Un voyage de ChouChou-City :

Les Chevaliers du Parmesan

Date Stellaire 400208.28

La fin des vacances avait sonné pour les glorieux citoyens du ChouChouLand. La Grande Déesse de la Carpette Indienne (Sept fois loué son Nom) leur avait donc ordonné de se bouger le cul et de continuer leurs missions diplomatiques dans le Secteur de Sirius. En gros d'arrêter de faire la fête chez eux pour aller la faire chez les autres. La ville spatiale de ChouChou-City avait donc quitté le système sol pour se retrouver dans un système peu connu par les ChouChouLandais.

- Gottferdom ! On n'a même pas le temps de souffler. Recommencer à bosser fin août ! Et quand vais-je pouvoir raconter les vacances à mes collègues ? C'est un scandale.

- Ça a des collègues de bureau, un Troll ? demanda quelqu'un.

- Oui, pour les manger entre les repas.

- Ah d'accord… Question stupide.

- Une chose m'étonne Capitaine, demanda Kiko. Notre programme était de visiter en priorité les planètes disposant de vaisseaux interstellaires. Alors pourquoi va-t-on sur une planète de type médiéval ? Et pourquoi juste à coté de Tergulia ? On n'est pas en odeur de sainteté ici.

Milvus regarda Kiko avec l'expression d'un gorille dérangé dans sa sieste et malgré toute sa légendaire stoicité, Kiko paniqua. Il leva un sourcil.

- C'est à cause d'Aphraelle, expliqua T-Citron en venant au secours de Kiko. Elle nous prouve encore une fois qu'elle a un sens de l'humour plus qu'étrange.

- Merci, Commander T-Citron.

Et il repartit méditer à son poste.

- Dit, il est toujours aussi calme ton pote ? demanda alors T-Citron à Ori. Je pensais que c'était parce qu'il était le dernier arrivé dans l'asile de fou, mais là ça commence à faire un moment qu'il est là et il est toujours pareil. Pourquoi on le contamine pas ?

- Oh, rassures-toi, une fois qu'on sait l'écouter, en fait c'est un comique.

- Ah…

La vaillante ville spatiale sortit de l'hyperespace à l'horaire prévu et vint se poster derrière une des lunes de la géante gazeuse Kober, quatrième planète du système. La deuxième de ses lunes avait déjà été visité brièvement par Milvus si vous vous souvenez bien. Si non, tant pis pour vous. L'USS Lellig partit aussitôt en reconnaissance, activant son bouclier occulteur pour scanner la planète sans apparaître dans la lunette d'un astronome. La probabilité d'être repéré était infinitésimale mais on ne badinait pas avec les règles de discrétion. Enfin au début de l'histoire…

- L'ordinateur vient de terminer de dresser la carte des densités de populations, annonça Tsunami. Je la mets sur écran.

- Bien.

Un planisphère s'afficha sur l'écran, montrant le réseau des villes de chaque continent. Sans surprise, il s'étirait le long des cotes et des rivières des zones climatiques les plus accueillantes.

- Où va-t-on, Capitaine ?

- On va pas se faire chier. Quitte à aller chez les pecnos, autant limiter les dégâts en visitant leur plus grande ville. Ici.

- C'est la ville de Lap Hunssardyne. Un million et demi d'habitants environ.

- Encore un nom ridicule… Parfait. Tout le monde est d'accord ?

- Oui. Plus la ville est grande, plus y a de tavernes.

Habillés de façon discrète, les ChouChouLandais s'étaient téléportés en deux groupes de six à la surface de la planète. Les autres restaient en orbite pour surveiller ou glander selon leur humeur. Le premier groupe, mené par Milvus, s'était matérialisé dans une ruelle sombre et ils étaient en train d'en chercher la sortie entre les tas d'immondices et les trous dans la chaussée.

- Faites gaffe où vous marchez, et ouvrez l'œil, averti Milvus. Cette ville est probablement remplie de pickpocket et d'assassins. Et comme on est un peu là en touristes, ils vont tous nous tomber dessus.

- Pas de problème !

Ils finirent par débarquer dans une rue, si on pouvait appeler ainsi cette mince faille entre les maisons branlantes qui composaient le quartier. Les encorbellements des maisons se rejoignaient la plupart du temps, lui donnant l'allure d'un souterrain, et du linge pendait entre les fenêtres un peu partout. La lumière du soleil ne passait donc quasiment pas et des formes étranges bougeaient dans les coins sombres.

- Oh putain… Je sens que je vais aimer cette ville.

Les façades de bois et de torchis étaient aussi droites que si un enfant de trois ans les avaient tracés et les encadrements des fenêtres et des portes avaient une étrange tendance à fuir la forme rectangulaire.

- On fait quoi alors ? demanda Farf.

- On observe. En particulier les pratiques religieuses, expliqua Milvus. C'est ce que Aphraelle a exigé.

- On va à la taverne ? fit T-Citron.

- Non ! Pas tout de suite. La religion d'abord ! gueula Milvus.

- On suit ces prêtres alors ? proposa Tuor.

- Voilà une bonne idée.

Mais quelques secondes plus tard, les deux prêtres rejoignaient des personnages à l'air louche et entraient dans une taverne.

- Apparemment ils font partie d'une compagnie d'aventuriers, fit Kiko

- Génial !!! firent d'une seule voix quatre des membres du groupes.

- Mais pourquoi faut-il toujours qu'on finisse dans la taverne la plus louche de la ville ? se lamenta Milvus, résigné.

- Parce que c'est toujours la plus intéressante pour avoir des renseignements.

Ils empruntèrent donc le petit escalier raide et à moitié cachée qui menaient à une lourde porte de bois massif constituant l'entrée principale. Milvus jeta un regard noir au videur qui les laissa entrer sans problèmes. La salle était enfumée, bruyante et tarabiscoté, ce qui empêchait de voir à plus de cinq mètres de sa table. Ils durent donc déloger un groupe de gobelins pour avoir une table leur permettant de garder un œil sur leur groupe d'aventuriers sélectionné comme sujet d'étude. Le patron fronça les yeux, mais retrouva vite son sourire quand les ChouChouLandais commandèrent de grosses quantités de boisson et de plats dans des prix pas à la portée des gobelins.

- Estimez-vous heureux, leur dit T-Citron. Si le troll avait été là, vous auriez fini dans les assiettes.

Tout le monde commença donc à manger les plats étranges et les boissons typiques, tout en observant discrètement les voisins. Sauf bien sur Tuor qui comme à son habitude ne mangeait que des chips en sirotant sa flasque d'ice-tea personelle.

- Tu pourrais goûter, au moins ! fit Ori en lui présentant un gigot d'on ne sait quel animal rôti dans l'équivalent local du miel.

- C'est trop louche ce truc.

- Tu sais vu la forme de ces chips… fit Milvus.

- Oui ?

- Je crois pas qu'elles soient faites avec des patates. Ni même avec des légumes même.

- M'en fiche, c'est bon

- Ce sont des oreilles d'elfes, fit Kiko, le plus sérieusement du monde.

- Je me disais bien que la forme me rappelait quelque chose… conclut Farf

Pendant que Milvus et sa bande de cinglé se remplissait la panse avec des plats tous plus étranges et gigotants les uns que les autres, Hébus et les autres étaient tombés au hasard de leurs pérégrinations sur le marché.

- Putain on va se perdre si ça continue, y a trop de monde ! gueulait Calimsha.

- Mais pourquoi on est allé dans cette foule ? fit Tsunami. J'aime pas la foule.

- Gottferdom ! Je vais finir par ouvrir un passage à coup de massue.

Mais hélas pour lui, il ne pouvait massacrer personne sous peine de se voir privé d'elfes par Aphraelle. La Déesse lui avait fait un sermon personnel avant la mission et il savait qu'elle ne plaisantait pas. Il en était donc à se contenir en serrant les dents.

- Merde alors, y a de la fumée qui lui sort par les oreilles, fit Pavel, amusé.

- Il est vraiment furax. Mais c'est un phénomène médicalement très intéressant, ajouta Homère.

- Et si on lui mettait un casque sur la tête avec de la bouffe ? Ça ferait de la cuisson à la vapeur ? proposa Calimsha.

