Le petit groupe de soldats se téléporta sur une colline surplombant le village et observa att entivement l'état des champs et l'absence totale de défenses. Habillés d'uniforme noir et or, ils avaient l'air de personnages dangereux et sans scrupules. L'un d'eux pris la parole :
- Ils n'ont aucun moyen de nous résister. Pourquoi ne pas attaquer dès maintenant ? Leur moquette est réputée. Il nous la faut et ils n'auront pas les moyens de fixer le prix. Nous allons faire l'affaire du siècle.
- Non ! dit un autre, visiblement le chef. Nous allons attendre la fin de la récolte. Dans quatre mois, les granges seront pleines. Le butin sera mémorable et nous nous couvrirons d'or.
- A vos ordres, Capitaine.
Et ils se téléportèrent de nouveau pour regagner leur forteresse spatiale. Un mince tra it argenté dans le ciel signalait, aux rares personnes qui avaient l'œil aguerri et informé, la position de leur redoutable vaisseau interstellaire.
Mai s une fois les bandits partis, un buisson se mit à bouger frénétiquement et un jeune homme, l'air effaré, en sortit. Il était venu ici pour récolter quelques baies sauvages, traditionnellement utilisées en pâtisserie dans son village. Sa jeune épouse préparait en effet avec empressement les victuailles pour une fête toute proche. Il s'en réjouissait encore il y a dix minutes, mais ce qu'il venait de voir lui avait fait l'effet d'une douche froide. Il détala en direction de la maison commune pour prévenir ses concitoyens de l'affreuse nouvelle.
Les paysans, rassemblés devant la maison commune, étaient lamentablement en train de pleurer sur leur sort. Les bandits allaient venir les piller et ils allaient perdre le peu de richesse qu'ils possédaient. L'avenir n'avait jamais été aussi sombre.
- Nous allons tous mourir ! cria une vielle femme. Sans une récolte de moquette bien payée, nous n'aurons jamais l'argent pour nous nourrir !
- Vous n'avez pas honte de pleurnicher ainsi ? cria alors un des fermiers, nommé Solodjo . Nous devons nous battre ! Tou s ensembles, nous seront capable de les repousser.
- Tu as perdu la tête ? répliqua Zujio, un autre fermier. Ils vont nous écraser. C'est notre destin, et on ne peut rien y faire.
- Ton plan est totalement irréaliste, ajouta Nepbu. Même en se préparant jour et nuit, nous ne seront pas à la hauteur de leurs armes et de leur art du combat.
Les trois paysans commencèrent à se taper dessus et Nutali dut les séparer pour que le conseil ne dégénère en pugilat.
- Arrêtez tout de suite ! Nous avons autre chose à faire que de nous entre déchirer. Allons voir l'Ancien. Il saura nous donner des réponses.
Un petit groupe parmi les villageois se dirigea donc vers la maison à moitié en ruine du doyen du village, qui les accueillit chaleureusement de son sourire édenté. Il écouta lentement, yeux fermés, la longue tirade des villageois, décrivant ce qui se passait et leur incommensurable désarroi. Il hochait la tête de temps en temps, et quand les villageois en eurent terminé, il dit ces simples mots :
- Nous allons nous battre !
- Mais comment ? Nous ne sommes pas de taille. Nous sommes des fermiers, pas des guerriers !
- Alors nous devons engager des guerriers. Ceux qui pilotent des Syucamechos !
- Vous avez perdu la tête, Ancien ! Jamais des pilotes de Syuks n'accepteront de travailler pour nous. Ils sont bien trop fiers.
- Et pourtant, je ai vu telle chose de mes propres yeux, quand j'étais encore jeune. Un village fut sauvé de la sorte.
- Mais nous n'avons pas de quoi les payer.
- Si ! De la moquette. Engageons des junkies et des fous !
Utilisant un vieux vaisseau déglingué servant aux livraisons, les quatre villageois désignés par l'Ancien pour recruter les pilotes de Syuk arrivèrent sur les Anneaux de Neuf Brouh-yés. Cette vaste ceinture d'astéroïdes et d'habitats autour d'une géante gazeuse était célèbre pour son cosmopolitisme et la quantité de puissants guerriers, pilotes, mercenaires et autres indépendants prêts à se faire engager par le plus offrant. Mais nos quatre fermiers n'avaient sûrement pas de quoi satisfaire les exigences la plus grande partie de ces êtres fiers et arrogants. Ils les regardaient donc passer, l'œil envieux, n'osant les aborder.
- Il a l'air fort, celui-ci ! fit Solodjo.
Mais le pilote leur rendit leur regard avec un tel mépris assassin qu'ils reculèrent, terrorisés. Ils continuèrent donc à rester ainsi de nombreuses heures sans oser approcher les mercenaires qui passaient. Seul Solodjo eut le courage d'aller à la rencontre d'un pilote à l'allure débonnaire. Mais l'accueil fut rude.
- Te moques tu de moi, paysan ? Je suis pauvre, certes, mais je n'ai pas perdu mon honneur au point de m'abaisser à ce point. Cours, ou je te découpe ce qui te sert d'oreilles !
La situation était donc désespéré et le temps ne cessait de s'écouler. Après une semaine de ce régime, les autres habitants des Anneaux ne cessaient de se moquer d'eux. Le moral était au plus bas quand ils tombèrent sur un attroupement. Ils se pressèrent pour voir ce qui se passait.
- C'est un voleur ! Il a pris en otage un bébé ! cria quelqu'un.
La foule était nombreuse, et certains étaient armés de couteaux, de blasters et d'autres armes d'autodéfense. Il y avait même deux pilotes qui venaient voir ce qui se passait. L'un était jeune et accompagné de petites créature bondissantes, blanches et rondes. L'autre était une grande créature non humaine à l'allure de peluche, affublée d'une armure martiale et d'un immense katana. Il voulait sans doute se donner l'air redoutable, mais ne réussissait qu'à avoir l'air vaguement ridicule. Mais personne ne bougeait car un troisième pilote était en train d'approcher la maison ou se terrait le voleur. Il s'était déguisé en prêtre d'Aphraelle et avait demandé qu'on lui donne deux rations de moquette.
- Que diable veut-il faire ?
Le faux prêtre se dirigea sans hésiter vers la boutique et d'une voix douce, commença à parler au voleur pour l'amadouer. Celui-ci était terrorisé et ne laissa entrer le pilote déguisé qu'après de longues discussions. Mais il finit par céder, signant ainsi son arrêt de mort. Pendant un moment, on n'entendit rien, puis le voleur sortit en courant pour s'étaler de tout son long sur le sol. Un katana luisant de sang dépassait de son dos. Le pilote, de son coté, sortit avec l'enfant pour le rendre à sa mère, qui pleurait à grosses larmes, de soulagement.
Les quatre fermiers suivirent alors le pilote rusé, qui avait tranquillement pris une navette-métro pour se rendre sur un autre astéroïde, probablement pour rentrer chez lui. Ils espéraient de toutes leur forces qu'il accepte de défendre leur village, mais ils étaient toujours trop peureux pour l'aborder. Et ils avaient de la concurrence. Les deux pilotes qui avaient assisté au sauvetage de l'enfant suivaient eux aussi le héros du jour.
- Que me veux-tu, créature étrange ? finit-il par demander à la grande peluche blanche qui bondissait autour de lui dans les couloirs du métro.
- Pu... réussit à articuler le pilote, mais il n'alla pas plus loin.
Il continua alors son chemin, mais le second pilote était agenouillé devant lui.
- Je vous en prie ! Je me nomme Gailin24px. Prenez-moi comme disciple.
- Je ne suis qu'un pilote de Syuk errant. Désolé, je ne prends pas de disciple.
Le ton avait été amical, mais ferme. Gailin24px ne se découragea pas pour autant et les deux pilotes commencèrent une discussion amicale tout en marchant.
