Journal de bord du Capitaine : L'USS Yggdrasil est en mission à la frontière du Secteur de Sirius afin de prendre de nouveaux relevés astrographiques. Ceux-ci nous seront particulièrement précieux afin de mieux défendre les mondes humains contre un nouvel envahisseur. En effet, malgré les défaites cuisantes des différentes nations nous ayant attaqué, le Secteur de Sirius attise encore toutes les peurs et les convoitises les plus diverses.
Kettch marchait tranquillement dans un corridor du vaisseau, quand un bruit étrange, venant d'un autre corridor voisin du sien l'intrigua et le fit dévier de sa trajectoire. À sa grande surprise, il tomba nez à nez avec un étrange personnage en train d'aiguiser un couteau de cuisine sur une pierre. Stupéfait de cette présence inconnue, il commença à interroger le vieil homme.
- Que faites-vous ici ?
Puis Kettch vit que l'homme avait démoli un cloison du vaisseau pour installer sa boutique.
- De telles déprédations sont intolérables. Pourquoi n'avez vous pas ouvert votre boutique sur la Promenade ? Il y a encore largement la place !
- Silence ! Ils vont arriver. Je dois être prêt à me défendre !
- Vous défendre ? Contre qui ?
- Eux ! Ils arrivent !
- Mais de qui avez-vous peur ? Vous ne craignez rien sur ce vaisseau !
- Fous que vous êtes !!!
Et le vieil homme, avec une force surprenante pour sa frêle constitution , repoussa l'ewok, qui tomba par terre de surprise.
Et se réveilla...
- Quel drôle de rêve...
Il y pensa en s'habillant, puis alla s'engouffrer son petit déjeuner, et l'avait totalement oublié quand il arriva sur la passerelle.
Le vaisseau orbitait alors non loin d'une géante gazeuse, et l'équipage était occupé à déterminer ses aptitudes à servir de base pour un avant-poste. Tout était donc calme, et la plupart des ChouChouLandais discutaient de tout et de rien tandis que les ordinateurs faisaient le travail. Un peu trop calme sans doute, puisque deux membres de l'équipage n'était pas venus prendre leur quart et Milvus pestait contre eux.
- Ils sont sûrement en retard, ce n'est pas si grave que ça, disait Hébus. Ils vont bien finir par arriver. Ils doivent encore mater des fansubs de Yakitate Ice Cream...
- Je sais bien qu'arriver à la bourre à son quart est un sport national, mais là ils exagèrent quand même. Ils sont en retard du quart précédent !!
- Ah oui quand même...
- Le vaisseau est resté sans surveillance pendant six heures ! Un de ces jours, un alien à la con vas nous péter la gueule pendant qu'on sera tous en train de dormir et Aphraelle va nous engueuler. On aura l'air fin !
- OK, va les chercher, et fait ce que tu veux avec.
Kettch, qui lui même, était arrivé avec deux heures de retard à son poste, se tint tranquille, pour éviter tout lancer d'ewok inutile. Hébus se défoula donc sur les deux néo-silencieux tandis qu'il s'affalait tranquillement sur son siège de la passerelle pour une nouvelle journée de glande.
- Mais, Capitaine Hébus, je vous jure que ce n'est pas de ma faute.
- Silence ! Les coupables n'ont pas le droit à la parole. Mais au corvées de ménage, oui !
Et c'est ainsi, qu'après quelques heures de sieste sur la passerelle, Kettch la quitta en regardant les néo-silencieux punis par Hébus passer la serpillière. Ce fut sans la moindre once de pitié pour eux qu'il fila du coté de la Promenade et s'installa dans le bar de T-Citron. Plusieurs officiers étaient déjà installés, dans un nuage de fumée de moquette, et Kettch attrapa la conversation au vol,
- ...non mais le plus drôle, racontait Calimsha, c'est l'excuse miteuse qu'ils ont trouvés pour essayer de couper à la colère du troll. Ils ont commencer à raconter une histoire abracadabrantesque de cauchemars étranges qui les auraient empêchés de se réveiller.
L'assemblée éclata de rire, couvrant les explication de l'entropiste pendant un bon moment. Puis Ori, une fois calmé, demanda :
- Et Bubus, qu'est ce qu'il en a pensé ?
- Tu penses bien que ça n'a fait que le rendre plus furieux... Je pense qu'on est pas près de le voir cesser de faire le ménage !
L'ewok, se souvenant soudain de son rêve étrange de la nuit précédente, voulut demander plus de détails sur ces cauchemars, mais la conversation avait déjà changé avec l'arrivée de Pavel étalant ses nouveaux modèles de couette de combat à géométrie variable. Il haussa les épaules, et nota mentalement d'aller voir les deux néo-silencieux punis. Mais quelques minutes après il avait déjà oublié.
Ori était en train d'inspecter les cellules de l'USS Yggdrasil, quand un énorme vacarme le fit sursauter, et il se retourna aussitôt. Le spectacle qui se déroulait sous ses yeux lui fit se décrocher la mâchoire. Le corridor derrière lui venait d'être envahi par une horde de pakistanais travelos pourtant des sombreros sur la tête et des bottes en peau de crocodile. Ils semblaient suivre un immense sikh de trois mètres de haut jouant de la musique sur un banjo en poil de yack.
- Kwiiiii ! Qu'est ce que c'est que ça ? Calim ! Kiko ? Où est-ce que vous êtes passés ?
Mais les deux ChouChouLandais, qui pourtant étaient là quelques secondes plus tôt, avaient disparus.
- Rhaaa ! Quel bordel. Mais je vais m'en occuper seul, puisque les autres ont disparus. Allez ! En taule les putes !
Écumant de rage, la goule se mit à taper sur les intrus pour les faire rentrer dans la première cellule libre venu. En fait ils tombaient plutôt bien : on allait pouvoir essayer ces cellules toutes neuves. Mais ils ne se laissaient pas faire, et, submergé par le nombre, Ori dut promptement effectuer une retraite stratégique, en fermant toute la section derrière lui.
- Il faut absolument que je sache d'où ils viennent !
Sans hésiter, il se dirigea vers une console pour enquêter, mais le vaisseau passa soudain en éclairage d'urgence. Les couloirs étaient devenus soudain beaucoup plus menaçants, avec un éclairage chiche mais agressif, faisant ressortir les contrastes sans éclairer réellement, ce qui fatiguait vite l'œil.
- Mais c'est quoi ce bordel ?
Ori essaya alors de se concentrer sur sa console, mais, les touches étaient devenues touts poisseuses, et un liquide rouge suintait entre les touches.
- Argh ? Du sang ?
Il approcha son doigt de son nez et renifla.
- Non, on dirait pas.
Il porta alors son doigt à la bouche et le lécha.
- Du sorbet au cassis à moitié fondu ???
De plus en plus intrigué, il commença à démonter sa console, et découvrit que tout l'intérieur était remplacé par du sorbet.
- Quelle horreur !
Mais ce n'était pas fini : le sorbet se mit à déborder, comme s'il se prenait pour un blob, et à attaquer Ori.
- Mais c'est quoi ce bordel ??? Au secours mes elfettes !
Mais il était déjà trop tard, la goule fut submergée par le liquide rouge foncé, et perdit pied très rapidement. Il essayé de garder la bouche fermée, mais le manqua d'air eut raison de lui : il ouvrit la bouche et fut aussitôt asphyxié par des litres et des litres de sorbet au cassis. Un froid intense le saisit, et..
Ori se réveilla en sursaut, pour constater qu'il était trempé des pieds à la tête. Apparemment, une baignoire d'eau glacée avait été déversé sur son lit. Et Farf se tenait devant lui, l'air contrarié et intriguée.
- Ah, enfin il est réveillé. Merci Norbert.
- Nyuuuk ! dit le dragon.
- Où est-ce que je suis ?
- C'est plutôt « Quand ? » que tu devrais poser comme question. Ça fait dix heures que tu aurais du venir à ton poste.
- Quoi ? Mais je viens à peine de me coucher.
- Lui aussi semble touché, fit alors Homère qui était juste derrière Farf. Tu as fait des rêves étranges ?
- C'est le cas de le dire. J'étais assassiné par du sorbet au cassis !
- Pu pu pu !!! Mokona a rêvé qu'il était Mister Ajikko !
- C'est le dix-neuvième cas à bord. Ça devient franchement inquiétant.
- Je peux savoir de quoi vous parlez ? Je suis le dix-neuvième cas de quoi ?
- Apparemment, nous avons une épidémie de sommeil incontrôlé, accompagné de rêves à la fois très réalistes et complètement incongrus. Cela perturbe de plus en plus le fonctionnement normal de l'équipage.
- J'ai jamais vu cet équipage fonctionner normalement, mais je crois tout ça sur parole. Mon rêve était pas naturel !