- Tu veux mon gourdin DTC, l'entropiste ?

- Heu….

Calimsha était en train de se demander si la Déesse avait interdit à Hébus de taper les ChouChouLandais quand un événement extérieur vint le sauver

- Ouais ! fit Soso. Une baston.

- Tiens, ce sont des mages, constata Calimsha. Je vais voir comment les collègues d'ici se débrouillent

Les deux combattants avaient crée un vide autour d'eux malgré la volonté de la populace d'assister au spectacle (et de parier dessus). Malgré la foule compacte, les ChouChouLandais n'eurent aucun mal à se mettre au premier rang, de par leur allure inquiétante et leur insouciance des dégâts collatéraux, inévitable dans ce genre d'escarmouche en milieu urbain.

- Joli boule de feu, fit Pavel.

- Trop commun, fit Calimsha.

Les deux mages, trop occupés à se taper dessus à coup de sortilèges tape-à-l'œil, ne firent pas attention à l'entropiste, mais ce ne fut pas le cas des autochtones. Au fur et à mesure qu'il dénigrait à voix haute les pouvoirs des deux mages de pacotille qu'il avait devant lui, les autres spectateurs reculaient de plus en plus, pour laisser un espace de sécurité. Les ChouChouLandais, trop occupé à écouter Calimsha, papoter ou manger les saucisses qu'ils venaient d'acheter ne s'aperçurent de rien. Le groupe des cinglés se retrouva donc isolé et très visible quand un des mages finit par terrasser l'autre à coup de flèches d'énergie. Le mage se tourna vers la foule et fut fort contrarié de ne pas être récompensé de sa victoire par un tonnerre d'applaudissement.

- Que se passe-t-il donc ? Cette fripouille aurait-elle lancé un sortilège de silence avant d'expirer pour me priver de vos vivats ?

Il vit alors les ChouChouLandais isolés et insouciants, et la foule apeurée autour d'eux. Il était vaniteux mais pas totalement con et compris que ces étrangers étaient la cause du mutisme des habitants.

- Qui êtes-vous ? Et pourquoi perturbez-vous mon triomphe ?

- Un triomphe, ça ? Une parodie de combat, oui…

- Quoi ? fit le mage en s'étranglant de stupeur.

- Calim… fit Tsunami.

- Je vais te montrer, ce qu'est la magie, imbécile.

- Discrétion ! implora Tsunami, que la Déesse avait aussi menacé de diverses choses si un bordel monstre se produisait sur Kober.

Mais Calimsha se leva, fit quelques gestes étranges, agitant son bâton de mage doté un pommeau en forme d'atomium. Il marmonna quelques mots rugueux dans une langue incompréhensible, et finit par décharger son énergie magique sur le pavement. Ce dernier trembla comme si un séisme se produisait, ondula, puis les pavés sortirent de leur logement pour se transformer en un dragon qui tourbillonna dans les airs avant de se précipiter sur l'infortuné mage. Lapidé par quelque tonne de granit bien solide, il n'eut probablement pas le temps de souffrir avant de se transformer en pâté pour chats. Homère se pencha pour lui et annonça :

- Heure constatée du décès : 11h28.

- Et merde… fit Tsunami.

- C'est moi ou y a plus un chat à un kilomètre à la ronde ?

Le festin du groupe de Milvus commençait à toucher à sa fin quand un étrange personnage fit son apparition à l'entrée de la taverne. Vêtu des pieds à la tête d'un ample manteau de couleur indéfinissable, il se dirigea d'un pas sournois vers la table occupée par le groupe. Puis il s'assit à la table voisine, à dix centimètres du chef apparent des aventuriers. Les deux commencèrent immédiatement à parler tout en faisant semblant de faire autre chose.

- Génial, fit Tuor. C'est mieux que tout ce qu'on a lu ou vu. C'est exactement pareil sauf que c'est vrai.

- On devrait faire comme Vigo, fit Ori. Filmer tout ça et le revendre à prix d'or aux rôlistes.

- Pas con…

- Chut ! On entend rien.

Le commanditaire était apparemment en train de décrire l'objet qu'il les chargeait de retrouver ainsi que l'endroit où il se trouvait. Les ChouChouLandais ne ratèrent rien de la scène tout en faisant semblant de manger, boire ou dormir.

- Le marché est conclu, fit Farf. Il se barre.

En effet, l'homme caché sous sa montagne de vêtement qui le faisait remarquer à cent lieues à la ronde quitta le petit groupe puis la taverne. Les aventuriers se congratulèrent et hélèrent une des girondes serveuses pour fêter leur nouveau boulot. Les ChouChouLandais en profitèrent pour commander un nouveau repas.

- On fait quoi, alors ? demanda T-Citron.

- On les suit, pardi , fait Tuor. On peut pas laisser passer une occasion pareil !

- Hélas, on a des instructions précises : pas plus de cinq heures pour la première sortie, fit Milvus. ChouChouBoy va nous tancer vertement si on commence à faire les guignols.

- Pfff… Révolution ! fit Tuor.

- Du calme… Du calme… Je propose de leur mettre des traceurs pour pouvoir les retrouver pour notre seconde sortie.

- Mouais… On va rater une partie du film ! rouspéta Tuor

- C'est pas un film !

- Raison de plus !

Ainsi occupés à se chamailler tout en mangeant, ils faillirent ne pas voir que la compagnie d'aventuriers était en train de plier bagage. Mais Farf s'en aperçut et secoua les autres. Trop tard. Un individu couturé de cicatrices les abordait en ces termes :

- Vous êtes une compagnie ?

- A ton avis ? lâcha Milvus, voulant expédier le gêneur.

- Je vois deux guerriers, un barbare, un mage, un voleur et un nain. Avez-vous d'autres compagnons dans votre groupe ?

Milvus réalisa alors sa gaffe : évidemment qu'avec leurs tronches de cinglés ils ressemblaient trait pour trait à des aventuriers !

- Je désire retrouver en ma possession un objet de peu de valeur marchande, mais qui est un véritable trésor pour ma famille. Il nous a été lâchement dérobé par un individu louche qui se cache sous les traits débonnaires d'un prêtre respectable Le fourbe se fait même passer pour un bienfaiteur dans le quartier de son temple.

- Mmmm mmmm !

- On le connaît sous le nom de Sprüngli Klantendienst, c'est l'abbé du Temple de Almendra, la Déesse des bijoutiers. L'objet en lui-même est un bracelet de bois finement ciselé. Il a été offert à mon trisaïeul par le roi Goblèric IV lui-même pour ses loyaux services. L'abbé le garde jalousement dans une salle de son temple que, hélas, je ne connais pas. Mais ça ne devrait pas poser de problèmes à des gens comme vous, n'est ce pas ?

- Bien sur que non, c'est un jeu d'enfant pour nous. Mais une chose m'étonne. Vous devez savoir que les tarifs de gens tels que nous ne sont guère compétitifs. Pourquoi faire appel à nous pour un si maigre butin.

- Ma famille n'est pas pauvre, et humilier ce porc de Sprüngli n'a pas de prix pour nous.

- Très bien…

Les ChouChouLandais et le balafré réglèrent encore quelques détails sur l'affaire et sa rétribution, puis ce dernier quitta la taverne avec la discrétion d'un fantôme.

- Je rêve ou on nous a proposé la même affaire qu'à ces zigotos ? fit Ori.

- C'est cela, fit Kiko.

- Putain…

- On va s'amuser… fit T-Citron, une lueur inquiétante dans les yeux.

- Je suis un Ewok, pas un nain ! grogna Kettch/Tuor.

Les ChouChouLandais quittèrent donc la taverne (en payant pour une fois) en riant et se congratulant mutuellement. Ils avaient complètement oublié la limite de cinq heures de leur mission. Ils ne virent pas non plus l'individu étrange qui les avaient observés calmement pendant leur discussion avec le balafré. Accoudé à une balustrade située en surplomb, il avait eu une vue splendide sur toute la scène. Il sourit tel un requin.

- Eux ici… Il va y avoir de l'ambiance, murmura-t-il. Je ne veux pas rater ça.

