion pour le manger. En effet, Oona n'attaquait nullement Schrödinger pour protéger Chen Li, où par patriotisme, mais tout simplement parce qu'elle avait un petit creux…
- Saleté de bestiole, elle m'a bouffé le pied ! fit il en sautant à cloche-pied.
Il voulut plaquer Oona au sol, mais on ne l'arrêtait pas ainsi. Elle lui sauta dessus, le précipitant à terre pour s'en prendre à son appendice nasal, cette fois-ci. Oona donnait de féroces coups de dents partout dans le visage de Schrödinger, mangeant de bon appétit. Sous la douleur, il lâcha la Pierre, qui roula au bord de la plate-forme et disparu dans le vide.
- Nooooooooooooonnnnn ! hurla-t-il de désespoir.
Mais ses multiples rebonds contre les poutrelles de la tour, amplifiées par l'écho, furent nettement audibles des kilomètres à la ronde. Puis la Pierre explosa, libérant tout son pouvoir sur la Tour. La vague d'énergie sans commune mesure se développa dans la tour pour se propager jusqu'au dernier étage, absorbant tout sur son passage…
µ Lorsque ChouChouBoy se réveilla, il vit qu'il était à bord de l'USS Chouchou, dans l'infirmerie. La plupart des membres de l'équipage, y était d'ailleurs.
- Que s'est-il passé ? demanda-t-il à Homère en se relevant.
- Il se passe que j'ai beaucoup de boulot. Bibi, Nikita, Milvus et Salsa sont dans un état critique, et les autres ne vont pas beaucoup mieux. Chen Li se remet de l'aventure. Il n'y a guère que moi, Markus et THL 1138 pour être en forme.
- Et Schrödinger ?
- Il a cessé d'exister, fit Markus en entrant dans la pièce. Nous avons retrouvé Tapadamis en haut de la Tour Eiffel, en pleine forme. En revanche, pas de trace de Marcie Ross. Nous la cherchons activement en ce moment même.
- A-t-il gardé ces pouvoirs ?
- Heureusement non, il n'en avait aucune chance. Sans Oona pour catalyser le rituel, il a échoué. La vague d'énergie n'a heureusement pas eu d'autre effet que de séparer les deux Invisibles et de transformer la Tour Eiffel en or.
- Quoi ? Mais ca va être voyant !
- En effet, mais par chance, ce n'était que temporaire. Le pire, c'est que l'or étant plus mou que le fer, la Tour se serait affaissée, ce qui n'aurait pas été génial. Nous avons évité une catastrophe.
- Parfait. Permission de quitter l'infirmerie, Bones ?
- Avec plaisir, répondit Homère. Au moins un de mes patients qui guérit vite.
ChouChouBoy quitta l'infirmerie pour la passerelle, où il retrouva sa chère Chen Li. Virant Markus du fauteuil de commandement ("meweuyeugneugneu"), il s'apprêta à diriger les recherches.
- Pas la peine de rouspéter fit-il à Markus. Ou alors peut-être vous désirez m'expliquer pourquoi vous n'avez rien fichu pour nous aider.
- Non M. le Président. Oui M. le Président.
ChouChouBoy sourit, puis il se tourna vers Tuor, couvert de bleus comme Miles Teg, mais qui remplaçait Nikita au poste des senseurs.
- Des nouvelles de Marcie Ross ?
- Aucune. Elle semble s'être évaporée.
- Evidemment… Il ne faut pas oublier que c'est une invisible.
- A mon avis, fit Markus, nous ne pouvons rien faire actuellement. Il faut attendre qu'elle se dévoile en agissant. Evidemment, nous pourrons forcer le destin.
- En effet, ca me semble la seule option. Cap sur ChouChouCity, Teg ! Nous avons un prisonnier à mettre en prison.
Mais Marcie Ross ne se manifesta que plus de deux semaines plus tard. L'annonce de cet événement fut un véritable coup de tonnerre dans le landernau ChouChouLandais.
- M. le Président ! M. le Président ! C'est l'attaque des clones !
- Oui, on sait, répondit Tuor au Silencieux qui venait de crier ainsi. Ca fait plus d'un mois qu'ils ont annoncé le titre de l'Episode II !