Quelques minutes plus tard, les officiers supérieurs étaient dans une salle de conférence pour une réunion d'urgence. La moité des ChouChouLandais avait l'air mal réveillée, et l'autre d'avoir pris trop de doliprane. Mais la réunion commença quand même, bon gré mal gré.
- Je penses que vous êtes désormais tous déjà au courant de l'étrange épidémie qui ravage notre vaisseau, commença Calimsha. Il devient de plus en plus difficile de se réveiller, et le sommeil est rempli de rêves tous plus incompréhensibles et stupides les uns que les autres.
Un murmure d'approbation parcourut l'assemblée. Aussi étonnant que cela puisse paraître, tout le monde était au courant de ce qui se passait et des raisons de la réunion d'urgence. C'était sûrement la première fois depuis la création de la nation qu'une telle chose arrivait...
- J'ai commence à analyser la situation, dit Homère. Je suis particulièrement perplexe devant les résultats, mais une chose est sure. Les ondes cérébrales de l'équipage sont particulièrement aberrantes une fois endormis.
- Quelque chose influe dessus, donc ? demanda Milvus.
- Oui. Mais pour le moment je suis bien incapable de dire si c'est du à un mystérieux agent infectieux, à une entité inconnue ou autre chose. Regardez.
Il appuya sur un bouton et un volet de métal glissa, dévoilant derrière une vitre un lit d'hôpital, et le corps d'un néo-silencieux bardé de capteurs un peu partout. D'étranges graphs comprenant des électro-encéphalogrammes apparurent sur les écrans géants de la salle de réunion.
- Comme vous pouvez le constater ici, et là, les crêtes de sommeil paradoxale sont parasitée par une onde harmonique post-synchrone, couplée à une arythmie fréquentielle d'ordre six, ce qui impliquerait...
Mais déjà personne ne l'écoutait, et un petit groupe de discussion s'était formé pour essayer de résoudre la crise.
- Il faut absolument trouver une solution rapide à cette crise, dit Milvus, sinon, nous allons finir avec un vaisseau fantôme à la dérive et son équipage fou.
- C'est une situation normale ça, avec des ChouChouLandais, rétorqua sarcastiquement Calimsha. Mais je suis d'accord, il faut agir. Et je ne pense pas que la technologie seule suffira.
- Tu penses que de la magie est impliqué.
- Oui, je ressens comme des présences. Néanmoins, la technologie n'est pas étrangère à cette situation.
- Nous allons donc avoir besoin de technomages, c'est ce là que tu veux dire ?
- Exactement !
Quelques minutes plus tard, les ChouChouLandais étaient donc réunis dans un labo spécial de technomagie, assemblé avec les éléments les plus divers de magie de contrebande glanés ici et là. Cinq lits avaient été aménagés au centre, bardés d'instruments étranges de tout coté.
- La seule façon de comprendre cette crise est d'explorer ces rêves étranges, expliqua Calimsha. Je propose donc que cinq d'entre nous s'allongent sur ces lits, pendant que je surveille leurs découvertes à travers leurs ondes cérébrales et magiques depuis mes consoles.
Après une courte séance de pierre-papier-ciseaux, il fut décidé que Farf, Pavel, Ori, Tsunami et Milvus seraient les cobayes de l'expérience. Calimsha, T-Citron, Kiko, Mokona et Soso resteraient éveillé pour les surveiller. Le reste des ChouChouLandais étaient avec Homère, qui pouvait très bien faire de précieuses découvertes avec ses propres méthodes.
- Ces appareils, expliqua Calimsha, sont destinés à faciliter la connexion de l'âme du dormeur au réseau gestaltique des âmes durant le sommeil paradoxal.
- Hein ? fit Farf.
- Durant le sommeil paradoxal, expliqua Milvus, ce qu'on appelle les rêves est le plus souvent un mélange de nos propres souvenirs, dans notre vie présentes et nos vie antérieures, ainsi que de souvenirs de nos doubles dans d'autre univers. Ce genre de connexion se fait très facilement, car tous les doubles d'un individu dans tous le multivers possèdent la même âme. Mais il arrive aussi, en particulier durant les rêves lucides, que l'âme du dormeur se connecte à une gestalt formée de la réunion de plusieurs âmes au sein du multivers.
- Oki... firent la plupart des ChouChouLandais, essayant de suivre.
- Ces appareils de technomagie dernier cri ont donc comme but, continua Calimsha, de favoriser par un facteur 500 la création d'un gestalt stable et contrôlé. Vous cinq allez donc vous trouver si tout se passe bien dans un rêve commun, et contrôlable, ou vous pourrez enquêter sur ce qui se passe.
- « Si tout se passe bien »... fit Ori, vaguement inquiet.
Sans avoir le temps de revenir sur leur décision, les cinq cobayes furent ligotés sur les lits, et endormis par un sortilège puissant et rare de Calimsha. C'était en effet un des très rares sortilèges plongeant les cibles dans un sommeil paradoxal.
- Dormez, je le veux !
Immédiatement, la salle d'expérimentation fut remplacé par une coursive du vaisseau.
- On est dans le rêve, là ? demanda Farf,
- Faut croire que oui, dit Ori.
Ils regardèrent autour d'eux, mais ne virent rien d'étonnant. S'ils ne savaient pas qu'ils étaient dans un rêve, ils auraient cru sans difficulté être dans une vraie coursive de l'USS Yggdrasil. L'éclairage était au minimum, et ils ne voyaient la plupart des objets qu'en noir et blanc. Certains objets colorés ressortaient cependant de façon presque douloureuse à l'œil de ce tourbillon de clair-obscurs.
- Où va-t-on ? demanda Pavel. On explore tout le vaisseau.
- On va commencer par la passerelle, dit Milvus. Je pense que le lieu le plus important du vaisseau est susceptible d'attirer ce qui cause ces rêves étranges.
- L'endroit le plus important du vaisseau ? Il vaudrait pas mieux aller dans le bar de T-Citron alors ? dit Farf.
Malgré ces objections, les cinq ChouChouLandais allèrent bel et bien sur la passerelle, qui, à leur grand désappointement, se révéla déserte. Une fine couche de poussière recouvrait tous les objets présents, et nul être n'était présent, ami ou ennemi.
- Que fait-on ? On utilise les senseurs du vaisseau ? demanda Tsunami.
- On est dans un rêve, tu crois que ça va marcher ? dit Pavel.
- Bien entendu, dit une voix spectrale, qui était celle de Calimsha. Comportez-vous comme s'il s'agissait de la réalité.
- S'il le dit, c'est que ça risque de marcher, aussi étrange que cela puisse paraître, répondit Milvus.
- Bon, ben allons-y, dit Pavel, haussant les épaules. Activation des senseurs internes et externes.
Les consoles revinrent peu à peu à la vie, les voyants s'allumant les uns après les autres, apportant un peu de clarté aux alentours.
- Il n'y a absolument personne à bord du vaisseau excepté notre équipe, dit Farf. Je détecte néanmoins une famille d'ornithorynque en train de manger du cassoulet dans mon restaurant.
- N'importe quoi...
- J'active les senseurs externes. Rien à proximité. Je lance un scan avec les senseurs à longue distance.
Divers graphiques s'affichèrent sur l'écran principal de la passerelle, au fur et à mesure du balayage de l'espace local. Puis l'affichage se focalisa sur quelque chose.
- L'ordinateur a détecté un vaisseau à 0,2 années-lumières d'ici. Il semble à la dérive.
- Cap sur ce vaisseau, alors. C'est probablement la clé de cette énigme
Après un court saut hyperspatial, l'USS Yggdrasil se trouva juste au-dessus du vaisseau inconnu, qui effectivement, était à la dérive, et même bien mal en point.
- Le vaisseau inconnu n'a plus de propulsion, de bouclier, ni d'armement, informa Pavel. Il semble que son équipage est réfugié sur la passerelle et ses alentours, avec des systèmes de survie en bout de course. Il y a également un grand nombre de passagers en hibernation cryogénique.
- Qu'est ce que ça veut dire.
- Que vous rencontriez ce vaisseau dans ce réseau gestaltique ne veux pas dire qu'il n'est pas réel, sous une forme ou une autre, dit Calimsha. C'est sans aucun doute un autre réseau gestaltique. Je conseille de leur porter secours. La probabilité qu'ils soient hostiles est extrêmement faible.
- Mais alors pourquoi tous ces cauchemars ? demanda Tsunami.
- Oui, je me pose la question, moi aussi, ajouta Ori.
- Ce devait être plus un message de détresse qu'autre chose, dit Milvus. Des entités qui ne peuvent communiquer avec nous que par ce biais.
- Mouais.
