La singularité apparu dans l'espace sans prévenir, et un observateur proche (s'il était assez fou pour ne pas fuir le plus vite possible dès l'apparition d'une telle anomalie spatiale) aurait pu constater que ce phénomène portait bien son nom. Elle était unique, singulière, étrange, quantique... En quelques micro-secondes, son diamètre enfla de quelques nanomètres à plusieurs kilomètres, détruisant toute matière dans le périmètre de son expansion. Une forme en émergea, accompagnées d'éclairs crépitant dans toutes les directions. C'était un vaisseau spatial, à la forme reconnaissable entre tous. Mais curieusement, là où il émergeait, personne n'aurait pu le reconnaître.
- Transfert interdimensionnel terminé, annonça Farf. Tous les paramètres sont à leurs valeurs nominales. Aucune anomalie à signaler dans nos systèmes technologiques, magiques et hybrides.
- Parfait, dit Ori. Cap sur la planète cible. Mettez le vaisseau en orbite géo-stationnaire aussitôt que possible. Et n'oubliez pas de passer en mode furtif. Inutile de faire peur aux locaux.
- À vos ordres ! fit l'équipage.
- La planète cible est de type M, avec une civilisation humaine à sa surface, informa Pavel. La technologie semble être globalement au même que celle de notre Terre.
- Je détecte de nombreuses perturbations électromagiques, ajouta T-Citron. Ce n'est absolument pas normal pour une planète avec une telle configuration technologique.
- Nous sommes donc sur la bonne piste, dit Ori. Nos trois anges rebelles sont des suspects tout désignés pour ce genre d'anomalie.
- Que faisons-nous ?
- Calimsha ! Farf ! T-Citron ! Pavel ! Prenez vos Syuks et allez enquêter sur ces anomalies.
- OK !
Ils se dirigèrent rapidement vers les hangars où ils grimpèrent chacun dans leur mecha personnel. Calimsha était particulièrement enthousiaste à l'idée d'essayer son tout nouveau XM-X2 (F97) Crossbone Gundam X-2 Kai.
- Mouhahahaha ! Regardez moi cette cape ! C'est la classe incarnée.
- T'as pas fini de changer de syuk sans arrêt ? demanda Pavel, un peu narquois.
- Bien sur que non ! Ma quête est une de celles qui sont sans fin...
- Ah...
Les Syuks furent installés dans leurs catapultes, et furent rapidement éjectés du vaisseau vers la surface de la planète.
- Calimsha, Crossbone Gundam, Ikimasu !
Sans traîner, ils se mirent en formation, avec l'entropiste en tête. Puis quelques minutes plus tard :
- Début de la rentrée atmosphériques, fit Farf. Black-out des communications dans une minute.
- Bien reçu, répondit Ori. À tout de suite les gars, et bonne chance !
Le puissant USS Yggdrasil, temporairement commandé par Ori, était actuellement à la recherche de trois dangereux criminels, les nommés Milvus, Soso et Tsunami. Anges Majeurs de leur état, leur fuite les avait transformés en anges rebelles, et Aphraelle avait chargé les ChouChouLandais de les rechercher pour les punir. Au début peu désireux de traquer des amis et compagnons d'armes, ils avaient finalement été convaincus par la force de persuasion sans pareil de la Déesse. Pendant un long moment, aucune trace des trois fugitifs n'avait pu être relevé. Ils avaient disparus dans le multivers et même la Déesse avait des difficultés à les traquer. Où alors elle préférait faire autre chose de plus intéressant à la place. La vie avait donc repris son cours au ChouChouLand, malgré l'absence de ces trois éminents citoyens. Mais tout avait brusquement changé la veille...
Ori et Pavel se trouvait dans le Quartier Rouge de ChouChou-City, pour l'inauguration du tout dernier établissement de cette partie pittoresque de la capitale. Il portait le nom fort évocateur de La Maison de correction de Maîtresse Tohsaka.
- C'est avec une émotion non dissimulée que je coupe ce rouge ruban de soie, en ce qui j'espère sera vu par les générations futures comme l'acte fondateur d'une nouvelle ère de la culture...
Ori ne cessait de rallonger son discours, dans l'espoir de lasser tous les éventuels concurrents. Il avait bien l'intention de tester les services offerts par la nouvelle maison, et avait même déclaré, en hurlant dans le Grand Hall du Palais, avant de partir à la cérémonie :
- Tohsaka je te veux !
Ce cri du coeur avait résonné dans les halls tout en marbre du Palais, sous l'oeil blasé des néo-silencieux fonctionnaires, habitués aux frasques des membres du gouvernement. Une goule en rut qui sautillait comme un camé à l'hypercaféine dans le immenses corridors du Palais tout en hurlant des slogans incompréhensibles était pour eux la routine.
Son plan machiavélique semblait en tout cas marcher, car la foule était de plus en plus clairsemée autour de lui. Tohsaka était bien sur quelque peu furieuse de voir sa clientèle potentielle s'évaporer comme neige au soleil. Mais la goule n'en était que plus encouragée, pensant avec raison que plus la maîtresse des lieux serait en colère, plus le service serait inoubliable. Ori commençait à ne penser plus qu'à ça, au point que son élocution en subit les conséquences avec un début de bredouillement qui le rendait encore plus incompréhensible.
- Gazlavug couettique du rituel de slugaga...
Ori avait presque réussit à faire fuir tous les gêneurs quand une musique bien connue commença à se faire entendre. Au début, il n'y prêta pas attention, croyant qu'elle venait d'une maison voisine. Mais elle se fit de plus en plus forte, et surtout, un pilier de lumière apparu sous ses yeux, pulvérisant une cabine téléphonique qui se trouvait au mauvais endroit. Le souffle de l'explosion le propulsa dans les bras de Tohsaka, situation qui n'était pas pour lui déplaire, même si cette dernière le ruait de coup pour signifier sa désapprobation.
- Debout les jeunes ! fit Aphraelle en sortant de son pilier de lumière. J'ai une mission pour vous.
- Ça peut pas attendre un peu ? grogna Ori.
- On ne fait pas attendre sa Déesse, petit mortel impoli. J'ai retrouvé la trace de Milvus, Soso et Tsunami. Filez immédiatement les attraper ! Pas de discussion !
- Mais euh...
Et elle repartit aussi vite qu'elle était venu, ne laissant derrière elle qu'une clé USB contenant les coordonnées du monde ou elle avait repéré les trois fugitifs.
Annabelle Gâteau avait douze ans, et était une collégienne tout ce qu'il y a de plus normal. Du moins jusqu'à il y a quelques mois. Car depuis son quotidien avait changé du tout ou tout. Sa famille et la plupart de gens qu'elle connaissait ignorait cependant totalement cette situation. Seules ses deux meilleures amies, Charlotte d'Asnabulle et Camille Veadent étaient dans le secret. Et pour causes, toutes les trois étaient les seules rempart contre le Mal Absolu qui menaçait la planète.
Ce dernier se présentait dans la région sous la forme improbable d'un croisement entre un crocodile et un kangourou, doté d'ailes de libellule. Il était accompagné de deux de ses sbires, qui avait eux l'apparence de vieux pervers voleurs de lingerie. Et il était à ce moment même en train de semer la ruine et la désolation dans une paisible ville au bord de la mer.
- Bouhahahahahaha ! fit le Mal Absolu, avec sa grosse voix. Cette planète est désormais à moi. Le règne du bien est terminé !
- Pas si vite, fit une charmante voie juvénile.
- Qui ose me déranger dans ma victoire ?
- Moi ! Mahou Shojo Nana Manju ! Et au nom du Bien, je vais te punir !
- Ridicule ! Tu es seule contre nous ! Tu ne fais pas le poids ! Tuez-là ! ordonna-t-il à ses sbires.
- À vos ord... couic...
- Que se passe-t-il ?
Mais le Mal absolu vit qu'un de ses sbires avait été décapité. Perché sur un toit d'immeuble, une silhouette lointaine, armé d'un grand arc magique, donc visiblement responsable de ce forfait, le harangua.
- Ara ara ! Tu ne croyais tout de même pas que tu n'aurais qu'un seul adversaire ? Moi, Mahou Shojo Classic Tempo, au nom du Bien, je vais te punir !
- Groaar ! Mais qu'est-ce que c'est que ces emmerdeuses ?
- Qu'est ce qu'on fait patron ? demanda le sbire survivant, visiblement peu touché par la mort de son jumeau.
- Tue celle-là, imbécile, je m'occupe de l'autre.
- À vos ord... couic...
- Ah non pas encore !
- Et si ! Je suis Mahou Shojo Nekomimi, et au nom du bien, je vais te punir ! Nyaaaa ! fit la troisième Magical Girl, qui tenait son bâton magique sur l'épaule comme un bazooka.
