Un Périple de l'USS Yggdrasil :

La Malédiction du Poncirus

Date Stellaire 500205.21 
Il ne faut jamais sous-estimer la beauté intrinsèque du Multivers. Les univers sont reliés entre eux d'une façon plus subtile que nul mortel, immortel ou Dieu ne peut l'imaginer. Aussi, il n'est pas étonnant que des répercussions inattendues d'évènements se déroulant dans d'autres univers aient lieu dans notre propre univers, et de préférence sous nos yeux.

Mémoires du Nécromancien de l'Onigiri

Le puissant USS Yggdrasil croisait paisiblement dans l'espace interstellaire, continuant sans relâche sa tournées des mondes habités du Secteur de Sirius (et accessoirement de ses tavernes). La construction de l'Union se passait bien, tant du coté économique que militaire. L'ambiance était donc à la bonne humeur à bord, et en cette heure matinale, la passerelle n'était occupé que par quelques néo-silencieux de garde.  Milvus et quelques autres officiers se trouvaient tranquillement installés au Thé Ktonik, goûtant aux dernières recettes de thé aux épices de T-Citron.

- Remarquable, ce mélange… C'est sans conteste une de tes meilleures réussites pour la catégorie « petit-déjeuner ». Mais je n'arrive pas à déterminer toutes les épices que tu as mis dedans. Il y en a deux qui m'échappent.

- Hé hé hé, c'est mon secret de fabrication, ça !

- Allez, soit pas cachottier avec les copains, dit Farf.

- Non ! J'ai planqué la recette dans le Bagage, et je déconseille à quiconque d'essayer de la voler, répondit T-Citron avec un petit rire inquiétant.

- Allez, et je te file mes adresses pour les champignons ! 

Mais cette bonne humeur fut soudain troublée par l'arrivée de Homère de Mont-Saque. Le discret médecin du vaisseau n'était pas du genre à afficher un air préoccupé, aussi le petit groupe craignit le pire quand ils le virent arriver précisément avec ce genre d'air. 

- Que se passe-t-il donc ?

- Amiral, il est arrivé quelque chose de préoccupant au Commander Calimsha.

- Hein ? Quoi donc ? 

- Le mieux, je pense, serait que vous me suiviez à l'infirmerie. Il vaut mieux que vous voyez ça de vos propres yeux. 

Et donc, Milvus, suivi de nombreux curieux, se rendit à l'infirmerie dernier-cri du vaisseau. Cette dernière était équipée d'une pièce d'isolement spécial, qui aurait pu contenir une bonne dizaine d'explosions nucléaires, et ne laissait pas passer le moindre agent infectieux. On pouvait même la régler pour stopper des neutrinos. Mais pour le moment, elle n'avait qu'un seul occupant, Calimsha, une expression de frustration intense sur le visage. 

- Alors, que se passe-t-il. Il a chopé un virus exotique en batifolant avec une autochtone ? 

- Oh non, ce genre de chose, c'est banal sur ce vaisseau, malgré les défenses immunitaires génétiquement renforcées de l'équipage. Je ne vous aurais pas tous appelé pour ça. 

- Alors il a quoi ? Je ne vois rien d'anormal. 

- Doc ! Faites quelque chose ou je vais craquer ! Je sens qu'il revient ! 

Calimsha avait soudain l'air vraiment paniqué, ce qui n'était pas son habitude. Milvus et les autres commençaient vraiment à se demander ce qui lui arrivait, quand soudain, un petit bruit d'explosion mouillée se fit entendre, et un nuage de fumée opaque dissimula Calimsha. Mais à leur grande surprise, quand la fumée commença à se dissiper, ce ne fut pas l'entropiste qui émergea, mais le fort dangereux Phoenix-co, ennemi public numéro deux du ChouChouLand. De surprise, tous les ChouChouLandais présents mirent la main à leur arme, avant de se souvenir que l'individu était sans doute dans la cellule la plus sure du vaisseau.  

- Salut les nazes ! déclara ce dernier, toujours aussi sympathique. 

- Que diable signifie tout cela ? 

- Il semblerait, commença à expliquer Homère, que deux de leurs alter-égos d'outre-univers se soient entre-tués de façon quelque peu violente. 

- C'est la routine, ça, fit Tsunami. 

- Là, ça a du être une belle baston, car ça a fichu le bazar jusque dans notre propre univers. Je ne vois pas d'autre raison à cette étrange fusion.

- C'est embêtant… conclut Milvus. 

- Embêtant ??? hurla Phoenix-co. Il faut faire quelque chose. Il est hors de question que je partage mon corps plus longtemps avec mon pire ennemi. 

- Ce que je ne m'explique pas, demanda alors Hébus, c'est pourquoi ils ne dé-fusionnent pas tout seuls comme des grands ? Ils nous pompent l'air toute la journée avec la puissance de leurs pouvoirs. 

- Le problème est qu'il faudrait qu'ils se mettent d'accord pour une telle opération.

- Ah d'accord… Je comprends mieux. C'est pas près d'arriver. 

- Concentrons-nous sur le problème, dit alors Milvus. Avez-vous une idée de comment les séparer de façon médicale.

- Il est hors de question que ce boucher me touche ! hurlait Phoenix-co, bien que personne ne l'écoutait. Je ne suis pas une des bestioles que vous disséquez dans vos labos. 

- A vrai dire, j'ai bien une idée, mais ce ne sera pas facile à mettre en pratique. 

- Peu importe… En quoi consiste-t-elle ? 

- J'ai entendu parler d'un Virus sur Canasine VII qui pourrait être efficace. Le professeur Elgoïr Vormartin en parle dans une des ses récentes publication du journal XenoScience . Il n'y aurait que deux ou trois effets secondaires…

- Je vais mourir… se lamentait Phoenix-co dans son coin, au comble de la honte d'être ainsi à la merci de ses ennemis.

- A quelle distance sommes-nous de cette planète ?

- L'étoile Unukalhai se trouve à seulement 30 années-lumières de notre position, répondit Ori, consultant son terminal portable. 

- Bien, je pense que la question ne se pose même pas, conclut Milvus. Nous allons aller immédiatement sur cette planète Canasine VII pour nous procurer le virus.

Sans perdre de temps, le puissant vaisseau ChouChouLandais changea donc de cap pour foncer sur Canasine VII à la vitesse de croisière de 5 al/h. Calimsha et Phoenix-co échangeaient leur places assez fréquemment, quoique selon un rythme apparemment totalement aléatoire. Une liaison vidéo permanente avait été aménagé entre la passerelle et l'infirmerie, pour permettre à l'équipage de suivre ce qui se passait.

- Je vais craquer… dit Calimsha. Ce n'est pas humain, comme situation. 

- Courage, nous serons bientôt arrivés à destination, et Homère a très souvent prouvé que ses compétences étaient hors du commun. 

- Je déteste devoir attendre ainsi dans l'impuissance. Rhaaaa !! 

Mais il fut interrompu par une nouvelle explosion de fumée et fut remplacé par le tristement célèbre Phoenix-co. 

- C'est vraiment horrible, fit Milvus en coupant la liaison. Je ne voudrais pas être à sa place. 

Tsunami ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose, mais une alarme stridente se fit soudain entendre, et il se retourna précipitamment vers sa console. 

- Anomalie gravitationnelle droit devant ! Le motivateur hyperdrive est en train de surchauffer ! 

- Retour à l'espace normal ! 

Et avec quelques secousses fort inhabituelles pour un vaisseau aussi perfectionné, l'USS Yggdrasil fut éjecté de l'hyperespace.

- Statut ! demanda Milvus. 

- La propulsion hyperdrive a grillée, expliqua T-Citron. Tous les autres systèmes sont opérationnels. 

- Merde ! Qu'est ce qui s'est passé ? 

- J'ai des relevés plus qu'étranges sur mes scopes, dit alors Tuor. Nous sommes au sein d'un amas d'anomalies spatiales de toutes sortes. 

- Conséquences sur le vaisseau ? Demanda Hébus. 

- Tous nos systèmes de propulsion interstellaire sont HS, expliqua Farf. Il y a beaucoup trop de fluctuations gravitationnelles, spatiales et temporelles. Nous sommes bloqués ici comme dans une toile d'araignée. 

- Alerte Jaune ! ordonna alors Milvus. Y a t-il des vaisseaux ou tout autre menace potentielle à portée de senseur ? 

- Rien du tout, fit T-Citron. Et les auto-diagnostics des senseurs et des armements sont tous positifs. 

