Ce fut un véritable bain de sang. Enfin, pas vraiment de sang, mais tout au moins de fluides corporels, la plupart destinés à un usage strictement interne en temps normal. Pour être honnête, les Soldats du Dogme et les Paladins Sacrés se défendirent assez bien, mais ils n'en avaient pas pour autant la moindre chance de gagner face à des Fondateurs déchaînés. C'était quand même eux qui avaient donné naissance à la longue lignée des Chevaliers Célestes. Et ces derniers avaient construit et protégé l'Empire Galactique, avant de sombrer lentement dans la décadence faute d'ennemi ou de défi.
- Vous avez massacré tous mes hommes ! tonnait Geratho Gol. Je ne vous le pardonnerait jamais !
Gravement blessé, le leader des envahisseurs s'était défendu comme un lion, et vivaient encore, malgré les efforts répétés de Milvus, Farf et Calimsha pour le mettre à terre.
- Tu n'as aucune chance, lui dit froidement Farf en le menaçant d'une grenade-cassoulet. Rends-toi, et tu mourras sans souffrance.
- Jamais de la vie !
Mais se voyant cerné, il croqua soudain dans une fausse dent.
- Du poison ?
- Bien sûr que non. Rien d'aussi banal et lâche.
- Autodestruction dans 10 secondes...
- Et merde...
- On fout le camp, ça va sauter, dit Milvus dans son comlink.
Les ChouChouLandais se téléportèrent, laissant à regret les quelques rares survivants terrorisés qu'ils pourchassaient.
- Hébus ! C'est pas le moment ! Arrête de manger ce paladin ! gueula Kaittchsmith dans un coin du vaisseau.
- J'ai horreur d'être dérangé dans les repas ! rouspéta ce dernier.
- Ho, et puis merde, tu fais comme tu veux...
Et il se barra, se téléportant sur la passerelle de l'USS Yggdrasil.
L'explosion du vaisseau-amiral ennemi pulvérisa en un clin d'œil les restes de la flotte ennemie, à peine aidé par les explosions secondaires des autres vaisseaux. Les ChouChouLandais le regardèrent tranquillement depuis la passerelle de l'USS Yggdrasil, confortablement assis à leurs postes. Enfin, la majorité...
- Il n'est pas sûr que tout le monde soit là. Je pose la question pour le savoir, dit ChouChouBoy.
- Non, il manque Hébus, Kiko et Mokona.
- C'était prévisible. Bon, ben comme d'habitude. On cherche les morceaux et on les recolle.
Et quelques heures plus tard, les trois ChouChouLandais retardataires émergèrent de l'infirmerie, refaits à neuf.
- Pupuuuu ! Mokona n'a jamais eu le poil aussi soyeux !
- Si tu veux, je t'explose tous les jours, proposa Phoenix-co. Comme ça t'auras une excuse pour te faire régénérer et avoir le poil lisse.
- Pu puuuu ! Phoenix-co est méchant ! Mokona ne veut pas exploser !
Et il partit en sautillant, vexé.
Les autres, de leur côté, se dirigèrent d'un bon pas vers l'endroit le plus important du vaisseau, qui est, comme chacun sait, le bar de T-Citron.
- Goûtez-moi donc de ça, c'est un alcool de cactus nain d'Abraxar au poivre violet de Hoth ! Ça vaut la peau du cul, mais j'en ai une trois caisses pleines par une de mes groupies qui est la fille du plus gros producteur de la galaxie !
- Mmm, fameux !
- Attention, ça arrache, essayez de pas cracher vers vos voisins...
Mais il était trop tard, et quelques cracheurs de feu imprudent incendièrent leur voisins, tandis que d'autres s'amusaient comme des fous à reconstituer un combat de dragons. Cependant, l'ordinateur se mit soudain à brailler une alerte :
- Une flotte vient de sortir de l'hyperespace. Tous aux postes de combats.
- Sur écran, fit Milvus.
- On a un écran tactique dans le bar ?
- Pourquoi pas ? On y passe plus de temps que sur la passerelle.
- C'est l'autre partie de la flotte Dendarii.
- Argh ! fit Kaittchsmith en sursautant. Je savais que j'aurais du faire réparer mes vaisseaux au lieu de venir faire le con ici.
Et il fila comme un dératé.
- Qu'est-ce qui lui arrive ?
- Aucune idée...
Ils le suivirent par curiosité, et virent vite la raison de tout ceci : l'Amiral Bip-bip, alias sa tendre compagne était à la tête de la flotte qui venait d'arriver.
- Alors je pars quelques jours, et tu trouves le moyen d'abîmer la moitié de la flotte ! Et qui c'est qui va payer pour tout ça ?
- Mais t'inquiètes, le ChouChouLand se reforme, on va en avoir plein, de l'argent !
- Ouais, mais on l'a pas encore...
- C'est pas grave, on a qu'à utiliser de l'argent virtuel...
- Je t'ai déjà dit que ça existait pas !
Et ils continuèrent à se disputer tranquillement, tandis que les ChouChouLandais repartaient vers le bar, rassurés.
- Un truc m'intrigue quand même... dit Farf. On la connaît ?
- Bien sûr que oui ! répondit T-Citron.
- C'est bien ce que je pensais. Mais alors, pourquoi c'est la première fois qu'elle apparaît ?
- Parce que nos aventures passées sont pas encore sorties.
- Ah, je vois, elle sont plus publiées dans l'ordre.
- Exactement.
- Enfoiré de scénaristes ! Ça devient bien compliqué !
Quelques heures plus tard, les ChouChouLandais avaient fini de fêter leur victoire, et se retrouvèrent sur la passerelle tandis que la flotte Dendarii faisaient des manœuvres tout autour, dessinant de complexes arabesques en ombre chinoise sur la coque de l'USS Yggdrasil.
- Bon, on fait quoi maintenant ? demanda la Grande Sainte Rimone (alias Pavel). On a beau avoir gagné la bataille, on a perdu presque toute notre flotte. On va pas aller bien loin avec ça.
- Ce n'est pas grave, dit Ulyk. Maintenant que nous avons des preuves de l'invasion, nous allons pouvoir les montrer au Sénat Impérial et lui mettre le nez dans sa m*****.
- Hein ?
- Tu crois que ça fera une différence ? demanda Milvus. Que je sache, ils avaient déjà toutes les preuves que le Petit Nuage avait été envahi.
- Tu surestimes la logique de ces politiciens. Non, c'est exactement ce qu'il fallait. Cette mission est couronnée de succès.
- Et les pertes qu'on a subi ?
- Soyons honnête. Ils n'avaient aucune chance, c'étaient des pertes inévitables, quelque soit la tournure des évènements. Mais sans leur sacrifice, jamais le Sénat n'aurait bougé.
- Salaud... siffla Calimsha en se marrant. Tu nous as manipulé, hein ? Notre venue ici n'avait que ce but, n'est-ce pas.
- Hélas oui.
- Encore cette fichue Déesse... Elle a pas fini de nous manipuler ?
- Un Dieu qui ne manipule pas ses mortels, c'est hélas irréaliste...
- Et moi je les manipule pour qu'ils soient mes clients, dit Phoenix-co.
- Oui, on le saura...
- Notre vaisseau va mettre sur le cap sur Sartinos, alors ? demanda ChouChouBoy
- Oui, répondit Ulyk. Il faut y être le plus vite possible, l'ennemi ne va sans doute pas tarder à lancer une nouvelle attaque.
Ori l'elfette ne put s'empêcher de protester à cette affirmation :
- Ils ont quand même un paquet de chemin à faire, leur base est dans une autre galaxie de la taille de la notre. Ils ont au minimum deux millions d'années-lumière à se taper !
- Tiens justement, on sait de quelle galaxie ils viennent ? demanda fort à propos T-Citron.
- Non, dit Ulyk. On a juste une vague idée de sa direction, en supposant qu'ils se soient attaqués aux Nuages de Magellan parce qu'ils étaient sur leur chemin.
- Je vois, on va pas aller très loin comme ça... grogna quelqu'un.
Ulyk, imperturbable, continua ses explications, tout en affichant sur l'écran principal un diagramme de la Voie Lactée et de ses proches voisines.
- Les Galaxies d'Andromède et du Triangle sont bien sûrs les possibilités les plus probables. Il serait étonnant qu'ils viennent d'une galaxie naine, et encore plus qu'ils viennent d'une galaxie plus lointaine.