Après avoir offert un spectacle inoubliable aux habitués du marché, Hébus et son groupe décidèrent de filer discrètement dans les ruelles de la ville. Mais il comprirent vite qu'au moins une demi-douzaine de personnages louches les suivait plus ou moins discrètement. Filant sur les toits, les corniches et les coins d'ombres, ils semblaient bien nombreux pour une simple filature, et bien mal disposés pour une attaque.

- On dirait qu'ils ne sont pas ensemble, fit Pavel.

- Hein ?

- Ils sont tous des espions professionnels, mais avec des commanditaires différents, expliqua-t-il. Ils sont exactement huit et ils ne vont pas être faciles à semer.

- Gottferdom ! Baston ! Et puis c'est tout.

- Ouais ! firent Tsunami, Calimsha et Soso.

- Et notre couverture ? On va se faire taper sur les doigts si on manque de subtilité.

- On s'en fout, Pavel, dit Calimsha. Et toi, arrête d'interroger le satellite avec tes nanoniques. On est dans un monde médiéval ! C'est pas drôle de se battre avec de la haute technologie ici.

- Mais euh…

- On fait quoi, alors, demanda Soso. On cavale ?

- Ça servira à rien avec ces mecs, dit Tsunami. Essayons de les semer en passant par cette vielle boutique.

Ils se pressèrent pour passer une petite porte vitrée recouverte de crasse et à peine visible. Elle était rouillée comme si personne ne l'avait ouverte depuis 107 ans et ils durent forcer pour l'ouvrir. Elle céda brusquement et ils de ramassèrent comme des cons sur le sol de la boutique, en un tas de bras et de jambes. En se relevant, ils découvrirent un univers étrange, un capharnaüm dantesque où régnait un désordre tranquille et envoûtant. La boutique, plongée dans l'obscurité, semblait en fait à la fois grande et étroite. On en voyait pas les limites des pièces car des empilements instables d'objets étranges et divers bouchant l'horizon de toute part. Au sol, un vieux parquait grinçait comme un supplicié et la moitié des lattes semblaient cacher un compartiment secret. Des escaliers vermoulus semblaient mener à des étages supérieurs qui se refusaient à se trouver à une hauteur normale. Au niveau du sol, des ouvertures qui menaient à ce qui ressemblaient à des tunnels s'ouvraient entre les rayonnages.

- Géniaaaal… fit Calimsha.

Il essaya de trouver le propriétaire, mais le comptoir (ou ce qui s'en approchait le plus) était submergé en quasi-totalité par une montagne de grimoire, de parchemins et de mains d'orcs séchés style cendrier.

- Bon, ben on va pouvoir farfouiller, fit Tsunami en lançant un sourire entendu à Tsunami.

Peu de temps après, les ChouChouLandais s'étaient égayés un peu partout dans la boutique mystérieuse, et sans s'en apercevoir, s'enfonçaient de plus en plus loin dans ses profondeurs. Cependant, lorsque Pavel, au hasard d'une travée, tomba sur un être humain, il poussa une exclamation de surprise et tout le monde se retrouva sans problème.

- Rincedent, qu'est ce que tu fais ici, mon pote ? demanda joyeusement Calimsha.

- Tu le connais ? demanda Pavel.

- Ouais, c'est un vieil ami du ChouChouLand, il nous a aidé à retrouver notre chemin dans le désert de Karoutrha'pè.

- Vieil ami ? Ils débloquent complètement ! pensa Rincedent, terrorisé par cette rencontre impromptue alors qu'il faisait du shopping. Ou alors ils se fichent de moi ?

Puis il réalisa que les ChouChouLandais n'étaient vraiment pas au courant de la destruction de sa ville natale.

- Ils ne vont pas se méfier de moi. C'est ma chance, je vais pouvoir me venger maintenant.

- Dis, toi qui a l'air de connaître le coin, tu veux pas nous aider un peu à trouver la sortie, on s'est un peu perdu.

- Une chance pareil, c'est pas croyable…

- Venez par ici, dit Rincedent avec une voix mielleuse aux ChouChouLandais insouciants.

Dans la rue, les espions tournaient et retournaient autour de l'endroit où les ChouChouLandais avaient mystérieusement disparus. Devant leur désarroi, ils en étaient même arrivés à coopérer.

- Ils n'ont quand même pas pu se volatiliser !

- Ils étaient pourtant bien là ! Dans ce coin de la rue.

- Ils sont où alors ? Ils ne sont tout de même pas passer à travers le mur.

- Peut-être que oui ! Je suis sur qu'il y avait une porte ici quand ils étaient encore là.

- Oh ça va, Courte-Djette, on t'a déjà dit de pas boire avant un boulot !

- Là un passage secret !

- Ah enfin !

Ils se précipitèrent par la porte dérobée qu'un des espions, plus malin (ou plus crétin) que les autres avait trouvé. Mais ils ne trouvèrent point de ChouChouLandais là où ils surgirent. Plutôt des ribaudes et leur mère maquerelle. Du coup, ils en oublièrent leur mission.

La nuit tombait lentement quand Milvus et le reste de son groupe d'aventuriers autoproclamés se retrouvèrent devant le Temple de Almendra. C'était une immense et lourde bâtisse de style pseudo-gothique déclinant. Des gargouilles en tout genre pendaient plus ou moins bien aux façades, menaçant à tout moment de fendre le crâne d'un innocent passant. Ce qui expliquait sans doute que les alentours du temple étaient déserts à une heure relativement peu tardive.

- Bon, qui se propose pour crocheter une serrure ? demanda Milvus. Faut qu'on rentre là, on va se faire repérer à traîner ici.

- Pas de problème, c'est mon affaire, fit T-Citron.

- Je ne te savais pas ces talents, remarqua Farf.

- Oh, c'est pas grand chose. J'ai juste trouvé une nouvelle application à mon thé éridanien.

T-Citron injecta un peu de l'étrange liquide vaguement lumineux dans une serrure et en quelques seconde, toute la lourde porte de cinq mètres de haut en fer forgé et chêne massif de liquéfia au sol comme une vielle chaussette.

- Parfait ! dit Milvus. Suivez-moi.

La petite troupe s'engagea hardiment dans le noir absolu du temple, parce qu'ils avaient oublié leurs lampes de poches.

- Ne faites aucun bruit, chuchota Milvus. La discrétion est la clé de cette mission.

- Oui.

- Ouyayayayayouillle !!! hurla soudain Tuor en se mettant à sauter lourdement à cloche-pied, faisant trembler toutes les lattes du plancher, qui par répercussion firent vibrer les tringles métalliques des rideaux.

- Silence, imbécile !

- Me suis cogné le pied ! J'ai mal au petit orteil ! expliqua Tuor.

- Qu'est ce qu'il raconte ? demanda Milvus.

- Je sais pas, on entend plus rien avec tout ce raffut, répondit Ori.

Tuor finit par se taire, les lattes arrêtèrent de grincer et les tringles de couiner, et le silence se fit de nouveau.

- Vous croyez qu'on nous a entendu ? demanda T-Citron.

- Bof…

Ils continuèrent donc comme si de rien n'était et à force d'errer dans les salles à droite et à gauche, arrivèrent dans une salle ou se trouvait un sublime bracelet finement ouvragé. Il était bien en évidence dans un écrin de velours rouge sous verre au milieu de la pièce.

- Parfait, fit Milvus, ce doit être le bracelet de Goblèric IV.

Puis il se retourna et vit que seul Kiko était encore là, affichant toujours son air le plus flegmatique.

- Ben ils sont passés où ?

Kiko lui fit une explication tout en comptant sur ses doigts.

- Farf est allé se faire une omelette aux saucisses à la cuisine. Ori a vu des peintures d'elfettes et est allé en prendre quelques-unes unes. T-Citron est en extase dans la collection de samovars. Tuor s'est éclipsé dans une salle remplie avec des sculptures de microtubbules jedi.

Milvus prit quelques secondes pour se remettre de la vision de Kiko prononçant quatre phrases d'affilé, puis lâcha :

- Putain mais quelle bande de cons…

- En effet.

Bien cachés dans un coin d'ombre, l'autre groupe d'aventuriers engagés pour voler le bracelet observaient avec ahurissement les méthodes ChouChouLandaises de cambriolage.

- Mais ils sortent d'où ces cinglés ?