- Mais non, vous ne me comprenez pas ! C'est une vraie attaque de clones !
- Vous délirez ?
- Absolument pas, M. le Président.
- Alerte Rouge dans ce cas. Réunion au PC de crise.
Et quelques minutes plus tard, l'ensemble de l'Etat-major ChouChouLandais se réunissait dans la grande salle panoramique au sommet de la tour Kenshin du Palais du Chouchou. Bibi ressemblait encore un peu à une momie, Nikita portait encore quelques implants ressoudeurs d'os et Salsa se remettait de sa mise en orbite. Mais tous les autres étaient en pleine forme.
- Quel est la nature de ses clones, Bones ? demanda Markus.
- Ce sont des clones de qualité plutôt supérieure, ce qui nous change de ce que Tapadamis nous envoie. En aucun cas ce ne sont des clones d'un Pov'Gars-Landais connu. Il semblerait qu'ils aient cloné de parfaits inconnus. Ce qui n'est pas con. L'invasion est ainsi beaucoup plus discrète.
- En effet. A votre avis, qui est à l'origine de ces clones ?
- A l'heure actuelle, répondit Milvus, nous ne connaissons plusieurs personnes en liberté qui maîtrisent cette technique : Le Nain du Proton, Satan, Marcie Ross et Vigo. Sans compter les dieux, bien entendu.
- Je pense que le suspect numéro un est une suspecte, expliqua THL 1138. Le Nain du Proton est occupé à refaire la Pierre Philosophale, Satan est mort jusqu'à nouvelle information, et Vigo n'aurait pu arriver ici sans qu'on le remarque. Quant aux dieux, ca ne leur ressemble vraiment pas. Seul Marcie peut agir au cœur du ChouChouLand sans être remarqué.
- Je vois, il faut donc trouver la base d'où elle produit les clones. Les traquer et les détruire, comme le font actuellement nos fidèles Silencieux, ne servira à rien si on ne tarit pas la source.
- Oui, M. Le Président. Mais cela fait plus de deux semaines que Marcie échappe à nos investigations. Comment la retrouver ?
- Justement, fit Milvus. A ce propos, je pense que nous devons encore interroger Tapadamis. Je suis sur qu'il sait où se trouve sa catin.
- Ca c'est vous qui le dites, rétorqua Markus. Aucun interrogatoire n'a permis d'obtenir la moindre information de l'Ignoble.
- C'est ce que nous verrons...
La Prison Nationale du Ching-Ching était un sinistre bâtiment solitaire et grisâtre qui se dressait à quelque distance de la capitale. Tapadamis fut emmené dans la salle d'interrogatoire, solidement entravé et avec un masque en métal sur le visage. Une simple fente barrée de fil de fer lui permettait de respirer.
- Ne peut-on pas le traiter de façon un peu plus humaine ? demanda Chen Li, frissonnant devant ce triste spectacle.
- Il a déjà mordu ou tenté de mordre trois fois ses gardiens, répondit un Silencieux. Nous ne pouvons plus nous permettre d'être généreux avec lui.
- Il faut le comprendre, répondit sarcastiquement Markus. Il a encore échoué, alors qu'il avait des pouvoirs au-delà de toute imagination. Il n'est pas près de gagner, et le Pov'Gars-Land n'est pas près de voir les Forces ChouChouLandaises d'Occupation battre en retraité.
Miles Teg s'approcha du Pov'Gars et dit :
- Je crois que c'est le moment de tester les petites sondes préparées par les bons soins du Dr de Mont-Saque. Mais tout d'abord, un petit test pour voir s'il a absorbé du shere.
Homère commença à lui planter joyeusement sondes, perfusions, électrodes et même seringues aux quatre coins de son anatomie. Puis il brancha ses appareils. Aussitôt, les écrans commencèrent à diffuser des graphiques psychédéliques et les imprimantes à débiter des kilomètres de graphes et d'analyse. Tapadamis hurlait de douleur tandis que le médecin examinant ses données en poussant de vagues grognements approbatifs ou non.
- Ca vous plaît, hein, Doc, de me torturer ? fit Tapadamis ne grimaçant.
- Oui bien sur, répondit Homère en roulant des yeux injectés de sang.