- Et Aphraelle n'en a aucune idée ? demanda Ori. Elle doit bien savoir qui sont les Dieux propriétaires de ces deux galaxies, et qui est à l'origine de tout ce merdier.
- Oui, c'est vrai, ajouta Farf. Je croyais que les Dieux n'étaient pas censés combattre par des combats entre galaxies.
- Elle ne m'a rien dit là-dessus. Soit elle ne sait rien, soit elle ne veut rien nous dire. J'ai bien peur que les histoires de guerres entre galaxies soient incroyablement compliquées.
- Super...
Mais un néo-silencieux interrompit alors la conversation pour une annonce importante.
- La flotte Dendarii a fini ses manœuvres. Elle s'est mis en position avec nous.
- Les choses sont alors parfaites, dit ChouChouBoy. Notre flotte devra mettre le cap sur Sartinos immédiatement pour y arriver.
L'ordre alambiqué fut transmis à toute la flotte après une légère clarification, et les vaisseaux plongèrent en silence dans l'hyperespace (forcément, dans l'espace, sans atmosphère...), laissant derrière eux le Grand Nuage de Magellan.
Sartinos était le plus haut lieu de la diplomatie au sein de la Galaxie, et ce depuis des millénaires. L'avènement de l'Empire Galactique n'avait que peu changé cet état de fait, même si les conflits se faisaient désormais plus économiques que militaires. Des sénateurs des quatre coins de la Galaxie y venaient encore et toujours pour s'étriper verbalement et pour le plaisir immense d'être en désaccord total avec son voisin de droite tout en étant scandalisé du comportement totalement inconvenant de son voisin de gauche. C'était sans doute un miracle que la moindre décision puisse sortir de cette assemblée, et encore plus que certaines arrivent à être censées.
Quand les ChouChouLandais arrivèrent, ce fut tout d'abord la cause d'une agitation sans précédent. L'USS Yggdrasil était un vaisseau diablement célèbre, et le voir arriver sans prévenir avait causé quelques crises cardiaques (ou leur équivalent dans des biologies plus exotiques). Les ChouChouLandais (que tout le monde appelait « Fondateurs ») firent une entrée triomphale, comme des stars du show-bizz ou des messies. Mais l'enthousiasme s'arrêta net quand ils commencèrent à expliquer la raison de leur venue en ces lieux. On commença alors à les insulter et à les traiter d'imposteurs.
- La moitié d'entre-vous ne ressemble même pas aux vrais fondateurs !
- En 1000 ans, vous espériez tout de même pas qu'on reste tous les mêmes ? gueula T-Citron. On a le droit de se réincarner quand même !
- C'est un argument ridicule !
- Ridicule ou pas, il vous faudra l'accepter, expliqua calmement Ulyk. La galaxie est menacée et seule une riposte à grande échelle pourra stopper l'ennemi qui approche.
Un grand silence se fit dans la salle, au fur et à mesure que les sénateurs assimilaient la nouvelle qui leur était tombé dessus, et qu'ils ne pouvaient plus ignorer, vu les preuves nouvelles. Quelqu'un finit par prendre la parole :
- Et que proposez-vous ?
- Il faut déployer au moins une dizaine de flottes tout autour de la galaxie, chacune commandée par un Fondateur.
Un tumulte de puissance respectable commença aussitôt, devant une proposition aussi outrecuidante.
- Jamais nos amiraux de haut rang n'accepteront une telle chose ! Il est hors de question qu'ils cèdent leurs flottes.
- Peu importe l'avis de quelques vieux croulants constipés. L'avenir de la galaxie est en jeu !
Nouveau tumulte, mais cette fois-ci, un excité descendit de son siège pour aller se planter devant les ChouChouLandais.
- Je suis le Grand Amiral de la quinzième flotte impérial, Imterahim Santiago Loquace K'Tinga von Keurpeuz de la Noche de Todos los Santos ! Héros de Bestargine IV et libérateur de Sandros V ! De quel droit me traitez-vous de vieux croulant constipé ?
- Euh... fit Ulyk.
- Du droit de celui qui a été dérangé dans son harem pour te sauver la peau du cul ! répondit Milvus, nullement intimidé.
- Peuh...
Et il balança son gant à la figure de Milvus.
- Vous n'êtes qu'une légende surestimée, et je vais le prouver. Je ne suis pas le héros de Bestargine IV et libérateur de Sandros V pour rien !
Au moment même où il mit la main à son épée, un mouvement flou et rapide se produisit. Milvus disparut pour réapparaître quelques mètres plus loin.
- Et moi je suis le Boucher de Sylvernore... dit-il en rengainant son sabre de technomage.
Imterahim essaya de ne pas bouger, mais il finit par battre un cil, et il explosa en deux morceaux de viande projetant des jet de sang à haute pression à cinq mètres de distance.
- T'as fini de faire ton intéressant ? le gronda Ulyk.
- J'aime pas les gens qui se répètent.
Cependant les sénateurs étaient devenus verts (ou tout autre couleur marquant pour leur race le mélange de profonde stupéfaction couplée à une intense terreur) et muets. Ulyk reprit ses explications et la liste de ses exigences, avec cependant bien moins de protestations, même si ces exigences étaient encore plus invraisemblables.
- Ça c'est de la diplomatie comme je l'aime ! dit de son coté Hébus le dauphin, tout en commençant à manger les restes de Imterahim.
- Ne mange pas ça ! le houspilla Farf. Il va manquer des morceaux quand on va le recoller.
- Ah bon ? On va le recoller ?
- Ben oui quand même, ça fait désordre.
- Je peux lui manger les bras et les jambes ? Ça repousse facilement !
- Non !
- Mais euh...
- Si tu veux à manger, je peux te préparer quelque chose ! Je suis chef dans cette réincarnation je te rappelle. Mais laisse les infirmiers récupérer tous les morceaux de ce crétin...
Xuttyurwym ! C'est pas juste !
Un mois plus tard, le déploiement des douze flottes de défense de la Galaxie était enfin terminé. Au final, elles n'étaient pas déployées autour de toute la galaxie, mais sur environ 40% de sa surface externe, du côté où les envahisseurs devaient arriver. Ce qui faisait quand même un sacré paquet d'espace et en faisait le plus grand déploiement militaire de tous les temps, et de très très loin. Une immense station de combat avait été disposé au centre de la formation, à bord de laquelle le couple présidentiel avait pris place pour commander les opérations, dans une passerelle transformée en serre tropicale.
Les douze flottes étaient, de leur côté, chacune personnellement dirigée par un ChouChouLandais, qui avait eut un mois pour gagner la confiance des milliards de soldats sous ses ordres. Chaque flotte avait en moyenne une dizaine de milliers de vaisseaux, du croiseur lourd au chasseur monoplace en passant par une bonne vingtaine de classes différentes, de taille et de fonction fortement variées.
Un système de communication particulièrement élaboré avait été mis au point, afin de non seulement rendre possible une communication instantanée sur des distances aussi ridiculement grandes, mais aussi d'avoir une redondance robuste afin de parer à toute éventualité. Subespace, mécanique quantique, magie, espace B, rien n'avait été dédaigné. Et les ChouChouLandais en profitait justement, avec une petite conférence autour d'une table ronde holographique. Ulyk s'était encore incrusté pour servir de coordinateur.
- Nos sondes avancées viennent de détecter plusieurs flottes en approche, commença Milvus. Il semblerait qu'ils aient eu connaissance de notre large déploiement. La bonne nouvelle, c'est que de toute évidence, ils ne tentent pas de nous contourner, probablement parce qu'ils ne peuvent pas. La mauvaise, c'est que presque chacune de nos flottes va devoir affronter une flotte ennemie de taille conséquente. Si l'ennemi avait été plus concentré, nous aurions pu tenter de le faire tomber dans un piège et de l'encercler. Mais ils sont trop malin pour ça.
- Que vont faire les flottes qui n'ont pas d'ennemis directement en face d'eux ? demanda Farf, constatant sur le diagramme tactique que sa flotte entrait justement dans cette catégorie.
- Plutôt que de les redéployer, je propose de les garder en réserve. Leur mission sera de surveiller de près la situation, et de se mobiliser avec le plus de célérité possible en cas de besoin.