- Probabilité que ces amas d'anomalies soit naturelles ? 

- Difficile à dire, fit Tsunami. Les seules choses réellement sures sont l'absence de menace imminente et le fait que nous sommes coincés dans l'espace normal.  

- Très bien… Pour l'instant, nous sommes donc uniquement ralentis. Ça ne va pas plaire à Calimsha ça… 

Slalomant prudemment entre les nombreuses anomalies diverses et variées de la zone, l'USS Yggdrasil se dir igeait avec une lenteur quelque peu désespérante vers la sortie. L'annonce de ce contretemps avait profondément  contrarié Calimsha et Phoenix-co, qui alternaient désormais avec une fréquence trois fois plus élevée. Sur la passerelle, les ChouChouLandais trompaient l'ennui en essayant de comprendre ce qui se passait.

- C'est tout de même bien curieux que personne n'ait jamais détecté cet amas, fit Farf. Le secteur est loin d'être désert.

- Il semblerait que l'on ne puisse le voir que une fois à l'intérieur, expliqua Tsunami. Voilà pourquoi les nombreux vaisseaux passant à proximité ne détectent rien. 

- Un vrai piège à cons, bien retors. 

Un senseur se mit soudain à bipper légèrement, et T-Citron annonça :

- Il semblerait que nous ne soyons pas les seuls cons piégés du coin. Il y a un vaisseau à environ 200 klicks de nous. Aucun relevé énergétique. Il doit être là depuis longtemps.

- Sur écran ! ordonna Hébus.

Et tous purent admirer sur le très grand écran de la passerelle la silhouette d'un élégant croiseur ferry Syrmien, en bien triste état.

- Que diable ce vaisseau fait-il ici ?

- Son transpondeur est mort… fit T-Citron. Mais si j'en crois les inscription sur sa coque, il s'agit du Poncirus . Il est dans nos bases de données. C'est un ferry Syrmien de la Lufacruz Corporation, disparu sans laisser de traces il y a six ans.

- Je vois. C'est peut-être l'occasion d'améliorer nos relations diplomatiques avec les Syrmiens. Il fait aller voir ce qui s'est passé. Sait-on jamais, on peut encore retrouver des survivants. Ou tout du moins établir la cause de l'accident.

- Et moi ? grogna Calimsha dans sa cellule. 

- Désolé, mais ça devra attendre. Il y a des gens à secourir.

- Hein ? Sur ce tas de ferraille rouillé ? Ça va pas la tête ? 

- Les Syrmiens nous en veulent toujours d'avoir été la dernière nation spatiale du Secteur de Sirius a avoir été contacté. Nous devons faire des efforts pour que cesse cette brouille. 

- Et puis surtout, c'est trop cool de pouvoir explorer un vaisseau fantôme ! fit Tuor en se frottant les mains.

- Vous me le paierez… fit Calimsha, au bord de l'apoplexie, avant qu'une explosion ne le fasse remplacer par Phoenix-co. 

Une petite équipe composé de quelques ChouChouLandais aguerris et de néo-silencieux naïfs se réunit donc dans une des soutes du vaisseau pour monter à bord d'une grosse navette. En quelques minutes, ils s'étaient rendus près de la coque de l'épave et s'arrimaient solidement à celle-ci.

- Il y a encore un peu d'énergie dans le vaisseau, annonça Tsunami. On va pouvoir entrer sans découper les portes du sas.

- Parfait, fit Milvus.

Tout le monde avait revêtu une armure spatiale dernier modèle, étonnamment légère compte tenue de sa solidité et du nombre d'armes et de senseurs dont elle disposait. Ils fermèrent leurs casques, ne sachant quelle type d'atmosphère ils allaient trouver à l'intérieur, et Tsunami tapa l'ordre au sas de s'ouvrir.

- En avant ! Soyez préparés à tout !

Armes pointées en avant, et bouclier activés, Farf, T-Citron et Ori pénétrèrent à bord du vaisseau, scrutant chaque recoin pour pallier à toute menace.

- RAS. Aucun signe de vie ou de défense automatique.

Les autres membres de l'équipe les suivirent, découvrant un corridor désert, jonché de débris, mais ou il y avait encore de la gravité.

- Comment est l'atmosphère interne ? demanda Hébus. 

- Un peu trop recyclée, mais respirable, répondit T-Citron. Il semblerait bien que les systèmes de vie sont toujours fonctionnels. 

- Voilà qui est bon signe, fit Hébus en enlevant avec soulagement son casque et son armure. 

- Crétin de troll, fit Tuor. On n'a pas encore déclaré ce vaisseau dénué de contamination biologique. Tu vas devoir subir une quarantaine, maintenant que tu as viré ton armure.

- Tssss… comme si un troll comme moi pouvait tomber malade… D'ailleurs t'es le seul à garder ton casque.

Tuor regarda autour de lui, et vit que, en effet, tout le monde avait imité Hébus, même si la plupart gardaient leur amure légère, n'ayant pas la force inhumaine du troll. 

- J'aurais du m'y attendre… grommela l'ewok.

- Nous autres ChouChouLandais n'avons peur de rien, et sûrement pas des microbes ! lança un néo-silencieux débordant d'enthousiasme.

- Mieux vaux entendre ça que d'être sourd…

- Silence, vous deux, gueula Milvus. Il faut découvrir ce qui s'est passé.

- Je ne détecte toujours aucune forme de vie, fit T-Citron. S'il y a des survivants, ils sont bien planqué.

- Mmmmm. Nous allons nous diviser en deux équipes, une ira à la passerelle, et l'autre en salles des machines. C'est là que nous aurons le plus de chance d'avancer dans cette opération.

- Ok ! 

Milvus, T-Citron, Tsunami et Pavel se dirigèrent donc vers la passerelle, tandis que Hébus,  Tuor, Soso, Farf et Ori allaient dans l'autre sens, chaque équipe avec son escorte de néo-silencieux.

- C'est curieux, ce vaisseau est en assez bon état pour une épave, remarqua Pavel. On ne dirait pas qu'il y a eu d'évacuation paniqué, ni même le moindre problème.

- Pourtant, la moitié des capsules de survie manque, dit Milvus. Il a bien du se passer quelque chose. 

- Pas de cadavre non plus, pour le moment non plus… fit Tsunami, avec un sourire joyeusement lugubre. Encore une chose étrange…

- Bhaaa… C'est un vaisseau-fantôme, fit T-Citron. C'est normal qu'il soit bizarre. 

- On pourrait pas essayer de remettre la lumière dans ses couloirs ? demanda un néo-silencieux. On voit pas à dix mètres, sans nos lampes.

- Une fois sur la passerelle, on pourra peut-être le faire, expliqua T-Citron.

- J'aime pas ça, fit le néo-silencieux en sortant un protoplaseur pour le braquer devant lui.

- Du calme voyons, c'est une mission de sauvetage, dit Milvus. On a peut de chances de tomber sur une force hostile.

- Sauf si on tombe sur ceux qui ont transformé le Poncirus en vaisseau-fantôme, ajouta malicieusement Tsunami.

- Ou des fantômes, ajouta Pavel en braquant sa lampe de poche sur son visage, lui donnait une allure spectrale.

- Squiiii… fit le néo-silencieux, de plus en plus paniqué, se demandant ce qu'il venait faire ici.

Mais ils arrivèrent sans encombre devant une grande porte étanche, que T-Citron identifia comme celle de la passerelle.

- Il suffit de l'ouvrir, et on y est. Mais ça ne va pas être facile. Elle à l'air coincée, et ses circuits ont grillé. Il va falloir l'enfoncer, et Hébus est dans l'autre groupe.

- Toi ! ordonna Milvus, en s'adressant au néo-silencieux le plus baraqué. Enfonce-moi cette porte.

- A vos ordres, fit le colosse. 

Et ce dernier s'exécuta, donnant de grand coups d'épaule, faisant vibrer toute la porte à chaque coup. Petit à petit, avec d'affreux grincements, elle se mit à céder millimètre par millimètre. Puis sans prévenir, tout s'effondra d'un coup et quelque chose vint gifler violemment celui qui venait d'ouvrir la porte. Plusieurs cris de terreur se firent entendre, quand les autres virent ce que c'était.

De son coté, l'équipe chargée de la salle des machines découvrait que les corridors qu'elle devait traverser étaient partiellement inondés. C'est donc dans une atmosphère humide et visqueuse qu'ils évoluaient, regardant prudemment où ils mettaient les pieds, sans toutefois avoir beaucoup de succès dans ce domaine.