- Aucune idée, mais je propose de les zigouiller et de faire notre boulot fissa, sinon les encapuchonnés vont finir par débarquer.

Un murmure d'approbation se propagea au sein du petit groupe, mais un personnage sortir de l'ombre pour les arrêter.

- Vous ne faites pas le poids contre eux. Mieux vaut attendre que la situation soit complètement confuse avant d'agir.

- Qui es-tu, toi ?

L'inconnu fixa les aventuriers, et soudain, aucun n'eut la force de le contredire.

Hébus et sa petite compagnie de cinglés erraient entre les rayonnages poussiéreux de la boutique, quelque peu perplexes. Rincedent avait disparu au coin d'un couloir et ils étaient quelque peu inquiets pour lui. Et très inquiets pour leur estomac. La visite guidée avait tourné court et ils étaient désormais encore plus perdus qu'avant leur rencontre avec Rincedent. Ils avaient vu passer du coin de l'œil une petite créature blanche sautillante et regrettaient de n'avoir pu l'attraper.

- J'ai faiiim ! faisait Calimsha.

- Gottferdom, moi aussi !

- Si vous essayiez de trouver la sortie, au lieu de râler, fit Homère.

- Moi j'ai toujours la possibilité de bouffer l'un d'entre-vous, fit Hébus en souriant de toutes ses dents.

- Sans façon, fit Calimsha.

Sans doute motivé par l'œil affamé du Troll de Troy, l'entropiste commença à chercher un moyen magique de sortir de ce cul-de-sac.

- Je détecte des énergies bien louches. Je suis désormais sur que cette boutique est une de ces boutiques.

- Hein ? fit Hébus.

- Laisse tomber, fit Tsunami, tu peux pas comprendre. C'est en relation avec la torsion locale de la structure du multivers.

- Grmpf !

- Dans ce cas-là, poursuivi l'entropiste, je connaît une bidouille qui va nous permettre de retrouver une sortie.

- Ah non, fit Tsunami, tu vas pas recommencer avec ta magie de contrebande. J'ai pas envie de me retrouver devant une liche migraineuse à combattre comme la dernière fois.

- Quoi ? Tu débloques ! Et puis si t'es si fort que ça, sort-nous donc de là !

- Ben je sais pas si le sort adéquat est autorisé.

- Hein ? Tu sais pas ?

- Ben ouais, Aphraelle a sorti un nouveau règlement et j'ai pas encore eu le temps de le lire en entier.

Et pour preuve, il sortit un gros pavé écorné qui aurait relégué l'intégrale des Misérables à l'état de courte nouvelle à lire entre deux stations de métros.

- Crétin, fit Calimsha en regardant l'Ange Majeur avec l'expression du plus sincère des mépris.

- Comment ? FURNACE WIND !

- Merde, ça recommence, fit Soso. Tous aux abris !

Hébus, Pavel et Homère n'hésitèrent pas, et comme un seul homme, le suivirent dans un couloir transversal. Tandis qu'ils évitaient les nombreux obstacles, des bruits de destruction de plus en plus importants se faisaient entendre.

- Là ! Une porte !

- Je m'en occupe ! fit Soso.

Il lança un sortilège mineur pour la pulvériser et les quatre compères la franchirent sans même ralentir. Grave erreur. Ils débouchèrent un balcon de pierre humide et glissante ce qui leur fit perdre tout contrôle sur leur trajectoire.

- Meeeerde !

La rambarde en pierre fut pulvérisée par l'impact du troll et les quatre aventuriers se muèrent en oiseaux quelque seconde, le temps de tomber dans une eau glaciale.

- Putain, pourquoi il nous arrive toujours ce genre de truc ? fit Pavel.

- Parce qu'on est avec le troll, fit Soso en sortant du fleuve, trempé des pieds à la tête. Il attire l'eau.

- Gottferdom ! Tout mais pas ça !

Milvus, ayant renoncé à regrouper sa petite bande, s'empara du bracelet, le mit dans sa poche et fit signe à Kiko de le suivre.

- On ne va pas chercher nos compagnons, Amiral Milvus ?

- Non, ils sauront bien se débrouiller sans nous.

- En effet.

C'est à ce moment là que les prètres de Almendra, avec Sprüngli Klantendienst à leur tête, débarquèrent en force devant Milvus et Kiko. Et ils découvrirent que Almendra était un ordre guerrier.

- Meeerde ! fit Milvus en sautant sur une table pour échapper à trois gaillards qui voulaient l'embrocher. Déesse des bijoutiers, mon cul !

Une fois sortie de la mêlée, il sortit son katana et en décapita quelque uns avant de sauter sur un lustre pour survoler le groupe menaçant.

- A mooort les infidèles !

- Pas de précipitations, chers adversaires, fit Milvus avec un sourire narquois.

Les quatre autres ChouChouLandais arrivèrent peu à peu, attirés par des bruits de baston comme un ours par du miel, et les combats redoublèrent d'intensité, au grand désavantage des vitrines d'exposition, qui étaient brisées les unes après les autres. Farf avec sa Grosse Paulina, Ori avec son sac à main, Tuor/Kettch avec son sabre laser et T-Citron avec son thé éridanien, faisaient des ravages au sein de la prêtrise et de son petit musée privé.

- C'est le moment, fit une voix.

La compagnie d'aventuriers concurrente se jeta dans la mêlée avec enthousiasme pour récupérer le bracelet dans la poche de Milvus. Mais il n'était pas homme à se faire faire les poches facilement et il trancha impitoyablement les mains de ceux qui s'y essayèrent.

- Putain, j'en ai marre, tout le monde est sur moi dit-il cependant avec agacement.

Il vit soudain une silhouette bien connue en train de se servir dans une vitrine.

- Phoenix-co ! Il est partout, celui-là ! T-Citron, ramène-toi, on va lui donner une raclée.

- Avec plaisir.

Il projeta quelques jufus sur l'apprenti-dieu, qui ne sembla pas s'en porter plus mal. Il mit ce qu'il venait de voler dans sa poche et se tourna vers ses adversaires.

- Vous de ne m'aurez pas avec de telles babioles.

Et il balança un sort qui fit exploser le plancher devant lui tout en projetant T-Citron et Milvus dans le décor.

- Merde, il se barre.

Ils sautèrent après lui dans le trou béant, mais il avait déjà disparu dans un éclair de téléportation.

- Je parie qu'il est derrière toute cette pagaille, fit T-Citron. Je n'aime pas ça du tout.

- Ouais, il est beaucoup trop dangereux pour que sa présence ici soit une coïncidence. Je commence à comprendre pourquoi Aphraelle nous a envoyé ici.

- Elle aurait quand même put nous donner quelques explications. Elle abuse un peu, par moment…

Une fois sortis de la rivière, Hébus, Pavel, Soso et Homère appelèrent Calimsha et Tsunami, qui en voyant la porte donnant à l'air libre, arrêtèrent de se taper dessus. Tout le monde se retrouva sur le balcon pour essayer de faire le point.

- C'est hélas vrai, on dirait que nous ne sommes plus sur Kober, fit Tsunami.

- Mais comment c'est possible, fit Hébus en ouvrant des yeux ronds comme des soucoupes.

- Je l'ai déjà dit, fit Calimsha, agacé. Cette boutique est une de ces boutiques. Elles vagabondent dans le multivers et il n'est pas rare qu'elles soient présentes à deux endroits en même temps.

- T'es sur que t'as pas reçu un coup de massue ? Peut-être qu'un autre te remettrait le neurone en place.

- Non merci, sans façon.

Un vacarme accompagné d'éclairs bleutés détourna alors l'attention de Hébus, et des autres ChouChouLandais. Quelqu'un venait de se matérialiser dans le couloir. Il les regarda, l'air surpris et contrarié.

- Ici aussi ? Mais purée vous autres ChouChouLandais, vous êtes comme les sparadraps, on n'arrive jamais à se débarrasser de vous.

- Phoenix-co ? Qu'est ce que tu fous ici ? demanda Calimsha, prêt à dégainer un sort.

- Je suis chez moi, alors vous allez jarter de là vite fait !

- Mais on ne demande que… commença Hébus.

- Jamais de la vie ! dit l'entropiste, contredisant le piaf par réflexe.