- Je vois...
- Ce ne sera pas un rôle facile, je sais. Mais l'action de ces renforts potentiels peut changer toute la donne. Ne sous-estimez pas l'importance de cette mission !
- OK OK...
- Au vu de la position et de la vitesse de l'ennemi, les premiers combats devraient commencer dans moins d'une dizaine d'heure. Préparez-vous, vous et vos hommes, car on ne sait pas combien de temps cette bataille va durer !
Et quelques heures plus tard, sans surprise, les diverses flottes ennemies arrivèrent à portée de bataille des flottes impériales. Ces dernières lancèrent immédiatement les sommations d'usages, ordonnant aux intrus de cesser leur progression sous peine de subir des représailles fortement désagréables et irrvérsibles.
- Ils nous répondent par une série d'injures fit le radio de l'USS Supergougoule, fraîchement repeint de rouge (le vaisseau, pas le radio, enfin, à priori...). Vous voulez que je les passent sur les haut-parleurs ?
- Ce ne sera pas nécessaire, dit Ori l'elfette. Mettez sous tension tous les systèmes d'armements. Paré à tirer à mon commandement !
Elle se leva, se tenant devant son siège de commandement, les yeux pétillants d'excitation guerrière. Derrière elle, sur le mur, on pouvait voir son blason, un gecko à queue fourchu crachant du feu et tenant une épée entre ses pattes postérieures. C'était une lourde tapisserie familiale dont la valeur était inestimable.
- Tous les systèmes d'armes parés, dit un membre d'équipage. L'ennemi continue d'avancer.
- Tirez les coups de semonces.
- Coups de semonces tirés. L'ennemi continue d'avancer. Il... Il riposte !
Un flot de missiles partit de chacune des flottes, se ruant l'un sur l'autre vers une inévitable annihilation réciproque.
Ori fit quelques pas en avant, dégaina son épée, et ordonna à son équipage :
- Activez les contres-mesures ! Manœuvre de combat diamant cinq ! Il faut percer leurs rangs.
- À vos ordres !
Les vaisseaux mirent en branle, plongeant au cœur de l'ennemi sans hésitation, telle une bande d'oiseau de proie sans pitié, et lui infligea de terribles dégâts. En outre, il évitait sans peine les missiles ennemis qui semblaient facilement leurrés par les contres-mesures.
- Mouhahaha ! Bouffez-moi ça, bande d'infidèles.
Déployant ses unités avec dextérité, Ori l'elfette prit vite l'avantage sur l'ennemi, qui, il est vrai, était fort surpris de trouver une telle résistance. Il faut dire que Soldats du Dogme fraîchement conscrits comme Paladins Sacrés de haut niveau avaient subi pendant de nombreuses semaines une intense propagande sur l'incompétence et la désorganisation des hérétiques. Les découvrir sur le qui-vive, lourdement armés, et aussi motivés était une fort rude surprise pour eux.
Quelque milliers d'années-lumière plus loin, T-Citron, bien installé dans son fauteuil de commandement, s'apprêtait un goûter un nouveau mélange spécial, servi par une délicieuse jeune enseigne. L'arrivée de l'ennemi était prévue pour dans vingt minutes, et il comptait bien savourer cette tasse. Mais au moment où il allait la porter à ses lèvres, l'alerte rouge retentit, un grand choc se propagea dans tous le vaisseau, et le contenu de la tasse lui ébouillanta les lèvres.
- Une mini flotte d'attaque vient d'apparaître sous notre nez. Elle étaient occultée !
- Les lâches. Massacrez-moi tout ça !
- À vos ordres.
- M'interrompre dans mon thé, quelle bande d'impolis !
Aussitôt l'ordre donné, les vaisseaux de la flotte de T-Citron se mirent à pulvériser en règles les éclaireurs, qui n'eurent même pas le temps de s'occulter à nouveau pour fuir.
- Accrochez-moi leurs cadavres à la proue de nos vaisseaux ! Et mettez le cap sur l'ennemi. Je pense que le message sera clair pour eux !
Toute la flotte de T-Citron se précipita alors à la rencontre de l'ennemi, plongeant dans la formation sans hésiter. Ils firent ainsi de nombreuses victimes, mais s'approcher autant du camp adverse avait ses inconvénients.
- Plusieurs de nos unités sont prises sous un feu croisé. Elles demandent la permission se faire une légère retraite stratégique.
- Hors de question. Préparez les missiles spéciaux que j'ai fait installer.
- À vos ordres !
La moitié des vaisseau de la flotte lancèrent alors de minuscules missiles qui firent le tour des vaisseaux ennemis, mais sans les toucher. L'ennemi, perplexe un moment, comprit vite l'effroyable vérité quand plusieurs de ses vaisseaux furent proprement découpés en tranche comme du saucisson.
- Alors, que pensez-vous de mes fils monomoléculaires à haute valence ?
Les missiles spéciaux avaient été forts complexes à mettre en œuvre, surtout au niveau du contrôle des fils, pour qu'ils ne découpent pas d'unités amies au passage, mais le travail en valait la peine. L'ennemi subissait de lourdes pertes et se désorganisaient complètement. T-Citron contempla le résultat en souriant et dit :
- Achevez-les avec les armes conventionnelles. Je ne pense pas qu'être prisonnier les intéressera...
- À vos ordres.
- Dommage que le son ne porte pas dans l'espace, j'aurais pu faire un bon concert avec toutes ces cordes au milieu de la bataille...
À bord de l'USS Barrayar, l'Amiral Kaittchimth regardait avec un petit sourire de satisfaction ses proies en train de tomber dans son piège. Il avait envoyé ses mercenaires en mission pour tromper les envahisseurs, qui du coup, était en train de foncer sur une flotte fantôme. Il allait pouvoir les prendre à revers et les anéantir.
- Flotte ennemie en vue.
- Vous avez repéré le vaisseau amiral ?
- Affirmatif.
- Parfait. Sur écran.
Le vaisseau ennemi apparu alors sur l'écran de la passerelle, fonçant sans méfiance sur une zone d'espace vide de tout vaisseau, mais où il voyait une flotte entière.
- Transfert du contrôles du laser spécial de proue à mon poste.
- Transfert effectué.
Kaittchimth passa alors un long moment à zoomer sur un point précis du vaisseau ennemi, puis un sourire encore plus inquiétant apparut sur ses lèvres.
- Feu... murmura-t-il.
Et il appuya sur la mise à feu. Un mince rayon de laser spécial, extrêmement focalisé, partit de la proue de son vaisseau pour se diriger sur la passerelle ennemie. Tout l'équipage put constater le résultat en direct.
- Headshot ! exulta Kaittchimth, profondément satisfait.
La tête de l'amiral ennemi venait en effet d'exploser.
- Et maintenant, ils vont avoir le moral à plat. C'est le moment d'attaquer ! Hahahahahaha !
La flotte plongea vers l'ennemi totalement désorganisé à la suite de l'USS Barrayar, et commença à faire tranquillement un carton sur tout ce qui bougeait.
- Lancez les escadrons de X-Wings !
- Euh... On a une dizaine de types de chasseurs, mais pas de X-Wings...
- Euh... Désolé je m'emporte. Lancez les escadrons de chasseurs !
- À vos ordres !
Immédiatement, des centaines d'escadrons de chasseurs, de très nombreux types (mais pas un seul X-Wing en effet) surgirent des soutes de la flotte, rendant le schéma de la bataille encore plus complexe.
- C'est beau... constata Kaittchimth. Mais ça manque quand même d'Étoile de la Mort à faire exploser, tout ça...
C'est un immense vaisseau rose décoré de millions de couettes de toutes les couleurs. La moitié de l'équipage avait fait une jaunisse devant une telle redécoration, mais l'autre moité avait proclamé son admiration sans borne pour la Grande Sainte Rimone, et qu'ils la suivraient n'importe où. Elle trônait donc au milieu de la passerelle, dirigeant ses vaisseaux d'une main de fer. Vaisseaux qui avaient tous été redécorés dans le même style, même si le vaisseau amiral était de loin celui qui avait les ornements les plus colorés et les plus extravagants. La flotte venait d'accuser réception d'une importante communication :
- L'ennemi a refusé notre ultimatum, Grande Sainte Rimone ! Ils ne porteront pas des couettes.
- C'est un blasphème ! Ils méritent la mort !