Les trois Magical Girls sautèrent alors en l'air, et après quelques pirouettes, atterrirent en formation sous le nez du Mal Absolu (enfin, ce qui lui tenait de nez).
- Toutes les trois, nous sommes les Pretty Mahou Shojo ! déclamèrent-elles simultanément tout en faisant une étrange et un peu ridicule chorégraphie.
- Nan mais je rêve... Groaoaoaooar !!! Vous l'aurez voulu ! Je suis énervé maintenant ! Je vais vous tuer, mais d'abord je vais vous torturer et vous faire tout plein d'horribles choses pour de frêles jeunes filles comme vous !
- Tu ne nous fais pas peur !
Le Mal Absolu cracha alors plusieurs rafales de feu magique en direction des Pretty Mahou Shojo, mais Classic Tempo les bloqua aisément avec un bouclier magique, qui avait pris la forme d'un cercle magique rouge de deux mètres de diamètres, surchargée de runes diverses.
- Je vous couvre ! fit Nekomimi.
- Ok !
Nekomimi, en effet, avec son bâton magique à l'allure de bazooka, disposait d'une excellente arme pour les combats à distance. Mais ça ne suffirait pas avec un monstre telle que celui qu'elles combattaient. Protégée par le bouclier de Classic Tempo, Nana Manju put s'approcher à moins de un mètre du Mal Absolu. Elle dégaina alors son propre bâton magique, et l'utilisant comme une épée bâtarde, le coupa en deux.
- Guyyayayaya ! Non ! C'est impossible ! Je ne peux pas être défait par des Magical Girls. Quelle honte pour moi !
- Le Bien triomphe toujours ! hurlèrent les trois Magical Girls.
Tout en s'égosillant, elle achevèrent le monstre en s'acharnant dessus avec ce qui, chez tout autre être humain, eut apparu comme du sadisme à l'état pur. Mais pas chez ces trois créatures symboles du kawaii.
À ce point du récit, il est sans doute nécessaire de faire une pause pour présenter nos trois vaillantes héroïnes. Comme elles étaient camarades de classe, vous aurez compris qu'elles avaient, à peu de chose près, le même age. Il y avait donc d'abord Annabelle Gâteau, leader du groupe, sportive, débordant d'énergie et un peu garçon manqué. Elle arborait de longues couettes rousses qui volaient aisément au vent. Une fois transformée, dans son costume blanc et rose, elle était Mahou Shojo Nana Manju. Pour se battre, elle se servait de son bâton magique comme d'une grande épée à deux mains, découpant tout ce qui passait à sa portée. Elle était toujours accompagnée de sa mascotte, croisement étrange de chat et de lapin, à la fourrure noire avec des reflets bleus, répondant au nom de Meho-chan.
Charlotte d'Asnabulle, malgré qu'elle descendait d'une longue lignée d'aristocratique et était fort riche, était la plus timide des trois. Elle avait de grande lunettes rondes et ses cheveux blond étaient réunis dans une longue tresse. C'était l'intellectuelle du groupe, toujours fourrée dans les livres où jouant de la musique sur son piano. Son costume était blanc et bleu marine, et son nom de combattante du Bien était Mahou Shojo Classic Tempo. Son poste préféré dans un combat était celui de sniper, qu'elle assurait avec le grand arc magique qui lui servait de bâton, et qui lançait de très puissantes flèches faites d'énergie magique. Elle avait bien sur elle aussi sa mascotte, Tzzzz-chan, qui avait l'apparence étrange d'un paresseux beige clair, mais avec le long coup d'une girafe et la queue préhensile d'un singe.
Enfin, la dernière du groupe, Camille Veadent était l'otaku du groupe, portant toujours des tenues excentriques, même sans être transformée. Ses longs cheveux bruns étaient coiffés tous les jours dans un style différent, mais le plus souvent elle optait pour une longue queue de cheval, ou deux couettes bien symétriques. Son costume de Magical Girl ressemblait à ceux de ses deux amies, mais il était blanc et jaune. Une fois transformée, il était inutile d'espérer attirer son attention si on ne l'appelait pas par le nom de Mahou Shojo Nekomimi. En revanche, avec sa furtivité féline et son bâton magique au look de bazooka, elle vous surprenait à coup sur. Sa mascotte kawaii était un oiseau bleu, vert et jaune, mélange entre un perroquet et un merle, qui répondait au nom de Sterny-chan.
Après avoir défait le mal absolu, elle décidèrent toutes les trois d'aller fêter ça dans leur salon de thé préféré, pour se goinfrer de pâtisseries et de jus de fruit.
- Bravo les filles, fit Meho-chan. C'était du beau boulot !
- Maintenant, on est enfin libérées de cette mission, dit Annabelle. Unyu ! On va pouvoir de nouveau se consacrer à des activités normales pour des collégiennes !
- Ara ara. Comme par exemple réviser ? demanda malicieusement Charlotte.
- Unyuuu ! fit Annabelle en faisant la moue. C'est vrai que mes notes ont chutées depuis que nous combattons le Mal Absolu. Mais maintenant c'est terminée ! Et je vais travailler deux fois plus pour rattraper le temps perdu.
- Mais bien sur, on y croit, nya... fit Camille en rigolant en douce...
Les trois amies discutaient ainsi de tout et de rien, soulagées de pouvoir discuter de sujets sans importance, ou tout du moins qui ne concernait que leur vie tranquille de jeunes adolescentes et non l'avenir de leur planète. Une fois le petit festin terminée, elles sortirent dans la rue, avec la ferme intention de passer le reste de l'après-midi à faire du lèche-vitrine.
Mais l'avenir allait leur réserver un autre destin...
Grâce à leur désormais puissants pouvoirs magiques, elles ressentirent tout de suite que quelque chose d'anormal se passait. Les trois mascottes kawaii elles aussi avaient reniflé quelque chose de louche.
- Ara ara ? Que se passe-t-il ? fit soudain Charlotte. Je ressent une présence étrangère.
- Moi aussi !
- Oui !
- Elle va et elle vient, elle tourne autour de nous, et elle n'est pas de ce monde.
- Il faut découvrir ce qui se passe ! fit Meho-chan. Transformez-vous, vite !
Et elles foncèrent dans une ruelle discrète à l'abri de la foule, pour déclamer les ridicules formules magiques, tout en esquissant les tout aussi ridicules pas de danse leur permettant de se transformer en Magical Girls.
- Oh ! Qu'est ce que c'est que ces horreurs ?
Maintenant qu'elles étaient transformées, elles avaient accès à leurs pouvoirs, et pouvaient voir distinctement quatre géants humanoïdes qui volaient au-dessus de la ville. Ils tournaient en rond, évoquant des mouches ou des vautours, comme s'ils cherchaient quelque chose.
- Unyu ! C'est pas vrai ! Encore des démons combattre ?
Ils étaient tous les quatre immenses, et semblaient fait d'un mélange contre nature de chair et de métal. Le premier, violet foncé avec des parties jaunes, était orné de têtes de morts, d'une longue épée d'allure menaçante, d'une grande croix dans le dos, et d'une cape crasseuse et déchiquetée qui lui donnait l'allure d'une harpie en vol. Le second était noir et rouge, comme fait de sang et de charbon, et poussaient de longs miaulements qui semblaient venus d'outre-tombe. Le troisième semblait fait de bric et de broc, comme si une décharge publique était soudainement venu à la vie. Il laissait derrière lui un grand nuage toxique et nauséabond, ainsi qu'un filet d'une huile noire et visqueuse. Le dernier, malgré sa couleur rose, était le plus effrayant, ressemblant à la méduse, avec ses dizaines de couettes flottant au vent comme de venimeux serpents de l'enfer.
- Je n'ai rien vu d'aussi effrayant, dit Camille. Pourquoi ça tombe sur nous ?
- En effet, fit calmement Charlotte. Ce ne peuvent être que des démons venus semer la mort et la désolation dans notre paisible ville. Notre devoir est de les arrêter.
Il faut dire que l'allure des quatre apparitions ressemblait assez fortement à une célèbre peinture exposé dans le musée de la ville, représentant ce que dans notre monde on aurait appelé « Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse ».
- Nya, que faisons-nous, demanda Camille à sa mascotte Sterny.
- Piou Piou ! Ce sont bien des démons, comme vous le pensez !
- Oui, continua Tzzzz-chan Ils pensent sûrement qu'avec la disparition du Mal Absolu, ils ont le champ libre pour leurs propres ambitions.
- Il faut les vaincre à tout prix ! renchérit Meho-chan
Les trois Magical Girls se regardèrent gravement, puis approuvèrent de la tête.
- On s'en occupe !