Et il attaqua Phoenix-co à coups d'éclairs multicolores.

- Et ça recommence, énième édition, fit Soso en se mettant stoïquement l'abri.

Phoenix-co se débarrassa de son grand manteau, en le balançant par une autre pièce par télékinésie, et un nouveau combat magique commença, pulvérisant joyeusement les étagères et les piles d'objets hétéroclites de son magasin. Les non-combattants avaient effectué un brillant repli stratégique vers le fleuve qui coulait paisiblement sous le balcon.

- En attendant, on est toujours pas prêt d'être de retour sur Kober, grogna Hébus. Et y a pas de taverne ici, bordel !

- Ouais, on va mourir de soif et de faim, fit Pavel. L'heure est grave.

Et d'un commun accord, il décidèrent de s'éloigner de l'étrange construction qui abritait la boutique de Phoenix-co sur ce monde. En effet d'une part, elle était en train de tomber en morceaux en raison de l'intensité des combats, et d'autre part, ils finiraient bien par tomber sur une ville avec un estaminet.

La petite bande de cambrioleurs amateurs ressortit du temple de Almendra, laissant les aventuriers et les prêtres finir leur discussion. Ils avaient le bracelet de Goblèric IV en leur possession mais avaient oublié jusqu'à son existence. Seule la présence incongrue de Phoenix-co les préoccupaient désormais.

- Il fait découvrir au plus vite quel est son plan diabolique avant qu'il ne nous fasse tous sauter, dit Milvus.

- A mon avis, fit Farf, il a trop de clients dans cet univers pour risquer de le détruire.

- Mouais, je ne partage guère ton optimisme.

Mais une grosse voix vint soudain interrompre leurs réflexions.

- Alors, c'est comme ça qu'on bosse ? Bande de fainéant et d'incapables !

C'était ChouChouBoy, qui les attendait devant les ruines du temple en tapant du pied.

- Ça fait des heures que vous auriez du rentrer de votre infiltration. Vous vous croyez au Club Med ou quoi ?

- Mais euh…

- Pas de mais, retour illico à ChouChou-City pour le debriefing. Et j'aimerais aussi savoir où est passé l'autre équipe.

- Ah, ça on en a aucune idée, fit Tuor. Le Troll est probablement dans une taverne minable en train de baffrer.

Tout le monde fut donc téléporté dans la ville spatiale discrètement et ChouChouBoy fonça vers son QGCFC pour on ne sait quelle tâche urgente. Bonne occasion pour sécher le debriefing. Tout le monde avait commencé à se relaxer avec du saucisson et une bonne boisson quand il revint en gueulant, ordonnant de venir à son conseil de guerre. Les ChouChouLandais se réunirent donc dans une de leurs fameuses salles de conférence à usage unique pour écouter ce qu'il avait à dire.

- Hébus et son groupe sont toujours introuvables, annonça-t-il. Aucune réponse aux senseurs. C'est comme s'ils avaient disparus de la surface de cette planète.

- Débarrassés du troll ? Ce serait trop beau, grogna quelqu'un.

- Ils ont sûrement été enlevés par Phoenix-co ! fit Ori.

- Le problème c'est que kidnapper un troll c'est pas évident, même pour un cinglé comme ce magouilleur.

- Et au niveau faille spatio-temporelle ou magique ? demanda T-Citron. Ça donne quoi ?

- Aucun machin de ce genre détecté, fit Chen Li. Mais certaines failles magiques ne peuvent pas être détectées depuis l'espace. Il faudrait donc revenir à la surface.

- Quoi ? fit Farf. Après s'être fait engueulés pour y être restés trop longtemps ? C'est n'importe quoi !

- Ouais ! fit ChouChouBoy. Pas question que vous retourniez faire des conneries sur Kober !

- On va pas les laisser dans la mouise !

Les débats commençaient à enfler quand le portable de Milvus se mit à jouer la musique de Fushigi Yuugi à plein volume, stoppant net l'ardeur des combattants.

- Hé patate, fit ChouChouBoy, tu aurais pu l'éteindre.

Mais Milvus fit la sourde oreille et décrocha son portable pour papoter.

- Et il répond l'andouille ! fit le président. Vais lui tordre le cou !

Mais Milvus esquiva le Président, puis raccrocha et annonça :

- Aphraelle vient de me dire que Hébus et le reste de son groupe sont entrés dans la mauvaise boutique et se sont retrouvés dans un autre univers. On doit chercher le passage enter les univers, donc la boutique pour les ramener. En avant !

- Ouais !

Tout le monde repartit dans le plus grand désordre sur Kober tandis que ChouChouBoy, vaguement dépité, se demandait à quoi il servait dans l'histoire.

Après deux heures d'exploration, Hébus, Tsunami, Soso, Pavel et Homère devaient bien se rendre à l'évidence : Ils étaient coincés sur une corniche. Où qu'ils aillent, le terrain de la maison de Phoenix-co était cerné par des falaises lisses, hautes et glissantes. Au Nord, elle se dressait comme une muraille dont on ne voyait le sommet. Au Sud comme un précipice que même Hébus avec sa méthode "à sonde liquide" ne pouvait estimer.

- Putain… J'ai soif !

- Une seule solution, dit Hébus. Buter l'entropiste et le piaf, les manger et retrouver le chemin de Kober.

- Ouais !

La petite troupe revint donc sur ses pas pour trouver la maison à l'état de ruines noircies et les deux énergumènes épuisés se dévisageant l'un l'autre en chiens de faïence, attendant le moment adéquat pour une nouvelle offensive.

- Phoenixounet, tu nous montres la sortie ou je te bouffe !

- Nyen ? De quoi tu causes ?

- J'ai soif. Je veux retourner sur Kober pour trouver une bonne taverne !

- Par là, fit distraitement Phoenix-co, qui ne voulait pas se laisser distraire de son combat.

Il désignait une porte branlante, seule chose à être restée debout dans le combat. On pouvait voir le comptoir de la boutique par celle-ci.

- Putain, y a vraiment des moments où on s'emmerde pour rien.

Ils franchirent donc la dite porte, pour tomber nez à nez avec Rincedent en train de fouiller dans un tas d'objets étranges jetés pêle-mêle dans une caisse derrière le comptoir

- Ah, Rincedent, on s'inquiétait pour toi, fit Soso.

- Quiiiik… fit Rincedent.

- Alors, on vole à la tire ? Tu sais que si t'étais pas notre pote on te dénoncerait.

- Putain, mais ils sont vraiment lent, pensa Rincedent.

- C'est vrai que y a des choses marrantes dans cette boutique, fit Tsunami. Enfin c'est normal vu qu'elle est au piaf. Si tu voyais ce qu'on trouve dans ses boutiques d'Astilouth. C'est assez hallucinant.

Les ChouChouLandais, oubliant déjà leur soif, s'étaient mis à fouiller dans les caisses et les cartons comme des gamins déballant leurs cadeaux à Noël. Vu que le proprio était occupé, autant en profiter.

- Faites gaffe, fit Rincedent, pâle comme un linge. Y a des machins dangereux là-dedans.

- Meuh non, fit Hébus en commençant à jongler avec des petits objets divers plus ou moins en forme de balle.

Rincedent vit alors qu'un de ces objets étaient précisément ce qu'il cherchait depuis plusieurs heures. Hébus l'avait trouvé dans un vieux manteau qui traînait. Il devint blanc comme un linge en pensant à ce qui se passerait si le troll le faisait tomber.

- Hébus, par pitié… Pose ça doucement… arriva-t-il à articuler.

- Hmmm ?

Et ce qui devait arriver arriva. Hébus, distrait, rata son jonglage. Toutes les balles tombèrent à terre où elles se brisèrent.

- Noooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooon ! hurla Rincedent, tout en faisant dans son froc.

Le temps de la petite réunion de debriefing à ChouChou-City, la météo avait radicalement changé à Lap Hunssardyne. Il pleuvait désormais des cordes tandis qu'un vent glacial et humide vous transperçait les os. Déambuler dans ses rues glissantes pour retrouver une boutique spécialiste du cache-cache n'était donc guère l'activité la plus réjouissante dans ses conditions. En plus, il devait se coltiner les quatre balayeurs parce que ChouChouBoy les avait obligés à les prendre avec eux.