- Oui Grande Sainte Rimone !
- Feu à volonté !
- Oui Grande Sainte Rimone !
- Encerclez-les de toute part, pas un seul ne doit survivre !
- Oui Grande Sainte Rimone !
- Vous pourriez pas arrêter de dire ça à chaque fois ?
- Oui Grande Sainte Rimone !
- Putain, qu'est-ce que c'est chiant d'être une icône religieuse.
Renonçant à calmer le zèle de son équipage, la passionaria de la couette se contenta de les assommer d'ordres pour la bataille. Cette dernière commença par une manœuvre d'encerclement tout ce qu'il y avait de plus académique, qui s'avéra fort efficace. Trop efficace même...
- Attention ! Ils manœuvrent pour que l'on se tire dessus ! Ils vont s'esquiver alors qu'on les croit coincés ! Unités 10 à 20, changez de cap !
- Oui Grande Sainte Rimone ! firent les commandants des dites unités sur la fréquence tactique.
Toute la flotte changea de forme en quelques minutes, et Rimone put suivre l'évolution de ces unités en direct sur son affichage tactiques qui montrait de jolis parallélépipèdes colorés se déplacer dans l'espace en trois dimensions.
- Parfait ! Ils sont pris à leur propre piège. Feu à volonté !
Des lasers roses et des missiles qui provoquaient des explosions roses fluos partirent par millions des vaisseaux de la flotte de Rimone, bombardant impitoyablement l'ennemi qui ne savait plus où aller. Quelques kamikazes virent cependant s'écraser sur des vaisseaux plutôt que de mourir pour rien.
- Bandes de mous de la couette ! Repérez-moi ces kamikazes plus tôt et détruisez les avant qu'ils ne s'en prennent à nos vaisseaux.
- Oui Grande Sainte Rimone !
- C'est vrai quoi, les cratères cramés, c'est horriblement laid sur une belle coque rose...
L'autre moitié de la flotte Dendarii accompagnait la neuvième flotte, commandée par l'Amiral Bip-bip. La technique était ici un peu différente, puisque les mercenaires disposaient avant tout de petits vaisseaux rapides tandis que la flotte impériale avait avant tout d'énorme croiseurs lourds, un brin pataud mais puissamment armés. Les Dendarii harcelaient donc l'ennemi pour réduire sa mobilité, tandis que les vaisseaux de la flotte arrivaient pour leur mettre une bonne raclée.
- Notre taux de succès est de 60%. Notre tactique sembler porter ses fruits.
- Bien... Mais ce n'est pas encore assez. On doit faire mieux que la cinquième flotte !
- À vos ordres.
- Un chasseur ennemi est en train de faire des dégâts sérieux dans nos rangs.
- Comment ? C'est inadmissible ! Abattez-le au plus vite !
- Il est trop rapide pour nos pilotes ! Il ne cesse de les distancer.
- Je vois... Préparez mon chasseur personnel ! Je m'en occupe.
- Amiral ?
- Je suis la plus rapide. Il est hors de question que quiconque puisse mettre en danger mon titre.
Et elle partit vers la soutes à chasseurs, avec de grands mouvements de cape. Quelques instants plus tard, les officiers de la passerelle virent un éclair passer dans leur champ de vision, puis se diriger vers le chasseur ennemi. La proie et le chasseur se mirent alors à effectuer une danse effrénée, zigzaguant entre les gros vaisseaux des deux flottes à une allure irréaliste.
- Tu ne pourras pas m'échapper ! cria Bip-bip sur une fréquence radio de l'ennemi.
La poursuite continua pendant de longues minutes, au cours desquelles le reste des vaisseaux continuaient de se tirer dessus mutuellement sans se laisser distraire. Mais l'issue était inéluctable : à aucun moment le chasseur ennemi n'avait pu esquissé la moindre contre-attaque. Avec une explosion de taille presque ridicule en comparaison des combats aux alentours, le chasseur ennemi finit par rendre l'âme.
- Je l'avais bien dit que j'étais la plus rapide !
Mokona avait de son côté garni la passerelle de son vaisseau, le NSX, de ses désormais célèbres succubes, qui avaient pour rôle à la fois de le servir, et de traduire ses puputages excités en ordres à peu près clairs pour l'équipage. Et ils en avaient bien besoin...
- Pupu pu puuu pu puuu pu !
- La barre à Babord, puissance à 80%. Toutes les unités de la sixième flottille avec nous !
- Pupu pu puuupu puuu pu !
- Flottilles sept et neuf ! Prenez l'ennemi en tenailles !
- Pupupu puuu pu puuu pu !
- Escadrons de chasseurs ! Sécurisez les secteur B45 et D75 pour l'arrivée des croiseurs L'indomptable et Le Carillon Vert.
- Pupu pu pu pu puuu pupuuu !
- Commando de Marines, préparez-vous à l'abordage du vaisseau-amiral ennemi !
Et ainsi de suite, sans que personne ne se lasse. Enfin presque...
- C'est quand même incroyable toutes les nuances qu'il peut y avoir dans son langage.
- Je crois que j'ai compris le truc. Attends, je vais lui faire mon rapport.
L'officier courageux s'approcha de Mokona et comme ça à déclamer en puputements :
- <L'ennemi est débordé. Ta femme est un gros hippopotame !>
- Puuuuuu ! fit Mokona, scandalisé devant l'insulte.
Et sans un instant d'hésitation, il avala tout rond le malheureux officier apprenti-linguiste.
- Mmm... Je crois que je vais me contenter de passer par la traduction des succubes, commenta l'autre officier.
Au beau milieu de la formation des défenseurs se trouvait une flotte un peu plus grosse que les autres, dirigée par l'Amiral Milvus en personne. Confortablement, voire nonchalamment, installé dans son fauteuil de commandement, il avait mis les pieds sur sa console et semblait vaguement s'ennuyer. Pourtant ses paroles disaient autre chose :
- Je ne me suis pas amusé autant depuis bien longtemps, dit-il à Ulyk, qui se trouvait à ses côtés. La plupart du temps, je n'ai pas le droit de me servir des pouvoirs qu'Elle m'a donné sans même demander mon avis.
- Pourtant tu n'en a pas l'air. Je dois avouer que je n'ai jamais vu un officier commandant une flotte aussi mal assis dans son fauteuil.
- Oh ? Ça, c'est juste pour le folklore.
- Si tu le dis...
Ulyk renonça à comprendre Milvus et reporta son attention sur les affichages tactiques. Depuis de longues minutes, la flotte ennemi était en train d'approcher de plus en plus, et l'immobilisme de la flotte, alliée à sa disposition étrange, commençaient à inquiéter Ulyk.
- Je ne veux pas jouer les affolés, mais c'est quoi ton plan, exactement ?
- Tu vas voir... Soit patient...
- Mouais.
La formation ennemie avait pris la forme de deux flèches, qui désiraient visiblement prendre en tenailles leur adversaire. Et ils semblaient bien partis pour y arriver. Mais au dernier moment, la flotte de Milvus changea de configuration. Ulyk eut du mal à suivre ce qui se passait, et une image lui traversa la tête : celle de ces dessins étranges qui représentent deux formes différentes, mais qu'on ne peut pas voir en même temps.
- À toutes les unités : feu à volonté !
C'était désormais la flotte ennemie qui se trouvait cerné de toute part, et se faisait copieusement canarder. C'était une véritable hécatombe, malgré tous leurs efforts héroïques pour riposter.
- Ils ne pensent jamais assez à la troisième dimension... Quelle bande d'amateur.
- Tu parles, fit Ulyk. Je parie que tu as appliqué à ta flotte la même magie qui te permet d'avoir une maison dans un espace non-euclidien... C'est presque de la triche...
- Qui sait... Je t'ai dit qu'aujourd'hui je pouvais me servir de tous mes pouvoirs.
- C'est un aveu ?
- Pas vraiment. Il y a pas mal de façon de faire ce que je viens de faire, et un nombre étonnant d'entre-elles sont compréhensibles par un mortel.
- OK... Je crois que je préfère ne pas tenter de savoir quelle type de méthode tu as utilisé.
- Oui, c'est une bonne idée, sauf si tu veux te chopper une bonne migraine.