Et décollant sans attendre, elles foncèrent en formation sur les quatre étrangers géants. Sans hésiter, elles attaquèrent les deux démons les plus proches, qui furent complètement pris par surprise. Ils reculèrent de plusieurs mètres, un instant déconcerté, et cherchant à comprendre ce qui les avait frappé. Mais nos trois héroïnes ne leur laissèrent pas le temps de se ressaisir. Elles enchaînèrent coup sur coup, mélangeant impacts physiques et décharges d'énergie magique avec une redoutable efficacité.
Les deux démons finirent cependant par se dégager et effectuèrent un léger repli stratégique, leur permettant d'être rejoints par les deux autres démons. Ces deux derniers avaient en effet vu que leurs collègues étaient en mauvaise posture et avaient cessé leurs recherches pour venir à leur secours. Les deux camps, désormais immobiles, se regardaient de loin, en un face à face tendu. La tension était palpable, et l'atmosphère était devenu électrique, comme si l'affrontement était en train d'influer sur la météo, provoquant un orage !
- Pour défendre notre planète, nous allons vous arrêter !
- Nous venons en paix, fit le démon à couettes, avec une horrible voix métallique.
- Je ne suis pas une imbécile, avec ton look, je ne te croirais jamais, fit Camille en fonçant sur le démon pour lui décocher un sortilège offensif quasiment à bout portant. Les couettes prirent feu, à la grande horreur du démon qui se mit à pousser un long et sinistre hululement, s'agitant en tout sens pour éteindre cet incendie.
Les combats reprirent de plus belle, créant un étonnant spectacle son et lumière, sous les yeux blasés de la population locale. Habitués aux choses les plus étonnantes depuis que le Mal Absolu avait tenté de s'emparer de leur planète, mais avait été repoussé, ils ne regardaient tout ça que d'un oeil distrait. Les quatre démons semblaient d'ailleurs étrangement perturbés par l'attaque qu'ils subissaient : ils paraient la plupart des attaques qu'ils subissaient, mais attaquaient très peu.
- On va les avoir ! cria Annabelle. Continuons comme ça !
En effet, les démons ne cessaient de reculer, perdant du terrain à chaque attaque.
- Attaque combinée !
- Ok !
- Oui !
Les trois filles se mirent en formation, puis pointèrent leurs bâtons magiques vers les démons, leurs extrémités se touchant.
- Uber Mahou Shojo Beaaaaaaaaaaaaaammmmm !
Un rayon d'énergie magique hautement concentrée jaillit des trois bâtons, et frappa les démons de plein fouet, qui prirent feu.
- On les a eu !
- Non, ils fuient!
En effet, malgré le fait qu'ils étaient en feu, les quatre démons étaient en train de fuir à toute allure vers l'espace, devenant très vite de simple point à peine visibles.
- Enfer ! fit Charlotte. Ils nous ont échappé.
- Tant pis... Ils ne sont de toute façon pas près de revenir, vu la punitions qu'on leur a infligé.
- Oui !
Et voyant l'heure tardive, les trois Magical Girls rentrèrent chez elles, dans leurs foyers respectifs, pour faire leurs devoirs.
Ce fut quatre Syuks quelques peu carbonisés qui accostèrent dans le hangar de l'USS Yggdrasil,
ou plutôt, vinrent y échouer lamentablement avant de tomber en morceaux. Les pilotes en sortirent, arborant des mines assez piteuse. Leurs beaux uniformes furent entièrement recouverts de cendre et de suie, quand un de Syuk s'effondra sur lui-même.
- Puuuu ! Ils sont noirs ! fit Mokona.
- En effet, dit Kiko, laconique.
- J'aurais pas du me lever ce matin, fit Calimsha.
Mais ils n'étaient pas encore au bout de leur peines. Un Troll de Troy visiblement fort mécontent se dirigeait vers eux.
- Qu'est ce que c'est que ce bordel ? Vous pouvez m'expliquer comment vous avez pu vous faire latter par trois gamines ?
- Ben... Euh... firent les quatre coupables, dansant d'un pied sur l'autre.
- C'est que...
- Quoi ? tonna Hébus, de sa forte voix de Troll.
- On peut quand même pas taper sur des Magical Girls ! finit par avouer Pavel.
- Oui oui oui ! firent les trois autres. C'est inhumain pour nous !
- Quuuuuuuoiiiiiiiii ??? Vous vous foutez de ma gueule ?
- Absolument pas ! ajouta Pavel. Plutôt mourir que de porter la main sur une Magical Girl. Même avec une Dark Magical Girl, j'aurais du mal.
- Ktzzzz ! Bande de lobotomisé du Shojo ! Vous allez me faire le plaisir de prendre d'autres Syuks et de descendre exterminer ces enquiquineuses, où je vous fourre au trou pour le restant de l'année !
- Ok !
Et ils se mirent en marche, mais pas en direction des Syuks.
- Où vous allez ?
- Ben... Au trou.
- Mais c'est pas possible d'avoir une telle bande shojotisés sous ses ordres...
- Que se passe-t-il ici ?
- Ah, Capitaine !
En effet, c'était bien Ori qui venait d'arriver. Il sortait de son bain et avait encore les cheveux mouillés.
- Capitaine, fit Farf. Le Troll est en train de tenter de nous faire suivre un ordre criminel. Je vous en prie, venez à notre secours.
- Gottferdom !! Un ordre criminel ? Mais pas du tout, bande de dégénéré de la couette !
Puis s'adressant à Ori :
- Capitaine, ils refusent de combattre contre trois Magical Girls hostiles qui nous empêchent de rechercher les trois disparus à la surface de la planète que nous explorons.
- Ils nous demande de taper sur les Magical Girls ! interrompit T-Citron. C'est inhumain. C'est un ordre criminel.
- Mmmm... fit Ori. En effet, C'est un ordre criminel. Hébus, je vous met aux arrêts pour abus d'autorité par un Officier sur ses troupes.
- Mais ça va pas la tête ? Si c'est comme ça je prend mon Syuk, une équipe plus obéissante, et je m'en occupe moi-même !
- C'est de la mutinerie !
Et, sur un geste de la goule, la moitié des ChouChouLandais sortirent des canons à eau pour braquer le Troll.
- Mais calmez-vous, bande de cinglés, fit Tuor.
Ce dernier, qui ne comprenait décidément ni le passion des uns pour les filles à couette ni la haine des autres pour le shojo, essaya de s'interposer pour calmer les esprits.
- Je comprends pas grand chose à toutes ces histoires, mais elles ne vous ont quand même pas attaqués sans raison.
- C'est vrai que c'est incompréhensible... Elle se sont jetées sur nous comme si on était venu attaquer leur planète.
- Si ça se trouve, vous leur avez fait peur, bande de pervers ! ricana Hébus.
- Bien sur que non ! protesta Pavel. D'ailleurs elles ont attaqués avant même qu'on les voie !
- En attendant, ces trois cinglées nous empêchent de trouver nos trois imbéciles d'Anges, et je...
Hébus s'interrompit net au milieu de sa phrase, apparemment plongés dans une réflexion intense. Manoeuvre complexe et dangereuse pour un Troll, surtout quand il désire garder sa mononeuronalité.
- Gottferdom ! J'ai compris. Ces trois Magical Girls sont nos trois Anges Majeurs. Ça explique tout ! Ils essayent de gagner du temps pour qu'on ne les trouve pas. Mais ça ne marche pas avec nous.
- N'importe quoi... dit Farf.
- Mmmmm fit Ori. Ça m'embête, mais je dois bien avouer que c'est une possibilité.
- Quoi ???
- Je ne dis pas qu'il a raison, mais on doit s'en assurer. On part en mission de récolte de renseignement. Et discrètement, donc hors de question de te laisser diriger cette opération, Hébus. Je prend les commandes
Abandonnant les Syuks, dont les modes furtifs ne semblaient pas très utiles contre les trois Magical Girl, les ChouChouLandais se téléportèrent discrètement en trois équipes de deux pour espionner les cibles. Astucieusement déguisé avec des costumes locaux, ils se mirent en planque à coté du collèges des trois jeunes filles pour le suivre à la sortie. Ces dernières ne tardèrent pas à quitter à apparaître, quelques minutes après la fin des cours.
- C'est bon, elles rentrent chez elles. On les suit à distance.
Se dispersant discrètement pour ne pas former un groupe trop visible, il se mirent donc à les suivre. Après avoir traversé un grand parc, la filature les mena dans un quartier de boutiques qui semblait idéal pour faire du shopping. Et effectivement, les trois jeunes filles, passant de boutique en boutique, passèrent de longues heures à la recherche de l'affaire du siècle ou de la mini-jupe idéale.
- Là j'ai quand même un gros doute sur la théorie de bubus... fit Farf. J'ai du mal à croire que nos trois crétins d'ange se soient découverts un telle passion pour le shopping.