Mais cette dernière réponse n'était que ce que Tapadamis avait envie d'entendre. En fait, Homère était trop absorbé pour remarquer la question de l'Ignoble. De toute façon, c'était de la comédie : toutes les expériences de ce bon vieux Docteur étaient indolores.
- Alors, Bones, demanda Markus inquiet quand Homère en eut fini.
- Il a absorbé du shere, mais seulement la vielle version 3.11, aisément contournable. Vous allez pouvoir procéder.
- Avec joie, fit Markus en retroussant ces manches.
Mais à ce moment-là, Tapadamis arracha brusquement ses entrailles (pardon, ces entraves) et ses appareils, projetant une seringue pleine de tranquillisant dans le front de Homère, qui s'effondra raide, sous le choc de l'impact et du produit. Puis il bondit souplement au-dessus de Markus et des autres ChouChouLandais pour sauter par la fenêtre. Il atterrit alors dans le jardin d'où il piqua un sprint vers la sortie.
Tapadamis se précipita dans la cour de la prison où il vola le premier véhicule qu'il vit : un Scenic RX4. Le propriétaire, un riche boucher ChouChouLandais qui venait rendre visite à son beau-frère emprisonné pour fraude fiscale, était en train de donner ces recommandations aux Silencieux de service :
- C'est comme une Rolls-Royce ! Je ne veux pas une seule trace, rayure ou éraflure ou je vous fais renvoyer.
Tapadamis sauta au volant et démarra en trombe, laissant le boucher tout pantois.
- Hey !
Déjà, une demi-douzaine de voitures se précipitait à sa poursuite, leurs sirènes hurlantes. Au même moment, Markus sortait du bâtiment, et se dirigea vers un coupé 406 qu'il réquisitionna en criant :
- Service du gouvernement !
Loin devant, Tapadamis fonçait dans une ruelle en écrasant au passage tout l'étalage d'un marchand de némathelminthes. Puis il vit qu'il allait déboucher sur un boulevard et cria :
- Attention !
Ce qui n'empêcha pas le taxi de ne rien entendre et de se faire emboutir de plein fouet sous l'œil ébahi de deux chanteurs de rue qui regardèrent, bouche bée, passer le Scenic, la police et le coupé 406. Police qui d'ailleurs s'arrêta malgré elle au niveau du taxi déjà mal en point dans un monstrueux vacarme de tôles froissées. Cependant, ChouChouBoy, installé dans une des voitures de police, donnait ses ordres à la radio en fulminant.
- C'est un RX4 noir, un véhicule de l'armée qui est vendu aux particuliers. Il va vers la rue du CoinCoinLand. Vitesse environ 110 km.h-1.
A cet endroit précis, les véhicules franchirent un sommet de cote, et aussi bien le RX4 que les voitures de police bondirent dans les airs pour retomber dans un gémissement d'amortisseurs maltraités.
- Poussez-vous ! criait Tapadamis aux passants.
- Tout le monde sur ce fumier, criait ChouChouBoy dans sa radio. Refermez le filet !
Mais Tapadamis échappa au filet en broyant quelques voitures au passage. La police et le coupé 406 de Markus durent continuer à poursuivre le RX4. Car ce dernier continuait à foncer à toute allure dans les rues de ChouChou-City. Il bouscula un camion qui transportait du vinaigre de cercaire, et un flot de bonbonnes de vinaigre se déversèrent dans la rue, roulant en tout sens et atterrissant jusque sur les capots des voitures des poursuivants. Markus, excédé, actionna les essuie-glaces pour nettoyer son pare-brise et voir où il allait. ChouChouBoy, lui, expliquait ce qui se passait à ses Silencieux :
- Il fonce dans tout ce qu'il voit, il cherche à nous barrer la route.
Et en effet, Tapadamis ne reculait devant rien : il fonça dans deux voitures (dont une Smart) qui explosèrent sous l'impact, créant de gigantesques flammes au milieu de la rue. Sous le choc, un poteau s'effondra sur la chaussée, bloquant les policiers. Mais une voiture ne put s'arrêter, fit un tonneau et bloqua définitivement la rue. Mais les autres ne s'en aperçurent que lorsqu'ils se retrouvèrent coincé dans un gigantesque carambolage comprenant toutes les voitures de police… Tapadamis se retourna en éclatant de rire.