- Pavel, ouvre un canal avec ce vaisseau.
- OK
Un extra-terrestre à l'allure étrange apparu sur l'écran. Sa forme étaient humanoïde, mais floue et vaguement lumineuse, ce qui le rendait assez irréel. Paradoxalement, il était parfaitement visible qu'il avait l'air épuisé.
- Je suis l'Amiral Milvus, des forces ChouChouLandaises. Puis-je savoir qui vous êtes ?
- Je me nomme Yarnuf. Je suis le leader de ce qui reste de mon peuple, les Oragounes. Nous sommes ici pour vous demander humblement votre aide. Ce vaisseau ne va pas tenir longtemps.
- Farf, téléporte-les tous sur ce vaisseau avant que le leur ne tombe en morceau.
- T'es sur ? Ils pourraient ne pas être ce qu'ils clament être.
- Je prends le risque. Calimsha, prépare-toi à toute éventualité.
- Bien reçu.
Quelques minutes plus tard, les ChouChouLandais rencontrait Yarnuf et trois de ses ministres dans une salle de réunion du vaisseau.
- Je pense que la première chose que nous désirons connaître, c'est pourquoi vous nous contactez par le biais des rêves.
- La réponse est hélas très simple. C'est parce que nous n'avons plus de forme corporelle. Nous avons été contraints de l'abandonner au cours d'une grande guerre contre les Spozgars. Ils habitaient un système voisin du notre, et un jour, nous les avons vu arriver près de notre planète avec la ferme intention de nous envahir. Notre niveau technologique était supérieur, mais nous étions une culture pacifique depuis des siècles. Nous avons été littéralement balayés par leur nombre et leur férocité implacable. Nous avons certes réussi par la suite à contre-attaquer, mais nous n'avons jamais pu les stopper. Ils ont fini par exterminer notre peuple.
Yarnuf fit alors une pause. Il était visible que raconter son histoire était particulièrement douloureux pour lui, car cela signifiait ressasser des souvenirs qu'il aurait préféré oublier à jamais.
- Après des décennies de combats horriblement meurtriers, les derniers survivants de notre race étaient rassemblés dans ce qui restait de notre capitale. Nous avions réussi à mettre au point un bouclier pour nous protéger de leurs attaques, mais l'énergie est venue à nous manquer. Nous avons alors été contraints à fuir, mais d'une façon que nous n'aurions jamais imaginé. Solina, une de nos plus brillantes scientifiques, découvrit un moyen de changer de plan d'existence.
- Qu'entendez-vous par là ? demanda Calimsha.
Ce dernier avait trouvé le moyen d'interfacer une caméra avec le réseau gestaltique. Il apparaissait donc sur un des écrans de la salle de réunion.
- Nous avons réussi à transférer l'ensemble de notre population dans ce plan astral, un lieu immatériel présent partout dans cet univers.
- Je vois, ce que vous appelez plan astral est en fait ce que nous appelons un réseau gestaltique. Mais que vous ayez réussi à maintenir le réseau après la destruction de vos corps physiques est impressionnant. Vous avez transformé le gestalt onirique en un véritable sous-ensemble stable à phase décalée de notre univers. Le terme de plan astral n'est donc pas si erroné. Un Plan Astral Onirique, pour être plus précis. C'est fascinant.
- Si tu le dis... firent les ChouChouLandais, tous quelques peu dépassés.
- Toujours est-il, continua Yarnuf, que même ainsi, notre combat n'est pas terminé. Ils ont trouvé le moyen de nous poursuivre dans ce plan astral, et nous avons fuit de par la galaxie. Cela fait désormais plus de deux cent ans que nous errons à bord de ce vaisseau, qui n'existe même pas dans le monde physique. Près de 10 générations se sont succédés, et nous fuyons toujours devant leur nombre. Mais nous n'avons jamais abandonné car nous avions un but. Et nous l'avons enfin trouvé.
- Et ou est-il ?
- Ici. Vous êtes ce but.
- Hein ??? firent tous les ChouChouLandais présents, stupéfaits.
- Nous avons en effet décelé chez vous des liens sans précédents avec les autres plans d'existence de cet univers. Vous semblez possédez de façon inné la capacité à établir un lien entre le plan astral où nous nous sommes réfugiés et le plan de réalité principal de cet univers, ou vous vivez, comme nous le faisions avant de fuir. Nous venons donc humblement vous demandez votre aide, pour terminer ce conflit définitivement.
- Oui, je comprends. Je pense que c'est du à notre mauvaise manie de nous balader dans le multivers et de fréquenter des dieux indignes...
- Qu'est ce qui vous fait croire que nous allons accepter ? demanda Tsunami, interrompant l'entropiste.
- Nous n'avons, nous devons bien l'avouer, aucune idée de votre générosité et votre sens de la justice. C'est pour cela que nous avons dès le début conçu un plan d'action où nous vous offririons quelque chose que vous ne pourrez refuser.
- Vous commencez à être intéressant, dit Milvus.
Mais à ce moment précis, une alarme se mit à hululer de toute ses forces, brisant les oreilles des personnes présentes.
- Qu'est ce que c'est que ce bordel ?
Tout le monde se précipita sur la passerelle voisine, et constata la nature du problème.
- Un vaisseau inconnu vient de se désocculter, dit Farf. Il est en train de pilonner le vaisseau des Oragounes .
- Mon dieu, mon peuple ! Il faut faire quelque chose !
- Ne vous inquiétez pas, on les a déjà tous téléporté à bord de ce vaisseau, même ceux qui étaient en hibernation cryogénique. Ils ne risquent rien.
- Votre prévoyance soit louée, fit Yarnuf, dans un grand soupir de soulagement.
Et en effet, il était heureux que plus personne ne se trouve sur le vaisseau à la dérive, car sous l'effet du bombardement intensif du nouveau venu, il se brisa en une dizaine de morceaux, sans même une petite explosion qui aurait donné un coté spectaculaire ou glorieux à sa fin.
- Je suppose, sans grand risque de me tromper, que ce sont les Spozgars ?
- En effet. Ils ont l'air encore plus de mauvaises humeur que d'habitude.
- Ils nous tirent dessus, maintenant, fit Ori.
- S'ils veulent la guerre, ils vont l'avoir. Feu à volonté sur leurs moteurs ! ordonna Milvus.
- Ici aussi nous sommes attaqué, dit Calimsha. C'est curieux, on dirait le même vaisseau.
- C'est hélas normal, expliqua Yarnuf. Bien qu'ils nous poursuivent dans notre plan astral, ils n'ont pas pour autan renoncé au monde matériel.
- Et merde, manquait plus que ça.
Une bataille plus qu'étrange débuta donc, et l'USS Yggdrasil fut le premier vaisseau du multivers à combattre son adversaire à la fois dans le monde réel et le monde onirique. Calimsha se retrouva donc dans le poste de coordinateur entre les deux équipe, rôle qu'il l'accepta qu'en maugréant, comme à son accoutumée.
- Leurs moteurs ont étés gravement touchés, annonça Farf. Ils ne disposent plus que de 10% de leur propulsion.
- Parfait. Ils vont sûrement entendre raison.
- Ils continuent à nous pilonner, dit cependant Pavel.
- Obstinés ? Je vois. Pulvérisez leur armement !
Les ChouChouLandais firent feu de nouveau, et le vaisseau ennemi subit quelque douzaines de tirs en moins de trois secondes, qui détruisirent avec une précision de maniaque du scalpel leurs tubes à torpilles et leurs batteries lasers sans endommager le reste du vaisseau,
- Ils vont moins rigoler, maintenant.
- Il se passez à peu près la même chose ici, dit Calimsha. Ils s'obstinent mais on a facilement le dessus. Y a même pas besoin de coordination. Je me demande à quoi je sert.
Mais personne n'écouta sa complainte, car les Spozgars continuaient à s'entêter.
- Ils ont pris une trajectoire d'éperonnage, droit sur nous, dit Pavel.
- Ils sont complètement fous, fit Tsunami. Avec leur moteur HS, ils ont une manoeuvrabilité quasi nulle !
- C'est à eux qu'il faut dire ça, pas à moi.
Comme si les Spozgars étaient télépathes, ce fit à ce moment précis que ces derniers lancèrent un appel au vaisseau ChouChouLandais. Un d'entre eux apparut sur l'écran géant de la passerelle. Sa peau était d'un noir violacé parcouru de reflets pourpres, il avait trois yeux, et une longue chevelure rose, très claire. Sa beauté exotique était saisissante, mais ses yeux ne pouvaient cacher une lueur meurtrière et sauvage.
- Je suis Gyndal Twingo, chef suprême de la Phalange Dorée des Spozgars Noirs ! Je vous ordonne de vous rendre et de nous livrer les infidèles que vous abritez.