- Je me nomme Thorondor, je ne suis absolument pas qualifié pour t'enseigner l'art du combat. Je me bat bien, mais je choisis bien trop souvent les mauvaises batailles et le mauvais camp. Je n'ai aucune réelle victoire à mon crédit.
- Vous êtes bien trop modeste, Thoron-sensei. Je sens votre expérience.
Cependant, le troisième pilote continuait à sautiller autour d'eux sans pour autant dire quoi que ce soit.
- Que nous veux-tu ? finit par demander Gailin24px, excédé.
- Es-tu donc un pilote de Syuk ? demanda à son tour Thoron-sensei.
- Un pilote ? Pu ! Pupu ! Bien sur que Mokona est un pilote !
Les deux hommes rirent spontanément à cette affirmation improbable, et l'autre partit bouder plus loin. Solodjo en profita alors pour s'agenouiller à son tour devant Thoron-sensei et exprimer enfin sa requête.
Réunis dans une petite auberge, les quatre fermiers et les trois pilotes de Syuks se faisaient face. Thorondor était en train de réfléchir et les fermiers le regardait avec anxiété, attendant sa réponse à leur demande hors du commun.
- Non ! C'est hors de question. Votre plan est irréalisable.
- Je vous en prie ! Nous n'avons aucune chance autrement.
- Pour défendre votre village, il faudrait un pilote à chaque entrée du village, plus deux au moins en réserve. En me comptant, cela ferait sept pilotes !
- Sept ! cria Nepbu. C'est de la folie. Nous n'arriverons jamais à en avoir autant.
- C'est ça ou la défaite. Il est vrai que cela sera dur de trouver sept pilotes désireux de vous aider. Et moi-même je suis bien lassé de me battre.
- Par pitié !
Les fermiers offrirent alors une longue pipe en terre cuite, garnie de leur meilleure moquette au pilote. Il regarda cette offrande, jaugeant de tous les sacrifices qu'elle impliquait. Il la porta alors lentement à sa bouche et aspira quelques bouffés, en souriant aux fermiers. C'était le signe qu'il acceptait. Les fermiers soupirèrent de soulagement.
- Vous ne le regretterez pas, Maître Pilote. Nous vous remercions du fond du cœur.
Au petit matin, Nepbu et Nutali partirent au village apprendre aux autre la bonne nouvelle. Ils se réunirent dans la maison de l'Ancien, félicitant les deux envoyés. Mais l'inquiétude transpirait également.
- Sept pilotes ? L'Ancien avait dit quatre !
- Huhuhuhu ! En fait je pensais qu'il en faudrait dix !
- Quoi ? Mais pourquoi avoir dit quatre, alors ? demanda Nepbu, stupéfait.
- Imbécile ! Si j'avais dit dix, vous en auriez ramené quinze ! Et comment aurions-nous satisfait leurs désirs de moquette ?
Après cette étonnante déclaration de l'Ancien, les paysans, sans être confiants en l'avenir, avaient au moins un espoir. Un espoir qui brillait comme un soleil.
De son coté, Thoron-sensei avait pris en main le recrutement des pilotes. Installé à l'entrée d'une petite maison attenante à l'auberge, ils scrutait la foule du regard, jaugeant les autres de son instinct et son expérience incomparable, en quelques secondes.
- Solodjo ! Celle-là ! Va lui demander.
Il désignait une pilote accompagnée d'un chat obèse, orange à rayures violettes. Son costume à la fois élégant et menaçant indiquait qu'elle exerçait le métier fort dangereux de pilote de l'espace.
- Oui.
Le fermier se précipita dehors, tandis que Thorondor se retirait à l'intérieur. Il fit signe d'approcher à Gailin24px.
- Va te cacher là. Et quand elle arrive, frappe de toute tes forces avec ce bâton.
- Hein ?
- Ne discute pas ! Obéit.
Gailin24px s'exécuta, et alla se mettre en embuscade. La pirate se dirigeait vers l'entrée, ne suspectant rien. Mais quand elle franchit le seuil, elle eut un petit sourire. Elle bloqua sans difficulté apparente le bâton de sa main gauche, tandis que la droite s'emparait de Gailin24px et lui faisait accomplir un somptueux vol plané. Il atterrit lourdement à l'autre bout de la pièce, avant de comprendre ce qui s'était passé.
- Hahahahaha ! fit Thorondor. Désolé de ce petit test, mais je désirais savoir si tu étais bien celle que je pensais, Sealyne !
- Je vois que toi aussi, tu es fidèle à ta réputation, Thoron-sensei !
Le soir tomba ensuite bien vite et l'étrange créature qui se prétendait également pilote essayait toujours d'attirer l'attention.
- Pupupupuuu ! dit-il, en agitant son grand sabre dans tous les sens.
Mais tout le monde se moquait de lui et de ses prétentions. De rage, il sortit une grande bande de papier, qui était visiblement un arbre généalogique. Il désigna d'un doigt fier un nom tout en bas de ce dernier.
- Pu puuuu ! Mokona est le dernier d'une longue lignée de pilotes.
Les autres regardèrent, et personne ne put s'empêcher d'éclater de rire.
- Si j'en crois ce papier, dit Thorondor tout en riant, tu mesures vingt centimètres de haut !
Et les rires de tout le monde se firent encore plus fort. Mokona, vexé, alla bouder dans un coin.
Le lendemain, alors que Sealyne était partie de son coté chercher des pilotes de Syuks, Thoron-sensei eut la bonne surprise de voir arriver un vieil ami, un ancien camarade de guerre. La surprise était d'autant plus grande qu'il n'avait pas eu de nouvelles de lui depuis un moment et commençait à craindre qu'il n'eut disparu dans quelque recoin de l'espace avec son vaisseau.
- Je suis bien content de te voir, Nenuph !
- Moi aussi, vielle crapule. Que deviens-tu ?
- Je suis sur une affaire. Défendre un village contre une armée de bandits bien armés, avec au moins quarante Syucamechos. Tu es des nôtres ?
- Et bien, voila qui promet d'être suicidaire, donc intéressant. Quel est le salaire ?
- Rien du tout ! Ou plutôt, juste de la moquette autant que l'on pourra en fumer.
- Alors c'est une affaire que n'accepterait jamais un pilote sensé. C'est parfait pour nous !
Et les deux hommes allèrent dans une taverne fêter leurs retrouvailles. Un peu plus loin, au sein du grand astéroïde creux, Sealyne était en train de se faire conter une drôle d'histoire par un réparateur de Syuk.
- Je ne mens pas, il n'avait pas d'argent pour payer, alors il m'a proposer de me couper en bûches mon minerai de carbotanium.
- Ton histoire est bien étonnante. Si tu me joue un tour, mon fauve Roméo te mangera les orteils !
- Meeeeow ! fit le monstre, se léchant les babines.
- Jamais je ne me moquerais d'un pilote de Syuk ! Va voir, il est dans la cour, derrière mon échoppe !
Sealyne alla donc voir ou l'artisan lui indiquait, et vit en effet un pilote, qui découpait tranquillement les grandes barres de carbotanium raffiné en bûches de la taille d'un lingot. Son geste était franc et assuré : la tranche des bûches était nette, et les morceaux obtenus tous de la même taille. Sealyne s'assit sans rien dire, se contentant de le regarder.
- Tu dois me trouver bien peu de fierté, dit le pilote, pour que je m'abaisse à trancher ainsi de simples barres de minerai.
- Au contraire. C'est mieux que de trancher des humains !
- Voila qui est bien parlé.
- En as-tu beaucoup tranché ?
- Pas tellement. Je ne sais comment, mais dans les batailles, je me retrouve toujours à fuir les combats, avec de l'argent qui ne m'appartient pas dans les poches !
- Hoo ! Voila un bon principe pour le combat. Comment t'appelles-tu ?