- En même temps, on les voit jamais sous leur forme féminine, ou presque, dit Calismha. Ils font ça que quand il sont à Astilouth. Et vu les gens louches qu'il y a là-bas, qui sait comment ils se comportent dans ce coin où on ne peut aller.
- Ouais, pas faux, dit Pavel.
Mais cependant, il commençait à se faire tard. Voyant que la nuit commençait à tomber, les trois amies se séparèrent et se dirigèrent chacune vers la maison familiale.
- On se sépare ! fit Ori dans son micro planqué sans son col.
Et suivant le plan prévu à l'avance, les ChouChouLandais se séparèrent en trois groupes, filant chacun une des Magical Girls censées être les fugitifs.
- Ces quartiers résidentiels sont de vrais labyrinthes. On va finir par se perdre à les suivre comme ça, remarqua Pavel.
- Ouais, on est obligé de suivre de plus près, confirma Ori.
Il suivaient tous les deux Annabelle, et se trouvaient dans un quartier composé de petites maisons et de rue tranquilles, où leur allure étrange risquait à tout moment de les faire repérer.
- Je crois qu'on est arrivé. Elle va entrer dans cette maison.
- Ouais. Planquons-nous derrière ce lampadaire.
Les deux détectives en herbe se blottirent donc dans un étroit renfoncement, et purent voir Annabelle rentrer chez elle et sauter au coup de sa maman.
- Si c'est une couverture, ils sont vraiment allés loin...
- Hem hem... fit une grosse voix.
Pavel et Ori se retournèrent, et un frisson d'horreur les parcourut. Un policier venait de les surprendre dans leur cachette de fortune.
- Alors comme ça on espionne les collégiennes ?
- Heuuuuu.....
- Il y a une très bonne raison derrière tout çà.
- Je suis impatient de l'entendre.
- Oh regardez ! Un kangourou volant ! hurla Ori en pointant du doigt quelque chose situé derrière le policier.
- Quoi ? fit le policier.
- Ça ne marchera jamais, pensa Pavel.
Mais le policier semblait être tombé dans le panneau. Sans réfléchir plus, les deux ChouChouLandais prirent leurs jambes à leur cou et tâchèrent de mettre le plus de distance possible entre eux et le policier.
- Hep là ! Arrêtez-vous, au nom de la loi !
Le policier, hurlant, suant, courant et sifflant, se mit à les poursuivre et ils tentèrent de le semer dans en fonçant au hasard dans les petites rues du quartier où ils se trouvaient.
- Vite ! Une cachette !
Le policier perdit de vue les ChouChouLandais quelques instants, puis complètement.
- Enfer ! Où sont-ils passés ?
Le policier continua de chercher leur traces pendant quelques minutes, puis renonça et décida d'aller faire son rapport au commissariat. Il était très préoccupant que deux pervers soit en vadrouille dans un quartier résidentiel aussi tranquille.
- Il est parti ?
- Oui... Je crois.
Soulevant le couvercles de la grande benne à ordure dans laquelle il s'étaient cachés, les deux ChouChouLandais regardèrent avec prudence si la voie était libre.
- C'est bon, personne à l'horizon, murmura Ori.
- Et merde, on a pas l'air con comme ça.
- Ouais. Et encore, tu t'es pas vu.
- Hein ?
- Tu as une peau de banane sur la tête.
- ...
Le lendemain matin, Camille se leva de bonheur comme à son habitude, prit un gargantuesque petit déjeuner (à se demander comment elle pouvait rester aussi mince), puis quitta sa maison pour aller au collège. Sautillant gaiement tout en fredonnant quelque chose qui ressemblait à « nya nya nya », elle vit soudain une affiche nouvelle placardé sur un panneau d'affichage municipal. Continuant à sautiller, elle s'approcha pour lire. Elle en était presque arrivé à bout quand quelque chose tomba brusquement sur ses épaules. Elle faillit en tomber par terre à la renverse.
- Saaaluut ! fit Anabelle, en explosant les tympans de Camille.
- Bonjour, fit Charlotte, plus calmement.
Camille leur rendit leur salut, puis Annabelle lui demanda ce qui se passait.
- La police a mis un avis comme quoi deux stalkers rodent dans le quartier. Ils recommandent à toutes les jeunes filles de ne pas se promener seules dans la rue le soir et la nuit.
- Des stalkers ? Unyuuuuuu ! Quelle horreur ! fit Annabelle. S'ils osent apparaître sous mon nez, je les transforme en hamburger ! ajouta-t-elle en remuant devant elle un bâton magique imaginaire.
- Ara ara, ça expliquerait des choses... fit alors Charlotte.
- Hein ?
- Hier soir, j'ai eu plusieurs fois l'impression d'être suivie. Mais je n'ai pas réussi à voir qui que ce soit. J'ai cru que j'avais rêvé. Les combats que l'on a mené nous ont tellement épuisé.
- Mmmm ! Tu es trop gentille, dit Annabelle. Si quiconque m'avait suivi, je l'aurais repéré tout de suite, et je l'aurais plié comme ceci, et comme cela, et je l'aurais envoyé en orbite ! Unyu !
- Ara ara ! Que de violence. Mais ne traînons pas, sinon, nous allons être en retard !
- Unyuuu !
La matinée se déroula tranquillement, les cour se suivant sans histoire. Mais ce fut à la pause de midi qu'un individu étrange aborda les trois amies, alors qu'elle déjeunaient tranquillement sur la pelouse de leur collège. Vêtu d'une grand cape noire et d'un chapeau à large bord de la même couleur, il avait une allure particulièrement louche. Soit la vigilance du gardien du collège s'était sérieusement relâché, soit cet individu n'était pas n'importe qui.
- Je viens pour vous proposer un marche, fit l'individu, quand les trois filles le virent.
- Qui êtes-vous ? demanda Annabelle, sur la défensive.
- Je le reconnais, fit Charlotte ! C'est un des généraux du Mal Absolu.
- Je ne viens pas pour combattre, ajouta précipitamment l'inconnu. Je me nomme Rincedent. Je n'ai jamais servi le Mal Absolu que sous la contrainte. Il ne m'y a obligé que par traîtrise. Bien et mal, tout ceci n'a que peu d'importance pour une âme errante comme moi.
- C'est ça ? Et tu crois qu'on va te croire sur parole ? demanda Camille, un brin sarcastique.
- Non, je sais que je n'ai guère de preuves pour vous convaincre de mon manque totale de loyauté envers le Mal Absolu. Mais j'ai quelque chose à vous offrir.
- Et quoi donc ? demanda Meho-chan, perché sur l'épaule de Annabelle.
- Je connais les démons qui ont attaqué ce monde et rodent dans votre quartier la nuit. Ils se nomment les ChouChouLandais. Ce sont mes ennemis jurés depuis qu'ils ont détruit ma ville natale. En ce jour fatidique, tout mon peuple a été massacré en quelques secondes, et j'ai été projeté à travers les dimensions. Je ne suis plus qu'un Karoutrha'pèien errant à la recherche de ces démons criminels.
- Ara ara. Nous sommes des Magical Girls, interrompit Charlotte. Nous ne pouvons pas agir pour satisfaire une vengeance.
- Qui parle de vengeance ? Tout ce que je vous propose, c'est de vous aider à protéger votre ville, pour qu'une tragédie telle que celle que j'ai subie ne se reproduise pas ici. Je connais leurs points faibles, je vous serais très précieux.
- Mmmm. Dans ce cas, je crois qu'une alliance temporaire pourrait être une bonne chose, finit par admettre Charlotte, encore un peu reluctante.
Cependant, à quelques mètres de là, Ori, T-Citron et Farf ne ratait rien de la conversation. Les trois autres ChouChouLandais qui participaient aux opérations de filatures étaient un peu plus loin, près à se dispatcher en cas de besoin.
- Tout ceci sent très mauvais, dit Farf. Si ces trois là se liguent avec cet imbécile, on va perdre un temps fou.
- En tout cas, dit T-Citron, ça prouve définitivement que ce ne sont pas nos ChouChouLandais. Jamais ils n'auraient besoin de s'allier avec ce paumé de Rincedent.
- Oui. Il est désormais évident qu'elles sont de vrai Magical Girls de cette planète et qu'elles ne nous ont attaqués que sur un malentendu. Il faut absolument dissiper ce malentendu.
- Oui, ajouta Ori. Elles ont bien dit que seul la défense de leur ville était leur but. Il n'y a aucune raison qu'on soit ennemis.
- C'est clair. Il faut renouer des relations plus diplomatiques avec elles.
Ils attendirent alors que Rincedent s'en aille pour approcher les Magical Girls. Au moment où ils s'apprêtaient à s'avancer, T-Citron fit une remarque pertinente.