- Mon vieux, répondit Milvus, qui ne se sentait pas d'humeur à jouer les diplomates, il en est hors de question. Déjà parce que tu as un nom à coucher dehors. Et ensuite parce que entre un mec qui me demande de l'aide et un autre qui me tire dessus au risque de bousiller la peinture du vaisseau, le choix et vite fait.
- Vous le regretterez ! fit Gyndal Twingo en abattant un de ses puissant poings sur une console, pulvérisant l'écran tactile, qui ne lui avait pourtant rien fait.
La communication fit alors coupé, et les ChouChouLandais décidèrent de la marche à suivre.
- On le zigouille ? demanda Pavel.
- Dans le monde onirique, pourquoi pas, répondit Tsunami. Mais on petit doigt me dit que si on fait la même chose dans le monde réel, Aphraelle va encore piquer une crise.
- Elle fait chier, celle-là.
Les deux équipes ChouChouLandaises en étaient donc à tergiverser, avec comme unique liaison un Calimsha qui, totalement désintéressé par le sujet, lisait le manga de MS Crossbone Gundam. Personne ne remarqua donc la manoeuvre désespéré des Spozgars, qui, disposant manuellement des missiles derrière leur vaisseau, avait réussi à lui restaurer sa vitesse normale pour quelque secondes. Le vaisseau éperonna de plus belle l'USS Yggdrasil, ou plutôt, son bouclier, et fut totalement détruit dans cette manoeuvre. Sans même égratigner la peinture du vaisseau ChouChouLandais.
- Mais ils sont complètement fous !
Stupéfaits par le tour qu'avait pris les évènements, les ChouChouLandais se tournèrent vers Yarnuf, espérant que ce dernier aurait une explication.
- Avez-vous la moindre idée de pourquoi ils ont ainsi joué les kamikazes, sans même un espoir de nous porter le moindre coup ?
- Non, j'avoue que je suis tout autant perplexe que vous. Peut-être ont-ils sous-estimés la puissance du bouclier de votre vaisseau.
- Mouais. Mais, à propos d'acharnement, un autre point me chiffonne. Pourquoi vous ont-ils traqués de la sorte, sur de si grande distance, et depuis tant d'années. Pourquoi ne se sont-ils jamais lassés ?
- C'est effectivement une question qui nous a longtemps tourmenté. Au début, cet acharnement était largement compréhensible, vu leur orgueil et leur cruauté. Mais au fil des années, cela devenait de moins en moins crédible, et nous avons compris qu'il y avait une autre raison. Nous avons mis du temps à la trouver, mais nous sommes désormais sur de leur vraies intentions.
Les ChouChouLandais retinrent alors leur respiration, devinant que d'importantes révélations allaient suivre.
- Ils ont compris que le Plan Astral Onirique était la source d'un grand pouvoir et veulent l'utiliser pour conquérir la galaxie. Mais ils ne peuvent y séjourner que provisoirement, pour un laps de temps réduit. Pour en profiter de façon plus durable, ils ont alors eu l'idée de nous utiliser comme point d'ancrage au Plan Astral Onirique. Mais bien entendu pour cela, le seul moyen est de nous maintenir en esclavage. Ils veulent que nos âmes elles-même soient en leur contrôle. Voilà pourquoi nous les combattons depuis des décennies, sans grand succès hélas. Nous nous avons certes pu leur échappé jusqu'à maintenant, mais cela ne sera pas toujours vrai. Jamais nous ne céderont à leur brutalité, nous nous suiciderons plutôt que de perdre notre liberté de la sorte et mettre en danger toute la galaxie!
- Je respecte profondément votre combat et votre détermination, dit Milvus. Nous sommes tout à fait prêts à vous aider, surtout s'ils sont des ennemis potentiels pour toute la galaxie. Et si en plus, vous êtes prêt à nous offrir quelque chose en échange... Mais concrètement, qu'attendez-vous de nous ?
- Je vais vous expliquer...
Une heure plus tard, les vaillants explorateurs du monde oniriques étaient de retour dans la réalité et tous les ChouChouLandais se réunissait en session extraordinaire pour décider de ce qui allait être faits.
- La proposition des Oragounes est fort tentante, dit ChouChouBoy. Mais on ne ne peut se décider à la légère, vu que le caractère définitif d'une telle alliance.
- Nous sommes de toute façon obligés de faire quelque chose, ajouta Chen Li. S'ils réduisent les Oragounes en esclavage, les Spozgars voudront ensuite conquérir la galaxie. Qui sait quels ravages ils produiront alors ?
- Oui, conclut Milvus. Il faut les stopper définitivement. La question est : le fait-on avec la méthode proposée par Yarnuf, ou de façon plus classique ?
- Il est hors de question que je passe un tel contrat avec un Oragoune, dit Tsunami. Je refuse catégoriquement. Et je pense que personne ne devrait le faire, s'il ne veux pas subir les foudres de la Déesse.
- Ça me donne plutôt envie de le faire, ça, rétorqua Calimsha.
- Tssss. Imbécile !
Tsunami voulu expliquer le fond de sa pensée à l'entropiste, mais il fut interrompu par ChouChouBoy.
- Je pense sincèrement qu'une telle décision doit être prise de façon individuelle. En conséquence, je n'ordonnerais jamais que quiconque suive, ou ne suive pas, la proposition des Oragounes. Et j'attends la même chose de tout le monde. Chacun décidera pour soi, et pour soi seul.
Des murmures d'approbation se firent alors entendre, la quasi-totalité des ChouChouLandais étant satisfait de la décision du Président Dictateur Général. Seul Tsunami affichait un visage soucieux, et il alla discrètement voir Soso pour lui dire quelque chose, murmurant tout bas.
- Très bien. Ce point est donc réglé. Il faut maintenant penser à comment nous allons neutraliser les Spozgars. Nous savons grâce aux Oragounes qu'ils ont établi une base permanente sur la troisième planète orbitant autour de Hamal, alias Alpha du Bélier. C'est donc là que nous allons devoir frapper.
- Le point délicat, continua Milvus, est bien entendu qu'il n'est nullement question d'empêcher la mise en esclavage de tout un peuple en causant un génocide. Il s'agit donc uniquement de rompre à tous jamais le lien qu'ils ont établi avec le PAO et leur demander fermement de renter chez eux.
- Mon avis qu'ils vont pas être d'accord, fit Calimsha. Ni de très bonne humeur.
- Le but est donc d'atteindre leurs installations leur permettant d'accéder au PAO, de les détruire, ainsi que toutes les données qui y sont liées. D'après les Oragounes, seule la Phalange Dorée des Spozgars Noirs, c'est à dire l'expédition chargée de les poursuivre, a ces données, pour des raisons de sécurité. Leur paranoïa va donc ici nous servir grandement.
- Nous ne savons pour le moment pas grand chose sur leur base. Nous allons donc nous mettre en orbite et leur donner une chance d'accepter nos demandes. Bien évidemment, il y a très peu de chances qu'ils acceptent. Nous allons donc profiter de délai pour les scanner et élaborer un plan de bataille.
Tout le monde approuva bruyamment, bien que certains eussent préférer foncer dans le tas sans négociations ni préparations. Le vaisseau fonçait déjà vers la planète cible à vitesse maximum, et tout le monde alla se préparer à la nouvelle baston qui s'annonçait, graissant les flingues de polissant les coupe-choux. Quelques heures plus tard, l'USS Yggdrasil sortait de l'hyperespace tel un prédateur, affolant les senseurs des Spozgars.
Comme prévu, les Spozgars ouvrirent les hostilités sans même ouvrir un canal de communication,en lançant un missile droit sur le vaisseau ChouChouLandais. À leur grande déception, le missile fut désintégré, très proprement, par le bouclier de ce dernier. Ils acceptèrent donc la communication des ChouChouLandais, uniquement pour se défouler pendant quelques minutes avec de nombreuses insultes bien senties.
- Bon, je crois qu'il n'est nul besoin de continuer en vain de telles parodies de négociations, dit ChouChouBoy.
- À l'attaque !
- Baston !
- Pour une fois, dit Milvus, on va essayer de faire une opération tout en délicatesse. Il faut faire ça discrètement si on ne veut pas que la Déesse nous reproche encore une fois de vouloir conquérir la galaxie.
- Mais euh...
- Pas de mais ! On se téléporte juste en dehors de leur champ protecteur à base de Casselècouyite et on envahi leur base à pied, avec des manoeuvres d'infanteries.
- Le corps à corps, ça me plaît ! fit Hébus.