- Gottferdom ! se lamenta Hébus. Encore un supplice de plus pour moi ! 

- Je croyais que tu n'avais peur de l'eau que parce qu'elle risquait de te laver, dit Ori. Et ça risque pas de se passer avec ce dans quoi en patauge.

- Elle est encore trop propre à mon goût !

- Quoi ? Ça fait peur… Je préfère ne jamais voir une eau assez sale à ton goût.

- Petite nature, va… 

Néanmoins, plus ils progressaient, plus le nombre de débris flottants augmentait et certains semblait bouger tout seul. Malgré l'épaisseur de leurs armures, ils sentaient des créatures filer près de leurs jambes.

- Y a des choses qui bougent… dans cet égout, j'aime pas du tout ça, fit Farf.

- Ouais, on arrive pas à les voir, ajouta Tuor. C'est trop agaçant, de pas pouvoir les shooter. 

- Pour l'instant, elles n'ont pas l'air hostile… commença à dire un néo-silencieux, avant de se faire brusquement happer par  une créature invisible et de disparaître dans le magma semi-liquide.

- Merde ! Feu à volonté fit Hébus. 

- C'est un Dianoga, fit Tuor, surexcité !

Obéissant à Hébus, la petite troupe tira dans tous les sens, faisant voler, exploser ou cramer les très divers détritus qui se trouvaient autour d'eux. A la lumière intense des tirs, ils entrevirent une étrange créature à six pattes, ressemblant à un croisement entre un insecte et une limace, emportant le pauvre néo-silencieux. 

- Il est là-bas ! 

- C'est curieux, c'est pas un Dianoga…

- On s'en fout ! À mort ! 

Les tirs redoublèrent d'intensité, et cette fois-ci, ils étaient tous dirigés vers le même point. Le monstre inconnu explosa violemment, projetant des morceaux de chair flasque un peu partout et envoyant valdinguer le corps du néo-silencieux contre une paroi. 

- Multiples fractures, brûlures au troisième degré… constata Soso. Il est plus en état de continuer. USS Yggdrasil , une téléportation directement vers l'infirmerie.

- Bien reçu !

Et le grand blessé disparut dans un éparpillement de particules, rejoignant la sécurité de l'infirmerie ou Christelle et ses infirmières le chouchouterait pour sa guérison.  

- Question, fit Farf. Pourquoi on est pas venu ici en se téléportant ? Ça aurait été quand même plus simple que de venir en navette. 

- Faut bien rentabiliser les navettes… expliqua Hébus d'un ton condescendant. 

- Question à la con, réponse à la con… constata avec résignation Farf. 

Cependant, à bord de l'USS Yggdrasil , la patience de Calimsha commençait à être épuisé. Il rodait dans sa cellule, tournant en rond comme un fauve en cage. Être ainsi réduit à l'impatience le rendait à moitié fou.

- Tu aimerais bien sortir d'ici, hein ? fit la voix de Phoenix-co dans sa tête.

- Ta gueule, toi ! 

- Mais avec ce qui nous est arrivé, tes pouvoirs sont à moitié bloqué. Et les murs qui nous entourent ont été bénis par cette enfoirée de Déesse. Tu ne peux pas les briser maintenant.

- Je te signalerais que toi ici, tu es dans le même pétrin que moi. Tes pouvoirs sont brouillés exactement de la même façon que les miens. 

- Je connais un moyen de sortir de là pourtant…

- Menteur ! 

- Tu crois ?

- Le seul moyen de débloquer mes pouvoirs et les tiens pour sortir d'ici serait de… Non ? Tu es fou ! Tu ne suggères tout de même pas de…

Le planton de service, observant le monologue apparent de Calimsha, commençait à avoir de plus en plus peur. Mais il n'osait pas encore appeler son supérieur, de peur de paraître ridicule devant lui. Grossière erreur. Une énorme explosion se produisit soudainement, faisant disparaître le secteur haute sécurité de l'infirmerie sous un nuage de débris et de fumée.

- Alerte ! cria le gardien, ayant la présence d'esprit remarquable de penser à la donner.

Mais il était déjà trop tard. Phoenix-co et Calimsha avait allié pendant quelques nano-secondes leurs pouvoirs. Pas assez longtemps pour défusionner, il aurait fallut un temps des milliards de fois plus long. Mais assez pour briser le mur divin de leur cellule.

- Enfin un peu d'action… fit Phoenix-co, qui avait émergé à son tour entre temps.

- Tu touches à un seul morceau de ce vaisseau ou de ses occupants et je jure que je te poursuivrais dans tout le multivers pour te faire avaler ton dentier !

- Un peu de calme voyons, je ne suis pas un barbare.

- Je ne te connais que trop bien…

- Maintenant que nous sommes sortis de cette cellule, il nous faut trouver le moyen de nous séparer. Canasine VII semble un bon point de départ.

- Tu ne vas pas quand même détourner ce vaisseau ?

- Ne soit pas ridicule. Je n'ai pas envie plus que cela de m'encombrer de fer à repasser géant qui pue la magie divine et la Old Technolgy à cent années-lumières à la ronde. Mais je suis sur que les soutes regorgent de vaisseaux plus discrets qui nous emmèneront en un rien de temps sur cette fichue planète…

Sur la passerelle du Poncirus, les cris d'horreurs avaient fini par s'arrêter. Un cadavre à moitié décomposé, particulièrement bien réussi dans le style « décharné, avec des asticots un peu partout », qui avait causé tout ce cirque, avait été jeté à terre par Milvus.  

- Calmez-vous, il ne peut plus faire de mal à personne, grogna-t-il en direction des néo-silencieux, tous plus pâles les uns que les autres. C'est même pas un revenant, juste un cadavre pas très frais. 

La passerelle s'avéra déserte, à l'exception de quelques autres cadavres, trop décomposés pour savoir s'il faisait partie de l'équipage, des passagers, ou d'un autre groupe, comme par exemple des pirates. Quelques consoles semblaient encore vivantes, vibrant doucement, et dotés de quelques diodes allumées.

- Le système semble en veille, mais opérationnel, constata Pavel. 

- Et bien on va le réveiller, fit Milvus. 

Et il s'installa dans le siège du Capitaine, pianotant sur sa console, dans l'espoir de trouver les derniers enregistrements du journal de bord. 

- Le système informatique semble avoir pris un sacré coup. Le vaisseau est en mode de survie minimale depuis sa disparition. 

- Voila qui colle parfaitement avec ce que nous avons vu jusque maintenant. Mais qu'en est-il du plus intéressant ? Que s'est-il passé ici il y a six ans ? 

- Je vais essayer de reconstruire les derniers enregistrements du journal de bord, dit T-Citron. Mais ça ne va pas être facile. Tout est sans dessus-dessous. 

Il s'installa à une console et donna quelques ordres aux néo-silencieux présents autour pour l'aider. Pendant ce temps, les autres ChouChouLandais examinaient la passerelle avec minutie pour trouver des indices. 

- C'est décidément bien curieux, dit Pavel. Pourquoi y a-t-il cinq cadavres ici alors que nous n'avons rien vu sur le chemin ? Ça n'a aucun sens. On dirait une mise en scène maladroite.

Il alla examiner les cadavres d'un peu plus près, faisant bipper son tricordeur au-dessus d'eux. 

- Des révélations ? 

- Ils sont là depuis six ans, ce qui est logique. Mais quelque chose cloche. Je n'arrive pas à déterminer la cause de la mort. Il n'y aucune trace de blessures physiques telles qu'une décompression ou une bataille aurait pu en provoquer. 

- Un arme biologique ? demanda Tsunami avec une pointe d'inquiétude. 

- Non, nos senseurs sont toujours calmes de ce coté-là. 

- J'ai réussi à reconstituer le tout dernier enregistrement du journal de bord, annonça T-Citron 

- Parfait, dit Milvus. 

Officiers et néo-silencieux se tournèrent vers le grand écran de la passerelle pour regarder le dit enregistrement. Mais ils regrettèrent bien vite leur curiosité. Ce qu'ils voyaient ne les rassuraient soudain plus du tout sur leur situation. 

De leur coté, Hébus et son groupe était quelque peu embarrassés : ils tournaient en rond depuis désormais un quart d'heure, et en trouvaient toujours pas la salle des machines. Ils commençaient à se disputer avec vigueur pour savoir à qui revenait la faute.