- On me nomme le K, de l'École des Manipulateurs d'Insectes.
Avec tous ses recrutements, Gailin24px espérait vivement que Thoron-sensei le prendrait en apprenti. Mais ce dernier refusait encore, prétextant qu'il n'était pas prêt pour un vrai combat.
- Tu es doué, mais je désire rassembler des vétérans. La bataille qui s'annonce sera perdu d'avance, sinon.
- Mais j'ai déjà combattu avec succès ! Je ne suis plus un débutant !
- C'est ce que tu crois.
Cependant, le petit groupe de pilotes et de fermiers, marchant dans une des plus vastes cavernes de l'astéroïde, était arrivé près d'un terrain vague où un attroupement s'était formé. Apparemment, deux pilotes allaient régler une querelle par un duel à l'amiable.
- Regardons cela... Le vainqueur sera peut-être un bon candidat pour nous.
Les deux combattants se faisaient face. L'un d'eux avait les yeux injectés de sang et piaffait d'impatience. L'autre était très calme et ne disait rien. Sans préambule, ils attaquèrent simultanément, avec une vitesse plus que respectable. Les deux adversaires se frôlèrent, mais aucun coup ne fut porté.
- Dommage, égalité... fit le premier combattant, qui ne tenait pas en place.
- Non, j'ai gagné, fit l'autre, presque à mi-voix.
- Menteur ! Tu as peur de moi ! Réglons ça avec un duel sérieux.
- Je ne te comprends pas. Si on fait un duel sérieux, tu vas mourir...
Mais l'autre excité gesticulait en tout sens, et il finit par accepter le duel, en soupirant. Ils se remirent en position, et tout se passa aussi vite que la première fois. Sauf que la tête du pilote agressif vola en une superbe hyperbole avant d'atterrir devant la foule terrorisée et fascinée en même temps.
- Serait-tu capable de faire ça ? demanda Thoron-sensei à Gailin24px.
- Gulp...
Acceptant ce hoquet comme toute réponse, Thorondor alla voir le vainqueur pour lui proposer de protéger le village des fermiers.
- Non, répondit ce dernier. Je ne cherche qu'une chose : m'améliorer, viser la perfection et au delà. De tels combats ne m'intéressent pas, foi de Phoenix-co.
Et il repartit sans regarder derrière lui.
- Il n'a pas voulu ? demanda Sealyne à Thorondor quand il revint.
- Non... Et c'est bien dommage. Il aurait été précieux.
- Peut-être devrais-tu accepter Gailin24px, fit le K, vérifiant que celui-ci était trop loin pour entendre. Le temps presse et il est doué.
- Je le sais bien. C'est pour cela que je voudrais lui éviter les horreurs de la guerre. Mais je crois que je ne vais pas avoir le choix
Et en effet, le lendemain, Thorondor décida de quitter la ceinture d'astéroïdes pour rejoindre la planète des fermiers et leur village. Juste avant de partir, il annonça sa décision d'accepter Gailin24px au sein de leur petite armée. Ce dernier le remercia longuement, promettant de se battre comme seul un vrai pilote de Syuk savait le faire.
- Vous ne regretterez pas votre choix, Thoron-sensei !
Le petit groupe, qui comprenait même Mokona, dont il était apparemment impossible se débarrasser, se dirigea vers le vieux vaisseau déglingué des fermiers. Ils eurent néanmoins une surprise en arrivant au spatioport. Phoenix-co les y attendait, prêt à venir avec eux.
- J'ai découvert l'identité de vos bandits. Je suis des vôtres.
- Bien ! fit simplement Thorondor sans demander plus de détails.
Les fermiers montèrent à bord de leur vieux rafiot, les pilotes, à bord de leur puissants Syucamechos, et tout ce petit monde s'éloigna des anneaux de Neuf Brouh-yés pour plonger dans l'hyperespace. Jamais on n'avait vu plus puissante escorte pour un vaisseau aussi vieux et déglingué.
Quelques jours plus tard, les villageois apprenaient que les pilotes de Syuks venaient de sortir de l'hyperespace et allaient arriver dans quelques heures. Mais des rumeurs inquiétantes circulaient dans le village et certains n'étaient plus si impatients de les recevoir. Et pourtant, cela avait semblé une si bonne idée de les recruter.
- Ils sont si impressionnants ! dit Nepbu. Qui dit qu'il ne vont pas séduire nos filles. Plusieurs d'entre eux ont la réputation d'avoir un harem !
- Imbécile, il ne faut pas écouter ainsi les racontars. Les gens des Anneaux sont friands de telles idioties, mais ils n'y croient pas !
- Mais j'ai peur pour ma fille ! C'est facile pour toi qui n'a que des garçons !
- Il y a aussi une femme parmi les pilotes, dit quelqu'un !
- Tu vois ! Il faut se méfier. Sinon, ils nous voleront nos enfants et notre moquette !
- Ne dis pas de bêtises, ces pilotes ont leur honneur. Ils ne feront jamais de pareils choses.
Cependant, tout à discuter et paniquer ainsi, ils ne virent pas atterrir le vieux vaisseau déglingué du village et les sept impressionnants Syuks qui l'escortaient. Aussi les pilotes trouvèrent-ils un village étrangement désert en descendant de leur machines.
- Où diable se trouvent ses paysans ? demanda Nenuph en regardant un peu partout.
Solodjo et Zujio ne comprenaient rien à ce qui se passait et ouvrait des yeux ahuris, de plus en plus inquiets. Les pilotes étaient quelque peu vexés et nos deux villageois commençaient à avoir peur qu'ils ne repartent aussitôt devant un accueil aussi peu chaleureux. Mais heureusement Nutali apparut et vint les prier de le suivre, tout en accumulant force courbettes devant les pilotes.
- Venez, venez, l'Ancien va tout vous expliquer.
Ils entrèrent donc dans la vielle bicoque délabrée qui servait de maison à l'Ancien et où se trouvait quelques villageois effrayés ou déboussolés. Les pilotes s'assirent sans accorder un regard à ceux qui se comportaient comme des couards.
- Bienvenue dans notre humble village, dit l'Ancien. Je vous en prie, ne vous offensez pas de la réaction de mes compatriotes. Ils ont bien peu d'éducation et croient facilement les bêtises qu'on peut leur dire.
- Mais de quoi sont-ils effrayés ? demanda Thorondor, sincèrement surpris. Nous sommes venus pour les aider.
L'Ancien voulut répondre, mais des sirènes se firent soudain entendre, et tout le monde réagit. L'Ancien ouvrit les yeux, les paysans gémirent et les pilotes mirent une main sur leurs armes, prêt à se battre contre tout ce qui se présentait. Thorondor, d'une voix ferme, calma les villageois terrorisés, et regarda d'où venait l'alerte. Mais il ne vit qu'un Mokona satisfait de lui même arriver en bondissant.
- Mokona a sonné l'alarme. Tous les paysans affolés ! PuPu Pupupupuuu ! Très drôle !
- Que cela vous serve de leçon, dit Thorondor avec un sourire cynique. Vous avez besoin de nous !
Les jours suivants furent consacrés à la mise en place des défenses et à l'entraînement des fermiers. Deux tâches loin d'être faciles, et chaque pilote se devait de faire ressortir ses talents les plus précieux. Thorondor, accompagné de Gailin24px et de Sealyne, décida de faire le tour du village pour choisir comment il organiserait les défenses, et pour repérer les points faibles.
- Leurs Syuks sont très puissants, mais s'ils veulent récupérer intact la moquette, ils seront limités dans leur actions. Ils seraient également une cible bien trop visible en vol et ils resteront donc forcément au sol très souvent. Nous devons en profiter et les ralentir. Je pense mettre des barricades agrémentées de pièges à l'ouest, du coté des collines. Au Sud, il faut inonder ces champs pour les transformer en un marécage avec des sables mouvants. La rivière à l'est est une bonne barrière naturelle, mais il faudra détruire le pont qui enjambe le ravin.