La petite troupe se rendit en bon ordre (c'est à dire dans une bousculade sans nom) aux armureries, puis aux salles de téléportation, fortement motivée par la bonne bagarre qui se préparait. ChouChouBoy arrangua une dernière fois ses troupes avant le départ :
- Bon, essayez de massacrer ces crétins sans les tuer, comme convenu. Si y en a qui ont accepté la proposition des Oragounes, ce serait sympa de le dire maintenant, et pas au milieu du combat. Ça aiderait aussi à mettre au point nos tactiques.
ChouChouBoy regarda la foule, qui paraissait l'avoir à peu près écouté. Mais personne ne semblait vouloir déclara avoir accepté la rétribution des Oragounes.
- Mouais, je sens qu'on va avoir des surprises.
La téléportation les amena sur dans une vallée caillouteuse de haute montagne, sans la moindre végétation. Le paysage était lunaire, inhospitalier, avec une roche grise légèrement bleutée. C'était cependant l'été, et il n'y avait pas la moindre trace de neige, à part sur les sommets. La température était environ de 15°C, idéale pour le combat. Six mois plus tard, et la neige, la glace et le froid aurait singulièrement corsé les combats.
- En avant ! Leur base se trouve dans cette direction.
Dans un vacarme surprenant pour un groupe ayant pour but une attaque discrète, les ChouChouLandais se dirigèrent vers l'ennemi, suivant une petite vallée au fond de laquelle nulle rivière ne coulait. Bien entendu, ils ne passaient pas inaperçus, et les Spozgars surgirent pour les repousser.
- À couvert ! cria quelqu'un.
Tout le monde plongea derrière un rocher (en particulier Mokona qui se cacha avec une vitesse étonnante) et une fusillade éclata, des rayons d'énergie et des projectiles divers fusant d'un camp à l'autre. Seul Hébus, négligeant totalement se se protéger, fonça sur l'ennemi en brandissant sa massue.
- Gottferdom !
Malgré les impacts de balles et les trous de laser, il était encore vivant quand il arriva à hauteur des Spozgars, et il commença à leur fendre le crane avec un bel enthousiasme.
- On n'avait pas parlé de discrétion ? demanda Farf.
Cependant, grâce à l'intervention du troll, les ChouChouLandais purent se rapprocher, et capturer les ennemis qu'il n'avait pas encore eu le temps de tuer. Hébus fut vertement réprimandé, et exprima son mécontentement en pulvérisant un gros rocher de ces poings. Il allait continuer quand Tuor signala :
- Il en arrive d'autres. Je m'en occupe. J'en ai marre qu'on perde du temps.
- Gottferdom... J'aime pas cette lueur qu'il a dans les yeux.
Tuor se plaça au milieu du petit col surplombant les troupes ennemis qui arrivaient, les regarda d'un œil de prédateur, puis cria :
- Materialize ! Paradoxal Weapon !
Sortie de nulle part, un grand bâton double apparu devant lui, orné à chaque extrémité d'une magnifique et fort lourde boule de bowling. Tuor fit alors un bond prodigieux, qui lui permit d'atteindre la hauteur nécessaire pour fondre sur ses proies sans aucune pitié. Utilisant son arme avec dextérité, il assommait sans répit Spozgar sur Spozgar. Il fit cependant une courte pause devant un groupe plus ordonné qui essayait de l'encercler.
- Vous m'aurez pas comme ça...
Il fit alors tournoyer son arme au dessus de lui, et les deux boules de bowling située aux extrémités se détachèrent, quittant leur emplacement en étant encore reliée à l'arme par une solide chaîne d'acier. Elle se mirent à tournoyer vers les Spozgars, donnant l'impression qu'il n'y avait plus deux, mais au moins une demi-douzaine de boules. Les aliens commencèrent à paniquer, mais ils ne purent même pas fuir. À leur grande horreur, ils virent que ce n'était pas une illusion : il y avait belle et bien une demi-douzaine de boules qui leur arrivait dessus, reliées par des chaînes pour former deux bolas. Le sort en était jeté, et ils furent en un instant réduit à l'état de tas informes d'où dépassait ici et là un bras ou une jambe. Puis les chaînes se rétractèrent, et l'arme reprit son apparence du début. Les ChouChouLandais étaient tous médusés ou admiratifs.
- Le fou... murmura Tsunami. Il a fait un pacte avec un Oragoune...
La plupart des ChouChouLandais étaient stupéfaits de cette soudaine révélation. Ou bien peut être faisait-ils semblant de l'être. Mais en tout cas, ils regardaient l'ewok s'amuser comme un fou avec des yeux ronds comme des soucoupes. ChouChouBoy réussit néanmoins à reprendre ses esprits pour l'engueuler.
- Quand est-ce que ce que quelqu'un écoutera mes ordres, dans cette armée de fous ?? Monde de merde !
- Le cachottier... ricanait Milvus.
Cependant, de nouveaux groupes de défenseurs ne cessaient d'arriver, et Tuor, occupé avec les siens, ne les voyaient pas venir.
- On va s'occuper de ceux-là ! Murmura Ori. Huhuhu...
- Non... Pas lui aussi...
- Materialize ! Paradoxal Weapon !
Ori brandit son bras droit, dotée de l'hématosquille, qui se transforma radicalement sous l'effet du nouveau pouvoir de son possesseur. Celle-ci quadrupla de taille, gagna une effrayante tête de mante religieuse. Elle abandonna sa couleur argentée pour une teinte blanche immaculée, rehaussée d'arabesques dorées et de reliefs vert foncé. Ori la pointa vers l'ennemi et elle cracha des boules d'énergie qui allèrent griller une bonne douzaine de Spozgars. Puis il enchaîna sur d'autres Spozgars en projetant une centaine de fils à épaisseur moléculaire en nanotubes, qui découpèrent leurs chairs en tranche, sans aucune pitié.
- Impressionnant, fit Calimsha en applaudissant discrètement. Je crois que je dois mettre les bouchées doubles si je dois les surpasser, ajouta-t-il avec un petit sourire.
Et en effet, l'entropiste grilla les étapes :
- Materialize ! Paradoxal Golem !
Un léger tremblement de terre put alors être ressenti, et de larges failles apparurent sur le sol devant Calimsha.
- Tamazinger-chan Z !!
Une immense créature verte, à mi-chemin entre la tortue volante et le robot géant surgit de terre, poussant un long rugissement :
- Myuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu !!
Elle était visiblement fait toute de métal et avait un look rétro seventies très réussi. Avec des couleurs criardes et sa tête de giant-robot, on aurait dit le fils caché de Gamera et de Go Nagai.
- À l'attaque !
Il sauta sur les épaules de son Paradoxal Golem, et tout deux chargèrent l'ennemi, choisissant un groupe encore libre.
- Mais quel bordel, c'est génial ! s'exclama Milvus en applaudissant.
- Et ça te fait rire ? demanda ChouChouBoy. C'est définitivement fichu pour la discretion.
- Puuu ! Mokona a très peur des nouveaux pouvoirs des ChouChouLandais.
Les nombre des opposants avait singulièrement baissé grâce à ces trois interventions, et lorsque Farf déclencha ses propres pouvoirs, matérialisant une demi-douzaine de melons dotés de fonctionnalités étranges, il n'eut que trois malheureux fuyards à se mettre sous la dent, ce qui lui causa une certaine frustration.
- La voie est libre, fit Tuor, dématérialisant sa Paradoxal Weapon.
La bataille terminée, les ChouChouLandais s'arrêtèrent pour faire le point. Pendant que la plupart profitaient de ce bivouac pour attaquer un petit en-cas, ChouChouBoy avait réuni les quatre fautifs.
- N'avais-je pas demandé expressément, avant la bataille, de dire si vous aviez accepté la proposition des Oragounes. Comment voulez-vous que l'on ait une tactique de combat dans ces conditions ?
- Ben on a jamais eu de tactique de combat, protesta Tuor.
- C'était plus rigolo comme ça, ajouta Farf.
- Je suis trop timide, minauda Ori.
- J'avais une extinction de voix passagère, murmura Calimsha en riant.
- N'importe quoi... dit ChouChouBoy en grinçant des dents.
- Je suis sur qu'on est pas les seuls. Y en a d'autres qui ont pas du avoir le temps de déclencher leur pouvoirs. Il n'y avait pas assez de Spozgars.
- C'est désespérant...
Il se tourna vers le reste du groupe et hurla :
- Pour la dernière fois ! Qui a accepté de faire un pacte avec un Oragoune pour pouvoir matérialiser une arme et un golem depuis le PAO ?
Un grand silence remplaça alors les bruits de mastication et une douzaines de paires d'yeux s'entre-regardèrent. Puis une main se leva timidement. C'était Kiko.
- Moi aussi...
Puis ce fut au tour de Milvus et de Pavel de lever la main en arborant un sourire stupide.
- C'est tout.
- Non, y a encore moi, fit T-Citron.