- Je suis sur que l'on aurait du tourner à gauche à cette bifurcation, grogna Tuor. 

- Mais c'est ce qu'on a fait ! protesta Hébus.

- Mais non, patate ! L'autre bifurcation. 

- Mais soit plus clair quand tu parles ! 

- Ne nous fâchons pas, voyons, fit Farf. On va bien finir par trouver cette fichue salle ! 

- Toujours optimiste… murmura Soso. 

- On a pas perdu un néo-silencieux ? demanda soudain Ori. 

- Ah tiens oui, on dirait, dit Farf en les comptant. Ils sont plus que quatre. 

- Lequel de vous a disparu ? demanda Hébus. 

- Heu… firent les quatre soldats. 

- Il me semble entendre une voix par ici, fit Soso. 

Les autres tendirent l'oreille, et acquiescèrent. On entendait bien faiblement comme un appel. Il se dirigèrent tous dans le corridor d'où provenait le bruit. Mais après quelques mètres, ils tombèrent nez à nez avec le disparu qui débouchait d'un couloir latéral. 

- Qu'est ce que tu fous là ? grogna Hébus en montrant les dents. 

- Je me suis perdu, pardon, chef ! fit le néo-silencieux, terrifié à l'idée que Hébus lui passe un savon. 

- Si lui est là, alors qui avons-nous entendu ? demanda Tuor. 

Théâtralement, un courant d'air glacé passa et la moitié des ChouChouLandais frissonna. 

- C'est peut-être un des rescapés, dit alors Soso. Si ça se trouve, on est pas loin d'une zone du vaisseau qui a servi de refuge. 

- C'est sûrement ça ! s'exclama tout le monde. 

Et ils reprirent leur chemin, guidés par le faible murmure qu'ils entendaient. A leur grande surprise, ils débouchèrent dans une des cales du vaisseau, remplis des petits vaisseaux spatiaux familiaux appartenant aux passagers. Ils étaient serrés les uns contre les autres, rangés avec art par l'équipage du vaisseau pour que pas un seul brin d'espace ne soit gaspillé. 

- C'est curieux, fit Ori. Je ne voie pas trop un refuge se trouver dans cette partie du vaisseau. 

- Je suis d'accord, ajouta Farf. 

Mais une voix lointaine se faisait définitivement entendre. Le problème était qu'ils n'arrivaient pas à déterminer d'où elle venait. A chaque fois qu'ils avaient l'impression de se rapprocher, la voix semblait soudain être bien loin. Et ils ne détectaient aucune forme de vie avec les senseurs de leurs armures de combat. 

- Soyez prêts à tout, dit soudain Hébus. Tout cela sent mauvais, c'est peut-être un piège. 

Mais Hébus n'avait nul besoin de prévenir ses troupes. Tout le monde était à cran et regardait attentivement autour de lui. Mais la cale à vaisseaux regorgeait de cachette où une force hostile aurait pu se dissimuler. 

- Je pense que nous ferions mieux de quitter cette cale le plus tôt… commença Soso.

Mais un des néo-silencieux poussa un cri étouffé.

- Qu'est ce qui se passe ?

- Là… Là… Là-bas ! J'ai vue une silhouette blanche entre deux vaisseaux.

- Rien sur les senseurs, fit Farf. Aucune forme de vie.

- Je suis sur de ce que j'ai vu ! protesta le néo-silencieux.

Ils allèrent donc voir entre les deux vaisseaux, mais ne trouvèrent rien de probant.

- Aucune trace de passage, fit Ori. La poussière est intacte, et je ne détecte aucune trace de chaleur. 

- C'est un mystère… fit Tuor. Où alors tu as halluciné, fit-il au néo-silencieux. 

- Je ne crois pas, fit Farf en déglutissant. Je viens aussi de voir une silhouette.

- Où ça ? 

- Là ! 

- Mais je vois rien. 

- Calmons-nous, dit Tour. Si nos senseurs ne détectent rien, c'est que ce sont des hallucinations. Il faut voir si nous avons ingéré une drogue quelconque à notre insu. 

- A votre insu, a votre insu, c'est vite dit. Que ceux qui fument de la moquette en pleine opération se dénoncent ! tonna Hébus 

Mais la quasi-totalité de l'expédition était désormais persuadé que des choses étranges se passaient autour d'eux, et jetaient sans arrêt de petits coups d'œils furtifs et un peu affolés. Le plus grand désordre régnait désormais, et Hébus ne savait plus que faire. 

- Bande de mauviettes ! grogna-t-il, si fort que les parois vibrèrent. Terrorisés par des courants d'airs ! Elle est belle la marine ChouChouLandaise ! 

Mais à ce moment précis, une poigne plus gelée que de l'azote liquide s'agrippa à l'épaule du Troll. Une décharge d'adrénaline qui aurait tuée un bœuf lui traversa le corps, faisant hérisser ses poils et sortir ses yeux de leurs orbites. Les autres ChouChouLandais, qui lui faisaient face, avaient l'air encore plus terrorisés. Hébus décida alors, bien à contre-cœur, de mettre de coté les traditions de courage de sa noble race. Pour rien au monde il ne voulait tourner la tête et voir ce qui venait de poser sa main sur lui. Il se mit alors en devoir d'adopter la tactique la plus adaptée à la situation : la fuite éperdue. Pour une fois, ses subordonnées le suivirent sans rouspéter une seule seconde, et sans perdre une once de terrain sur lui. Tout cela malgré le bruit de sirène d'alerte qu'émettait Hébus pour évacuer le trop plein d'adrénaline. 

Calimsha et Phoenix-co, de leur coté, venaient de quitter l'USS Yggdrasil à bord d'un Syuk de série. Calimsha aurait bien aimé prendre son Desacralisator , mais pour rien au monde il ne l'aurait laissé entre les pattes de son pire ennemi. Il avait donc avec regret opté pour un modèle plus commun.

- Bon, il va falloir sortir de ce fichu tas d'anomalies. 

- Vous autres ChouChouLandais vous avez décidément le chic pour tomber dans les emmerdes les plus exotiques en permanence. J'ai jamais vu une zone spatiale aussi louche dans cet univers.

- La ferme ! 

Zigzaguant entre les anomalies, le Syuk s'éloignait à vive allure des deux gros vaisseaux.  Il essayait de suivre la trajectoire calculé plus tôt par l'ordinateur de l'USS Yggdrasil , conçue pour se diriger vers la sortie la plus proche de l'amas d'anomalies. Le problème était que même le senseurs de classe V avaient du mal à cartographier la zone, et que la-dite trajectoire ne reposait en fait que sur des probabilités.

- Je sens qu'on est pas sorti de l'auberge, grogna Phoenix-co. Tu pilotes vraiment comme un manche.

- Non mais tu te crois où ?

Les deux mégalos commencèrent à se disputer, et bien vite, une petite explosion signala qu'ils avaient encore interverti leurs situations.

- Je prends les choses en main ! fit Phoenix-co.

- Imbécile ! Suit donc  le programme, sinon on va se perdre.

- Je ne me perds jamais.

Et une fois ces mots prononcés, il accéléra, prenant une trajectoire des plus risquées, rasant au plus près de nombreuses anomalies.

- On va mourir…

- Mais non, regarde, idiot, on arrive à la sortie.

En effet, le Syuk semblait arriver dans une zone où les anomalies étaient moins nombreuses. Mais ils durent vite déchanter.

- Merde c'est pas vrai !

- On dirait bien que si…

Juste en face d'eux se dressait deux grandes silhouettes de vaisseaux : l'USS Yggdrasil et le Poncirus . Ils étaient revenus à leur point de départ.

- J'y crois pas ! T'es vraiment qu'un incapable.

- De quoi ? C'est pourtant un programme de ton pays qui nous a fait tourné en rond.

- Tu l'as pas suivi, imbécile !

- Bien sur que si, crétin !

Les deux mégalos continuèrent ainsi à de disputer sans cesse, changeant de temps en temps de place, mais ne progressant guère. Ils tentèrent une seconde fois de quitter l'amas, mais eurent la désagréable surprise de retomber encore une fois sur les vaisseaux.

- C'est impossible ! On a filé tout droit. On ne peut PAS avoir tourné en rond.

- Cette fichue zone dérègle tout. Et tant qu'on est fusionné, on ne peut se servir de nos pouvoirs pour se barrer d'ici.

- Et tant qu'on est ici, on ne peut pas défusionner. Quelle merde !