- Et que faisons-nous des trois maisons isolés de l'autre coté ?
- Ce sera dur pour eux de l'accepter, mais nous devons les abandonner. Nous n'avons aucun moyen de les défendre.
Continuant leur chemin, ils virent les autres pilotes qui servaient pour le moment de professeurs. Phoenix-co d'une main de fer, faisait marcher en rang son groupe, les menaçant de les faire griller par son dragon Marcel s'ils rechignaient. Le K, au contraire, toujours avec son air d'éternel endormi, montrait à ses élèves ses techniques pour combattre avec un minimum de mouvements. Mokona faisait le clown et avait ameuté tous les enfants du voisinage qui le regardait puputer comme un beau diable sur des paysans sachant à peine tenir une épée. Il s'arrêta devant Zujio qui avait un vieux katana à la place du bâton miteux que les autres brandissaient. Il lui sautilla tout autour, demandant où il l'avait trouvé. Mais le fermier était visiblement réticent, car il ne se l'était sûrement pas procuré de façon très glorieuse.
Ayant fini leur tournée, il rejoignirent Nenuph qui rassemblait tous les paysans n'ayant aucune idée de comment se battre pour leur faire construire les fortifications. Thorondor lui indiqua les point les plus urgents et il acquiesça, approuvant l'analyse de son vieil ami.
Gailin24px de son coté, avait surtout reçu l'ordre de s'entraîner de la part de Thoron-sensei, qui le jugeait encore trop peu expérimenté pour la bataille. Quelque peu vexé de se manque de confiance, il avait décidé de s'isoler dans les montagnes boisées du Nord pour s'entraîner avec la seule compagnie de ses bouboules. Le début de l'été battait son plein et les sous-bois étaient remplis de fleurs tandis que les arbres croulaient sous les oiseaux chanteurs. Aussi les bouboules et Gailin24px avaient quelque mal à se concentrer sur les arts martiaux. Il finit par tout oublier et ramasser un bouquet de fleurs odorantes, les bouboules bondissant à ses cotés. Il parcourait ainsi la montagne sans trop regarder où il allait. C'est ainsi qu'il tomba sur la fille de Nepbu, qui comme lui, cueillait des fleurs des bois.
- Qui est-tu ? Que fais-tu ici ?
Mais elle s'enfuit aussitôt, rapide comme une biche, avant même que Gailin24px ne puisse la voir distinctement.
- Un tire au flanc ! Je vais le rosser pour cette insolence !
Et il se mit à la poursuivre, sans se douter de sa vraie identité. Les deux couraient aisément entre les arbres et ce ne fut sans difficulté qu'il la rejoignit. Il n'hésita pas et lui fit un fulgurant plaquage comme s'il était au rugby.
- Nooon ! Lâche-moi !
Elle se débattit et ses long cheveux soigneusement cachés se dénouèrent. Ça et la voix aiguë firent comprendre à Gailin24px la vraie nature de son prisonnier.
- Une fille !
Lui et la fille de Nepbu en restèrent interdits, se regardant mutuellement avec stupeur au milieu des fleurs.
Au même moment, dans la maison qu'ils avaient adoptés comme quartier général, Thoron-sensei, Nenuph, Sealyne, Le K et Phoenix-co discutaient de différents points de stratégie quand Mokona arriva, suivi de Zujio. Les deux étaient couverts des pieds à la tête et les bras surchargés d'un assortiment des plus variés d'armes de pilotes.
- Pupupupuuuuuuu ! Regardez ce que Mokona a trouvé ! Avec ça, on est invincible !
Mais les cinq pilotes accueillirent ce déballage de merveilles avec le plus parfait mutisme et une expression unanime de désapprobation révoltée.
- Comment oses-tu nous demander de nous battre avec ça !
- Pupu ! C'est de la bonne qualité.
- Imbécile ! Où crois-tu que ces fermiers ce sont procurés de telles armes ? Ils les ont volés à des pilotes agonisant après une bataille !
- Faux pilote ! cracha Nenuph. Quel honte !
Mokona était toujours incrédule, et Nenuph allait en venir au main, quand Thoron-sensei les sépara.
- Laisse, il ne peut pas comprendre.
- Je les tuerais bien tous, ces raclures... fit Phoenix-co, l'œil brillant de colère contenue, malgré le regard désapprobateur de Thorondor.
Mais Mokona n'en avait pas fini.
- Que crois-tu que tu allais trouver ? Des moutons ? Des saints ? Pupu ! Il font des simagrées, pleurnichent sur leur sort. Mais cherche un peu, pupu ! Des réserves de moquettes, ils en ont partout. Ils ne seront pas totalement ruinés par la vente à bas prix imposée par les bandits. Pupupuuu ! Pourquoi crois-tu qu'ils ont tant besoin de vendre à prix fort ? Pour survivre, pu ! Et qui profite honteusement des prix bas qu'on leur impose ? Vous, pupu ! Les pilotes de Syuks qui en consommez toujours plus pour toujours moins cher. C'est à cause de vous qu'ils sont devenus des monstres !
Mokona était épuisé par un tel discours, mais il avait porté. Les cinq pilotes ne considéraient plus l'affaire et leur rôle dans celle-ci de la même manière. Il sortir en trombe de la maison, bousculant au passage Gailin24px, qui revenait à peine de sa promenade bucolique.
Le lendemain soir, cependant, l'ambiance s'était quelque peu amélioré et tous les pilotes s'étaient retrouvés au coin du feu pour la soirée. Le repas avait été bon et tout le monde était en train de digérer tout en devisant de tout et de rien. Cependant, le K était en train de coudre quelque chose et ce travail attira l'attention de Mokona.
- Qu'es-tu donc en train de faire ? lui demanda-t-il en puputant.
- Je fais une bannière pour nous donner du courage et de la joie de vivre. C'est important de combattre en ayant une bonne humeur.
Et il montra à tout le monde sa grande bannière, couverte de symboles.
- Ce symbole, en bas, ce sont les fermiers que nous protégeons. Ces six cercles, ce sont nous autres pilotes de Syuk. Quant à ce triangle, c'est toi, Mokona !
- Pupupu ! Pourquoi Mokona a-t-il un symbole différent de tout le monde ?
- Parce que tu es décidément un pilote de Syuk très spécial, unique en son genre !
- Pupupupuuuuuu ! Mokona est content.
Et il se mit à sauter en tout sens, sous les rires des autres pilotes.
Néanmoins, l'attaque des bandits se faisait de plus en plus proche et la peur tenait au ventre tous les villageois. Mais pour certains, c'était encore pire : ceux dont les maisons se trouvaient par malchance en dehors du périmètre que Thoron-sensei avait jugé défendable. A l'idée de tout perdre, ils commençaient à déraisonner. Nutali à leur tête, ils décidèrent soudain de ne plus suivre les ordres.
- A quoi cela sert-il de défendre les maisons des autres ? Les nôtres n'ont aucune chance !
Et ses malheureux compagnons de misère d'approuver avec vigueur. La situation était critique. Si le village n'était plus uni, sa défense n'aurait aucune chance de réussir.
- Taisez-vous ! fit Thoron-sensei.
Il se posta devant eux et les regarda dans les yeux, avec un regard terrible, effrayant et calme à la fois. Tout à coup, ils n'étaient plus aussi décidés. Ils avaient l'impression de n'être que des enfants gâtés en train se de faire gronder par leur institutrice.
- Regardez ! D'un coté trois maisons, de l'autre vingt. On ne peut se permettre de compromettre la sécurité de vingt pour seulement trois !
Les villageois rebelles ne savaient plus où se mettre et regardaient fixement leurs pieds.
- A la prochaine désobéissance de ce type, il y aura de sévères punitions. Rejoignez vos rangs !