- Milvus, dit Farf, faudra vraiment que tu arrives un jour à obtenir des infos plus précises de Aphraelle. Je suis sur qu'elle sait où est cette putain de boutique.

- Grmblf… dit Milvus entre ses dents, maussade.

- Atchoum ! Je vais finir par attraper froid, dit T-Citron.

- Ouais, cherchons un coin ou se réchauffer, fit Ori.

A force d'errance, ils tombèrent sur une échoppe d'ou sortaient une odeur fort agréable et une douce impression de chaleur.

- Snif, snif, fit Milvus. On dirait de la tartiflette.

La petite troupe, trempée, gelée et affamée se précipita dans le restaurant fromagerie pour voir que, effectivement, on y préparait une version locale de la célèbre recette savoyarde.

- IIIIIItadakimasu !

Bien au chaud au coin du feu, avec une bonne plâtrée de patates et de fromage fondu, tous deux originaires du coin, les ChouChouLandais se réconcilièrent vite avec la vie.

- Rhaaa, ça c'est une adresse à retenir, fit Farf.

- Ouais, en plus c'est tranquille, pour une fois. Pas de baston à la con pour détruire le resto en vue, ajouta T-Citron.

Mais ce repos bien mérité n'allait hélas pas durer bien longtemps. Une énorme explosion retentit dans toute la cité, faisant vibrer les meubles du resto. Dormant à moitié à cause de la digestion, il sortirent voir ce qui se passait dehors.

- Oh merde… fit Milvus.

- C'est quoi cette chose ? dit Ori.

C'était énorme, rouge orangé, avec plein de flammes et d'écailles tranchantes un peu partout sur son corps. La forme générale évoquait un dragon qui aurait fauté avec une girafe et il semblait s'amuser beaucoup à tout casser sur son passage. Et il sentait vaguement le parmesan.

- Un Démon Majeur, fit Kiko, imperturbable.

- Ah ouais d'accord. Milvus, c'est pour toi.

- Mais euh…protesta l'interessé.

- Pas de mais, fit T-Citron. Au boulot !

- Scrogneugneu…C'est pô juste !

Milvus sortit ses ailes, se transforma en Milvusaël sous sa forme féminine, et partit en volant pour combattre la chose avec son katana.

- A mooooooooooort !

Mais le démon l'envoya valdinguer négligemment d'un coup de pattes. Elle s'écrasa lamentablement dans la ruelle devant le restaurant.

- Je suis trop lourde, comment voulez-vous que je me batte après m'être goinfrée de tartiflette ?

Milvusaël, verdâtre, alla donc vomir dans un coin son repas. Puis titubant un peu, elle revint vers les ChouChouLandais.

- Je vais m'en occuper de cette saloperie. L'est pas encore né celui qui me résistera.

Et elle tomba par terre, à moitié morte.

De leur coté, Hébus, Tsunami, Soso, Pavel et Homère avaient été soufflés par l'explosion provoquée par la gaffe du Troll. Mais heureusement, Aphraelle avait ramassé les morceaux pour les rassembler dans un coin sombre d'un bâtiment.

- Bon, alors grâce à votre efficacité légendaire, les scellés de Nakio ont été rompus. Je suis furax !

- Si tu nous avais dit dès le départ pourquoi on était ici, aussi… protesta Pavel.

- Pas d'excuses. Ce Démon Majeur appartenait à l'état-major de l'arrière grand père de Il. Inutile de dire donc qu'il dormait depuis très longtemps, qu'il a probablement une bonne gueule de bois en ce moment, et qu'il est donc furax. Au boulot !

- Génial… dirent Soso et Tsunami.

Et elle botta le cul des deux anges, qui basculèrent par une des fenêtres. Ils tombèrent la tête la première dans une ruelle. Comme par hasard, c'était celle de la fromagerie et en se relevant, ils virent Milvusaël en train d'essayer de marcher droit sans se couper avec son katana.

- Ah tiens vous tombez bien vous deux… dit-elle d'une voix mal assurée

Les trois Anges sortirent leurs armes respectives (katana, pelles à tartes et épée bâtarde), se tournèrent vers Nakio et jaugèrent sa puissance.

- On est vraiment obligé de se le fritter, celui-là ? demanda Soso. Ils sont où nos collègues Anges Majeurs quand on a besoin d'eux ?

- Pas de "mais", fit Aphraelle. Vous vous occupez de lui où je vous mute en Patagonie !

- OK patronne, fit Soso à regret.

Les trois Anges déployèrent donc leurs ailes et s'envolèrent pour combattre Nakio. Tsunami réussit à planter une de ses pelles à tartes sous un des ongles de Nakio, ce qui le fit hurler de douleur. D'un violent coup de patte, il envoya ses trois adversaires dans la rivière. Repousser trois Anges ne lui avait guère donné plus de mal qu'en repousser un.

- Aglouf ! On a pas l'air con… fit Tsunami en remontant à la surface.

Mais Soso avait d'autres motifs de récrimination.

- Imbécile ! J'ai une pelle à tarte plantée dans le coude ! Tu aurais pas pu faire un peu attention.

- Désolé j'avais un Démon Majeur qui me bouchait la vue. La prochaine fois tu lui demanderas de respecter la priorité à droite !

- Te fous pas de ma gueule ! fit Soso en tapant un grand coup de son épée bâtarde sur la tête du Grand Prêtre.

- Agluf… fit ce dernier, commençant à couler.

- Tu aurais pas du l'assommer, dit Milvus. Je crois qu'il y a du poison sur les lames de des pelles à tartes. Et seul lui a l'antidote.

- Quoi ? Et merde…

Et il plongea repêcher Tsunami tandis que Milvus regagnait la berge sous l'œil furibarde la Déesse.

Au milieu de tout cela, le reste des ChouChouLandais, blasés, s'était installé sur des chaises longues installées sur un toit terrasse pour observer confortablement le combat. Chacun allait de son petit commentaire, la plupart du temps pour dénigrer les trois anges. Ce qui, il faut bien le dire, était assez aisé.

- Dites donc, vous autres, fit soudain la Déesse. Vous allez arrêter de paresser ? Y a du boulot pour vous.

- Hein ? Quoi ?

- Là ! fit Aphraelle.

Ils regardèrent et virent qu'un effet, un certain nombre de démons mineurs ou moyens venaient d'apparaître, se ralliant probablement à un signal de Nakio.

- Et merde… Pour une fois qu'on était devant un bon film comique, rouspéta Hébus.

Cependant les ChouChouLandais renâclaient visiblement à la tâche, perdant de précieuses minutes à s'échauffer (où a faire semblant)

- Vous avez fini oui ? tonna la Déesse. Même les balayeurs ont plus s'en train que vous.

En effet les quatre zoziaux étaient en train de martyriser de pauvres démons mineurs en leur tirant dessus à coup de balais jaffas. Ils visaient particulièrement les arrière-trains de ses dérivés de gobelins, car ça les faisaient bondir en l'air comme des grenouilles géantes. Les cris grotesques de ces pauvres créatures les faisaient particulièrement s'esclaffer.

- Mouais… dit Pavel. C'est clair, on va quand même pas se faire doubler par ces quatre-là. Allez les mecs, baston !

- BASTON ! reprirent en chœur les ChouChouLandais.

Ori, Farf et Kiko, se concertant rapidement, décidèrent de former une petite équipe pour se couvrir mutuellement. Leurs elfettes ninjas apparurent comme par miracle pour les aider. Farf sorti sa Grosse Paulina et Kiko son bâton jaffa customisé (qui était autre chose que les jouets des balayeurs, au niveau puissance de feu). Quant à Ori…

- C'est le moment d'essayer mon nouveau joujou.

Sa manche droite explosa, révélant que tout son bras était enrobé d'une étrange mécanique qui palpitait lentement.

- Qu'est ce que c'est que ça ? dirent Farf et Kiko.

- Un petit gadget que j'ai acheté pendant notre temps libre avant le cambriolage du temple. Je ne sais pas d'où ça vient mais ça m'avait l'air efficace. Si j'ai bien compris c'est une créature dont le métabolisme est basé sur le silicium, mais donc le squelette externe est à base de fer. Je contrôle des lames avec les mouvements de mes doigts.