- J'espère que vous êtes assurés, fit-il en voyant tous ses poursuivants bloqués.
Tous ? Non… Markus, voyant la rue bloquée devant lui, tourna à droite dans un entrepôt. Mais il s'aperçut que ce dernier n'avait pas de sortie.
- Et pourquoi j'y arriverai pas ? fit-il.
Et sans ralentir, il fonça au travers d'une verrière qui fut entièrement pulvérisée sous le choc. Et le revoilà dans la chaleur des rues de ChouChou-City, triomphant :
- Cette fois, je t'aurais !
Mais Tapadamis était arrivait dans une grande artère et il zigzaguait en passant entre les voitures. Soudain, une sonnerie de téléphone retentit dans le RX4. Tapadamis, étonné, cherche à droite et à gauche, et fit par trouver le combiné pour décrocher
- Vous m'avez volé mon RX4, fit la voix du boucher.
- Vous faites pas de soucis, je vous le rendrais, répondit Tapadamis, sans sourciller.
Et à force de ne pas regarder où il allait, il traversa une montagne de détritus, Markus toujours collé derrière lui. Mais Tapadamis était en train de téléphoner.
- Les renseignements ? A ChouChou-City, l'adresse de Caro Merises, ca s'écrit…
Cependant, non loin de là, le tramway touristique passait, et son conducteur, un géant bardé de médaille, commençait son discours pour les touristes.
- Bienvenue à bord, les amis. Comment ça va la vie ?
A bord du RX4, Tapadamis vit juste à temps la vieille dame qui commençait à traverser.
- Ne quittez pas, fit-il en faisant un détour brusque.
Détour qui lui fit percuter le tramway. Tramway qui partit à la dérive, incontrôlable et perdant des passagers.
- Et merde… fit le conducteur.
Devant, Tapadamis klaxonnait. Derrière, Markus ne savait plus où passer.
- Oh non !
Pas sur le trottoir, pas à droite, il y avait des gens sur la chaussée. Sa 406 tournoya, mais il arriva à la faire passer à gauche du tramway. A bord du tramway, le conducteur désespérait.
- On va s'écraser… Ô mon bijou adoré.
Et pour couronner le tout, un groupe de handicapés était en train de traverser la rue en fauteuil roulant tandis que leur leader leur disait :
- Allez, poussez, les gars.
- Faites gaffe ! cria Markus en les voyant.
Et pour les éviter, il monta sur le trottoir, chopant les parcmètres les uns après les autres. Ils explosèrent en éparpillant les pièces de BlaghPourrhi à l'effigie de ChouChouBoy qu'ils contenaient. Puis Markus finit sa course folle dans un dérapage plus ou moins contrôlé qui déclencha l'airbag. En même temps, le tramway, heureusement vide maintenant, explosait en finissant sa course dans une file de voiture qui s'embrasa. La force de l'explosion fut telle que le tramway s'envola au milieu de la rue. Puis, logiquement, il retomba, et se mit à glisser vers le coupé 406 de Markus. Ce dernier, sidéré par l'explosion, mit un temps à sortir, mais ne le fit pas moins rapidement. Et heureusement, car le tramway percuta le coupé 406 de plein fouet, tordant le capot et broyant la carrosserie. La voiture, prise en sandwich lorsque l'arrière toucha d'autres voitures, fut réduite en un tas de ferraille à peine reconnaissable.
Markus, indemne et incrédule, regardait l'ampleur du désastre, lorsqu'un type l'aborda en lui disant :
- Hé, mec, elle a vachement morflé, ta 406 coupé !
- Elle est pas à moi, répliqua Markus avec un air de gosse triomphant.
Le type en éclata de rire, mais pas longtemps car Markus ajouta, en lui piquant sa moto :
- Et ca non plus !
- Hé, ma bécane, protesta bien inutilement le type en voyant Markus disparaître au loin.
De son coté, le conducteur de tramway contemplait son "bijou adoré" transformé en un tas de ferraille carbonisé.
- Merde, c'est une honte, fit-il, pleurnichant presque. Où il est ce salopard ? Je le chercherai, je le trouverai. Nulle part il sera à l'abri.