Cette fois-ci, plus personne ne discutait les ordres du pilote de Syuk.
La récolte de la moquette commença enfin, occupant tout le monde et faisant oublier les menaces qui pesaient sur le village. C'était une étape très délicate et il fallait être très soigneux en récoltant les fibres si on désirait obtenir une bonne qualité. Hommes et femmes étaient donc dans les champs, cueillant selon des gestes précis, codifiés par des générations d'apprentissage et de lente amélioration.
- La moindre fibre froissé durant la récolte peut compromettre le parfum de tout un lot au cours de la torréfaction, expliquait Solodjo. C'est pour cela que chaque geste doit être minutieux.
- Je vois... faisait le K, écoutant attentivement. Tu es incontestablement un grand fermier, avec un savoir inestimable.
- C'est le seul moyen de produire une moquette aussi réputé. Sans cela, notre village n'existerait plus.
- C'est sur, il faut penser au futur. D'ailleurs, Solodjo, dis-moi, quand vas-tu prendre une gentille petite épouse. Il faut que tu transmettes ce savoir à une ribambelle de petits rejetons !
Mais à peine le K avait il prononcé ces mots amicaux que le fermier se ferma. Sans dire un mot, il jeta ses outils et partit droit devant lui, vers un bois de bambous qu'il dévasta au passage pour s'ouvrir un chemin.
- Qu'est ce que j'ai dit ? demanda le K tout haut, perplexe.
Mokona était partit à la poursuite du villageois, mais ce dernier avait vraiment l'air d'avoir été bouleversé et il avait pris bien trop d'avance pour que l'on puisse le rattraper. Thorondor, qui regardait la scène de loin, ne put s'empêcher de penser qu'il y avait quelque secret la-dessous. Il serait bon d'enquêter un peu, au cas ou cela pouvait influer sur la sécurité du village.
Au bout de quelques jours, peu nombreux, mais qui avait parus bien long pour les travailleurs fourbus, la récolte fut terminé. Les fibres avaient été mises à torréfier et dans quelques jours la moquette serait prête. Plus rien ne retiendrait alors les bandits de venir se servir à des prix outrageusement bas. Le guet se faisait donc désormais indispensable et Thorondor avait déployé les pilotes en quarts pour être prêts à tout.
- Notre point faible est du coté nord, disait Thorondor à Sealyne tandis qu'ils faisaient une petite inspection à la lumière du crépuscule.
- Je pense comme toi. Il va falloir être vigilant, car hélas on ne pourra colmater complètement cette brèche dans notre système de défense.
Cependant, Roméo vint miauler discrètement tout en se frottant contre une des jambes de la pilote.
- Que se passe-t-il ? Tu as vu quelque chose de tes yeux de félins ?
Mais les deux pilotes découvrirent vite que c'était Mokona, qui s'était, endormi à coté du pont, au beau milieu de son tour de garde, et ronflait avec entrain. Sealyne s'apprêtait à le réprimander vivement quand Thoron-sensei lui fit signe de ne rien faire. Il alla sans bruit aux cotés du dormeur et lui subtilisa son grand sabre surdimensionné. Puis il alla se cacher avec Sealyne et Roméo. C'est seulement à ce moment là qu'il lança une pierre dans le ruisseau, réveillant la peluche vivante instantanément.
- Qui va là ? Pupupu ! Qui est-ce ? fit-il en se redressant brusquement, cherchant son arme manquante, visiblement paniqué.
Roméo gronda tout en restant caché et Mokona se mit à trembler comme de la gélatine. Il regardait en tout sens mais n'arrivait pas à voir qui était là. Thorondor sortit alors de l'ombre, une expression sévère sur son visage.
- Tu as de la chance que ce ne soit que nous. Si ça avait été les bandits...
Et il jeta dédaigneusement le grand sabre au pied de Mokona qui puputait à voix basse, mort de honte.
La fin de la récolte signifiait aussi un certain nombre de travaux pour transformer le village en une véritable place forte. Tout le village était désormais en train de monter de solides barricades, de dissimuler des pièges, de détruire le pont et d'autres passages éventuels pour les Syuks ennemis... Chacun y mettait beaucoup d'entrain, le travail permettant d'oublier la menace qui pesaient sur eux.
- Regardez-les comme ils sont heureux, dit Sealyne aux autres pilotes. Ils ont oublié leur attitude peureuse.
- Oui, mais c'est le moment le plus dangereux, répondit Thoron-sensei Il se sentent prêts et tout est calme. Il se croient déjà sauvés. Mais ce n'est qu'une illusion.
Et en effet, les bandits n'étaient pas loin. Gailin24px se promenait dans la montagne avec la fille de Nepbu quand des bruits suspects les firent se cacher derrière d'épais buissons. De là, ils virent trois bandits armés de jumelles en train d'observer le village depuis un petit promontoire. Puis ils remontèrent dans leurs Syuks, satisfaits de leurs informations. Gailin24px sortit alors précipitamment de sa cachette et courut vers le village pour avertir les autres. Mais le K les avait aussi vu et le devança de quelques secondes.
- Ils arrivent donc enfin, fit calmement Phoenix-co, entrant également dans la maison où logeaient les pilotes.
- Comment as-tu deviné ?
- C'est évident, avec tout ce remue-ménage.
Les pilotes sortirent et virent que malgré l'entraînement, la confusion la plus totale était en train de s'installer parmi les villageois.
- Calmez-vous ! Ils ne sont que trois, ce sont des éclaireurs.
Sur un geste de Thoron-sensei, Solodjo alla calmer les hystériques qui couraient en tout sens. De leur coté, les pilotes se consultaient une dernière fois.
- Il faut à tout prix éviter que les bandits ne nous voient. Plus tard ils connaîtront notre présence, plus fort sera l'effet de surprise. Chacun sait ce qu'il a à faire ?
- Oui ! fit chacun des pilotes à mi-voix.
- Parfait.
Les trois éclaireurs étaient désormais à quelques mètres du village et les six pilotes, camouflés dans un petit bâtiment qui servait de grenier, les observaient approcher en silence. Les bandits ne semblaient s'apercevoir de rien.
- On dirait qu'ils ne sont pas encore aperçu que le village nous a engagé.
- Tant mieux, l'élément de surprise est précieux.
Mais à ce moment précis, la voix de Mokona, forte et précise, se fit entendre.
- Pupupu ! Où êtes vous donc tous passés ?
- Silence, imbécile ! fit Thoron-sensei entre ses dents.
Mais il était déjà trop tard. Les éclaireurs avaient compris que quelque chose n'était pas normal et ils allaient le rapporter à leurs chefs.
- Nous ne pouvons plus nous permettre de les laisser s'échapper vivants ! décida Sealyne.
- Je m'en occupe, dit Phoenix-co. Ils sont du coté du village qui m'a été assigné.
- Bien. Mais que Mokona et Gailin24px t'accompagnent, ordonna Thoron-sensei.
Les trois pilotes, sans un bruit, partirent à la poursuite des éclaireurs à bord de leurs Syuks. Ils les contournèrent sans se faire voir, profitant de l'épaisseur de la forêt. Puis ils se postèrent dans un coin d'ombre et attendirent leurs proies. Ces dernières ne mirent guère de temps à venir, totalement inconsciente de la souricière qui venait ce ce mettre en place. Phoenix-co sortit comme une araignée de sa cachette, fondant sur le bandit qui fit dans son froc de terreur devant cette vision. Mais Mokona, sortant de nulle part et puputant de plus belle, sautilla dans ses pieds et Phoenix-co faillit perdre l'équilibre.
- Imbécile de peluche bonne à rien ! hurla-t-il, lui donnant un grand coup de pied qui le fit voler à une vingtaine de mètres de haut.
En même temps, son bras droit avait lancé une attaque meurtrière qui trancha net en deux le Syuk ennemi. Gailin de son coté, était également en train de trucider son bandit quand il reçut le Syuk de Mokona dans le dos du sien, le faisant tomber à la renverse sur le cadavre de son ennemi.