La disposition de la flotte de Calimsha était pour le moins étrange. Les vaisseaux semblaient disposer de façon totalement chaotique, et un grand nombre des membres de l'équipage soupçonnait que ce n'était pas qu'une apparence. Confortablement installé dans son fauteuil, il sirotait un thé blanc tout en étudiant attentivement les mouvements de l'ennemi. Ce dernier semblait lui aussi désorienté par ce qu'il voyait et s'était regroupé en une seule masse, incapable de décider d'une stratégie plus élaborée.
- Que doit-on faire amiral ?
- Rien pour le moment. Laissez l'ennemi progresser.
- Il va pénétrer nos lignes.
- Oui justement, c'est le but.
Calimsha attendit encore un peu que l'ennemi progresse, puis, sans que quiconque puisse savoir quelle information il attendait, il se leva et brandit son bâton de techno-mage (qui avait toujours un pommeau en forme d'atomium) et le frappa au sol ou il traça un cercle magique frappé d'un pentagramme et de nombreuses runes étranges.
- HAIL ERIS ! ALL HAIL DISCORDIA !
Et l'enfer se déchaîna : des effluves d'énergie magique partirent de chaque vaisseau de la flotte, ricochant sur d'autres vaisseaux de la flotte où elle gagnait en puissance. La flotte tout entière ne fut bientôt qu'une gigantesque sphère d'énergie, ou chaque vaisseau était le nœud d'un complexe réseau d'effluves magiques s'entrecroisant.
- Bienvenue dans mon attracteur étrange, imbéciles de paladins ! proclama Calimsha sur toutes les fréquences, pour être sûr qu'on l'entende.
C'était un véritable trou noir technomagique qui venait de naître et qui était en train d'aspirer la flotte ennemie. Celle-ci essayait désespérément de fuir, mais sa disposition en un seul bloc la rendait encore plus sensible aux forces du trou noir. Et les rares vaisseaux qui auraient eu une chance était en train se rentrer dedans, causant un carambolage gigantesque à cause de leur proximité.
- 60% de l'ennemi est détruit. Le reste est en déroute.
- Hahaha ! Guerre et Paix, c'est guère guère épais.
- Hein ?
- Laissez tomber, vous pouvez pas comprendre.
- Si vous le dites, Amiral...
Et peu rassuré sur la santé mentale de son commandant, l'équipage se remit au travail.
Un peu en retrait, à bord de leur station spatiale, ChouChouBoy et Chen Li (enfin, leurs réincarnations) étaient en train de superviser attentivement l'ensemble des batailles. Des tableaux et des graphiques statistiques défilait devant eux, en plus des diagrammes tactiques, leur donnant en un clin d'œil la situation exacte.
- De nombreux vaisseaux s'affrontent en ce jour. Nous sommes pour un seul des camps, même si cela est paradoxal. Il y a de nombreuses pertes dans ce camp. Ceci nous inquiète, dit ChouChouBoy.
- Des pertes lors de la guerre sont inévitables. Il ne faut pas avoir peur de poser des limites cruelles. Avoir l'avantage est plus important pour la globalité, et c'est ce que nous avons, répondit Chen Li.
- Il faut réévaluer en permanence l'acceptable et le non-acceptable pour ne pas s'écarter de la voie, même si elle est pénible.
- Les renforts sont là pour cette tâche. Le moment est venu de juger de leur but au sein de cette bataille.
Ils pianotaient avec leurs feuilles sur les claviers des ordinateurs, observant la situation et lançant des simulations tactiques.
- La sagesse de la guerre se trouve dans la capacité à imaginer et appréhender tous les scénarios qui peuvent se réaliser. Mais il faut aussi choisir par criblage les scénarios les plus intéressants en fonction de notre but, et en choisir un seul, car l'avenir ne peut être double quand il devient le présent.
- Voici que le scénario élu se dégage de nos cœurs. Mais sans sa transmission aux parties intéressés il n'est qu'illusion sans espoir. L'urgence nous dicte d'enfreindre le protocole commun pour lui préférer le strict protocole militaire.
- Oui, notre honorable équipage nous sert bien en nous écoutant et en appliquant les recommandations que voici.
- À vos ordres, fit laconiquement le second, qui commençait à s'habituer au curieux langage des philosophes du Royaume du Mur de Fleur.
C'est ainsi que les quatre flottes impériales restées en arrière pour servir de renforts se mirent en branle. Mais cependant, vu les distances énormes qu'il y avait à parcourir, le déploiement ne pouvait guère se faire instantanément. Certains prenaient ça avec philosophie, d'autres au contraire bouillaient de rage et en mangeaient leur siège de commandement.
- Xuttyurwym ! C'est lent ! Je veux de la baston moi !
Nonobstant ses ordre d'aider la flotte de Mokona, il se dirigeaient vers celle de Kaittchimth, rien que pour avoir le plaisir de voir sa tête quand l'ancien ewok verrait qui venait à sa rescousse.
- Amiral. Un message du haut commandement. Ils ordonnent que nous changions de cap pour obéir aux ordres initiaux.
- Xuttyurwym ! Ignorez-les ! Ma stratégie est meilleure !
- Vous êtes sûr ?
Peu rassurés à l'idée d'être commandés par un catcheur, les membres de l'équipage ne cessaient de chercher un moyen de lui faire entendre raison sur de nombreux points.
- La flotte de Kaittchimth se déplace dans la direction opposée à la notre tandis que celle de Mokona se rapproche ! C'est idiot, on va mettre deux fois plus de temps à arriver sur les lieux de la bataille.
- Xuttyurwym ! C'est une mutinerie.
Il se mit à pousser des sifflements ultrasonique qui résonnèrent dans les oreilles de ses pauvres subordonnés. Ils ne purent que tomber à terre en essayant de se boucher les oreilles. Quelques membres d'équipages chanceux avaient des « paupières à oreilles » et s'en servirent, mais ils étaient hélas trop rares.
- Hahaha ! On fait moins les malins !
- Heu, Amiral, j'ai une mauvaise nouvelle.
- Quoi donc ?
- La flotte de l'Amiral Kaittchimth a anéanti ses adversaires. Elle se dirige vers celle de Mokona qui est en difficulté.
- Nooooooooooooooooooooo !
Pendant que les flottes des deux galaxies étaient joyeusement en train de s'entretuer, un vaisseau solitaire, commandé par un sinistre personnage, s'était placé à environ 20 000 années-lumière du centre de la bataille, en direction du Nord galactique. Une bonne centaine de senseurs de haute technologie étaient braqués en direction de la bataille, et n'en perdaient pas une miette. Bien calé dans un fauteuil, Phoenix-co était en train de noter avec minutie les pertes de chaque camp, non sans une certaine satisfaction.
- Voyons voir. Nous en sommes à 52 croiseurs lourds, 687 torpilleurs, 4589 destroyers, 32 514 corvettes, 125 896 bombardiers et près de 5 millions de chasseurs. Et ça rien que pour la flotte impériale, de la Voie Lactée. Je vais devoir revoir à la hausse la cadence de mes chaînes de production.
Devant lui se trouvait une immense console qui affichait les prévisions de besoins de remplacement de vaisseaux. Chaque type de vaisseau était répertorié, classé en fonction de sa taille, de sa catégorie et de la marge bénéficiaire qu'il espérait en tirer. Sur une autre console se trouvait une autre liste, celle des pièces de rechange et de l'équipement divers, tout aussi détaillée. Les deux listes s'allongeaient régulièrement, et le chiffre d'affaire estimé ne cessait de grimper.
- Les flottes de Farf, Tsunami et Soso sont en train de manœuvrer. Ils semblent vouloir encercler la flotte ennemi, dit un des serviteurs.
- Hoho. Ça va être une belle branlée à ce train-là.
Et il ajouta encore quelques corrections à ses prévisions.
- Décidément, les vieux adages ferengis sont remplis de sagesse. La guerre est bonne pour les affaires. En plus, vu la somme qu'ils vont devoir débourser, ils vont devoir payer à crédit. Je vais me faire une petite fortune avec les intérêts.
Et il poussa un long rire démoniaque, faisant frissonner même ses serviteurs robots.
Et en effet, la flotte de Farf était en train de contourner les lieux de la bataille, qui étaient en train de se resserrer de quelque dizaine de milliers d'années lumière. Quittant le plan de la Voie Lactée, ses vaisseaux se dirigeaient légèrement vers le Nord Galactique par une succession de sauts hyperspatiaux. Tous les senseurs étaient en train de suivre le ballet des vaisseaux amis et ennemis se situant « sous eux », et qui effectuaient aussi frénétiquement des sauts hyperspatiaux.