- On devrait peut-être envoyer une ChouChouLandaise. Elles seraient plus en confiance.
- Ouais, c'est une bonne idée, mais encore faut-il en trouver une de disponible et qui soit d'accord.
- Ah oui, c'est vrai...
Mais cependant, tandis que les trois ChouChouLandais débattait du plan à suivre, un nouveau venu était arrivé. Et il n'était pas seul.
- Vous, les couetteuses ! hurla-t-il, perché sur un toit. Vous incarnez tour ce qu'il y a de plus horrible en ce monde. Et en plus vous vous mettez sur mon chemin. Je vais vous détruire !
- Et merde... fit Ori, toujours planqué. Manquait plus que lui.
Le nouveau venu n'était autre que Hébus, qui était venu en compagnie de deux douzaines de néo-silencieux. Et visiblement, ce n'était pas pour parlementer. Tout en prononçant son discours de défi, il gesticulait dans tous les sens, comme s'il essayait de danser, sans trop y arriver. Une fois qu'il eut fini de parler, il fit signe à ses sbires d'attaquer les Magical Girls.
- Massacrez-les ! Kill Them all !
Les néo-silencieux, obéissants sans réfléchir, se précipitèrent comme des fourmis sur les trois jeunes filles.
- Argh ! Des geeks zombis ! Mais qu'ils sont laids ! cria Camille.
Dégainant leur bâtons magiques, elles se défendirent avec efficacité, massacrant les soldats ChouChouLandais à la chaîne. Même à huit contre un, le combat était inégal tant les néo-silencieux semblaient incapable se battre correctement, en particulier si le Troll les dirigeait.
- C'est moi, demanda Farf, où Bubus nous fait un remake d'un mauvais sentai ?
- Non tu ne rêve pas, répondit T-Citron. C'est tout à fait ça.
Une fois tous les néo-silencieux proprement assommé, Hébus ne se démonta pas et annonça de sa voix tonitruante :
- Gottferdom ! On dirait que je vais devoir me battre moi-même.
Et il sauta du toit (où il était resté pendant que ses soldats se faisaient massacrer), bien décidé à se battre avec sa massue, ses muscles et se crocs. Les trois Magical Girls firent un pas en arrière pour se préparer, prenant une position de combat. Il faisait soudain plus chaud, l'atmosphère était lourde, et des ballots de poussière passèrent entre les deux camps. La rapidité allait être la clé de cette bataille.
Mais tout le monde fut pris par surprise. Hébus, les Magical Girls, les néo-silencieux qui se réveillaient et essayaient de fuir discrètement, les ChouChouLandais qui espionnaient. Une forme indistincte, se mouvant trop rapidement pour être vue, déboula au milieu du champ de bataille et sauta sur le Troll. Ce fut à la voix que la chose put être identifiée.
- Nooooooon ! On tape pas sur des Magical Girls !!
- Pavel !
C'était bien lui, qui avait quitté son poste de réserve pour débouler en plein milieu de l'action, bien décidé à stopper les plans du Troll.
- On fait quoi ? demanda T-Citron.
- On fait comme lui, décida Ori, sur une impulsion soudaine. C'est le moment où jamais de gagner la confiance des trois filles. Tant pis pour le Troll.
- Ouais !
Tout le monde se jeta donc dans la bagarre, qui devenait un peu plus confuse à chaque instant. Les Magical Girls, se méprenant sur les intentions des ChouChouLandais, les attaquèrent, tandis que Hébus et Pavel s'affrontait en combat singulier, défendant tout les deux leurs philosophies opposés avec fougue.
- Mais, on est avec vous, criait Ori, dans le faible espoir d'être entendu.
Les Magical Girls, surprises, arrêtèrent un instant de se battre. Ori commençait à avoir l'espoir de clarifier le malentendu quand une ombre passa sur le soleil, puis l'enfer de déchaîna.
- Je vous ai trouvé ! Je vais vous détruire ! Maudit ChouChoulandais !
- Rincedent !?
- Les ChouChouLandais ?
Armé d'un énorme canon polyvalent multiarme, le vagabond du multivers avait surgi de nulle part. Il visa sans hésiter le troll et un missile guidé par phéromones, chargé d'eau lourde, fonça sur Hébus.
- Gottfer... fut tout ce qu'il arriva à dire avant de tomber, terrassé par l'humide adversité.
Puis il enclencha une commande de son arme, et il se mit à tirer comme un malade un mélange de projectiles et de rayons d'énergie sur tout ce qui bougeait, Magical Girls comprises.
- Unyuuu ! Je savais qu'on aurait jamais du lui faire confiance !
C'était désormais la panique totale. Tout le monde se battait contre tout le monde, dans le plus beau désordre possible. Les Magical Girls pour appliquer le principe de précaution, Rincedent par vengeance, et les ChouChouLandais pour se défendre. Seul le troll ne se battait pas, toujours catatonique à cause de son contact avec l'eau.
Pendant que cette pagaille sans nom avait lieu à la surface, Kettch de son coté, était resté sur l'USS Yggdrasil. Il ne comprenait pas trop les couettiques et s'en méfiait un peu. Mais au fond, il se fichait complètement de leur lubie, et ne se serait jamais allié avec le Troll contre eux. Ça lui aurait trop fait plaisir, à ce tas de poils poussiéreux. Pour l'instant, il s'était donc confortablement installé sur la passerelle, dans le siège du capitaine. Il sirotait de l'Ice Tea tout en maltraitant un Rubik's Cube. Sur l'écran s'affichait la bataille en cours, filmé par un drône et agrémenté de commentaires tactiques faites par les IA du vaisseau. De toute évidence les IA étaient mortes de rire tellement les tactiques utilisées par les ChouChouLandais étaient d'un niveau pitoyable.
- On ferait mieux de les laisser bosser à notre place. Elles feraient mieux le boulot... remarqua à voie haute Kettch.
- Ça ne serait plus le ChouChouLand... répondit Homère. Et je serait au chômage. Après cette bataille mon infirmerie sera encore pleine. Je préfère ça à soigner des IA surmenées.
- Ouais sûrement...
- Pu pu puuuu ! fit Mokona en entrant sur la passerelle avec son habituelle démarche sautillante.
- Salut le pion ! répondit l'ewok.
- Pu pu puuu ! Mokona n'est pas un pion ! Mokona est Mokona !
- C'est ça, c'est ça. Pour moi, t'es juste un pion dans un jeu d'échec sur mon meuble télé. Tu ne me fera pas changer d'avis.
- Puuu ? fit Mokona, perplexe.
- Laisse tomber, tu peux pas comprendre...
- Puuuu !
Mokona sauta alors sur la tête d'un néo-silencieux et commença à regarder le spectacle, comme tous les autres.
- Mekyoooo ! fit tout à coup la peluche vivante, tout en sautillante encore plus.
- Qu'est ce qui se passe ? Il a avalé de travers ?
- Non, je crois qu'il a trouvé quelque chose...
- Pu pu pu !!! Mokona a trouvé Milvus ! Et aussi Soso et Tsunami !
- C'est pas vrai ! Où ça ?
- Pu pu pu !!! Là ! dit Mokona en montrant un coin de l'écran.
- Hein ? Ah d'accord... Les cons !
La confuse bataille avait fini par s'achever sur un frustrant statu quo. En effet, la totalité des belligérants, sans exception, était désormais à terre, certains blessés, mais la plupart simplement morts de fatigue. Juchés sur un muret, les trois mascotte contemplaient le spectacle, tout en sirotant tranquillement un thé. Avec un bruit caractéristique de téléportation, Kettch, Homère et Mokona se matérialisèrent alors à quelques mètres d'eux. Ils se dirigèrent d'un pas décidé vers les trois étranges bestioles.
- Alors comme ça, commence l'ewok, on joue les mascottes de Magical Girls ? Bande de cinglé !
- Quoi ? dit Ori en revenant à lui et en se traînant péniblement vers le muret.
- Euh... Comment dire... commença Meho-chan. C'est une erreur ! Je suis innocent !
- Pu pu puuuuuu ! fit Mokona en sautillant tout autour de Meho-chan. Je t'ai retrouvé mon Milvus !
- Je suis pas ton Milvus ! fit la mascotte en frappant violemment Mokona avec une de ses pattes.
- Puuuu... fit Mokona, qui en était tombé du muret, à moitié assommé.
- On dirait bien que le pion avait raison ! Ces trois là sont nos anges fugitifs.
- C'est pas vrai, fit Ori, soudain parfaitement réveillés.
- Bande de rori ! brailla Pavel dans le langage étrange des fans de couettes. Je suis jaloux !