- Non mais ça va pas de lancer tes ordures sur moi, imbécile de piaf !
La tension latente entre les deux pilotes qui ne s'estimaient guère explosa et, utilisant Mokona comme projectile, ils commencèrent un petit duel pas très amical.
- Pupupuuu ! fit la bestiole, déboussolée.
- Et moi ? fit le bandit restant, perplexe devant le comportement de ses ennemis.
Mais il finit par recevoir Mokona dans la figure, et quand il se réveilla, il était prisonnier des villageois et des sept pilotes.
Ayant ainsi fait un prisonnier, les pilotes en profitèrent pour lui faire subir un interrogatoire approfondi, pour récupérer quantité d'informations intéressantes sur les bandits, par exemple leur puissance et l'emplacement de leur base au sol. Mais la surprise vint de l'identité des bandits. Celle-ci ne fut pourtant pas difficile à connaître. Il avait suffit de regarder les emblèmes sur les Syuks. Un chouchou.
- Il va falloir revoir notre stratégie, dit Thoron-sensei. Nous les connaissons bien et ils nous connaissent bien. Nous avons même déjà combattu dans le même camp.
- Ils sont très puissants, ajouta Nenuph, mais si l'information circulent qu'ils font de telles rapines, cela ne va pas leur plaire. Ils voudront taire l'histoire et ils ne feront pas de quartiers.
- Nous allons devoir faire de même et ne laisser aucun survivant, dit à son tour le K. Tout doit être fait de façon propre, et dans les règles.
- Parfait... lâcha Phoenix-co. J'aime cela. C'est un beau combat à mort que nous préparons. On massacre ce qui se présente et c'est tout !
-Détrompes-moi, dit alors Sealyne. Tu savais que c'était eux.
- Oui.
- Pourquoi ne nous l'as tu pas dit ? demanda Thoron-sensei.
- Vous ne l'avez pas demandé.
- Hmmm... Ce qui est fait est fait. Nous devons nous concentrer l'avenir. Je propose de lancer une attaque préventive sur leur base au sol. En les prenant par surprise, nous pourrons sérieusement réduire leur force de combat. Il faudrait éliminer au moins dix Syuks ennemis.
- Ce plan me plaît... murmura Phoenix-co, avec un inquiétant regard cynique.
Et c'est ainsi que trois pilotes, le K, Phoenix-co et Mokona, accompagné de Solodjo, partirent pour cette mission délicate. Après un voyage sans histoires, ils arrivèrent en vue de la sinistre place forte qui servait de base au sol pour les bandits. Ils s'approchèrent sans être vus des guetteurs ennemis, et installés sur un piton rocheux bien placé, commencèrent à observer le campement. Rien ne bougeait, à l'exception des harems, ou parmi les elfettes et les neko-girls, se trouvaient aussi quelques belles indigènes de la région, jouant de la flûte.
- Les bandits dorment tous. Nous allons pouvoir faire un massacre.
Les trois pilotes se préparèrent à l'assaut sans un bruit, sachant très bien que l'effet de surprise était crucial pour maximiser le nombre de leurs victimes. Sans hésiter, Phoenix-co lança un missile ensorcelé sur un des dortoirs qui explosa violemment, projetant des étincelles brûlantes et des shrapnels destructeurs un peu partout. La panique la plus totale régnait désormais au sein de la base des bandits
- Pupupu ! Taïaut ! hurla Mokona en se jetant sur les bandits désarmés et réveillés en sursaut.
Et le massacre commença, les sabres, la magie et les flingues se déchaînant avec passion. Tout allait bien pour les pilotes mercenaires, quand Solodjo, avisant un des harems de la base, devint soudain fou et se précipita en avant.
- Imbécile ! Où vas-tu ? dit le K. Reviens !
Mais Solodjo n'écoutait plus et, sautant comme un cabri, il entra dans la base ennemie par une des failles que les bombardements avaient ouvertes. Il s'arrêta net devant une des pensionnaires, avec une expression de fou. Il s'attendait sûrement à ce que quelque chose se passe, car il resta planté là, comme un idiot, totalement à découvert. La femme le regarda, les yeux plein de larmes, et sortant un long couteau effilé, se le mit sous la gorge.
- Désolé, mon amour... Il est déjà trop tard, réussit à entendre Solodjo.
Et elle se trancha la gorge. Solodjo, impuissant, explosa en sanglots désespérés. Phoenix-co et le K s'était porté à sa recherche dans leur Syuks et le saisirent par la peau du coup pour le ramener. Solodjo se ressaisit alors, et se mit à courir vers la forêt. Les deux pilotes le suivirent, tandis que Mokona couvrait tout le monde. Mais tous les bandits étaient désormais réveillé, et un grand Syuk à l'allure effrayante tira une volée de missiles dans leur direction. Malgré tous les efforts de Mokona, il ne put empêcher un des missiles de venir frapper le Syuk du K de plein fouet, le transperçant comme un pal. Ce dernier hurla de douleur. Puis il vit avec horreur ce qui se passait.
- Non ! De la magie divine ! Mes insectes sont en train de mourir !
La structure polyinsectoïde complexe de son Syuk perdit soudain de sa stabilité, et, sous l'effet de la douleur, il dut mettre un genou à terre. Puis il ne put même pas avancer. Sous les yeux horrifiés de ses compagnons, son Syuk se désintégra, révélant peu à peu le corps blessé de toute part du pilote. Il expira au moment ou son dernier insecte biomécanique tomba en poussière.
- Non ! fit Solodjo, accablé de honte, de chagrin et de culpabilité en même temps.
Mais il n'y avait plus rien à faire. Le K était mort. Ses compagnons récupèrent son corps et effectuèrent une retraite plus ou moins désordonnée vers le village pour ne pas subir le même sort.
Une fois arrivé là-bas, de bien tristes funérailles eurent lieu. Une tombe se dressait désormais sur un petit promontoire bien visible du village. La guerre ne faisait pas de cadeau, et elle venait de le rappeler durement aux pilotes et aux fermiers.
Le lendemain, du haut d'une colline, les bandits observaient avec calme, mais avec un farouche désir de se venger dans le sang, le village devenu forteresse. Debout sur la main de son Syuk, leur chef, entouré de ses lieutenants, décidait de la marche à suivre.
- Nous devons les éliminer le plus discrètement possible, mais de façon absolument exhaustive. Si la Déesse apprend nos actions ici, c'est est fini de nous. Nous serons excommuniés.
- Cela n'arrivera pas. Ils sont forts, mais nous somme bien plus nombreux et mieux armés. Ils n'ont aucune chance de victoire.
- Je l'espère bien, je n'ai pas envie de me faire arracher mes ailes.
- Moi non plus. Il est dommage que nous ne puissions passer outre les restrictions divines. Nous les aurions écrasés comme des limaces.
- Il en est hors de question, coupa brusquement le chef. Nous avons déjà pris des risques en tuant le K à notre base avec de la magie divine. Nous n'avons plus droit à l'erreur.
Et montant dans leurs puissants Syuks, les bandits ChouChouLandais chargèrent en bon ordre vers les hautes fortifications du village. Mais les villageois était désormais entraînés et armés. Une pluie de flèche en alliage spécial doté de têtes explosives s'abattit sur les Syuks standards pilotés par des Néo-silencieux, et firent des ravages. Mais les officiers, dotés d'engins customisés, n'étaient pas aussi facile à abattre.
- Il faut leur tendre un piège ! transmit Thorondor aux autres pilotes.
Phoenix-co et ses hommes avait dressé une barrière de feu et de magie infranchissable que même les meilleurs officiers ennemis ne pouvaient passer. A l'Ouest, Nenuph et ses hommes, embusqués, réussirent un petit massacre sur l'escouade de bandits qui pensait avoir découvert une faille dans les défenses du village.