De son coté, Markus, juché sur sa moto, continuait à chercher une trace de l'ignoble, mais il semblait s'être évaporé avec le RX4 volé. Il songeait que toute cette course poursuite lui rappelait quelque chose, un film peut-être, mais tout à coup, une grande ombre le survola pour atterrir devant lui.
- Kek'tum'veux, toi avec ton tas de ferraille ? fit-il en grognant.
- Inutile de continuer la poursuite, expliqua Milvus en descendant de son Guymelef. Nous savons maintenant où est le repaire de Marcie. Mon plan a marché.
- Ton QUOI ?
- L'évasion de Tapadamis. Tu n'as tout de même pas cru que la fenêtre de la salle d'interrogatoire était dépourvue de barreaux par négligence ? Tout était prévu d'avance. Avant même la fin de son évasion, il s'est empressé d'obtenir l'adresse de Caro Merises.
- Tu n'aurait pas pu me prévenir, espèce de cercaire ? gueula Markus. Et qui est cette Caro Merises ?
- Je n'ai prévenu personne pour faire plus vrai. Et pour ta gouverne, Caro Merises est l'anagramme de Marcie Ross.
- Rhhhaaaaa ! Je vais l'étrangler avec sa queue de dix mètres de long, ce marsu noir ! Reste ici que je me défoule.
- Ca ne vas pas bien, Commander Markus ? Du surmenage ? Vous voulez peut être que je vous donne des vacances ?
Et Markus essaya d'attraper Markus, mais ce dernier remonta dans son Guymelef et attrapa son agresseur par la peau du cou pour le ramener en volant au palais. A l'arrivée, le pauvre Markus était vert, mais répondit courageusement :
- Même pô peur !
A ce moment, ChouChouBoy arriva pour engueuler Milvus.
- Qu'est-ce que c'est que ces conneries, Milvus ? Vous organisez toute une opération ultra-secrète dont dépend l'avenir du Chouchou sans me prévenir ?
- Pour le bien du pays, M. le Président.
- Vous vous foutez de ma gueule ? Jusqu'à la fin de tout ce souk, vous êtes rétrogradé au rang de Commander et le Capitaine Markus prend le commandement de l'USS Chouchou. Vous serez son second. Quant à votre Guymelef, il vous est également confisqué, et je charge Tuor de l'utiliser pour combattre le Pov'Gars !
- Ah bon ?
- Oui ! C'est clair ?
- Oui, M. le Président ! Bien M. le Président !
- Bon, et maintenant, on file attaquer le repère de Marcie Ross.
Le repère de Marcie Ross était un vieil entrepôt abandonné situé dans un faubourg de ChouChou-City. ChouChouBoy ordonna au Silencieux de se disposer autour de la lugubre bâtisse pour intercepter toute évasion, puis se tourna vers Bibi.
- Feu !
Et Bibi tira, utilisant son bazooka pour pulvériser la porte d'entrée. Les ChouChouLandais se précipitèrent à l'intérieur avant même que la fumée ne se dissipe. Markus était au premier rang, hurlant son cri de guerre wazzapatiste :
- Kotogotogog !
Aussitôt entrés, le sol se déroba sous leurs pieds. Sans prévenir, ils firent tous une chute de plusieurs étages sans même un matelas pour l'amortir. Des Tapadamisards leur y confisquèrent leurs armes, ligotèrent Médor, puis les réveillèrent à coup d'électricité. Se relevant douloureusement, mais rapidement, ils se tournèrent vers le haut de la fosse, et y virent un spectacle édifiant.
- Ha ha ha ha ha ! Je savais bien que je finirai par vous avoir. Regarde, ma tendre et douce… Ils sont fichus !
C'était Tapadamis et Marcie Ross, superbement installés dans deux énormes trônes, contemplant avec délectation la déconfiture de leurs ennemis. Au-dessus de la fosse se dressait un superbe hologramme tactique du secteur de Sirius. On y voyait très nettement que les deux Invisibles projetaient de prendre le contrôle de l'humanité dispersée.
- Tapadamis, rends-toi, fit ChouChouBoy. L'immeuble est cerné.