- Je crois que notre couverture est définitivement foutue... dit d'un air résigné Tzzzz-chan.
- Oui, on dirait...
Et les trois mascottes cédèrent la place à trois petits nuages de fumée qui se dissipèrent pour laisser place à Milvus, Tsunami et Soso.
Un cri d'horreur résonna alors avant de s'interrompre brusquement. En se retournant,les ChouChouLandais virent que les trois Magical Girls, à peine remises des combats, venaient de s'évanouir. La révélation de la vraie nature de leurs mascottes avaient été de trop.
- Oups...
- Vous pourriez réfléchir de temps en temps avant d'agir...
- Mais euh...
Les trois Anges Majeurs, une fois démasqués, considérèrent un instant la possibilité de fuir une nouvelle fois. Il n'y avait en effet plus aucune chance de continuer leur petite vie tranquille sur cette planète, maintenant que les Magical Girls connaissaient leur identité. Mais errer de nouveau au hasard dans le multivers ne leur disait rien. Surtout que les autres ChouChouLandais les assurèrent que Aphraelle leur avait pardonné le coup de la Magie Paradoxale. Ce fut donc de leur plein gré qu'ils rentrèrent à bord de l'USS Yggdrasil, et ils passèrent la nuit dans leurs propres lits, bien confortable, de leurs cabine respectives. Mais une mauvaise surprise les attendait au petit matin : un procès.
- Je déclare la séance ouverte ! déclara Ori, qui avait pris le rôle du juge.
- Accusés, levez-vous ! fit le procureur Farf.
- Mais euh ! On est innocent !
- Silence ! Où je fais évacuer la salle ! tonna Ori en usant de son marteau.
- Les sieurs Milvus, Tsunami et Soso ici présents sont accusés des faits très grave de détournement de Magical Girl. Ils ont été pris sur le fait et je demande une sanction exemplaire.
- La parole est à l'avocat des plaignantes.
- Delenda Carthago, comme disait Caton le Grand... commença Hébus de sa voix de Stentor.
- Comment ça, Delenda Carthago ? hurla alors Pavel, avocat des trois anges.
- Maître Pavéolas, maîtrisez-vous s'il vous plaît !
- Ouais, qu'on le maîtrise, ce couettique qui me coupe dans ma plaidoirie.
- Maître Hébus, n'en rajoutez pas, voyons !
- Je demande une suspension d'audience. Je voudrais revoir mon système de défense ! fit alors Pavel en s'adressant à Ori.
- Je conteste, fit Hébus.
- On s'en fout, répondit Ori. J'ai faim. Suspension de séance !
La séance fut donc suspendue, et chaque groupe partit faire un petit conciliabule chacun de son coté, tandis que le Juge Ori attrapait un néo-silencieux qui passait.
- Hep toi....
- Oui ?
- Ramène-moi un sandwich au canigou.
- Heu... Cochonou, vous voulez dire, Vot'Zhonneur ?
- Euh... Oui.
- Pas de problème.
Et après une pause trop courte au goût de la goule (il n'avait pas fini son saucisson), la séance repris.
- C'est donc Cation... euh... Caton qui parle par ma bouche, recommença Hébus. Ces sombres individus ailés, non content d'avoir fui avec la plus indicible lâcheté la juste justice de notre Très Divine Déesse... Ces sombres individus, que dis-je, ces dangereux maniaques, se sont établis sur ce monde paisible pour y semer une effroyable tempête de zizanie destructrice et contagieuse ! Comme d'affreux vautours sans scrupules, ils ont ciblé des proies innocentes de par leur jeunesse pour les faire entrer dans l'infernale spirale de leur imagination malade. Ils n'ont hésité devant aucune abomination pour les convaincre d'entrer dans leur jeu. J'ai dans cette enveloppe la preuve que la soi-disant menace qui pesait sur ce monde, désigné sous le vocable de « Mal Absolu », n'est autre qu'une vulgaire supercherie, montée de toute pièce par les accusés pour mettre en place leur scénario de dément. Ils ont fait courir des risques insensés à la jeunesse de ce pays, aussi bien physiques que psychologiques. Et tout ça pour quoi ? Pour recréer une fantaisie grotesque et inhumaine sans queue ni tête. MM les jurés, je demande la peine maximale pour ces crimes odieux ! La pendaison par les oreilles à la plus haute tour de ChouChou-City !
- La parole est à l'avocat des accusés.
- Mesdames, Messieurs. Je vais commencer ma plaidoirie par une simple question. En quel siècle sommes-nous ? Est-ce un siècle rétrograde, bloqué dans un passé coercitif et intolérant ? Ou bien un siècle du futur, entièrement tourné vers la diversité culturelle et la libération des moeurs ? Est-il encore normal qu'à notre époque, des individus rustres et étroits d'esprits se permettent d'ostraciser d'honnêtes et justes citoyens, juste sur la base de leurs passions ? Je réfute ! Je réfute totalement les accusations sans aucun fondements ni preuves de mon confrère. En aucun cas la terrible menace qui planait sur cette belle planète que nous orbitons n'était factice. Prenez garde à ne pas prendre au sérieux ces accusations aussi fantaisistes que dénuées de toute preuve ! C'était une menace bien réelle, et mes trois clients, au péril de leur vie et de leur intégrité physique, ont pris sur eux de former et d'aider les trois seules personnes à même de repousser cet ennemi implacable. Voyez donc au combien ils sont admirables et dévoués, sacrifiant tout pour le bien supérieur, sans aucune arrière-pensée ni hésitation ! Il y a guère que les barbares pour vouloir encore défendre leur pays à coup de massue et de mouches. Le mal ne peut être vaincu que par le bien le plus pur ! Les Magical Girls sont le espoir pour un avenir radieux de l'humanité dans tous le multivers. Je demande donc en conséquence l'acquittement immédiat de mes clients !
- Bien. Passons à la revue des pièces à conviction, dit Ori.
- Pièce à conviction numéro un, dit Farf. Une collection de journaux télévisés locaux montrant les exploits des trois Magical Girls, ainsi que la menace qu'elles ont repoussé.
- MM. Les jurés, il paraît évident à la vue de ses reportages que l'entité nommé « Mal Absolu » a été entièrement fabriqué par le sieur Milvus. On reconnaît tout de suite que tout ceci a été fait avec Blender.
- Objection, Votre Honneur ! hurla Pavel. Je demande une expertise de la vidéo.
- Ça a été fait. Expert Calimsha, vous êtes appelés à la barre.
- Me voilà.
- Quelles sont vos conclusions sur la réalité de cette entité ?
- Ça dépend du consensus de réalité.
- Hein ?
- Mes conclusions laissent penser que l'existence de cette entité est due à la volonté inconsciente des accusés d'avoir un univers à sauver.
- Et en termes plus simples ?
- Les accusés sont coupables et innocents en même temps, comme le chat de Schrödinger.
- Oui, mais dans le continuum espace-temps où se déroule ce procès ?
- Bonne question.
- C'est à vous que je la pose.
- Je ne suis hélas pas compétent. Il y en a trop pour les trier.
- Ces preuve est donc nulle et non avenue, triompha Pavel.
- Objection Votre Honneur ! tonna Hébus. La défense essaie de noyer le procès dans la physique quantique la plus incompréhensible. C'est anti-ChouChouLandais
- Objection rejetée ! N'insultez pas les experts !
- Gottferdom !
- Bon... Pièce à conviction numéro deux, dit Farf. Voici des exemples de marchandising basé sur les aventures de nos trois Magical Girls.
- Remarquez les tenues indécentes et leurs couleurs horriblement acidulées, agressives à l'oeil. C'est rose, c'est moche, c'est un crime !
Les Magical Girl s'agitèrent quelque peu sur leur banc, se demandant si elles avaient bien choisi leur avocat. Il fait dire qu'elles avaient conçues elle-même leurs costumes et qu'elles en étaient très fières. Mais Hébus, imperturbable, continuait.
- Il est évident que c'est l'oeuvre d'un esprit malade !
- Objection ! C'est de la couettophobie ! C'est une honte de voir ça ici !
- Toi tu vas bientôt tâter de la gourdinophobie si tu continues comme ça !
- Mais c'est de la provocation ! Que dis-je, c'est une parodie d'avocat que nous avons-là !
- Gottferdom ! C'en est trop !
- Silence ! Silence ! Où je fais évacuer la salle ! tonna Ori.
Puis, s'apercevant qu'il tapait sur son bureau avec son saucisson et non son marteau. Du coup il était tout tordu (le saucisson, pas le bureau).
- Merde mon sauciflard...
- Je dois noter ça ? demanda T-Citron.
- Non Greffier, ce n'est pas la peine.
- Reprenons.
- Pièce à conviction numéro trois. Un échantillon biologique ayant appartenu à l'entité dénommée « Mal Absolu ».