Ils continuèrent à essayer de fuir l'amas d'anomalies, faisant encore une bonne douzaine d'aller-retour, avant de renoncer.

- On ne s'en sortira jamais comme ça. Il faut trouver pourquoi ces anomalies sont ici.

- Et comment tu comptes faire, M. Je-sais-tout ?

- Pour commencer, on pourrait aller voir sur ce fichu vaisseau fantôme. Il y a probablement la moitié des explications de nos emmerdes la-bas.

- Et comment penses-tu ne pas de faire voir de tes compatriotes ? Ils vont pas être ravis de voir qu'on s'est échappé.

- On improvisera sur place…

Affalés sur les sièges branlants de la passerelle, Milvus et son équipe étaient quelque peu démotivés. En visionnant le dernier enregistrement du journal de bord, ils avaient pu avoir un aperçu de ce qui s'était passé à bord du Poncirus. Pas beaucoup, mais assez pour ne pas avoir l'envie d'approfondir le sujet.

- C'est pas jojo ce qui leur ait arrivé… fit Pavel. Ils ont vraiment pas eu de chance.

- Inutile de s'attarder sur ça. Résumons plutôt ce que nous avons appris sur le naufrage du vaisseau.

- Un des passagers transportait en douce un artefact magique ou divin vicieux, dit Tsunami. Et quand le vaisseau est passé dans ce coin de l'espace, il s'est produit de sales interférences avec une petite anomalie spatiale.

- Petite ? fit un néo-silencieux. 

- Hélas oui, elle était bien petite avant le passage du Poncirus , fit T-Citron. C'est l'artefact  qui l'a transformé en amas monstrueux…

- … piégeant du même coup le vaisseau et ses passagers, continua Tsunami.

- Qui sont devenus quelque peu fous, ajouta Pavel.

- Inutile de revenir la-dessus… objecta Milvus. 

- Je propose d'appeler illico Aphraelle, dit T-Citron. Sans ses pouvoirs, on va pouvoir faire grand chose.

- Impossible, elle est en vacances, dit Tsunami. Hors de question que je l'appelle pour me faire trucider.

- Parfaitement d'accord, fit Milvus.

- Quoi ? lâcha T-Citron. Merde alors, par moment j'ai bien envie de devenir hérétique quand je vois comment ils glandent rien, ces dieux.

- Blasphème… siffla Tsunami. 

- Ouais, ben, pouet pouet, l'Ange Majeur. Tu vaux pas mieux.

Les deux ChouChouLandais se regardaient en chiens de faïence, le Bagage s'agitait, et tout cela aurait pu dégénéré en baston si un sinistre hurlement n'avait interrompu tout le monde.

- C'était quoi ça ? fit un néo-silencieux en claquant des dents.

- On aurait dit Hébus, fit Pavel. 

- Tu rigoles, la chose qui a poussé ce cri était paniqué, objecta T-Citron. Ça ne peut pas être un Troll de Troy.

- Et pourtant on aurait bien dit sa voix.

- Merde alors. Il faut aller voir ce qu'il se passe, ordonna Milvus.

Il se dirigea aussitôt vers l'endroit approximatif d'où venait le cri, mais constata rapidement que personne ne le suivait.

- Qu'est ce que vous glandez ?

- Ben, tu sais, on a beau être cinglé, on l'est pas assez pour aller titiller quelque chose qui terrorise un Troll de Troy.

- … 

Le Troll, justement, venait de cesser de fuir comme un dératé, après avoir traversé en un temps record les trois quarts de la longueur du vaisseau spatial. Reprenant son souffle, il constata non sans surprise que tout le monde était là à se cotés. Même eux couraient drôlement vite quand le besoin se faisait sentir.

- Qu'est ce que… pff… Qu'est ce que… Qu'est ce qui était derrière… pff…. Derrière moi ? Qu'est-ce qui m'a touché l'épaule.

- Aucune idée, fit Farf. Mais tu avais l'air tellement terrorisé tout d'un coup que j'ai pas cherché à le savoir.

- Hein ? Vous n'avez rien vu qui me saisissait l'épaule.

- Non, fit Soso. J'ai juste vu un Troll qui avait subitement une frousse bleue !

- Mais j'ai eu la frousse parce que vous étiez tous terrorisés ! Sinon je me serais retourné pour voir ce qui me touchait.

- Rien ne te touchait, dit Ori. Ça devait être ton imagination.

- Mon imagination  ? Gottferdom ! C'est impossible ! Il y avait quelque chose !

- On n'a rien vu ! 

La conversation commençait à dévier tout doucement, et se serait vite muée en baston généralisé si Tuor n'était pas intervenu.

- Du calme ! Je vous rappelle qu'on est censé comprendre ce qui s'est passé ici. Je suis sur que ce n'était que trois vieux fantômes moisis. C'est quand même pas ça qui vont nous arrêter ! Merde, c'est le genre de choses qu'on s'attend à trouver sur ce genre d'épave.

- Bien parlé !

Les ChouChouLandais commençaient tout doucement à retrouver leur confidence, et reprirent leur mission initiale, qui, au cas où le lecteur l'aurait oublié, était de trouver la salle des machines.

- Je crois que j'ai trouvé un plan de ce vaisseau, déclara Farf en montrant du doigt une plaque de métal rouillée fixée au mur.

- Parfait. Voyons-voir où est cette fichue salle des machines, tonna Hébus.

Les ChouChouLandais se tassèrent tout autour de la plaque en se marchant mutuellement sur les pieds, et en se disputant sur l'interprétation du plan. Mais il fallu bien finir par se rendre à l'évidence.

- On est juste à coté ! 

- Dire qu'on est passé juste à coté une dizaine de fois !

- On est vraiment pas doué.

- Ben on est des ChouChouLandais.

Soupirant sur le statut d'élite de l'humaine de par leur mononeuronalité, ils se dirigèrent sans se presser vers l'entrée toute proche de la salle des machines. Mais à peine l'avait-il franchie qu'ils tombèrent en arrêt devant un spectacle insolite.

- Qu'est ce que c'est que ce bordel ? 

Toute la salle des machines avait été redécorée façon néo-gothique, avec force dentelle noire, toiles d'araignée et candélabres surmontées de bougies aux formes baroques. Un piano déglingué jouait tout seul une étrange mélodie ressemblant vaguement à l'hymne funèbre de Chopin. Un grand espace avait été dégagé pour servir de piste de danse et une trentaine de couples y évoluaient. Ils avaient tous l'air mort depuis quelque temps, mais ne semblaient pas au courant, car ils valsaient avec entrain. Même la perte éventuel d'un membre ne semblait pas les affecter, et nombreux étaient les danseurs à continuer malgré l'absence d'un bras ou d'une jambe.

- C'est le bal des vampires ici ? 

- Plutôt des morts-vivants, non ? 

Outre les danseurs, un certain nombre de créatures était confortablement installé dans des fauteuils et des sofas de velours noir et rouge, tenant par miracle, tant le bois semblait vermoulu. Tous étaient en train de papoter, tout en sirotant des cocktails aux couleurs peu engageantes, où un os remplaçait l'habituelle paille et une iule enroulée sur elle même jouait le rôle de rondelle de citron. Ils avaient l'air dans le même état de putréfaction que les danseurs. 

Ce qui devait avoir été une beauté fatale, mais n'était plus qu'un amas de chairs grises et vertes avec des asticots et des milles-pattes se baladant tranquillement vint voir les ChouChouLandais. Avec son grand sourire figée, elle leur dit : 

- Alors c'est vous qui nous traitez de vieux fantômes moisis ? 

Elle n'avait pas l'air du tout conciliante… 

Malgré leur fortes réticences, les autres ChouChouLandais avaient fini par accepter de chercher Hébus et son groupe. Fusils lourds pointés devant eux, ils avançaient prudemment dans les coursives sombres du vaisseau, prêts à défendre chèrement leur vie. Ils arrivèrent cependant à une intersection, et hésitèrent sur le chemin à prendre.

- Le Bagage a l'air de vouloir aller à gauche, fit T-Citron. 

- On le suit ? 

- Mouais… dit Pavel. C'est pas un chien non plus. Si ça se trouve il se trompe. 

- De toute façon, c'est ça ou bien tirer au sort, dit Tsunami. Autant le suivre. 

- Toujours aucun cadavre. C'est vraiment étrange. C'est le bordel partout, comme s'il y avait eu une bagarre généralisé, ici. 

- C'est clair que c'est en bien moins bon état que les premières coursives que l'on a explorées, dit Milvus. Ce vaisseau fantôme est vraiment bien étrange.