- Ils se déplacent vers le Sud ! Sealyne ! Gailin24px ! Interceptez-les !
- Bien reçu !
Mais ils virent en arrivant que l'ennemi, loin de se précipiter vers l'attaque, semblait réfléchir, cherchant un moyen de passer les fortifications.
- Toi, va-y ! ordonna un officier à un Néo-silencieux.
- Pourquoi moi ? Elle a l'air froide, cette eau !
- Obéis, ou je t'étripe !
Le bandit s'exécuta avec une répulsion et un manque de volonté flagrant, mais il obéit néanmoins à cet ordre suicidaire. Impitoyable, Sealyne utilisa l'arbalète à énergie de son Syuk et le toucha de plein fouet. Il s'effondra en plein milieu du fossé, sans vie.
- Peuh... cracha l'officier ennemi. On recule. On ne passera pas ainsi.
Sur la place du village, Thorondor, toujours occupé à coordonner la défense du village, était en train de compter les ChouChouLandais abattus.
- Sealyne a éliminé un des troufions de l'ennemi, lui annonça Gailin 24px.
- Parfait, répondit Thoron-sensei. Maintenant, va voir à l'Est si le pont est bien détruit.
- J'y vais !
Une fois arrivé là-bas, il vit que Mokona avait pris le poste du défunt K, et que la destruction du pont était bien avancé. Néanmoins, une famille était en train de le gêner, le suppliant de faire quelque chose.
- Que se passe-t-il ?
- Pu pu ! Cet entêté de doyen ne veux pas abandonner sa maison. Du coup, son fils veut aller le chercher, pu !
- C'est de la folie ! Il n'aura jamais le temps.
Se débattant comme un beau diable, le fermier était sur le point d'échapper à la poigne de Mokona, quand un Syuk ennemi déboula de nulle part, écrasant au passage la maison du doyen.
- Voilà qui règle la question...
- Grand père !!! fit le fermier, le chagrin le submergeant.
- Silence ! fit Gailin24px en l'assommant.
Le Syuk ennemi était en effet en train de les bombarder, et ce n'était guère le moment de se lamenter sur son sort. Une explosion vint faucher plusieurs fermiers, et il fallait riposter.
- Pu pu pu ! Mokona attaque ! fit l'étrange créature, son Syuk bondissant comme un possédé pour attaquer les bandits ChouChouLandais.
- Dégage, toi ! fit un des officiers ChouChouLandais, shootant dans le Syuk de Mokona, qui alla atterrir sur le toit d'une maison.
- Pupuuuuu !
Mais, regardant autour de lui, le bandit vit que Gailin24px avait massacré tous ses Néo-silencieux. Il était tout d'un coup une cible isolé bien trop évidente et il préféra battre en retraite. Au même moment, Thorondor, voyant que la première attaque des bandits avait échoué, quittait QG au centre du village pour se diriger vers le Nord, accompagné de Sealyne.
- La bataille décisive se déroulera ici.
- Pourquoi ne pas avoir fait de barricade de ce coté ?
- Il faut bien un point faible dans la carapace, si on veux les prendre au piège. On ne peut gagner en étant constamment sur la défensive.
- Je vois. Tout ceci est mûrement réfléchi. Je reconnais là ta sagesse.
La nuit était tombé brusquement sur le champ de bataille et les pilotes se mirent aussitôt à redouter un retour des attaquants. L'obscurité allait leur donner la forte tentation de venir regagner leur honneur quelque peu ébréché. A l'Est, Mokona et Zujio se crevaient les yeux, essayant de distinguer des Syuks ennemis au delà du ravin.
- Pupupu ! On ne voit rien !
La peluche géante dégaina un des armes géantes de son Syuk et tira en l'air un missile spécial qui éclaira fortement l'autre bord du ravin, révélant une dizaine de Syuks embusqués dans les hautes herbes. Puis le missile tomba au milieu du groupe, les faisant voler en tout sens.
- Pupupu puuuuuuuuuu ! fit joyeusement Mokona.
Il se tourna alors vers Zujio, et vit que ce dernier semblait épouvanté par quelque chose. Il tenait une longue lame qui tenait à la fois de la poutre, de l'épée et de la lance, dont il supportait le poids déraisonnable grâce à une injection de nanoniques de contrebande offertes par le regretté K. Et au bout de cette épée géante se trouvait un Syuk épinglé dessus comme une victime de Vlad Tepes.
- Ga... ga... ga...
- Pu pu bravo !
Un peu partout sur les fortifications du village, de telles scènes se reproduisaient, les fermiers étant enfin devenus des soldats, et forts redoutables. Les ChouChouLandais n'insistèrent donc pas et battirent en retraite vers leur base, fortement diminués en nombre. La mort dans l'âme, ils se préparaient à subir le courroux de leur chef.
Au centre du village, Thoron-sensei contemplait avec satisfaction et soulagement le bilan de cette première bataille sur les terres du village.
- Nous les avons repoussés malgré une attaque simultanée sur trois fronts. Et nous avons subi très peu de pertes. C'est inespéré !
- Ils vont être furieux, dit Sealyne. La prochaine fois, ils vont sûrement attaquer du coté Nord. Cette fois, leurs chefs n'hésiteront pas à utiliser leurs armes interdites. Ils ont au moins trois canons de technomancien.
- Oui, ils vont lâcher toutes leurs forces sur nous. Les prochaines batailles seront de plus en plus féroces, et le camp des vaincus sera à la fin nécessairement annihilé.
- Nous ne pouvons nous permettre la moindre erreur. Si seulement nous avions un de leurs canons de technomancien...
- Je me porte volontaire ! fit Solodjo, devenu téméraire suite à cette première victoire.
- Hors de question, tu te ferais tuer.
- Je m'en charge, fit alors le taciturne Phoenix-co.
Et il disparut dans l'obscurité. Le calme revint alors sur le village, et Thoron-sensei ordonna à tous ceux qui n'étaient pas de garde d'aller se reposer.
- Le devoir du soldat est d'être prêt au moment crucial ! dit-il fermement à ceux qui se croyaient incapable de dormir en de telles circonstances.
Lui-même alla dormir dans la maison que les pilotes occupaient, non sans sourire en apercevant Gailin24px et la fille de Nepbu s'isoler dans une autre maison.
Le matin suivant, une forte brume enveloppait tout le village, interdisant à quiconque de voir à plus de vingt mètres de son nez. Les gardes de faction étaient donc particulièrement nerveux et se préparaient à une attaque.
- Il est encore trop tôt pour une attaque, disait cependant Thoron-sensei. Ils n'ont pas encore pu avoir le temps de se préparer.
Un bruit suspect alerta cependant les gardes, qui, tremblant quelque peu, cherchèrent d'où il venait. Sans un bruit, avec la souplesse d'un chat, Phoenix-co apparut au milieu de nulle part, portant dans son dos une arme d'un taille démesurée. Un canon à plasma de technomancien. Les villageois ne purent s'empêcher d'écarquiller les yeux de surprise et de respect devant cet exploit.
- Il a volé un de leurs trois canons ! C'est incroyable !
- Est-il seulement humain ?
Mais Phoenix-co, avec un visage inexpressif, vint simplement dire, laconiquement, « deux de tués » à Thoron-sensei avant de se diriger vers l'armurerie. Les fermiers le regardèrent partir avec un regard admiratif tandis que Mokona puputait de jalousie.