- Ça m'aurait étonné. Et vous deux, fit le président en se plantant devant Soso et Tsunami.
- Hors de question, on ne tient pas à se faire tuer par Aphraelle. Elle ne va jamais être d'accord pour qu'un ait un pouvoir qu'elle ne contrôle pas.
- Et lui, fit ChouChouBoy en pointant du doigt Milvus. Il l'a bien fait.
- Lui ? C'est un crétin, fit Tsunami.
- Il me semble que ce rôle, c'était à toi que Aphra l'avait attribué, rétorqua Milvus. Je suis censé être le cinglé.
- Ça revient au même...
- Bhaa, de toute façon, j'ai pas choisi de bosser pour elle. J'ai jamais prêté serment, contrairement à vous. J'ai été recruté de force.
- Le fou... Tu vas te faire tuer par la Déesse.
- Et nous aussi, je sens, pour pas les avoir empêché de faire ça, ajouta Soso.
Cependant, ChouChouBoy ne les écoutait pas et bouillait intérieurement. Il fit quelques exercices de yoga pour se calmer, puis déclara très calmement :
- Puis ce que c'est comme ça, vous huit serez les seuls à attaquer leur base. On va se reposer en vous regardant bosser. Et vous avez intérêt à bien faire le boulot !
- Ouais !!! crièrent unanimement les coupables que le président voulait punir.
- Pourquoi ai-je l'impression que je viens de faire une erreur ?
Les huit ChouChouLandais ayant fait un pacte avec un Oragoune se dirigèrent donc d'un bon pas vers la base ennemie, se réjouissant d'avance d'utiliser leurs nouveaux pouvoirs sans se retenir. Grâce à ce fameux pacte, ils avaient en effet la possibilité de matérialiser des objets en provenance du PAO. Avec cependant une limite : ils ne disposaient que d'une Paradoxal Weapon, utile dans les duels, ainsi que d'un grand Paradoxal Golem, plutôt destiné aux combats de grande échelle. Mais c'était largement suffisant pour pulvériser n'importe quoi en toute situation. Après un court trajet le long du semblant de sentier qui serpentait dans la vallée caillouteuse, entouré de montagnes aux formes déchiquetées, ils arrivèrent devant la forteresse ennemie. Calimsha dit alors :
- Bon, vous quatre avez pas encore testé vos pouvoirs. À vous l'honneur.
- Yeah !!
T-Citron s'avança alors et activa sans perdre de temps sa Paradoxal Weapon. Elle prit la forme d'une immense hache à double tranchant, dont les deux lames jumelles brillaient d'un éclair malfaisant. Le manche, élégant et maniable, était en un bois noueux et dur, décoré de multiples arabesques en incrustations dorée. Les deux lames, décorées de pierres précieuses multicolores, semblaient pouvoir trancher même de la roche dur comme du granit alpin.
- Vous allez tâter de ma Hache de Nain, bandes d'hérétiques !
Une troupe importante de soldats ennemis sortit alors de la forteresse, courant vers leur perte. T-Citron, se déplaçant comme une panthère, les fauchait les uns après les autres, sans même avoir le besoin de les toucher. Les deux face de la hache avait chacune un tranchant tel qu'on ne pouvait en trouver que sur une arme paradoxale : il était redoutable même à distance. Il fut vite rejoint par Pavel, qui arborait dans chaque main un gigantesque bouquet de couettes multicolores, qu'il maniait avec dextérité comme des fouets ou des chats à neuf queues. En quelques secondes, place nette avait été faite, et les ChouChouLandais se tenaient au pied de la muraille ennemie.
- Hmmmm. Ça m'a l'air solide, ça, dit T-Citron d'un air appréciateur. Qui se propose pour nous débarrasser de cet obstacle.
- Je me dévoue, fit Kiko.
T-Citron et Pavel lui cédèrent la place, et il invoqua sans perdre de temps :
- Materialize ! Paradoxal Golem ! Le Baron de l'Enfer.
- Naniiiii ? firent plusieurs ChouChouLandais, Ori en premier.
Un gigantesque Baron de l'Enfer de 20m de haut, mais en version chibi, se matérialisa alors sous leurs yeux ravis. Bien entendu, il était tout rose, dans une nuance fluo particulièrement agressive aux yeux.
- Nyuuuuuuu ! cria-t-il, tout en commençant à poser ses mains sur les murailles et à pousser de toute ses forces.
Très rapidement, les murs, pourtant épais, commencèrent à céder sous la force de l'étrange créature. Des morceaux de plâtre et de pierre de plus en plus gros commencèrent à tomber un peu partout, et les ChouChouLandais reculèrent prudemment, pour ne point en recevoir un sur la tête. Puis toute la muraille céda d'un coups, dans un vacarme effroyable, et en projetant d'énormes morceaux de moellons un peu partout à l'intérieure de la base Spozgars. Ces derniers commencèrent à paniquer sérieusement en voyant ce désastre, et la plus grande des désorganisation régnait lorsque les ChouChouLandais envahirent la base en passant par le trou béant qui venait d'être créé.
Au sein de l'État-Major spozgars, cette intrusion en force avait semé une panique des plus totale. Les officiers supérieurs assistaient terrifiés et ne sachant que faire à la colère de leur chef. Ce dernier arpentait en tous sens son QG, détruisant de temps à autre un équipement, et aboyant des ordres pas toujours logiques.
- Général ! Ils massacrent nos troupes ! fit un messager. Ils seront au pied de notre donjon dans un instant.
- Ça ne put plus durer. Je vais devoir recourir à leurs talents.
- Eux ? dit un officier. Mais ils sont incontrôlables. Je pensait que nous étions d'accord pour dire qu'ils étaient inutilisables au combat, en l'état.
- Nous n'avons plus le choix. La situation est hors de contrôle.
- ...
Il appuya sur une télécommande, et un pan de mur glissa dans un chuintement dramatique, révélant douze silhouettes. Il s'agissait de de douze soldats spozgars, qui, chose incongrue, n'avait pas l'uniforme des troupes régulières. Ils arborait des sourires inquiétants, et, à l'exception du chef suprême, tout le monde semblait mal à l'aise en leur présence.
- Nous allons vous débarrasser de ces cafards, ne vous inquiétez pas.
De leur coté, les ChouChouLandais s'amusaient comme des petits fous. Les nouveaux pouvoirs étaient bien plus rigolo que tout ce qu'ils avaient eu jusqu'à maintenant. Le seul problème était le manque de combativité des adversaires, et beaucoup commençaient à craindre que la fête ne se finisse un peu trop tôt à leur goût. Mais une explosion soudaine les rassura alors. De nouveaux combattants venaient d'arriver, et ils n'avaient pas l'air commodes. Aligné sur le toit d'un bâtiment bas situé entre le grand donjon et une tour plus petite; ils toisaient les ChouChouLandais d'un regard méprisant.
- Votre heure de gloire est terminée. Nous allons vous laminer
Et sous les yeux médusé des ChouChouLandais, ces nouveaux venus se mirent à matérialiser des Paradoxal Weapons.
- Oh oh... Voilà qui s'annonce prometteur.
Chacun se choisit ou deux adversaires, et les duel purent commencer, dans l'anarchie la plus totale.
- Weißekatze ! hurla Ori, matérialisant une splendide Paradoxal Golem
C'était un félin de métal, d'un blanc immaculé rehaussé de lignes jaunes ou rouges soulignant ses reliefs. Il fondit sur un des Spozgars tandis que Ori s'occupait lui-même d'un autre guerrier avec son hématosquille possédée.
De son coté, Calimsha avait laissé de coté son paradoxal Golem pour un corps à corps plus approprié à la situation. Sa Paradoxal Weapon était un Kusari-gama, mais au lieu d'une petite faucille, c'était une immense faux, dont la lame faisait plus de deux mètres de long. Le manche, élégant et maniable avec sa double courbure, était en un bois sombre et dur, décoré de multiples arabesques en incrustations d'argent. La lame elle même, noire avec d'inquiétants reflets bleus, semblaient avoir un tranchant plus affûtés que ne pouvait l'être du métal. Même l'air paniquait à sa vue. vert foncé, souligné de rouge, qu'il magnait avec dextérité, combattant un ennemi sautillant qui ne voulait rester en place. Quant à la chaîne, elle rivalisait sans problème dans la noirceur avec la lame, et était doté à son extrémité de milliers de petits crochets pour déchiqueter les chairs.
- Tu ne m'auras pas, tu est trop lent !
- Espèce de crapaud sauteur ! Je vais te clouer quelque part !