L'étrange créature déploya à moitié ses tentacules, dont la lame affûtée comme un rasoir brillait dans la lumière du jour.

- On va bien voir si c'était un bon achat.

Ori chargea vers un groupe de démons, tout en ordonnant à son arme vivante de se préparer au combat. Il passa au travers du groupe, frôlant chacun de ses adversaires en une chorégraphie étudiée pour aller le plus vite possible. A chaque fois que son bras passait à quelques centimètres de la chair des démons, un des tentacules-lames de l'arme vivante se déployait juste assez pour frapper. Résultat : un tas de cadavres en pièce détachés quand Ori eut finit de traverser le groupe.

- Respect, dirent Farf et Kiko en applaudissant.

Mais une partie des démons se releva, visiblement peu affectés par le fait d'avoir été tranchés en deux.

- Oups… fit Ori. Toujours aussi chiants à tuer définitivement, ces démons.

Les démons rafistolèrent plus où moins les morceaux et s'avancèrent lentement vers les trois ChouChouLandais, avec la démarche mal assurée de morts-vivants.

- Il n'y a que la magie pour se débarrasser de ses zombies de démons, expliqua Farf.

- En ce cas… dit Kiko, flegmatique comme toujours.

Je m'incline devant toi,
Maître Suprême du Feu !
Sans foi ni limite,
Par delà les Mythes,
Met ta puissance en moi !
Je te prends comme Dieu !

CHAOS WAVE !!!

- Ça faisait longtemps, fit Farf.

- Clair…

Maintenant que la méthode adéquate avait été trouvée, les trois joyeux lurons massacrèrent joyeusement leurs adversaires. Quelques coups d'arme blanche pour immobiliser, un Chaos Wave pour les achever, c'était assez simple.

Quelques pâtés de maison plus loin, c'était la panique totale parmi les démons. Même les plus courageux se ralliaient à la technique secrète et ancestrale de la fuite éperdue. Ils avaient tous bien compris qu'ils n'avaient aucune chance face à cet adversaire.

- Elle arrive ! fit un démon à la peau verte.

- Sauve qui peut fit une goule à trois jambes.

Mais aucun n'était assez rapide. Le terrible cri de leur adversaire se faisait de plus en plus proche.

- Nooooon ! Tout mais pas ça !

Mais il était déjà trop tard. La roue de destin ne peut changer son sens de giration.

- Mugi mugi !

Des seringues volantes, projetées à grande vitesse par une ombre indistincte, clouèrent le malheureux démon au mur. Son voisin eut droit au même sort, sauf que des scalpels remplaçaient les seringues. Une demi-douzaine de démons en tout s'était fait piéger.

- Pitiééé !

- Nous ne connaissons pas ce mot… fit Homère.

- Mugi mugi… Calimugi-chan va éradiquer les virus de cette planète. Et les virus, c'est vous, les méchants démons.

- Mais euh… fit le démon, un peu décontenancé de découvrir que son adversaire était une infirmière à l'allure plus que juvénile.

- Qu'allez vous faire de nous ?

- Très simple, fit T-Citron en sortant de l'ombre. Homère à besoin de cobayes pour ses expériences et son stock est presque vide.

- Vous pouvez pas nous faire ça ! On est des démons. Pas des xénopes !

- Oh que si.

Il fit signe au Bagage qui s'approcha de lui en trottinant. Il en sortit un lot d'étranges narguilés qu'il brancha sur les narines de chaque démon. Puis il fit circuler un de ses étranges mélanges de thés exotiques. Peu à peu, les démons sombrèrent dans l'inconscience.

- Mugi mugi. Calimugi-chan plante un arbre à thé étrangleur sous chaque démon.

Une fois que Calimugi-chan eut fini son jardinage, les étranges petits arbustes poussèrent à vitesse accélérée, enserrant les pauvres futurs cobayes. Puis les feuilles sortirent de leur bourgeon et formèrent comme un cocon pour bien envelopper la moindre partie du corps des démons. Une fois le processus terminé, les ChouChouLandais se retrouvèrent devant six grains de riz géants et vert.

- Plus qu'à les étiqueter, fit Homère.

Il implanta un transpondeur dans chaque cocon, puis décrocha son comlink.

- Six colis à téléporter directement au labo.

- OK, fit la voix de Christelle.

Une fois les six démons envoyés à Chou-Chou-City, les trois ChouChouLandais regagnèrent un toit assez haut et scrutèrent l'horizon.

- Là-bas, fit T-Citron.

- La chasse continue.

- Mugi mugi !

De son coté, Hébus usait et abusait de sa massue avec le charme désuet et habituel qui le caractérisait depuis toujours. Les démons, pas fous, avaient donc vite appris à le fuir, et il devait courir de plus en plus pour en attraper un. Ce qui contrariait le troll.

- Gottferdom ! Mais ils ne peuvent donc pas se tenir tranquille ?

L'ewok, avec son nouveau sabre laser à triple lame, tuait démon sur démon. Véritable boule de nerf, il rebondissait dans les airs sous l'œil ahuri des démons, incapables de suivre sa rapidité. Trois points lumineux en triangle équilatéral apparaissaient au milieu de leur front et un dixième de seconde, ils étaient morts. Un coup de sabre (béni par Aphraelle pour pouvoir tuer un démon) dans le crâne, ça ne pardonne pas.

- C'est toi qui est trop lent, fit Kettch pour se moquer du troll.

- Répètes un peu ça ?

Tout en se disputant, ils attrapèrent chacun un démon pour le massacrer. Mais, problème, ils s'aperçurent bien vite que c'était un démon serpentiforme dont ils tenaient chacun une extrémité.

- Lâche ce démon ! C'est le mien.

- Non Hébus. Arrêtes de monopoliser les démons ! Laisse en un peu aux copains !

- Mais j'en ai eu à peine dix. Et des tout petits.

- Espèce de gros égoïste !

- Et ma massue, elle est égoïste ? fit Hébus en tapant sur l'ewok avec.

- Non je dois reconnaître qu'elle est plutôt généreuse.

Kettch se releva, remit sa mâchoire en place et commença à se digivolver en Wookie pour contrer le troll.

- Wouahahahh ! Revoilà Kettchewbacca !

- Huk huk huk ! Baston !

Les deux grosses bêtes commencèrent à se taper dessus avec enthousiasme, oubliant bien vite les démons de Nakio, qui ne faisaient, il est vrai, que de piètres combattants.

- Vous avez pas un peu fini de vous comporter comme des mômes ? fit alors un démon en les regardant se battre.

- Ta gueule toi ! fit Hébus en faisant un large mouvement avec sa massue pour assommer l'indésirable.

Mais la massue passa au travers de son corps comme s'il eut été de beurre mou.

- Gottferdom ! Pavel, on t'a déjà dit de pas utiliser tes capacités de métamorphe sans nous prévenir.

- Z'étiez pas dispos à m'écouter. Et puis dans ce genre de baston, c'est vraiment l'idéal pour s'approcher des démons pour les trucider sans qu'ils y comprennent rien. J'adore !

- Mouais. Et nous dans l'histoire ?

- Pour tromper l'ennemi, il faut d'abord tromper ses amis.

- Tu mates trop d'animés, toi. Ça déteint sur toi.

- Hélas oui… Le monde est cruel.

Cependant, de leur coté, les trois Anges Majeurs en avaient un peu marre de passer pour les comiques de services. Ils avaient donc décidé de passer à la phase supérieure pour se débarrasser définitivement de Nakio. Vieux Démon Majeur ou pas, il allait passer à la casserole.

- Il est à découvert, dit Tsunami. C'est le moment !

Les trois anges se mirent à psalmodier de façon synchrone, préparant une attaque à trois particulièrement bourrin.

Le Bien engendre le Mal
Le Mal engendre le Bien
Je suis le pécheur envoyé
Par le Malin pour purifier
Le monde de ces faux humains
Par la peine Capitale

NOSF…..

- Stooop !

C'était Aphraelle qui venait de les interrompre en pleine liturgie.

- Hein ? Kekiya ?

Ça va pas la tête ? Interdiction de détruire cette ville. Neutralisez-moi de Démon Majeur en douceur.