- C'est le cas de le dire, dit Tsunami. J'ai même l'impression que certaines coursives ont changé d'état entre nos passages. 

- Des fluctuations de la réalité dues à la nature fantomatique du vaisseau ? demanda Pavel. 

- Ça expliquerait pas mal de choses, dit Milvus. Sauf pourquoi on a vu des cadavres que x passerelle. 

Tout à disserter le plus rationnellement possible de leur situation surnaturelle, les ChouChouLandais commencèrent à être moins attentif à ce qui les entourait. Ce qui se révéla une grave erreur. Sans prévenir, un immense zombie à la force phénoménale déboula devant eux après avoir pulvérisé une cloison. 

- Iiiiiiiiiiiik ! fit un néo-silencieux en se faisant attraper par la créature. 

Ce fut ses derniers mots. Le mort vivant le déchira en deux comme s'il avait été une vielle serviette. Haut d'au moins trois mètres, il était recouvert d'une fourrure rousse et longue dont il ne restait hélas que quelques plaques clairsemées et maladives. Ses mâchoires étaient garnies de crocs jaunes dont la moitié manquait. Le tout était dans un état de pourrissement avancé, et on pouvait même voir les os à deux ou trois endroits. 

- Je rêve ou c'est Hébus ? fit Tsunami, tout en courant comme un dératé pour lui échapper. 

- Putain de merde, il est devenu un mort-vivant ! 

Une fois à bonne distance de ce qui avait été Hébus, ils s'arrêtèrent pour regarder ce qui se passait. Ils virent alors avec effroi que tous leurs néo-silencieux restant avaient étés capturés et que le troll était en train de joyeusement les étriper. Mais le plus effroyable était qu'ils se relevaient après, rejoignant la troupe des zombis. 

- Oh merde, c'est vraiment contagieux ce truc, fit Tsunami. Et je crois pas que mes pelles à tarte puissent faire grand chose contre ce truc. 

- J'ai de plus en plus envie de me barrer, ajouta Pavel. C'est plus du tout marrant une chasse au fantômes quand on le devient soi-même. 

- Bien parlé ! 

Et sans se préoccuper de ce qui arrivait aux autres, ils commencèrent à retourner sans perdre ne seconde à la navette. Mais une surprise les attendait en route. Une silhouette floue se dirigeait vers eux en titubant. 

- Merde ! Une goule ! 

- Quoi ? Ori ? 

La chose venait toujours eux, se rapprochant inexorablement. 

- Non, une vraie goule ! A couvert ! 

- Mais, non, je suis sur que c'est Ori. 

En effet, il y avait un air de ressemblance indéniable.

- Mais il est vraiment devenue une goule.

- Quoi ? Et merde ! 

Ils essayèrent de l'éviter au dernier moment, mais il était déjà trop tard. Assisté d'une chose ressemblant à une omelette géante, qui se révéla plus tard avoir été Farf, la goule s'empara de Pavel et Tsunami et les transforma sans pitié en mort-vivant. 

De leur coté, l'improbable couple Calimsha/Phoenix-co essayait de son coté de comprendre ce qui se passait. Ils avaient aussi du mal à s'y retrouver dans le labyrinthe des corridors de l'épave du Poncirus . Mais au moins eux avaient-ils compris que c'était due à la nature fluctuante de la réalité dans le coin.

- Si tu cessais un peu de me faire chier, rouspétait Calimsha, je pourrais me concentrer et trouver notre chemin vers la source de l'anomalie de réalité ! 

- C'est ça, accuse moi ! Avoue plutôt que tu es un incapable.

- Mais tu vas fermer ta grande gueule ! 

Les deux mégalos avaient tout de suite sentis que la source de tout ce bazar était situé non loin de la salle des machines. Ou plus exactement, que que le phénomène avait commencé à ce endroit. Car désormais, raisonner selon la structure interne du vaisseau fantôme était une absurdité.  

- Je pense qu'il faut aller par là. 

- Tu penses, maintenant ? C'est nouveau ça ? 

- Oh ça va ! Si tu veux faire de l'humour grinçant sur mon dos, essaie au moins qu'il soit drôle. 

Malgré cette dispute incessante, ils entendirent juste à temps les bruits étranges qui venaient d'un corridor qui allait croiser le leur dans quelques mètres. Calimsha se plaqua donc contre le mur, sortit un pistolet à accélération magnétique, et prépara mentalement un sortilège. Il était donc prêt à parer toute menace, quelque soit sa nature. Mais le spectacle qui passa le laissa quelque peu perplexe. Une demi-douzaine de morts-vivants, parmi lesquels ils reconnurent Tuor et Soso étaient en train de courir après T-Citron et Milvus, l'air quelque peu paniqués. Le Bagage était en train de vigoureusement mordre l'ewok par le cou, qui semblait étrangement ne même pas s'en apercevoir. 

- Et bé… On s'amuse bien ici à ce que je vois…

- Ta gueule toi… Je vois que mes compatriotes ont encore réussi le défi se mettre dans une merde noire. Mais s'ils croient que je vais les aider avant que je me sois débarrassé de toi, ils se mettent le doigt dans l'oeil jusqu'à l'astragale… 

- Ce que j'adore chez vous, les ChouChouLandais c'est votre solidarité…

Cependant, Milvus et T-Citron avaient provisoirement réussi à échapper à leurs poursuivants en se réfugiant dans la passerelle et en s'y enfermant. Ils s'effondrèrent sur les sièges, reprenant leur souffle après cette course folle.

- Pffff… On est mal barrés, dit T-Citron. Tout va de pire en pire depuis qu'on est arrivé ici. 

- Ouais, c'est la galère. Je me demande comment on va s'en sortir. 

- Je propose qu'on abandonne ce vaisseau fantôme et qu'on se barre d'ici. De toute façon, je pense pas qu'il y ait grand chose à faire pour sauver quelqu'un ici. 

- C'est vrai… Mais le problème, c'est que presque toute l'équipe venue ici est zombifiée. Il faut d'abord voir si on peut les sauver ou pas quand même. Le Président va me tuer sinon. 

- Bhaa… On les neutralise, on les téléporte sur notre vaisseau, et on laisse Homère s'en charger. Comme ça on aura fait notre devoir. 

- Je crois bien que c'est la meilleure action possible. Je vais appeler le doc. 

Milvus prit donc son communicateur et essaya de joindre Homère de Mont-Saque. Mais à son grand déplaisir, l'infirmerie était dans le plus grand des désordres. 

- Les deux mégalos se sont barrés en démolissant la moitié de mon infirmerie. Je vais les tuer !

- Du calme Doc, ils sont où ?  

- Ils ont quitté le vaisseau à bord d'un Syuk. Après on a perdu leur trace.

- Bhaa… Bon débarras. Oubliez-ça pour le moment. Vous seriez prêts à prendre en charge une dizaine de zombis ? 

- Qu'est ce que vous avez encore foutus, vous autres ? A chaque mission, vous réussissez toujours à revenir amoché de façon encore plus exotique que la précédente.

- Désolé, Doc… 

- C'est pas grave. Mais je crois qu'il va falloir attendre un peu que la section haute sécurité de mon infirmerie soient remise en état. Où alors flanquez-les dans la prison du vaisseau, carrément.

- Mouais, ils vont gueuler quand ils seront guéris, mais je crois que c'est la seule chose à faire. 

- Profites-en pour appeler un peu de renforts, ce sera pas de trop, glissa T-Citron à l'oreille de Milvus. 

Ce dernier acquiesça et s'apprêtait à suivre ce conseil, quand il vit un mouvement derrière lui. 

- Quiiii nous déééérange dans nooootre sieeeeste ? demanda un des cadavres de la passerelle, se dirigeant de manière menaçante vers lui et T-Citron. 

- Merde ! C'est maintenant qu'ils se réveillent ceux-la ? Z'auraient pas pu montrer un peu plus tôt qu'ils étaient des morts-vivants ? 

Mais ils se mirent tout deux en position de combat, près à défendre chèrement leur vie. 

De leur côté, Calimsha et Phoenix-co étaient arrivés à l'endroit qu'ils avaient identifiés comme la source de toutes leurs emmerdes. C'était une petite soute à bagage formant coffre-fort, conçue pour y ranger les possessions les plus précieuses des passagers. Ils y entrèrent dans difficulté, la grande porte blindée qui en formaient l'entrée ayant apparemment été défoncée depuis des années. Elle ressemblait depuis à un curieux croisement entre un chou-fleur et une planche à repasser.