Les deux adversaires entamèrent une corse folle, zigzaguant sur le sol accidenté de l'intérieur de la forteresse ennemie, massacrant au passage les soldats qui avaient le malheur de se trouver là. Aucun des deux n'avait plus conscience de ce qui l'entourait, seul comptait le combat. Aussi quand une boule de bowling perdue passa par là et fora un trou bien découpé dans le corps du Spozgars furent-ils tous les deux fort surpris.
- Keeeeettch ! M'abîme pas mes adversaires ! Sale ewok !
- Ah pardon, pardon !
- Non mais oh...
Mais ce dernier n'écoutait absolument pas les remarques acerbes de l'entropiste et s'amusait comme un petit fou avec ses deux opposants.
- Je crois qu'il est temps de passer à la vitesse supérieure.
Il séparant son bâton de bowling en deux, rompant les fixations des deux manches jumeaux, et s'en fixa un à chaque avant-bras. Puis il cria en allumant ses yeux :
- Materialiaze ! Paradoxal Golem !
Des prolongements apparurent alors sur ces bâtons, qui virent peu peu encercler tout son corps tel un exosquelette de commando. Il mesurait alors plus de quatre mètres de hauts, et une impressionnante réserve de boule de bowling était disponible dans son dos, sur ses cuisses et le long de ses bras.
- Bowling Meister !!! hurla-t-il en armant ses deux arbalètes à boules de bowling, placées sur le dos de ses deux mains.
Il commença à mitrailler ses adversaires, les bâtiments et tout autre cible à sa portée avec des boules de bowling de toute taille, de tout poids et de toute couleur, détruisant tout avec son célèbre sourire sadique. Chaque arbalète était dotée d'un chargeur à six boules, qu'il rechargeait rapidement d'un simple geste vers une de ses cinq réserves, où les boules de bowling était commodément regroupés par six, sur des speedloaders. Toutes ces opérations se faisaient souplement, les speedloaders se décliquetant rapidement de leurs supports pour recharger les arbalètes avant d'être éjectés. Ce système lui permettait de soutenir une cadence infernale, qu'il utilisait sans hésiter pour tout massacrer sur son passage, n'hésitant pas à faire des bonds prodigieux pour s'offrir des gunfights à la John Woo, malgré le gabarit hors-normes de son exoquelette. Ses adversaires ne firent pas long feu, transformés en chair à saucisse par la puissance du bowling.
Non loin de la (en effet la base ennemie n'était pas si grande que ça), un trio de ChouChouLandais s'amusait quelque peu avec leurs pouvoirs nouveaux. Après avoir éliminé leurs adversaires, ils s'étaient réunis au pied d'un tour un peu plus petite que le donjon, et qui en faisait le pendant dans la partie Ouest de la forteresse.
- Je pense que l'on devrait abattre cette tour, fit T-Citron. Ça devrait provoquer un sympathique petit mouvement de panique.
- Le Baron de l'Enfer ne suffira pas, dit Kiko. Il faudrait que vous invoquiez vos Paradoxal Golems.
- Pas de problème, répondit Pavel. Materialize ! Ecchinomaya !
Une gigantesque Maya Natsume de 20 mètres de haut apparut alors, tenant dans ses mains un grand katana noir, qui ressemblait étrangement à un rideau de douche enroulé.
- Joli !
- On a une belle vue en plus, d'ici !
- Les Spozgars ont pas l'air de tenir. Ils font tous un arrêt cardiaque, on dirait.
En effet, à chaque fois qu'un des aliens passait en contrebas du golem et levait les yeux, il portait sa main à son cœur, puis tombait raide mort, par overdose d'endorphines.
- Elle est belle à en mourir...
Mais cependant, on restait au cœur d'une bataille, et Ecchinomaya vint épauler le Baron de l'enfer dans son affrontement contre les Spozgars. Ce dernier bombardait la tour de maquettes d'avions de chasse et de poupées de Lady Oscar avec une certaine efficacité. Les maquettes volaient dans les couloirs de la tour pour faire exploser ses occupants à coup de missile, tandis que les poupées les harcelaient de coup d'épées au postérieur.
- On va faire rapide, je commence à avoir faim, dit Pavel.
Ecchinomaya dégaina son immense katana et trancha proprement en deux la tour dans le sens de la hauteur. Les deux moitiés parfaitement symétriques s'écartèrent lentement, puis leur mouvement s'accéléra, et elles s'effondrèrent dans la forteresse ennemi en écrasant beaucoup de Spozgars au passage, et en soulevant un nuage de poussière dantesque.
- Theu ! Heu heu ! On y voit rien ! protesta T-Citron.
- Il faudrait nettoyer tout ça, histoire de voir où sont les adversaires qui restent.
- Je m'en occupe. Materialize ! Teezisterne !
Un grand Paradoxal Golem de métal doré apparut alors, dont la forme rappelait quelque peu le Bagage. Mais à la place de centaines de pieds, il était doté de milliers de lances à incendies, et l'intérieur de la chose était garnie d'une multitude de citernes, chacune contenant un thé présentant un mélange uniques de propriétés étranges et utiles. Pas deux thés n'était donc identique, et il y en avait potentiellement un pour chaque situation. Une lance pointa donc vers les ruines de bâtiments pour éteindre les débuts d'incendie, tandis qu'une autre pointait vers le ciel. Un thé spécial à l'odeur de romarin fut propulsé à 100m d'altitude, et retomba en une fine pluie qui dissipa la fumée.
- C'est pratique ça, dit Ori.
- On est quand même un peu trempé... remarqua Pavel.
- Alors, il reste combien de Spozgars adeptes de la magie paradoxale ? demanda Kiko.
- Heu... Je crois qu'on les a tous finis, dit Kettch.
- Déjà ? s'exclama Calimsha. Je les aurais pensé plus résistants.
- Ben... Si on réfléchit, ils n'avaient pas de Paradoxal Golems, et ils tenaient leur pouvoirs d'une relation maître-esclave, pas d'un pacte, dit Ori. C'est pas si étonnant que ça qu'ils soient minables au combat.
- Tant pis... dit Milvus, déçu. On va se contenter des quelques Spozgars normaux qui restent.
Mais un tremblement de terre, dont l'épicentre semblait curieusement centré sur le donjon, se fit alors ressentir.
- On dirait que c'est pas fini... murmura Farf, avec un sourire de contentement.
Sous les yeux ébahis des ChouChouLandais, le donjon, qui avait déjà subi pas mal de dégâts au cours des combats, se mit à se lézarder de toute part. On aurait dit que quelque chose était à l'intérieur et voulait en sortir, comme si le donjon était un œuf et que quelque chose allait éclore. Ce qui n'était d'ailleurs pas loin de la vérité. Un œil brillant apparu, puis deux, puis toute une tête.
- Qu'est ce que c'est que cette chose ??? dit Kiko, médusé.
- Je pense que c'est un Spozgars qui a essayé de matérialiser un Paradoxal Golem artificiel et qui a fusionné avec lui, dit Calimsha. C'est pas réussite.
- Quelle horreur en effet.
- Je suis Gyndal Twingo, chef suprême de la Phalange Dorée des Spozgars Noirs ! Je vais tous vous massacrer !
- Je croyais qu'on l'avait déjà tué, celui-là...
- Faut croire que non. D'un autre côté, si c'est le boss final, c'est normal qu'il soit pas encore mort, répondit Kettch.
- Il est vraiment hideux. On dirait le Divisé.
- C'est plutôt le Multiplié, dans son cas, rétorqua Kettch.
En effet, bien que les ChouChouLandais aient une forte envie de le combattre, ils hésitaient quelque peu sur la marche à suivre, car la créature étrange ne cessait de multiplier sa taille. Il avait déjà dépassé la taille du Donjon duquel il avait émergé, et ne semblait pas vouloir s'arrêter là.
- Mais merde, il est trop grand ! s'exclama Pavel. Comment on va faire. Même ma Ecchinomaya et le Baron de l'Enfer sont trop petits à coté de lui.
- Si j'étais à la bonne hauteur, je pense que mon Paradoxal Golem pourrait en avoir raison, informa Farf.
- C'est vrai que tu nous l'a toujours pas montré, remarqua Ori.
- C'est juste une histoire de hauteur ? demanda Milvus.
- Oui.
- Alors je pense que ça peut s'arranger.
- Hein ?
Mais Milvus, fermant à moitié les yeux, et tendant une main vers le sol, avait déjà commencer à réciter l'invocation.
- Materialize ! Paradoxal Golem ! Yukinoryuuuuuu !
Sortant du sol avec un sens certain de la mise en scène, un gigantesque dragon blanc, dont les écailles présentait un subtil éclat bleutée apparut devant les ChouChouLandais.
- Monte ! dit Milvus en faisant signe à Farf.
- OK.