- Peu importe répondit Marcie. Mes légions de clones battront aisément ces pitoyables Silencieux. En attendant, moi et mon fidèle consort désirons nous amuser. Viens par ici, toi !
Et sous l'œil horrifié de Bibi, le Pov'Gars attrapa THL 1138 par la peau du cou avec un crochet et le déposa devant lui.
- Regarde donc par-là, Mercenaire ! je t'ai préparé une petite surprise.
- Non ! C'est impossible ! fit THL 1138 en regardant là où L'Ignoble lui avait dit.
- Et si… Je te présente HTML 1138. Ton clone ! Et vous allez vous battre pour moi. Parce que tel est mon désir.
Mais un ChouChouLandais n'obéissait jamais à un Pov'Gars. THL 1138 se tourna vers l'Ignoble, et lui dit, sans sourciller, en le regardant droit dans les yeux.
- Hors de question. Je ne te ferai pas ce plaisir, Tapadamis.
- Alors tu vas mourir ! hurla HTML 1138 en se jetant sur l'original, armé d'une vibrolame.
THL 1138 fut bien obligé de se défendre et sortit sa propre vibrolame pour parer le coup. Son clone continua à lui infliger coup sur coup, attendant patiemment le moment ou il baisserait sa garde.
- Mais réplique, bon sang, hurla Bibi, fou de panique, qui essayait de sauter en dehors de la fosse pour aider THL 1138.
- Je ne peux tout de même pas me battre contre moi-même ! fit THL 1138.
- Ce n'est qu'un clone ! décréta ChouChouBoy. Il n'y a aucune différence avec un ennemi normal. Il veut te tuer, tue-le en premier !
THL 1138 commença alors à riposter, d'abord timidement, puis de plus en plus sérieusement, car HTML 1138 prenait une sorte de plaisir sadique à blesser THL 1138. Ce dernier était en effet couvert de zébrures de plus en plus nombreuses à l'endroit où la lame avait entaillé sa peau. Le sang commençait à couler, et il se battait maintenant avec une fureur dévastatrice. Les deux combattants enchaînaient les attaques, les parades et les feintes avec une sorte de frénésie diabolique. Tapadamis souriait de plus belle, éclatant d'un rire inhumain de triomphe. Quant à Marcie, elle semblait carrément s'envoyer en l'air devant ce spectacle. Dans leur fosse, les lions (pardon, les ChouChouLandais), était de plus en plus furieux, mais ils avaient étés désarmés et ne pouvaient grimper les parois de la fosse.
- Pourquoi veux-tu me tuer ? demanda THL 1138 à son clone. Nous sommes faits du même sang. N'écoute pas l'Ignoble qui te pousse à te battre contre toi-même.
Mais HTML 1138 semblait ne même pas écouter ce que lui disait son original. Un seul but pouvait se lire dans ses yeux : trucider THL 1138.
- Il ne t'écoutera pas, confirma Tapadamis. Je suis en quelque sorte son père, et il n'écoutera que moi.
Le combat devenait dramatique. A chaque instant, les deux combattants s'infligeaient des blessures de plus en plus grave, tout en commençant à détruire les objets autour d'eux.
- Oui ! C'est bien. Le gagnant de ce combat deviendra mon plus fidèle disciple, déclama Tapadamis. Laissez vous envahir par le coté obscur de la connerie !
THL 1138 se battait avec une rage totalement incontrôlée, et le clone avait de plus en plus de mal à contre les attaques. Avec un cri bestial, THL 1138 porta le coup décisif, qui fit s'envoler la vibrolame du clone au loin. Sous le choc, le clone s'effondra à terre, suivi de l'original qui lui tomba dessus.
- Je ne peux pas tuer mon clone, gémit THL 1138, a genoux près de son adversaire, sa vibrolame brandi à deux mains au-dessus de la copie.
- En effet, tu ne le peux pas, fit Tapadamis. Là est ton point faible et là est ta mort !
- Bien sur que si que tu le peux, intervint Miles Teg. Ce clone n'a pas de conscience ! Ce n'est qu'une extension du corps de l'Ignoble !
- Est-ce possible ? se demanda tout haut THL 1138 en observant Tapadamis.
- Tu ne le feras point, affirma calmement Tapadamis.