- Putain, quel bazar. Ça va pas être facile de retrouver la chose à l'origine de ce merdier dans  tout ce fatras.

On aurait en effet dit qu'une tornade avait dévasté la zone. Les coffres, malles et boites qui avaient du autrefois être soigneusement disposés et empilés ne formait plus qu'un tas informe de détritus, les trois-quarts des contenant étant ouvert ou à moitié cassé, laissant leur contenu s'échapper au petit bonheur la chance. Les étagères n'étaient pas en meilleur état, comme si un rhinocéros avait joué avec elles. Des débris d'objets précieux crissaient sous le pied de Calimsha, formant  une couche de quelques centimètres d'épaisseur par terre.

- Par où on commence ?

- Logiquement, on devrait réussir à détecter par la magie la source exacte de toutes ces perturbations.

- Fait chier, y a plein d'interférences. Tais-toi un peu, que je puisse me concentrer !

- Quel incapable tu fais !

Une petite explosion se fit entendre, et Phoenix-co remplaça Calimsha.

- Bon, passons au choses sérieuses.

- Rends-moi mon corps, espèce d'emplumé !

- Ça a l'air d'être par là.

Sans se soucier des protestations de l'entropiste, il se mit à farfouiller un peu partout, réussissant à mettre encore plus de désordre qu'il y en avait et cassant des objets d'une valeur inestimable, mais qui ne l'intéressait pas. Il s'arrêtait quand même de temps en temps, contemplant une pierre précieuse grosse comme un oeuf de pigeon ou quelque sculpture à l'allure étrange. Il regardait chaque objet quelque seconde, puis le balançait derrière lui ou l'enfournait dans sa poche selon la décision qu'il prenait. 

- T'as pas bientôt fini ? On est pas là pour faire du shopping !

- Mais ta gueule…

Néanmoins, fouillant à droite et à gauche, Phoenix-co finit par trouver un objet étrange qu'il dut tenir avec deux doigts tout en se bouchant le nez.

- Pouah, ce truc pue la magie divine, ça peut être que ça.

- Ce machin ?

- Ouais. 

Phoenix-co s'apprêtait à détruire l'artefact quand un énorme bruit se fit entendre derrière lui. Il se retourna brusquement, s'apprêtant à griller sur place l'intrus, quel qu'il soit. Mais en voyant de qui il s'agissait, une grimace de contrariété se dessina sur son visage.

T-Citron de son coté, venait de réaliser qu'il détenait le titre peu enviable de dernier ChouChouLandais intact encore présent sur le vaisseau. Sous ses yeux horrifiés, une goule avait attaqué Milvus par le pied, le lui mangeant avec goinfrerie. Le pauvre amiral avait aussitôt muté en un mort-vivant assez exotique et hideux. Il faut dire qu'avec le nombre de fois où il était mort, devenu fou, possédé par un alien, etc, etc… il avait un tas de toxines et de viroïdes étranges dans son corps que même Homère n'arrivait pas à enlever. En conséquence, il  faisait les allergies les plus étranges du ChouChouLand. En l'occurrence, il avait muté en une sorte de poulpe vert et violet, bien visqueux, avec une bonne centaine de tentacules oculaires regardant dans toutes les directions. T-Citron n'avait pas attendu de savoir par quel coté la chose allait essayer de le manger pour fuir à toute jambe.

- Putain fait chier, j'ai presque plus de munition ! Tant pis, je vais devoir utiliser l'armement d'urgence.

Et déchirant sans hésitation la manche droite de son T-Shirt, il révéla un grand chouchou, qui pulsait avec une étrange lueur malsaine et fluorescente.

- Z'allez tater du ChouChou d'assaut, bande de zombies à à la noix de Macadamia !

Et tirant vaguement dans la direction de ses ennemis, T-Citron, toujours suivi du Bagage (qui semblait décidément trop indigeste, même pour un mort-vivant) se mit à tout détruire autour de lui. Le ChouChou d'assaut était l'arme de poing ultime, spécialement offerte par la déesse à ses fidèles ChouChouLandais. Véritable concentré de technologie de classe V, il pouvait venir à bout de n'importe quel ennemi, à l'exception d'un Dieu ou d'un demi-dieu extrêmement puissant.

- Bouffez-moi ça ! Mouhahahaha ! hurla T-Citron, perdant peu à peu la raison. 

Hélas, dans l'environnement hautement perturbé du vaisseau-fantôme, les tirs étaient incontrôlables, et bien peu atteignirent leur cible. 

- Pfff… Pfff… Je suis crevé. 

- Rejoins nos rang, fit un zombi verdâtre. Tu ne te doute pas de la puissance que tu pourra avoir. 

- Ta gueule, sale limace au roquefort périmé ! 

- Ne te débat pas ainsi. Resistance is… 

Le zombi hésita alors dans ce qu'il voulait dire. 

- Ouais ? demanda T-Citron, attendant. 

- Merde, je me souviens pas de la suite. Tant pis, c'est pas grave. 

- Mais quel dégénéré ! fit T-Citron, en lui explosant la tête d'un tir bien placé. 

Mais en enjambant son corps pour aller dégommer les autres, il sentit quelque chose qui le saisit par la cheville 

- Ne pars pas ainsi, fit le mort-vivant sans tête. 

- Mais lâche-moi, saleté ! 

Mais il était déjà trop tard. Malgré les efforts de T-Citron et du Bagage, le zombi l'avait déjà mordu. Il se mua lentement en un horrible zombi, mélange improbable entre Sadako et une pizza quatre saisons. Le Bagage fuit devant un tel spectacle, et T-Citron alla rejoindre les siens, pour l'assaut final contre les deux derniers vivants présents sur le vaisseau. 

Mais ces deux derniers êtres vivants, à savoir Calimsha et Phoenix-co, venait de rencontrer une personne qu'il connaissait bien, et qui venait d'arriver à l'improviste. Ce qui était normal vu qui il était. Un Dieu.

- J'K'L# Sontå?=Ðrè, qu'est ce que tu fous ici ? demanda Phoenix-co. 

- Tremblez mortels, je viens chercher ce qui m'appartient ! 

- Hein ? Encore un mauvais trip ? Je t'avais dit de ne pas acheter ta dope ailleurs que chez moi. 

- Je suis sérieux, c'est à moi, ça ! 

- Quoi, ça ? 

- Oui, c'est mon sandwich ! Je l'ai oublié dans ce coin de la galaxie il y a trois millions d'années. 

- Ah d'accord, je comprends mieux l'aspect. 

- C'est un casse-croûte divin qui est la source de toutes nos emmerdes ? Fais moi plaisir, tues-le.

- T'es fou, c'est un client ! 

- Hein ? fit le Dieu. 

- T'inquiètes, je parle à l'entropiste. 

- Ah, OK. Je peux avoir mon sandwich ? 

- Je peux savoir ce que tu vas en faire ? Parce que si c'est pour le manger, laisse-moi me barrer loin d'ici. J'ai pas envie de voir les dégâts sur cet univers que peux faire un Dieu qui a la chiasse 

- Je suis pas fou comme les ChouChouLandais et toi, moi ! Bien sur que non, que je ne vais pas le bouffer. Je vais essayer de m'en débarrasser, histoire de faire disparaître toutes ces anomalies à la con avant que ma chère cousine ne s'en aperçoive. Elle va encore criser si elle découvre que je laisse traîner ce genre de chose chez elle. 

- Ouf ! Pour une fois je suis rassuré. 

Phoenix-co se détendit un instant, et Calimsha en profita pour revenir. 

- Tu nous sors de là, alors ? demanda l'entropiste. Première bonne nouvelle de la journée. 

- Ouais, mais faudrait que je trouve un moyen de me débarrasser de ce machin. 

- Un vieux sandwich divin oublié dans un coin, tu sais que tu peux te faire un max de blé avec ce genre de reliques, dans certains coins dotés de mortels biens crédules. 

- Tiens ouais, c'est pas con. 

Mais à ce moment-là, une petite troupe de zombis déboula par surprise et J'K'L# Sontå?=Ðrè, de surprise, se téléporta par réflexe chez lui, emportant tout de même Calimsha avec lui. 

Sur l'USS Yggdrasil, cependant, ChouChouBoy venait de finir sa sieste et fut assez mécontent en entendant les nouvelles.

- Quoi ? Ils se sont tous faits zombifiés ? Mais quelle bande de glands, c'est pas possible. 