- J'aurais pas du manger autant à ce festin... murmurait Farf. Je somnole à moitié.
Regardant autour de lui, Farf vit que la plus grande partie du reste de l'équipage était plus ou moins dans le même état que lui. Du coup, les manœuvres était quelque peu ralenties et les réflexes de l'équipage pas franchement au top. En plus, la flotte de Hébus le dauphin, qui aurait du les accompagner, semblait quelque peu perdue. Ils étaient donc seuls sur cette affaire.
- Hauts les cœurs ! tonna Farf. On va les griller comme des paninis ! Nyaa !
- Nyaaa ! répondirent les neko-girls de l'équipage.
Se redressant sur son siège, Farf sortir une baguette de chef d'orchestre et commença à l'agiter en tous sens.
- Il est hors de question que l'on perde la face en étant en retard. Je compte sur vous !
- Nyaaa !
Reprenant du poil de la bête, la flotte de Farf accéléra un peu, entamant la deuxième phase de la manœuvre, qui consistait à plonger sur les flottes ennemis tel un oiseau de proie.
- Hahahaha ! Il semblerait que ces imbéciles ait oublié de penser en trois dimensions. Aucun de leurs senseurs n'est braqué sur nous. La surprise sera totale.
- Heure estimée d'interception : dans 52 minutes et 40 secondes.
- Mmmm. Ça nous laisse du temps à tuer. On se fait un petit casse-croute ?
À l'opposé de la flotte de Farf, au Sud Galactique, se trouvaient Tsunami et Soso, chacun avec leur flotte respective, qui étaient en train de faire une manœuvre symétrique pour acculer l'ennemi « par dessous ». Cependant, on ne pouvait pas dire que tout se passait bien. De nombreuses communications avaient lieu entre les deux vaisseau-amiraux, et une certaine confusion régnait quand à la trajectoire des deux flottes.
- Pousse-toi de là andouille, c'est là que doit aller ma flotte.
- Mais non crétin, c'est la place de la mienne !
- Incapable ! Tu sais pas lire des ordres ou quoi ?
- C'est toi qui ne sait pas lire !
Les deux Anges Majeurs se disputaient ainsi depuis quelques heures, et aucun ne semblait vouloir céder. Et ce qui devaient arrivée arriva : les deux flottes sortirent de l'hyperespace exactement au même endroit. Nul vaisseau ne fusionna avec un autre, grâce aux sécurités, mais il se rematérialisèrent bien trop proches les uns des autres, avec qui plus est des trajectoires non synchronisées. De nombreuses collisions se produisirent, et la confusion s'y ajoutant, le tout finit en gigantesque carambolage.
- Et voilà ! C'était prévisible ! Quand on doit travailler avec des imbéciles !
- Pfff... Quelle mauvaise foi !
- Putain j'en ai marre ! Je vais en finir !
Et Tsunami sorti dans l'espace, brandissant au-dessus de sa tête. ses pelles à tarte bénies, et volant vers le vaisseau de Soso.
- Puuuurification !
- Avec plaisir...
Et Soso alla rejoindre son collègue dans l'espace, dégainant son épée bâtarde (tout autant bénies) qui se mit à crépiter et à cracher des étincelles un peu partout autour de lui.
- Tu vas morfler !
Les deux Anges Majeurs commencèrent à se taper dessus sans réfléchir et sans regarder ce qui se passait atour d'eux. Leurs deux flottes décidèrent alors avec une réactivité remarquable de battre prudemment en retraite pour ne pas se prendre des coups perdus. Étrangement, il n'y eut aucune collision au cours de cette manœuvre de retraite pourtant délicate.
En revanche, quelques milliers de fuyards égarés des flottes ennemis n'eurent pas cette chance. Avant même de comprendre ce qui leur arrivait, ils furent totalement anéantis par les deux combattants, à peine sortis de l'hyperespace, avant même se savoir où ils avaient débarqué. Les deux Anges Majeurs ne s'aperçurent même pas de ce fait.
La bataille avait pris un tour décisif avec les dernières manœuvres des flottes de la Voie Lactée. L'ennemi, encerclé, diminué, harcelé, était en déroute. Les pertes avaient cependant été très lourdes des deux côtés. Des milliards de vie avaient péri et l'heure n'était pas aux réjouissances. Bien que les combats ne soient pas encore finis, une holo-conférence avait été organisé par Ulyk, pour décider de la marche à suivre.
- Il ne faut pas laisser l'ennemi fuir ! tonnait Milvus. Si on les laisse rentrer chez eux, ils reviendront encore et encore !
- La paix par la guerre ne peut pas être obtenu, protesta ChouChouBoy. Autrefois Milvus était différent. Une telle volonté sanguinaire est fort étrange.
- J'ai perdu mes illusions il y a bien longtemps, et tu le sais très bien. Nous devons à tout prix les empêcher de faire des sauts longue distance !
- Oui, je suis d'accord, ajouta Calimsha. Au train où les choses se passent, ils seront bientôt assez loin de la Voie Lactée pour faire de tels sauts. Et alors on ne pourra pas les rattraper, étant donné les capacité de la plupart de nos vaisseaux.
- Je ne prêche pas un bain de sang, précisa Milvus. Si on peut en faire prisonnier le plus grand nombre, tant mieux.
- Tu sais très bien qu'ils ne se rendront pas comme ça. Ce sont des fanatiques religieux. Rien que fuir doit les rendre malade. Et nos armements ne sont pas assez précis pour les neutraliser sans les détruire. Surtout avec les défenses qu'ils ont !
- Massacrons-les et puis finissons-en ! cria Hébus. Ils sont venus pour nous envahir, nous massacrer, piller nos maisons et violer nos femmes ! Depuis quand de tels individus méritent qu'on leur accorde la moindre pitié ?
- La pitié doit venir du cœur du sujet et non des mérites de l'autre. Il est absurde de vouloir la réserver à certains, car alors ce n'est plus de la pitié mais de la reconnaissance. Et la reconnaissance est le début de l'inégalité entre les individus.
- Pffff... Rien à foutre de la pitié, rouspéta Calimsha. Qu'on les massacre maintenant ou qu'on les fasse prisonnier pour les torturer, je vois pas la différence.
- Je pense pas que la torture étaitprévue dans le programme de ChouChouBoy, dit Kettch.
- Ah bon ? C'est con ça...
- Bon, si on pouvait arrêter de raconter n'importe quoi et qu'on se concentrait sur comment on va faire ? dit alors Bip-bip. Si on ne se dépêche pas, ils vont nous filer entre les doigts.
Et comme en échos à ces paroles, un message arriva de la flotte de T-Citron, qui était la plus avancée.
- Une centaine de vaisseaux vient d'effectuer un saut longue distance. Impossible de les suivre.
- Et merde...
- On les massaaaaacre ! gueula Hébus, et il joignit le geste à la parole.
Sans plus se retenir d'aucune manière, les flottes de la Voie Lactée se mirent à tirer comme des malades sur les fuyards, qui, pris sous un feu croisé, se faisait descendre comme des lapins. Cependant, ils étaient toujours aussi désorganisés. Certains vaisseaux avaient été immobilisés, et certaines flottes en profitait pour les arraisonner et faire des prisonniers. Mais par manque de coordination, d'autres vaisseaux continuaient de leur tirer dessus, ce qui ne réjouissaient pas tellement les équipes chargées d'aller à l'abordage.
- Bandes d'incapables ! Vous nous tirez dessus ! beuglait un officier des commandos.
- Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? renchérissait Ori. Hébus ! Pourquoi tes vaisseaux tirent sur mes hommes ?
- Z'ont qu'à pas se mettre n'importe où !
- C'est toi qui n'est pas capable de distinguer un vaisseau ennemi en activité d'un vaisseau prisonnier.
- Ça tape sur le troll sans moi ? intervint Kaittchimth.
- Non personne ne tape sur moi, monsieur l'ewok !
- Ah, ben dans cas là, ça peut s'arranger.
- Vous m'expliquez comment vous vous tapez dessus par hologramme interposé ? remarqua Bip-bip.