- Si, hurla THL 1138 en enfonçant sa vibrolame, tel un pieu, dans le front du clone.
Par le trou créé, une lumière aveuglante apparue, tandis que l'Ignoble hurlait de douleur :
- Nooooon !
THL 1138, le front en sueur, les yeux comme exorbité, se tourna vers Miles Teg.
- Tu avais raison, ce n'était pas vivant, ce que j'ai tué.
- Vous allez payer ! lâcha Tapadamis en se raccrochant au montant de son trône. Vous allez morfler. Marcie ! Lâche les autres clones !
Et devant les yeux effarés des ChouChouLandais, un véritable essaim de clones se déversa dans la pièce. Et pas n'importe quels clones : uniquement des clones de ChouChouLandais ! Et en plus, ils portaient exactement les mêmes vêtements !
- C'est horrible, fit ChouChouBoy. Comment allons-nous faire pour combattre les bons ?
- C'est impossible, fit Tapadamis en ricanant. Mon plan diabolique aurait raison de n'importe qui !
- Mais si, expliqua Chen Li. Ne combattons que nos propres clones. Impossible de se tromper.
Mais le problème, c'est que toutes les Chen Li attaquèrent divers ChouChouLandais. La vraie Chen Li, elle, se retrouva à combattre contre deux Nikita Thor, un Tuor, et surtout trois ChouChouBoy. La situation devint d'autant plus confuse, que Tuor (le vrai) remarqua trois combats opposants un Milvus contre un Bibi. Ce qui voulait dire que, soit les clones ne pouvaient se reconnaître, soit ils faisaient exprès de se battre entre eux. Il se retrouva son épée elfique à la main, ne sachant contre qui combattre et n'osant pas se défendre contre ses agresseurs. Même Médor, perplexe, ne savait plus qui déchiqueter en morceaux sanguinolents. Et les Silencieux qui encerclaient la bâtisse ne pouvait rien car un clone de ChouChouBoy leur avait annoncé que Tapadamis avait été capturé. Du coup, ils ne s'étaient pas posé de question et étaient partis en congrès à Bora-Bora.
- La situation devient insoutenable, fit Miles Teg à plusieurs ChouChouBoy, en espérant qu'au moins un du lot était le vrai. (Si sa prescience était dépassée, c'est tout dire…)
- Nous nous battrons jusqu'au bout, fit Milvus.
- Imbécile, fit Nikita Thor, figé avec son sabre laser à la main. C'est précisément ce qu'il veut. Que nous nous entre-tuions…
- Il a raison, ajouta ChouChouBoy. Replions-nous !
Et les ChouChouLandais commencèrent à se replier, mais même cette tactique était voué à l'échec.
- Comment ca se fait-y que j'ai quatre Bibi et trois Salsa qui se replient avec moi, se demanda Markus avant de voir qu'un de ses propres clones se tenait à deux mètres.
- Qui est le vrai Bibi. Qui est le vrai Salsa ? demanda-t-il.
- Hors de question de te répondre. Qui nous dis que tu est le vrai Markus ?
- Salsa ! Toi, tu me reconnais.
- Si tu veux. Mais le problème, c'est que je suis pas le vrai, et que toi tu es le dernier original en circulation.
- Quoi ?
Et avant qu'il ait pu réagir, deux Homère, un THL 1138 et trois Miles Teg s'emparèrent de lui pour le ligoter et l'assommer.
Lorsqu'il se réveilla, le lendemain, il constata qu'il était emprisonné, ainsi que tous les vrais ChouChouLandais, dans un sombre cachot individuel. Par les grilles du couloir, ils pouvaient heureusement en voir deux ou trois et leur parler.
- Où sommes-nous donc ?
- Je pense qu'il s'agit de la prison du Pov'Gars-Land, expliqua Milvus. Tapadamis n'a pas perdu de temps pour inverser la situation. C'est désormais le ChouChouLand qui est occupé par le Pov'Gars-Land.
- Quelle horreur !
- C'est le cas de le dire.
- Il y a encore un espoir, dit Homère. Médor n'avait pas de clones, il a pu s'échapper.
- Espérons…
Quelques heures plus tard, Tapadamis vint les narguer, habillé de façon totalement extravagante.