- On envoie une équipe de secours ? Demanda Chen Li. 

- Ça me fait chier, mais je crois qu'on a pas le choix. 

Mais à ce moment précis, diverses alarmes retentirent, et la moitié de l'équipage présent sur la passerelle sursauta. 

- Qu'est ce qui se passe encore ? grogna le Président. 

- Toutes les anomalies spatiales ont disparus, sauf une de taille très limitée, et sans danger. Le Poncirus en revanche est toujours là.

- Mais qu'est ce que c'est que ce bordel ? 

- Tout se passe comme si l'artefact divin à l'origine de toute cette histoire avait brusquement quitté notre univers. Mais je ne vois pas comment. 

- Mouais… Encore un dieu ou un autre mégalomane qui s'amuse ou se fiche de notre gueule. Enfin, c'est pas grave, on a l'habitude. 

- Je fais quoi avec l'équipe de secours ? Demanda Chen Li. 

- Les autres crétins ont toujours pas donné signe de vie, hein ? Ben on va quand même voir ce qui se passe. 

Un petit groupe de ChouChouLandais parmi ceux qui étaient restés sur le vaisseau se téléporta donc sur le Poncirus , sans trop savoir ce qu'ils allaient découvrir. Ils furent à la fois soulagés et exaspérés en retrouvant leurs concitoyens. Ils étaient tous endormis dans les coursives, le plus souvent à moitié nu, les vêtements en lambeaux, et ronflant comme des bienheureux. Il y avait aussi les passagers syrmiens, dans le même état. Tout le vaisseau sentaient l'alcool et autres substances plus ou moins illicites selon la législation locale. Un Mokona solitaire sautilla un instant devant eux, puis disparut dans les ténèbres aussi vite qu'il était arrivé.

- Ça devient n'importe quoi, nos aventures… M'enfin, téléportez-moi tout ça dans les cellules de dégrisement. On les interrogera demain ou après-demain, quand ils seront revenus à eux. 

Et tout le monde rentra à bord de l'USS Yggdrasil, qui prit tranquillement le chemin de la planète Syrma, le Poncirus en remorque.

- Au moins, on fera des heureux là-bas, dit ChouChouBoy. Même si je ne sais pas trop ce qu'on leur racontera comme histoire pour expliquer ce bordel. 

Personne ne pensait plus à Calimsha, et ce ne fut que quels jours plus tard en le voyant revenir que certains se souvinrent de son existence. 

Lorsque les zombis étaient tombés sur lui, Phoenix-co et J'K'L# Sontå?=Ðrè, ce dernier les avaient donc tous transférés vite fait en un lieu plus sur. Un Dieu avait quand même sa dignité, et se faire mordre par des zombis ne cadrait pas très bien dans ce cadre là.

- C'est curieux, c'est un peu miteux, pour une demeure divine, remarqua Phoenix-co. 

- Oh toi la ferme. C'est pas ma piaule normale ça, c'est ma chambre de cité U à la fac d'Astilouth. J'y met jamais les pieds en temps normal. 

Ils se trouvaient dans une petite pièce d'environ 14 m², aux murs couverts de moisissures et dont les seuls meubles étaient un lit et une table branlante. Les sanitaires fuyaient, permettant la formation d'une petite mare dans un coin de la pièce, où semblait avoir prospéré un écosystème fort intéressant. Un néon clignotait au plafond, et par la fenêtre aux verres brisés, on voyait un paysage de barres grisâtres et sales, qui aurait fait apparaître la pire des cités défavorisés pour un village de vacances pour vieux rentiers californiens. 

- Bon, je vais commencer par vous séparer, parce que ça génère des perturbations de réalité et que si les flics les détectent, ils vont encore me faire chier. 

Il tendit un doigt, et aussitôt dit, aussitôt fait, les deux mégalos cessèrent enfin de ne faire qu'un, à leur grand soulagement. Ils étaient quand même un peu blessés dans leur orgueil de se faire ainsi aidé par un Dieu. 

- Et maintenant disparaissez ! Faut que je me débarrasse de ce fichu sandwich ! 

Les deux mégalos ne se firent pas prier, et laissant J'K'L# Sontå?=Ðrè à ses problème d'ordures ménagères (le tri sélectif sur Astilouth comprend 1548 types de déchets avec leur poubelle resective et de lourdes amendes frappent ceux qui se trompent), ils repartirent chez eux chacun de leur coté. Non loin de la cité U se trouvait un certain nombre d'établissements intéressants, aussi traînèrent-ils quelques jours de plus dans le coin. En s'évitant soigneusement, cela va sans dire.

Date Stellaire 500205.27 

Le soir de son retour, Calimsha entendit de la musique et vit une grande foule devant le restaurant le plus apprécié de la Promenade. Il crut un instant que c'était une petite fête en son honneur, mais découvrit vit que la raison de tout ce brouhaha était autre : Un panneau affichait fièrement : «  Ce mois-ci : Elfe farci à volonté tous les soirs ! ». Légèrement déçu, mais au final guère surpris, et attiré par la bonne odeur, il entra et rejoignit les quelques ChouChouLandais déjà présent.

Il s'installa dans un des grands canapés déglingués, mais incroyablement confortables, qui servaient de chaise, commanda une choppe de vin de sang en guise d'apéritif, et commença à demander ce qui s'était passé pendant son absence.

- On a rendu le Poncirus aux Syrmiens, expliqua Tsunami. Bien entendu ils n'ont pas cru notre version de l'histoire, et ont prétendu que nous étions responsables de sa disparition.

- Hein ? Mais le ChouChouLand n'existait pas à l'époque ! C'est idiot.

- Ben ils croient quand même que c'est de notre faute. Ils imaginent qu'on a remonté le temps ou profité de je ne sais quel anomalie temporelle pour nous s'emparer des passagers et faire des expériences sur eux.

- C'est de la diffamation ! affirma alors haut et fort Homère. Je ne suis pas un Dr Mabuse. 

- Le problème, c'est qu'on ne le dirait pas en te voyant. 

- Bref, les relations diplomatiques ne sont pas prêtes de s'améliorer avec eux. 

- C'est le cas de le dire.

- Ils songent même à nous concurrencer dans la production de moquette. 

- À ce point ? 

- Ouais, c'est la merde, fit Tsunami, tout en se servant une généreuse portion d'elfe farci. 

- Bhaa… fit Calimsha en se servant lui aussi, au pire, on les secoue un peu avec ce vaisseau et nos Syuks, et ils comprendront qui est le maître ! 

- Non ! firent d'une seule voix Tsunami, Soso et Milvus. 

Calimsha ricana doucement, car il avait fait exprès de les provoquer, s'attendant à une telle réaction. 

- Je plaisante, je plaisante… 

- Mouais, à moitié, à mon avis. 

Un énorme rugissement se fit alors entendre et Tsunami en mordit sa fourchette, la sectionnant net, mais se faisant sérieusement mal aux dents en même temps. 

- COMMENT OSEZ-VOUS ATTAQUEZ L'ELFE FARCI SANS QUE JE SOIS ARRIVÉ ! C'est un scandale ! 

- Mais tu faisait la sieste ! fit Tuor. 

- Gottferdom ! Tu vas me le payer. 

Et il essaya d'attraper l'ewok pour le farcir, mais ce dernier lui échappa, s'enfuyant dans un tube de Jefferies avec son assiette. 

- Reviens ici, sale bête ! 

Mais il était déjà trop tard. De dépit, il attrapa le premier néo-silencieux qui passait par là et lui arracha un bras pour le manger. Du sang jaillit sous haute pression, éclaboussant tout le monde et les assiettes. Tout le monde commença à rouspéter dans un effroyable vacarme, et la salle de restaurant se transforma vite en une bagarre générale. 

- Putain, ça m'a manqué, ça ! constata à haute voix Calimsha, regardant la scène tout en mordant avec appétit dans son cuissot d'elfe. Décidément, y a rien de mieux que d'être chez soi. 

 

THE END
Bon, voilà une prose sans début correcte ni fin satisfaisante, et encore moins avec une histoire entre les deux. Mais l'important, c'est d'avoir vu des ChouChouLandais faisant n'importe quoi et à qui il arrive n'importe quoi. Parce que sinon, on s'emmerderait fort à lire tout ça. Allez, à la prochaine ! 
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  12. La fin du futur va emmerder...
  13. La frontière des 100 000 g
  1. La frontière des 100 000 g
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