- Ben... fit Calimsha. Techniquement, si on reprogramme le système pour se comporter un peu plus comme un holodeck, ça devrait être possible.
Et il se mit à taper frénétiquement du code pour appliquer l'idée à la situation. Mais il ne codait hélas pas aussi vite que Yuki Nagato (il en était pas loin cependant) et la bataille évolua trop rapidement pour profiter de ce mod.
- Des vaisseaux kamikazes nous foncent dessus ! Leurs petits copains en profitent pour se barrer !
- Ah, mais font chier, ces putains d'intégristes religieux ! hurla Milvus. Regardez moi ce bazar !
La confusion était désormais totale. Les différents champs de bataille avait plus ou moins fusionné, les flottes se mélangeaient et toute coordination était absente. Chaque vaisseau, ou petit groupe de vaisseau, se contentait de pourchasser n'importe quel vaisseau ennemi qu'ils croisaient sans chercher la moindre coordination. Du coup, certains vaisseaux ennemis se trouvaient écrabouillés par une trentaine de vaisseaux alliés tandis que d'autre se retrouvaient tous seuls et en profitaient pour filer sans demander leur reste.
- La moitié des vestiges de la flotte ennemie se sont enfuis. Seulement un cinquième a été fait prisonnier.
- C'est lamentable...
Les affichages tactiques ne montraient plus la moindre organisation. Disparus les beaux parallélépipèdes, cylindres et autres solides colorés. Les écrans montraient désormais un beau fouillis à mi-chemin entre la macédoine de légumes multicolores et le stéréogramme.
- Pu pupuuuu ! Que c'est joli ! On dirait un feu d'artifice !
La bataille se traîna encore presque une heure, et au final, la plus grande partie de l'ennemi avait fuit. Officiers supérieurs comme simples soldats, être vivants comme machines, purent alors enfin souffler un peu.
- Bon, ben, on l'a gagné, mine de rien, cette bataille.
- Ouais. On l'a gagné... On rentre...
Quelques jours plus tard, les ChouChouLandais étaient réunis à bord du bon vieil USS Yggdrasil, et ce dernier sortait de l'hyperespace dans le système de Xyvagaga Prime, puis se mettait en orbite autour de la planète. Après avoir fait une douzaine d'orbites, il plongea dans l'atmosphère pour survoler Asab-Mom, la plus vieille capitale de la Galaxie. L'envahisseur avait été repoussé, et on avait quand même réussi à faire assez de prisonniers pour avoir un butin digne de ce nom (c'est à dire qui passait bien sur les images des actualités galactiques. Ce fut donc un triomphe en règle pour les ChouChouLandais, qui avaient du coup l'occasion de faire le premier défilé militaire au dessus de Asab-Mom depuis quelques milliers d'années.
Ils auraient certes préféré la Terre, qui était leur patrie d'origine (enfin, plus ou moins), mais les conseillers en communication dégotés par Ulyk leur avaient assuré que cette année, la capitale xyvagagarienne serait un meilleur symbole d'unité galactique. Apparemment, c'était surtout une histoire de mode, mais ils n'osèrent pas les contredire.
L' USS Yggdrasil, donc, accompagné de quelques vaisseaux Dendarii, survolait Asab-Mom avant de se poser dans un grand champ dans la périphérie de la Capitale. C'était la première fois que le vaisseau se posait à la surface d'une planète, et c'était une petite prouesse de pilotage. Les ChouChouLandais descendirent pour se mettre en marche vers la cité. Ils étaient censés défiler en bon ordre vers celle-ci, avec leur butin et leurs prisonniers, pour effectuer un triomphe respectant les bonnes vieilles traditions. Mais bien entendu, avec leur efficacité légendaire, ils réussirent à se déployer dans un joyeux désordre, malgré tous les efforts désespérés des responsables du protocole.
- C'est étrange... J'ai envie de me faire un poisson grillé... remarqua Milvus tandis que le cortège s'ébranlait.
La joyeuse troupe emprunta donc les larges boulevards et un des immenses et interminables ponts à haubans menant vers le centre de la cité, sous les acclamations d'une foule en délire. Mokona était aux anges, puputant de plus belle tout en dansant au sommet d'une pile d'objets précieux entassés faisant partie du butin
- Puu Puu Puu Puuuuu ! Mokona vous aime tous ! Mokona a sauvé la galaxie pour vous !
T-Citron, de son côté, avait sorti ses instruments de musique (enfin, ses armes servant d'instruments de musique) et juché sur un char avec une sono assourdissante, s'était lancé dans un concert itinérant qui resterait longtemps dans les mémoires.
Farf n'était pas oublié non plus, des hordes de groupies se jetant à ses pieds, dont un certain nombre d'elfettes et de neko-girls. Avec de grands sourires un peu inquiétants, ils les accueillaient toutes dans son propre char pour faire la fête au sein du triomphe.
Juste un peu plus loin se trouvait le char de ChouChouBoy et Chen Li, qui recréait la jungle du Royaume du Mur de Fleur, avec toute son exubérance de végétation. Installés dans une clairière au milieu, il continuait à déclamer leur philosophie étrange, même si pas grand monde ne pouvait les entendre dans le public. Paradoxalement, c'était même les spectateurs situés bien plus loin, par exemple sur une autre planète, qui les entendait le mieux, grâce aux micros installés autour d'eux.
Les mercenaire Dendarii dans leur intégralité défilaient, avec Kaittchimth et Bip-bip à leur tête. C'était bien la première fois qu'ils avaient droit à un tel triomphe. En général, ils ne fréquentait que deux types de populations civiles : ceux qui les détestaient (leurs ennemis) et ceux qui ignorait jusqu'à leur existence (leur amis). C'était là l'inconvénient d'être spécialisés dans les opérations discrètes. Ils savouraient donc profondément cette nouvelle célébrité, tout en se demandant un peu comment ils en étaient arrivés là.
Cependant une mauvaise surprise attendait les ChouChouLandais, et elle toucha Ori l'elfette. Celle-ci était sur un char en forme de gecko géant et saluait la foule quand elle sentit soudain comme une piqûre de moustique et porta la main à son cou. Nul ne prêta grande importance à ce geste, mais quand l'elfette tomba a genoux, certains commencèrent à se poser des questions. D'un bond, Milvus, qui était dans le char juste derrière, rejoignit Ori.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Je ne sais pas... J'ai été piquée à la nuque par quelque chose. Et depuis je vois des choses bizarres dans mon champ de vision.
Milvus projeta un sort de détection et jura :
- Merde. On t'a injecté des nanosites qui sont en train de migrer vers ton nerf optique pour le hacker. On dirait que quelqu'un veut te forcer à voir certaines images.
- Quoi ? Mais qui ?
- Comment veux-tu que je le sache ? Décris-moi un peu ce que tu vois.
- On dirait des images de vieilles émissions télé humaines. J'avoue que je ne comprends pas trop ce qui se passe dedans, même si les images commence à être bien nettes.
- De vieilles émissions télé qui ne veulent rien dire ?
Un soudaine association d'idée se fit alors simultanément dans l'esprit de Milvus et de Ori, et il s'écrièrent de façon parfaitement synchronisée :
- Le JT de TF1 !
- De quoi vous parlez ? demanda Rimone qui arrivait pour voir ce qui se passait.
- Il y a bien longtemps, c'est à cause d'une conspiration de TF1 (qui cache en fait les Templiers Franc-maçons Premiers) pour transformer les gens en goules cocacolaïvore que Ori s'était transformé en goule.
- Ah bon ? J'ai toujours cru qu'il était goule de nature. Et pourquoi il matait le JT de TF1 ?
- Pour étudier sa dangerosité. Mais l'expérience a mal tourné et a échappé à tout contrôle.
- Et des salauds viennent de me tirer dessus pour me retransformer !
- Il faut trouver d'où venait le tir et arrêter le tireur avant qu'il ne fasse d'autres victimes.
- Je m'en charge ! fit Rimone.
Elle sortit alors un bâton de Magical Girl de nul part, qui se transforma sans prévenir en une espèce de bazooka technomagique. Un cercle magique apparu sous les pieds de Rimone tandis qu'elle lançait un sort de détection.
- Cet immeuble ! dit-elle en désignant un bâtiment de 40 étages isolé parmi des immeubles plus bas.