- Ce morceau de pied du Mal Absolu, dit Pavel, est la preuve formelle de son existence, et de la non-implication totale de mes clients dans la-dite existence de la-dite entité.
- Je demande une contre-expertise.
- Demande rejetée, dit Ori. On a que des experts, pas de contre-experts sous la main.
- Gottferdom ! C'est de l'obstruction ! tonna Hébus en sautant sur le bureau du juge.
- Calmez-vous ou je vous fais coffrer pour outrage à Magistrat !
- Grunt ! dit Hébus en se calmant.
- ... et vol de saucisson, ajouta Ori en constatant la disparition de son déjeuner.
- Mais euh... J'ai cru que c'était un apéritif.
- C'est un tribunal ici ! Pas le salon de la gastronomie ! Ni un libre-service !
- Mais euh...
Cependant, assez loin de là (mais assez près en même temps), deux individus d'allure singulière était en train de regarder distraitement toute la scène sur écran géant. Ce qui était fort curieux, puisque le procès était à huis clos, et que toute caméra ou autre moyen d'enregistrement (technologique ou magique) plus élaboré qu'un carnet de notes y était strictement interdit. Malgré ce fait, il ne portait qu'une attention toute limitée au procès, préférant apparemment se concentrer sur une partie d'échecs.
- Ils ne sont pas prêts de s'en sortir, on dirait.
- Oui. Vu leurs talents en organisation, j'estime à 0,5% la probabilité que ce procès puisse se terminer.
- C'est optimiste. Je ne pensait pas ça de vous.
- Dans mon travail, on ne triche pas avec les probabilités.
- En effet.
- Je en comprends toujours pas l'intérêt que vous leur portez. Partout où il passent, ils ne font que semer la confusion. Même mon travail en est affecté.
- La confusion est chose merveilleuse. Elle permet de vendre des dizaines de fois la même chose au mêmes clients.
- Si vous le dites...
- Je ne comprends pas, je pensait que vous appréciez les clients que vous rencontrez souvent.
- C'est surtout qu'ils n'ont pas de carte de fidélité. Je n'ai rien contre la réincarnation mais il y a des règles à suivre.
- Je vois. Moi aussi je n'aime pas les clients qui dédaignent les cartes de fidélités.
- Mais le pire, ce sont quand même ces fichus Magical Girls.
- Ah bon. Je n'aurais pas pensé.
- Elles, je ne les ait jamais comme clientes...
Hébus s'était un peu calmé, ayant avalé un kilo de prozac sur ordre du juge pour apaiser son tempérament.
- Bon, pièce à conviction numéro 27. Un sandwich avarié à moitié mangé. L'analyse ADN des résidus cellulaires recueillis dessus prouve qu'il a été mangé par le sieur Soso.
- Et alors ?
- C'est un sandwich au pâté de canard. Hors, manger un oiseau après minuit est interdit sur cette planète !
- Le rapport avec notre affaire ?
- Aucun, Votre Honneur.
- Très bien, dans ce cas-là, passons aux témoignages.
- Je demande la parole ! fit Pavel.
- Accordé, fit Ori.
- Je tiens à faire noter à la cours que tous les témoins en faveur de mes clients ont étés retrouvés inconscients avec de forts traumatismes cérébraux. C'est une bien étrange coïncidence, quand on sait que tous les témoins de l'autre camp sont ici, en parfaite santé.
- C'est de la diffamation ! tonna Hébus.
- Ah, mais je n'ai pas cité de nom !
- Gottferdom !
- Mmmm... fit Ori. Au vu de ces circonstances troubles, et par souci d'équité, j'annule l'audition de tous les témoins.
- Quoi ? firent les avocats, les témoins, les accusés, les Magical Girls, et tout le monde dans la salle.
- Il a raison, dit Farf. Essayons d'accélérer la procédure.
Un brouhaha se fit alors entendre, mais au bout de quelques minutes, tout le monde finit par accepter la décision du juge.
- Bien, les avocats ont-ils quelque chose à ajouter ?
- Non Votre Honneur, firent Pavel et Hébus, devant les sourcils froncés de Ori.
- Bien. Dans ce cas-là, nous allons pouvoir passer à la délibération du jury.
Les jurés opinèrent de la tête, et se dirigèrent vers la petite salle réservé à cet effet.
- Ça va durer longtemps, à ton avis ? demanda Milvus à Pavel.
- Je ne pense pas. Les faits sont en notre faveur et le troll a été lamentable dans sa plaidoirie.
De leur coté, les Magical Girls se renseignaient aussi.
- Aucun problème, disait le Troll. Ils n'ont absolument rien pour soutenir leurs thèses de couettiques pervers. Notre victoire est assurée.
Cependant, plusieurs minutes passèrent, puis une heure, puis deux... On fit distribuer des sandwiches pour éviter une révolte, et plusieurs personnes entamèrent une petite sieste. Au bout de trois heures, on commença à se demande s'ils étaient vivants.
- Gottferdom, vous vous grouillez, oui ou non ? cria Hébus tout en tapant sur la porte.
- Calmez-vous ! fit Ori. Les circuits environnementaux indiquent une consommation d'oxygène, donc il sont vivants. Ne les dérangez pas, ou tout cela va finir en vice de procédure. Et on devra tout recommencer.
- Grumpf !
Il se passa encore une dizaine d'heures, puis avec d'horribles grincements, la porte s'ouvrit. Tout le monde dormait et fut plus ou moins réveillé en sursaut. Les jurés en sortirent lentement et dignement. Et vinrent s'installer à leur poste. Leur représentant s'approcha du Juge Ori, et lui donna un petit papier. Puis il alla rejoindre les autres. Ori prit la parole.
- À la question les trois accusés sont-ils coupables de détournement de Magical Girl, les jurés ont répondu...
Tout le monde était suspendu aux lèvres d'Ori, qui prenaient son temps, savourant ce moment. Mal lui en pris, car à cause de cette lenteur, personne ne put entendre la fin de la phrase. Une secousse fit trembler tout le vaisseau, puis la sirène de l'alerte rouge se fit entendre.
- Qu'est ce que c'est que ce bordel ? grogna Hébus.
- Passerelle, que se passe-t-il ? dit Ori dans son communicateur.
- Une flotte inconnue vient de sortir de l'hyperespace, annonça Kettch. Apparemment, ils veulent envahir cette planète.
- Ce sont eux ! dit Milvus. Ce sont ceux qui ont envoyé le Mal Absolu en éclaireur !
- Il faut aller les combattre ! cria alors Annabelle.
- Le Mal Absolu a des supérieurs ? C'est n'importe quoi... dit Hébus.
- Mais non, fit Calimsha. C'est logique. L'absolu est le relatif !
Ori essaya de rétablir le calme, mais il laissa tomber en voyant que les trois-quarts de la salle étaient déjà partis, pour aller combattre les intrus, ou pour assister au spectacle depuis une bonne place. Il jeta un dernier coup d'oeil à son papier, puis dit :
- Oh, et puis merde...
Abandonnant son bureau, il se dirigea vers la passerelle. La confusion la plus extrême régnait sur le vaisseau, chacun décidant de sa participation ou non à la bataille sans écouter l'ordre de qui que ce soit. Ce fait n'était pas en soit inhabituel, mais assez gênant ce jour-là vu la taille de l'armada ennemie et l'effet de surprise.
Les trois Magical Girls étaient sortis du vaisseau, apparemment insensibles au vide spatial, pour combattre les envahisseurs. Ces derniers avaient lancés de leur vaisseau plusieurs escadrons de méchas, et Calimsha s'exclama en les voyant :
- Des Gundams !
Et il disparut en direction du hangar à Syuk, avec la ferme intention de faire une sortie. Sur la passerelle, Kettch essayait de réorganiser les forces ChouChouLandaises, sans grand succès. Il faut bien dire que Hébus, Milvus et Ori essayaient de lui reprendre sa place, chacun avec des raisons parfaitement valable, sauf aux yeux des autres. Mokona sautillait en rond autour d'eux, puputant de plus belle devant une telle agitation.
- Les Magical Girls ont bloqué l'avancée des Gundams, annonça un néo-silencieux. Les vaisseaux ennemis se dirigent vers nous en concentrant leur feu sur notre vaisseau.
- Merde ! Boucliers au maximum ! cria quelqu'un.
- Déjà fait depuis longtemps.
Tandis que les Gundams essayaient de rejoindre la surface de la planète en combattant les Magical Girls, la flotte inconnue avait donc opéré une opération de contournement pour s'en prendre à l'USS Yggdrasil. Leurs lasers et leurs missiles étaient largement insuffisants pour percer les boucliers du vaisseau ChouChouLandais, aussi finirent-ils par l'entourer comme un essaim d'insectes frustrés et furieux
- Que c'est beau, on dirait des mouches, dit Hébus.