- Quoi ?

- Neutraliser un Démon Majeur en douceur… dit Soso. On aura tout entendu.

- C'est un ordre, fit Aphraelle en assommant Soso avec son Glaive Divin.

- C'est malin ça ! fit Milvus. On a besoin de lui.

Tsunami, Milvus et Aphraelle commencèrent à s'engueuler vertement sur la stratégie à adopter. Nakio en fut tout interloqué et s'arrêta de cracher du feu.

- Garakkeekurrr ! Et moi ?

- Ta gueule ! fit Aphraelle par réflexe, tout en le menaçant de son glaive divin.

Mais elle avait surestimé la distance à laquelle se trouvait le Démon Majeur. Le Glaive Divin effleura sa peau épaisse, laissant passer un filet de sang. Et le Glaive Divin aimait le sang. Il échappa à Aphraelle et se propulsa tout seul dans les chairs de Nakio, droit vers son cœur.

- Merde, fit Aphraelle.

- Gargl… fit Nakio.

Et il explosa en intégralité, sans qu'un seul morceau intact ne reste. En raison de la taille du Démon Majeur, une véritable pluie de sang s'abattit sur Lap Hunssardyne, en gouttelettes fines. Un dixième de seconde plus tard, le même sort tomba sur les démons subalternes de Nakio, provoquant des précipitations localement plus intenses.

- Oups… fit la Déesse.

- Ça c'est la meilleure… dit Tsunami en se laissant aller par terre.

La bataille géante et dantesque avait donc été interrompue à son paroxysme, et ô scandale, avant que la ville ne soit entièrement détruite. Les ChouChouLandais était fort justement frustrés de n'avoir pu exprimer à fond leur potentiel artistique de cassage de tronche de démon.

- Aphraelle ! Déesse de pacotille ! fit Calimsha, furieux.

Elle se tourna vers ses trois Anges Majeurs pour leur ordonner de se saisir de l'insolent, mais fut vivement désappointée de les voir aussi mécontents que lui.

- Nous avons décidé à l'unanimité de faire grève tant que nos réclamations légitimes ne seront pas satisfaites, dit Soso.

- Grèves ? Réclamations ? C'est de l'insubordination ! Je vais tous vous envoyer au bagne ! fit la Déesse en les menaçant de son Glaive Divin.

- Nous seront intraitables ! Tout le ChouChouLand est avec nous.

- Ah bon ? Où ça ?

Soso se retourna alors et vit que les ChouChouLandais mortels, la bataille finie, étaient partis ailleurs

- Mais euhhh… C'est pô juste !

La petite troupe constituant les autres cinglés s'était en effet regrouper pour décider de la suite des événements.

- Bon, on fait quoi ? demanda Hébus. On a encore plein d'énergie à dépenser !

- On va piller la boutique de Phoenix-co ? proposa T-Citron.

- Ouais ! Bonne idée !

Mais hélas la boutique, pas folle, était déjà partie au loin.

- Décidément, cette aventure est bien frustrante, fit Kettch.

Néanmoins au même moment, les habitants de la ville commençaient à revenir de la campagne où ils s'étaient réfugiés. Ils n'avaient pas vraiment suivi la bataille, aussi en voyant les ChouChouLandais seuls au milieu de la ville et Nakio disparu, ils crurent que c'était grâce à eux.

- Loué soit votre courage, étrangers ! fit le Maire. Vous avez sauvé notre ville. Permettez-nous de vous montrer notre gratitude avec un festin en votre honneur.

- Cooooool !

- Hein ?

- Oh pardon. Vous connaissez mal notre langue. Avec joie !

Il n'y avait rien de mieux qu'un festin général pour réconcilier tout le monde, et les facéties Aphraelle furent vite pardonnées. Enfin presque. Certains avaient juste reporté leur ire à plus tard, après le repas.

- Et voilà l'elfe farci ! annonça un des habitants de Lap Hunssardyne.

- C'est la variété la plus prisée, ajouta le Maire. De l'elfe à collerette.

En effet, la créature qui arrivait sur le plat n'avait pas une, mais une bonde vingtaine de paire d'oreilles, alignées entre le haut du crâne et le bas des épaules.

- Gottferdom ! fit Hébus. Il faut importer ça chez nous.

- Je comprends mieux qu'ils fassent des chips avec les oreilles, dit Farf. Ils ont de la matière première en quantité.

Cependant, même manger n'empêchait pas certain de se battre pour des imbécillités. Ou pour s'accaparer les meilleurs morceaux.

- Lâche ce jambon, il est à moi ! criait Milvusaël.

- Mugi mugi ! N'importe quoi ! Je l'ai pris en premier.

- T'as rêvé, espèce de limande asthmatique !

- Oh, la vache laitière, tu te tais ou je te carbonise !

- Silence, vous deux ! Vous faites honte au pays ! dit ChouChouBoy, glacial.

- Hein ?

- Moi je trouve qu'ils (enfin, elles) sont plutôt représentatifs, fit Chen Li.

- Je sais, mais quand même… Ça fait pas crédible.

- La crédibilité du ChouChouLand repose sur sa connerie, je te rappelle.

- Ouais… C'est le monde à l'envers... Et dire que l'avenir de la galaxie repose sur ça. Et dire que tout est de ma faute. Je ne veux pas penser à ce qu'il sera marqué sur moi dans les livres d'histoire dans mille ans !

THE END

Mais où sont les canaris violets ? C'est une bonne question laquelle je vais essayer de répondre avec la franchise la plus totale. Il faut savoir que l'abaissement du taux d'imposition sur les pigments physique a engendré une explosion de variété sans aucun contrôle. En conséquence, les canaris violets sont descendus dans la rue pour manifester contre cette concurrence déloyale. Et là, un bataillon de CRS myopes les a prit pour des kangourous mutants. Ils les ont donc appréhendés sans violence. Mais leur panier à salade a été enlevé par des lapins extraterrestres. Voilà.

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  7. Recrutement
  1. Les Copépodes Mangeurs d'Astéroïdes
  2. Les Langoustines Spatiales
  3. Les Ascaris Suceurs d'Esprits
  4. Retour vers le Passé
  5. Mystère à Jussieu
  6. Du Gaz entre les Cellules
  7. La Revanche des Invisibles
  8. Les Dieux en sont tombés sur la cul !
  9. L'Homme qui murmurait à l'oreille des vaisseaux
  10. 2011
  11. Le Cri du chat dans les profondeurs...
  12. La fin du futur va emmerder...
  13. La frontière des 100 000 g
  1. La frontière des 100 000 g
  2. Du Pourquoi mécanistique au comment évolutif
  3. Le Sens de la Flotte
  4. L'Attraction des longues branches
  5. Le Destin de la chlorelle
  6. La Cruauté des Fourmis
  7. De l'extrait de mouche et des morceaux de souris
  8. Les Petites boules des boites à moustache
  9. L'Attaque du téléphone inconnu après la fuite
  10. Naissance d'un Dieu
  11. Le Gastéropode à Pollen
  12. Starfish Troopers
  13. La Théorie des murs absorbants
  1. Une Aile de mouche dans les frites
  2. Full Moquette Panic !
  3. Le Paradoxe de la souris sauteuse
  4. La Vengeance du caecilien à plumes
  5. Martian Predeccessor Travelo
  6. Revolutionary earthworm Kitaita
  7. .hack//Le Chouchou de l'aube
  8. Tiny Snow Fairy Hébus
  9. Star Moquette : Dernier Contact
  10. Le Jour après hier
  11. Uchuu no Tergulia
  12. Les Chevaliers du Parmesan
  13. La Construction de l'objet
  1. Anthropologie des déchets
  2. Les Septs pilotes de Syuks
  3. La malédiction du Poncirus
  4. Soukyuu no Pepper
  5. Songes d'une nuée d'ET
  6. La Magie du chou-fleur violet
  7. La Révolte des Magical Girls
  8. La Légende des Fondateurs
  9. Le Secret de la pyramide noire
  10. Welcome to the TF1!
  11. Mobile Doll Gundam Pinocchio
  12. TTCL
  13. Des Tartes aux Cerises pour le Whisky du Trésorier Fantôme