Elle braqua alors son bazooka sur l'immeuble et cria :
- Excelioooooooooooon Buuuuuuster
Un jet d'énergie technomagique incroyablement concentré jaillit alors du bazooka pour se diriger droit sur l'immeuble, qui fut transpercé de toute part, projetant des débris un peu partout.
- Et voilà. Il est neutralisé.
- Euh... fit Milvus, bouché bée. Un peu bourrin quand même. Tu aurais pu essayer de le neutraliser sans l'atomiser. Un prisonnier, c'est toujours utile.
- Oups...
- En même temps, fit remarquer Ori la Goule, vu le temps qui s'est écoulé entre le tir du sniper et celui de Rimone, y a de fortes chances qu'il se soit barré au loin...
- Ah, oui, pas con...
Ce fut donc avec une elfette en moins et une goule en plus que les ChouChouLandais arrivèrent dans le Palais de Malachite, où les attendait une réception à la hauteur de leurs exploits. Celle-ci avait lieu dans une immense salle pouvant accueillir 300 000 spectateurs (de taille moyenne proche de celle d'un humanoïde). La plus grande partie du public était xyvagagarien, mais une part non négligeables d'autres espèces étaient aussi là, preuve qu'en mille ans la galaxie avait changé. La foule était encore plus en délire, car elle avait appris qu'une tentative d'attentat avait été déjouée (enfin, techniquement elle avait réussi...). Ce fut donc une salle hystérique qu'ils eurent en face d'eux quand ils montèrent sur scène. Et tout l'évènement était retransmis en live dans toute la Galaxie. De quoi faire peur...
- On doit vraiment faire un discours ?
- Oui, c'est un moment historique !
- J'ai faim moi ! clama Ori. On peut pas faire le discours après un bon repas ?
- Non, ils dormiraient tous.
- Ah ? Parce qu'on est censés faire autre chose que dormir pendant un discours ?
- Ben faut croire.
Les ChouChouLandais était ainsi à se chamailler pour savoir qui allait être le premier à faire un discours, et certains étaient en train d'élaborer des plans complexes (encore plus élaborés que ceux de la bataille qui venait d'avoir lieu) pour s'échapper en direction du buffet.
- Bon, si c'est comme ça, je m'y colle, fit Ulyk.
Ravi de voir un volontaire, les ChouChouLandais ne se firent pas prier et allèrent s'installer sur les chaises VIP installées derrière le pupitre de l'orateur où Ulyk s'était posté.
- Citoyennes et citoyens de la Galaxie ! Nous sommes réunis ici pour célébrer une grande victoire ! Nous avons bouté l'ennemi hors de nos frontières, non sans en avoir massacré une bonne part au passage !
La foule semblait réagir avec enthousiasme au discours et les vivats fusaient à toute allure. En fait, si on n'avait pas distribué d'oreillettes au public, il n'aurait rien pu entendre, malgré l'excellente acoustique de la salle.
- N'oublions pas de remercier la Déesse, qui nous offre tant et demande si peu en retour. Notre société basée sur la tolérance vaut bien mieux que toutes ces civilisations primitives manipulés par des Dieux psychopathes ! La Déesse...
Cette déclaration arracha un rire nerveux à Calimsha, qui se pencha vers Milvus, et lui murmura, toujours aussi sarcastique :
- Je pensais que Aphraelle était aussi une Déesse manipulatrice et psychopathe,
- Bhaaa... Elle est juste encore plus psychopathe que le Dieu moyen. Et puis c'est une copine de fac à Éris, qui est aussi une Déesse manipulatrice et psychopathe.
- En fait, tout ça ,ce ne sont que des pléonasmes.
- Pas mieux...
Ulyk cependant, continuait à haranguer les foules avec toujours autant d'entrain :
- Nous avons eu à offrir du sang, de la peine, des larmes et de la sueur, mais nous avons triomphé, car la justice était avec nous ! Mais la justice n'est avec nous que quand nous en sommes dignes. Il y a encore peu, cette galaxie était décadente, et même les Chevaliers Célestes l'étaient devenus. Seule une grande épreuve pouvait briser cette décadences. Et cette épreuve, nous l'avons réussi. Nous...
- Il s'emporte un peu, tu trouve pas, demanda Ori à Farf.
- Ouais, à ce train là ça va durer des heures.
- C'est bien ce que je craignais. Quand est-ce qu'on va manger ?
- Si vraiment ça dure, j'ai une cuisinière portative dans mon sac.
- Ouf, tu nous sauves la vie !
- Si la Déesse m'a fait revenir des morts, c'est pour faire passer un message. La paix et la prospérité ne sont jamais des choses acquises, même après des siècles où elles ont régné en maître ! Il faut toujours se battre. Contre l'ennemi, mais aussi contre soi-même ! Au fond de nous, il y a la bête, celle qui nous dit d'oublier les chances que nous avons, et nous pousse à les voir comme acquises, au lieu de les voir comme fragiles.
- Mais qu'est-ce qu'on fait ici... chuchota Bip-bip. T'as pas des DS qu'on passe le temps pendant ce discours ?
- Je dois avoir ça quelque part, répondit l'ewok.
- Puuuu puuu ! Mokona veut jouer aussi à la DS !
- La Déesse ne vous demande pas une obéissance absolue ! La tolérance est une des bases de sa religion. Mais il ne faut être tolérant qu'avec les tolérants. Les intolérants doivent être convertis ou mourir, sinon, ils étrangleront lentement et sûrement les tolérants, dont la bonté est souvent trop grande. Tout le monde aimerait être tolérant même avec ceux qui ne le méritent pas. Mais cela ne se peut, l'histoire l'a prouvé mille fois. Et...
- Ça mange du Saint-Nectaire, des plantes ? demandait T-Citron, perplexe.
- Ce discours est fort étrange dans ses effets secondaires.
- Des envies étranges apparaissent en nous, et le sage ne repousse une envie que si elle n'est pas étrange.
- Ah, OK...
- Car enfin, qu'avons-nous fait pour qu'ils nous envahissent ? Rien, bien entendu. Pire, cette invasion est en directe contradiction avec les accords que les Dieux ont passé entre eux. Ils n'en avaient le droit ! Nous avons toujours scrupuleusement respecté cet accord, et jamais, jamais, jamais nous n'avons tenté d'exporter la parole de la Déesse dans leur galaxie !
- Il parle bien... dit Tsunami.
- Tu crois que c'est la Déesse qui a écrit le script ? demanda Soso.
- Elle en serait bien capable...
- Un grand nombre de soldats sont morts pendant cette bataille, et il faut faire honneur à leur sacrifice en s'assurant qu'il ne sera pas vain. Nous avons gagné une bataille, mais avons-nous gagné la guerre ? Tant que nous n'en serons pas sûr, nous ne pourrons dormir correctement, sans avoir à se soucier de savoir si la Galaxie sera là à noter réveil. C'est pour...
- C'est moi ou il a piqué des bouts de son discours dans un manuel d'histoire ? demanda Pavel.
- Comment veux-tu que je le sache. Je suis catcheur, pas historien !
- Mouais... L'un n'empêche pas l'autre. Tu devrais de faire pousser des couettes, c'est bon pour la mémoire.
- N'importe quoi !
- Alors que faire maintenant ? Nous pourrions savourer notre victoire, et saisir une paix immédiate, en nous contentant de poster des sentinelles pour ne plus être pris pas surprise. Mais ce serait sous-estimer la fourberie de l'ennemi. Ils vont revenir, c'est une certitude. Ils sont même encore là, puisque nous n'avons échappé que de peu à un tragique attentat en venant ici. Nous ne pouvons rester immobiles. Nous ne pouvons rester bienveillants. Nous ne pouvons rester ici
La foule était désormais intenable, non seulement dans la salle, mais aussi dans toute la Galaxie. La foule se mit à gronder, faisant vider tout le bâtiment. Même le verre d'eau posé sur le pupitre se mit à bouger tout seul et finit par tomber par terre ou il se brisa.
- Non, une seule solution s'offre à nous. Ce n'est pas la défense, c'est l'attaque ! Ce que je propose, c'est d'aller les attaquer dans leur antre, et de les y broyer. C'est d'envahir la Galaxie d'Andromède !
- Quoi ? fit Milvus en tombant de sa chaise.
Les ChouChouLandais se regardèrent, unanimement perplexes et surpris.
- C'était pas au programme ça...