- Ta gueule, répondit Kettch, toujours accroché à son fauteuil..
Devant une telle provocation, Hébus se mit en devoir d'effectuer un magnifique lancer d'ewok. Du coup, les deux éternels ennemis s'éloignèrent du fauteuil de commandement, et seul Milvus et Ori restèrent pour se le disputer.
- C'est mon fauteuil ! Va sur ton vaisseau si tu veux commander quoique ce soit.
- Ton procès est pas fini. Tu n'as rien à faire sur cette passerelle.
- Mensonge, à quelques secondes près, on va pas chipoter.
- Et qui te dit que tu a été acquitté ! En tauuuuuule le Milvus !
- Et merde, dit Milvus. Il est possédé.
Il sortit alors son pendentif Érisien et en le brandit devant lui pour exorciser la goule.
- Sarkori, sooooooort de ce corps !
Cependant, dehors, les Gundams prenaient la raclée de leur vite. Annabelle, Charlotte et Camille, déchaînant leurs pouvoirs, se faufilaient à toute allure dans leurs rangs, les découpant, les explosant ou les écartelant au passage. Un grand Gundam blanc, rehaussé de bleu et de rouge, surgit soudain, et son pilote déclara sur toutes les fréquences :
- Je suis le Général Carie Tomato, fils de l'Empereur-Dieu et vous allez tous mourir !
Il dégaina alors une demi-douzaine d'arme, qu'il tira simultanément, chacune crachant un laser d'un couleur différente. Les pupilles dilaté par l'injection de différentes drogues de combat, il fonça sans réfléchir les trois gamines, qui ne se laissèrent pas vaincre comme il aurait espéré. Sans hésiter, elle l'encerclèrent, et matérialisèrent de longues lances magiques pour le transpercer de toute part.
- Vous ne m'aurez pas comme ça, bande de succubes !
- Nyaaaaa ! Il faut l'achever ! cria Camille.
Avisant un astéroïde qui passait par là, les trois filles opérèrent une habile manoeuvre pour projeter le Général contre la surface du caillou géant. Ce dernier essaya de se libérer, mais c'était peine perdue. Sans l'ombre d'une hésitation, les Magical Girls finirent de crucifier le pilote de Gundam.
- Unyuuu ! Ça t'apprendra à vouloir conquérir notre belle planète !
- Efficaces, ces petites... murmura Calimsha, admiratif.
- Ara ara, on en a fini avec les Gundams. On passe aux reste de la flotte ! décida Charlotte.
- Ok ! firent les deux autres.
- J'adore cet enthousiasme. Il faut absolument leur donner la citoyenneté ChouChouLandaise ! Hein, qu'est ce que tu en penses, Pavel ?
- Ouais, c'est ce que je pensais aussi, Calim.
- Farpaitement d'accord avec vous, ajouta Ori, depuis la passerelle.
Les autres ChouChouLandais les suivirent donc avec leur Syuks, avec l'intention de les aider. Mais il n'avaient pas grand chose à faire, tant les Magical Girls débordaient d'énergie. Devant une défense aussi coriace et imprévue, les vaisseaux ennemis commencèrent à fuir en tous sens, totalement paniqués. Devant un tel spectacle, les diverses disputes avaient cessés sur la passerelle, et tout le monde regardait. Il est vrai qu'il était assez impressionnant de voir une Magical Girl se déplacer dans le vide spatial sans protection apparente, et maniant une faux constituée d'énergie magique pure pour découper en deux des vaisseaux spatiaux dont la technologie disjonctait devant un tel champ magique.
- Je doit dire que je suis vraiment impressionné, dit Ori à Milvus, Tsunami et Soso. Vous avez trouvé et entraînés des perles rares, là.
- Et dire qu'on s'est retrouvé en procès à cause de ça.
- Je propose d'oublier ça...
- Ça veut dire qu'on est innocenté ? C'est ce qu'il y avait sur le papier.
- Oublions ce papier...
Sans surprise, il arriva très vite un moment ou tous les vaisseaux ennemis avaient été détruits, ou avaient disparus dans l'hyperespace. Les Magical Girls avaient désormais un choix à faire.
- Qu'est ce qu'on fait ? demanda alors Annabelle. On retourne sur le vaisseau ?
- Bof... dit Camille. Ils sont tous plus fous les uns que les autres. Laissons-les là où il sont, on se débrouillera très bien sans mascotte pour défendre notre planète.
- Noooon ! Ne partez pas, firent Pavel et Calimsha.
- Milvus, dit quelque chose ! dit Ori. Toi seul peux les arrêter !
- Bof... Je crois qu'on est définitivement grillé là. Mieux vaux se trouver d'autres Magical Girls ailleurs et recommencer à zéro. On ne peut revenir à la situation d'avant voter arrivée.
- Mais euh...
- Pour une fois il a raison, dit Kettch. Maintenant qu'on a récupéré nos trois fugitifs, on n'a qu'a plier bagage et à rentrer à la maison. Un bon festin nous fera du bien !
- Gottferdom ! Un festin ! Je suis d'accord.
- Bon OK... C'est décidé. Farf, prépare une torpille pour créer un portail interdimensionnel. On rentre !
- De quel droit tu me piques mes lignes ? protesta Milvus. Rends-moi mon fauteuil, sale goule elfettophile !
- Nan !
Cependant que Milvus et Ori se disputaient à nouveau le fauteuil de capitaine, Hébus ordonnait aux Syuks de rentrer. La plupart lui obéirent, mais à sa grande colère, Pavel et Calimsha suivaient toujours les Magical Girls.
- Bande de stalkers de la couette ! Rentrez immédiatement !
- Noooon ! On reste ici !
- Hors de question ! Je viens vous chercher.
Et il se dirigea vers les hangars, tout en grommelant :
- Je vais les ramener par la peau du cou ! Ils vont s'en souvenir. Ça devrait pas prendre de temps, faites chauffer les moteurs.
- OK ! fit Farf.
Calimsha et Pavel étaient en train d'entrer dans l'atmosphère quand Hébus les rattrapa, et il ne se laissèrent pas faire, ce fut donc des Syuks un peu roussis sur lesquels il tapa avec sa célèbre massue géante.
- Alors, on va m'obéir ?
- Mais euh...
- Pas de discussion ! On rentre à la maison.
Empoignant un Syuk à chacun des bras de son propre Syuk, Hébus tira ses deux concitoyens hors du puits de gravité de la planète, pour les traîner derrière lui vers l'USS Yggdrasill.
- Naaaaan ! firent les deux ChouChouLandais en se débattant. On veut rester ici.
- Ah mais c'est qu'ils sont têtus. Farf ! Balance la torpille, qu'on traîne pas ici, sinon ils vont s'échapper et on aura pas fini de leur courir après.
- Ok ! Du moment que t'es dans le hangar quand on franchit le trou de ver.
- Pas de problèmes !
Farf lança donc la séquence de transfert interdimensionnel, et une torpille spécialement modifiée fut lancée à l'avant du vaisseau. Une fois éloignée d'une centaine de kilomètres, elle explosa, provoquant une rupture dans le continuum espace-temps. Cette technique avait été développée au départ pour les déplacements ultraluminique, mais s'était révélé peu rentable. Jusqu'à ce que quelqu'un découvre qu'on pouvait aussi l'utiliser pour les voyages interdimensionnels, et que de plus, dans ce cas, c'était très économique.
- Portail Ouvert, on y va. Hébus, tu nous suis ?
- Tout est nickel de mon coté.
- Ok, on y va ! Accélération !
- Hé, attendez !
- Négatif.
Hébus, prit au dépourvu, accéléra brusquement et eu juste le temps de plonger dans le vortex avec le vaisseau ChouChouLandais.
- Ouf, c'était de justesse !
Après un court trajet dans les limbes à peine domestiqués de leur tunnel interdimensionnel, les
ChouChouLandais et leur vaisseau retrouvèrent leur univers natal, et la vue rassurante de la Terre et de la Lune.
- C'est agréable de rentrer. Farf, met-nous en orbite.
- À tes ordres, ma goule.
- Heu... Y a un problème, là, dit soudain T-Citron.
- Quoi donc ? demanda Milvus.
- On a perdu le contact avec Hébus et les deux zigotos.
- Merde, ils sont où ?
- Je crois que Hébus n'a pas pris assez à la lettre mon avertissement, dit Farf. Les relevés des senseurs montrent qu'il a plongé dans le vortex avec le vaisseau, au lieu de se réfugier le plus vite possible dans le hangar du vaisseau.
- Et ?
- Ils ont été projetés au hasard dans les limbes....