Les deux ChouChoulandais, installés sur le dos du dragon, s'élevèrent rapidement dans les cieux. De quelques coups d'ailes puissants, Yukinoryuu les amena à proximité de Gyndal Twingo. Mais ce dernier ne semblait pas vouloir se laisser faire, et cracha de longs jets d'acides qui faillirent blesser l'étrange équipage. Haussant la voix pour se faire entendre malgré le bruit du vent, Farf dit à Milvus :
- On ne va pas pouvoir l'atteindre ainsi. On ne réussira jamais à être assez proche pour l'attaquer.
- J'ai une idée.
Milvus fit prendre de l'altitude à son Paradoxal Golem, puis le plaça entre le soleil et le Multiplié.
- Il est aveuglé !
Repliant ses ailes, Yukinoryuu entama alors un vol en piqué pour porter la première attaque. Malgré le vent qui martelait son visage, Farf réussit à lancer son invocation.
- Materialize ! Super Fliegender Cassoulet !!
- Quoi ? pensa Milvus, tandis que saucisses, manchons de canards et autres haricots cocos géants se matérialisaient autour de lui, volant à la même allure que le dragon.
Mais il fit confiance à Farf. Ce dernier projeta une grosse saucisse de Toulouse à une vitesse supersonique vers Gyndal, tel un missile meurtrier.
- Yes ! DTC !
- En plein dans le mille, en effet, mais c'est quoi la suite du plan ? demanda Milvus.
- Tu vas voir.
Les haricots se multiplièrent encore, fondant tous sur la gueule du Multplié et s'introduisant à l'intérieur. Au début, Gyndal ne fit pas attention à ces petits intrus, et ne cessait de regarder dans tous les sens pour essayer de voir où se trouvait ses ennemis. Mais Yukinoryuu faisait bien attention de rester enter lui et le soleil. Il ne comprit que trop tard ce qui se passait. Il essaya alors de vomir les haricots, mais sa gorge contrefaite par la fusion avec son Paradoxal Golem ne semblait pas vouloir lui obéir.
- Encore quelques uns...
Farf largua une dernière salve de haricots sur le Multiplié, puis fit signe à Milvus de prendre de l'altitude.
- Il vaut mieux se barrer, maintenant.
- OK !
Grâce au vol rapide de Yukinoryuu, les deux ChouChouLandais et leur monture ailée et écaillée se retrouvèrent rapidement à une distance estimé raisonnable par Farf.
- Que le spectacle commence !
Le Multiplié se tenait le ventre à deux mains et ne semblait pas du tout dans son assiette. Les gaz relargués par les haricots n'avaient de cesse d'envahir sa tuyauterie interne, et l'orifice normal de dégazage était bouché par la fameuse saucisse géante. Inexorablement, la pression interne monta jusqu'au point de non-retour. Gyndal poussa un long cri de douleur avant d'exploser de l'intérieur, dans un vacarme épouvantable.
La déflagration fut entendue à des centaines de kilomètres à la ronde et pulvérisa entièrement la base des Spozgars, la remplaçant par un grand cratère de 300m de diamètre. Farf et Milvus assistèrent à tout cela avec des yeux admiratifs.
- J'espère que les autres se sont bouchés le nez. On aurait du les prévenir...
Quelques semaines plus tard, les ChouChouLandais se réunissaient pour le traditionnel festin de Noël. La bataille contre les Spozgars était déjà loin, et tout le monde était déjà médicalement rétabli des conséquences de l'explosion de Gyndal Twingo. Tout ce qui comptait désormais était de fêter Noël dans la connerie lumineuse. Leurs ennemis comme leurs amis étaient invités (c'était parfois d'ailleurs les même personnes), et tout le monde se réjouissait à l'avance de pouvoir de goinfrer honteusement. Entrées, poissons, viandes, fromages, desserts et alcools coulaient à flots, et le semblant d'organisation du festin avait disparu très vite, transformant la fête en un gigantesque banquet barbare à la limite de l'orgie.
- Tavernier, un autre tonneau ! hurla Hébus.
- À vos ordres.
Puuuuu ! Mokona est content ! Mokona a mangé beaucoup de bûche de Noël préparé par son Milvus. !
- Tiens en parlant de lui, il est passé où ? demanda Calimsha.
- Il a disparu dans un coin avec une amie de Mokona, informa Pavel, doté d'une version kawaii et juvénile de Ecchinomaya perchée sur une de ses épaules.
- Quoi ? Une amie de Mokona ?
- Une sorcière de je ne sais plus quoi....
- Ah, je comprends mieux... Toujours aussi pervers.
- Ouais.
- Merde j'ai faim tombé ma fourchette, dit Farf.
- Ah c'est malin...
La fourchette était en effet déjà en train de disparaître quelques mètres plus bas, entre les branches du sapin. Car, en effet, le festin avait lieu au sein même du Sapin de Noël de ChouChou-City. Il y avait cependant largement de la place pour tout le monde, car il faisait déjà pas moins de 200m de haut, et devait atteindre 300m à son maximum.
- C'est sympa, fit Crisis, du Kolkhoze Kapitaliste mais qu'allez-vous en faire après ?
- C'est très simple, expliqua ChouChouBoy. On va le fera décoller, et il deviendra un vaisseau-arbre qui fera le ferry entre différents monde du Secteur de Sirius.
- Impressionnant. Toujours aussi surprenant, ce pays !
Et il repris une cuisse de dinde dans laquelle il mordit à pleines dents.
Brisant plusieurs vases précieux au passage, la Déesse tournait en rond dans ses immenses appartements, cherchant désespérément un moyen de se calmer. Tous ses domestiques et ses subalternes avaient fui devant la tempête, et la seule autre personne présent était son cousin J'K'L# Sontå?=Ðrè, qui n'était pas là pour la calmer, bien au contraire.
- Alors, très cher cousine, des contrariétés ?
- Toi, la ferme ! Si tu es juste venue pour me narguer, tu vas finir par passer la fenêtre !
- Ne soyons pas aussi violents, voyons. Cela ne servira à rien.
- Jamais je n'aurais pensé... Jamais je n'aurais cru qu'ils me trahiraient de la sorte. Après tout ce que je leur ait offert !
Mais J'K'L éclata de rire à cette déclaration.
- Quoi ? Tu crois vraiment qu'ils ont fait exprès ? Mais tu dérailles. Je crois que tu n'as vraiment pas compris comment les ChouChouLandais fonctionnent. Pas étonnant que tu ai du mal à les manipuler.
- Que veux-tu dire ?
- Je veux dire, bien entendu, qu'ils ne se sont pas rendus compte de ce qu'ils faisaient. Ils sont trop excentriques pour te trahir volontairement.
- C'est n'importe quoi. Ils ne sont pas stupides à ce point.
Mais ça n'a rien à voir avec la stupidité ! C'est la règle des trois I : incontrôlables, imprévisibles, incorrigibles. Il faut les manipuler comme de la nitroglycérine. Tu croyais faire mieux que moi sans avoir compris ça ?
- Silence ! Les ChouChouLandais sont miens ! Ne compte pas sur moi pour te les donner.
- Oh ! Ne t'inquiètes pas. Loin de moi cette idée. Pour rien au monde je ne voudrais avoir de tels électrons libres dans les pattes. Et de toute façon, je sais tout.
- Quoi ?
- Je sais que tu les a crées. Que tu as manipulé tout le monde, mortels comme Dieux, pour gagner une place qui te convienne au sein du clan Muÿœƒor. Voire même plus.
- Si jamais tu répètes ça à quiconque, je te tue, lâcha Aphraelle, les yeux brillants d'une colère noire.
- Mais je t'ai dit de ne pas t'inquiéter. Je ne suis pas là pour être ton ennemi.
J'K'L# Sontå?=Ðrè tournait autour de sa cousine, comme un chat narguant une panthère.
- Je vais me contenter de regarder. Un Complot Divin, il n'y a rien de plus divertissant. Et avec tes talents ma chère cousine, cela promet d'être réussi.
- Peuuu. Je ne sais pas si je dois rire ou te mépriser. Tu es un lâche.
- Libre à toi de croire ça...
- Laissez-le, Ma Déesse, fit un nouveau venu. Il a beau être un Dieu, il n'a pas la capacité de comprendre votre Grandeur.
Drapé d'une grande cape, il avait l'apparence d'un homme à la beauté rare. Mais c'était un Ange Majeur.
- Décidément, tu es toujours autant un beau parleur.
- C'est pour cela que vous m'avez fait votre Voix, Ma Déesse.
- Que dirais-tu d'une petite mission pour remettre de l'ordre dans mes basses affaires terriennes ?
- Ce serait avec joie, Ma Déesse. Surtout si j'ai enfin l'occasion de prendre une revanche sur ce débauché de Tsunami.
- Parfait. Va, ma Voix. Et accompli ma volonté !