- Alors, on ne fait plus les malins, hein…
- Je vais t'étriper, fit ChouChouBoy en s'agrippant aux barreaux comme s'il voulait les arracher.
- Du calme, fit Homère avec un sourire énigmatique, Tapadamis est Tapadamis, il restera toujours le même. Nous ne resterons pas longtemps ici.
- Arrête de raconter n'importe quoi, répondit l'Ignoble.
Homère se leva, regarda Tapadamis droit dans les yeux et lui dit :
- T'es vraiment qu'un Pov'Gars. Tu nous as tous baisés hier, mais tu reste un Pov'Gars. Tout ceci ne durera pas.
- Toi ! Toi ! Toi, tu va finir en morceaux, réussit finalement par dire Tapadamis en pointant le docteur du doigt.
Et il s'en alla dignement, réajustant sa longue cape.
- Que veux-tu dire, lorsque tu prétends que nous ne resterons pas longtemps ici ? demanda ChouChouBoy.
- Je pense que tu le sais très bien, fit Homère en pouffant. Où alors, tu vas avoir une sacrée surprise dans environ… [ Il regarda sa montre ] … maintenant !
- Mais que m'arrive-t-il ? Je saigne de partout ! Je me désagrège ! Je fonds !
- Quelle tristesse… fit Homère en hochant négativement de la tête.
- Bones ! lâcha Markus. Que se passe-t-il ? Pourquoi te réjouis-tu de ce qui arrive à ChouChouBoy ? Tu as pété les plombs ? C'est ca, hein ? Notre défaite t'a fait dérailler ?
- Mais non… Quelle défaite ? Le Pov'Gars est en train de perdre son armée.
- C'est bien ce que je pensais… Il a fondu un fusible, et même tout le tableau électrique…
- Mais non, ce n'est pas ChouChouBoy, c'est un clone !
- Quoi ?
ChouChouBoy déplaça son cavalier, regarda Tapadamis droit dans les yeux et lui dit :
- Je t'ai toujours donné ta chance. A toi et à Marcie Ross. Il ne tient qu'à vous de devenir ChouChouLandais.
- Tu as toujours été un idéaliste, ChouChou. Mes convictions ne changeront pas.
- Abandonne le coté obscur de la connerie… Il ne te mènera nulle part.
Après la mort des clones par dégénérescence foudroyante, ca avait été un jeu d'enfant de s'échapper d'une prison privée de gardien. Les ChouChouLandais s'était regroupé dans le couloir central de la prison, constatant qu'ils avaient tous étés enfermés au même endroit, mais au milieu de clones infiltrés. Comme un tel ne pouvait voir que deux ou trois de ses voisins, nul ne s'était aperçu de la supercherie. Très astucieux comme méthode pour soutirer des informations. Puis ils étaient allés déposer Tapadamis et Marcie Ross. Il ne restait plus alors qu'a remettre tout en ordre. ChouChouBoy, magnanime, avait prononcé :
- Je te pardonne, ô Ignoble. Pourvu que tu sache tirer les leçons de cet échec.
Grâce à ce pardon, les deux Invisibles étaient allés en prison au lieu d'être exécuté. Et on leur proposait même de les gracier s'il se ralliait enfin au ChouChou Suprême.
Mais Tapadamis n'en démordait pas.
- Le coté obscur a déjà trop consumé mon cœur. N'essaie pas de me ramener.
- Comme tu voudras, répondit ChouChouBoy en bougeant une autre pièce sur l'échiquier.
Tapadamis sourit et fit :
- Echec et Mat.
- Bien joué, fit ChouChouBoy en se levant. Néanmoins, si tu change d'avis, je serai toujours là.
Il sortit de la cellule de verre, regagna la rive du lac de BET en empruntant une passerelle qui se rétracta derrière lui, et se retourna. Les murs de verre double vitrage spécial de la cellule se remplissait peu à peu de crème fraîche. C'était le seul moyen connu d'empêcher un Invisible d'utiliser son pouvoir. Tapadamis et sa cellule furent progressivement cachés aux regards, tandis que ChouChouBoy ne pouvait s'empêcher de se demander :
- Abandonnera-t-il un jour sa qualité de Pov'Gars ?