La matinée tirait vers sa fin et la brume s'éclipsait progressivement, quand les premiers signes d'une nouvelle attaque arrivèrent. Chacun rejoignit immédiatement son poste, se préparant à défendre chèrement sa vie et celle de ses proches. En revanche, Mokona, cédant à une impulsion, franchit les fortifications pour s'enfoncer dans la forêt qui recouvraient les collines. Zigzaguant dans l'épaisse végétation, il finit par tomber sur ce qu'il cherchait : deux officiers ChouChouLandais en train de pique-niquer tranquillement avec leurs elfettes. L'air de rien, il les rejoignit, portant une jarre de la boisson locale. Les autres ne réalisèrent même pas qu'il n'était pas des leurs et ils trinquèrent deux ou trois fois ensemble avant qu'ils ne s rendent compte de leur effroyable méprise. Mais il était déjà trop tard : Mokona les assomma prestement, tandis que les elfettes affolées se dispersaient dans les arbres comme une volée de moineaux.
- Pu pu pu puuu ! fanfaronna Mokona avant de redescendre vers le village, tout content de lui.
Cependant, tandis que Mokona allait répéter l'exploit de Phoenix-co, une attaque surprise particulièrement brutale s'abattait sur le village. Les Syuks ennemis, débarquant en milieu du village, détruisaient de nombreuses maisons, simplement en se déplaçant.
- Gardez votre calme ! Il faut les repousser ! hurlait Nenuph !
Mais tout un pan des fortifications était en train de s'effondrer, malgré les efforts désespérés de Zujio et des villageois sous ses ordres pour repousser les ChouChouLandais.
- Où donc est passé Mokona ! cria Gailin24px. Il était en charge de ce coté du village !
Un immense Syuk noir et bleu foncé se posa soudain sur les ruines des fortifications, tenant dans ses mains un impressionnant canon de technomancien. Ajustant les villageois qui fuyaient en tout sens comme une colonie de fourmis écrasée, il tira sans hésitation. Zujio fut atteint de plein fouet par le puissant flux de particules. Son corps fut enveloppé d'un halo mortelle, seule sa tête dépassant, tandis que ses cellules étaient désintégrées l'une après l'autre.
- Nooooon !
Mais il était trop tard pour lui. L'effroyable Syuk ennemi s'avança alors au cœur du village, avec l'intention bien visible de tout détruire sur son passage.
- Je ne te laisserais pas passer ! fit Sealyne.
Son Syuk orange et violet se posta devant l'ennemi en poussant de petits miaulements de défis. Sans hésiter, elle attaqua de toutes les griffes de son Syuk. Mais le ChouChouLandais était rapide. Transformant son Syuk en oiseau de proie, il s'envola pour esquiver le coup.
- Reste ici, monstre ! fit Sealyne en faisant décoller à son tour son Syuk Roméo pour poursuivre son adversaire.
Une violente échauffourées commença alors en plein ciel entre les deux combattants. Chacun se battait avec savoir et férocité, et il eut été fort difficile de prévoir l'issue du combat en les voyant ainsi virevolter dans les airs.
- Tu te bats bien ! fit le ChouChouLandais.
- Merci du compliment, tu n'es pas trop mauvais non plus toi-même !
Regardant à peine où le duel les menaient, ils échangeaient coup sur coup avec férocité, pulvérisant les maisons qui se trouvaient sur leur chemin. Le Syuk ChouChouLandais sortit alors brusquement un grand katana, et malgré les parades de Sealyne, réussit à lui infliger un coup mortel dans le ventre. La lame ressortit de l'autre coté, ruisselante de sang et de liquide de refroidissement.
- Dommage... J'ai l'impression que dans d'autres circonstances, nous aurions pu être amis et même combattre ensemble... fit le ChouChouLandais.
- C'est étrange... Moi aussi, fit Sealyne, avant de cracher du sang et d'expirer.
Quand Mokona arriva au village avec son canon, il découvrit avec horreur qu'il avait été dévasté et que les ChouChouLandais n'avaient été repoussés qu'avec grand peine. De nombreux morts jonchaient les rues, parmi lesquels ils découvrit avec horreur ceux de Zujio, de Sealyne et de Roméo.
- Puuu....
Une nouvelle tombe vint rejoindre celle de le K sur la petit promontoire jouxtant le village. Mokona, accablé de culpabilité, y passa la nuit sans mot dire, regrettant amèrement son acte de folie qui avait mené à un tel désastre.
Le jour suivant, chacun se leva en pensant que la bataille finale était plus proche que jamais. Les rangs des bandits ChouChouLandais avaient étés fortement entamés, et ils avaient soif de vengeance. Une pluie continue, battante, transformait le village à moitié en ruine en un champ de boue.
- Ils arrivent, fit Nenuph, sentant l'hostilité ambiante. Et cette fois-ci, ils ne battront pas en retraite. Victorieux ou morts, ils ne choisiront pas autre chose.
- Et nous aussi... ajouta froidement Thoron-sensei.
Les villageois se mettaient peu à peu à leur poste, bénissant la chance qui leur avait été offerte d'avoir pu se reposer, et donc d'être prêts pour cette bataille. Mais peu à peu, par dessus le bruit continu et étrangement apaisant de la pluie, se fit entendre un bruit plus sourd, rythmé, menaçant.
- Ils arrivent.
- Par où ? demanda Solodjo, qui, mélange de bravoure et d'inconscience, pilotait un Syuk volé à l'ennemi.
- De partout... fit Phoenix-co, avec un sourire d'excitation.
En effet, encerclant le village, les ChouChouLandais jaillirent de tout les cotés à la fois, se jetant sur les défenseurs avec une rage inhumaine. Ils firent des ravages dans les première secondes, tant la brutalité de l'attaque avait surpris même les plus vigilants. Mais bien vite, les petits groupes qui avait percé les murailles du village et s'étaient introduit en son cœur découvrirent avec stupeur qu'ils étaient tombés dans un piège. Stupeur qui ne dura pas bien longtemps, car la mort vint vite les soulager de leurs peurs et leurs questionnements.
- Pupupupuuuuuu !! hurlait Mokona, qui avait récupéré une épée bâtarde surdimmensionné à un ChouChouLandais qu'il venait de tuer, et s'en servait pour massacrer avec une joie sadique choquante à voir sur sa bouille de peluche vivante. Croisement improbable entre un ange de la mort et un Happy Tree Friend, il slalomait avec aise au milieu d'une mer de cadavre.
Thoron-sensei de son coté, armé d'une arbalète à plasma, fauchait les bandits les uns après les autres avec un calme impressionnant. Ce même calme qui faisait l'admiration de Gailin24px. Lui même était engagé dans un féroce combat avec le ChouChouLandais qui avait tué Sealyne. Ivre de vengeance, il avait réussi à trancher une des ailes du grand Syuk Noir. Mais son ennemi ne semblait toujours pas le prendre au sérieux, et il esquivait les attaque du pilote en riant, comme s'il jouait avec lui.
- Tu es doué, mais tu manque cruellement d'expérience. Tu aurais du te joindre à nous au lieu de suivre ce vieux pervers de Thorondor.
- Jamais je ne m'allierais avec des crapules comme vous !
- Que tu es présomptueux ! Comment peut-tu ainsi parler du futur ?
- Ne me dicte pas ce que je dois faire ! Hurla Gailin24px.
La fureur lui permit soudain de prendre le dessus, en repérant une ouverture dans la garde de son ennemi. Sans hésiter, il plongea avec son grand katana. Le Syuk ChouChouLandais fut traversé de part en part, trop rapidement pour que les systèmes de feedback sensoriel ne disjonctent. Le ChouChouLandais hurla de douleur, tandis que Gailin24px agrandissait l'ouverture dans le corps du Syuk jusqu'à le couper en deux. Le cockpit s'éjecta, mais Gailin24px, impitoyable, le coupa en deux en vol comme une pastèque géante.
La mort de ce ChouChouLandais haut gradé eut un effet dévastateur sur le reste des bandits, qui perdirent soudain tout esprit combatif, et se firent massacrer dans le déshonneur le plus total par les pilotes et les villageois. Il ne restait plus que trois officiers, dont deux, en voyant le résultat de cet assaut final, investirent une maison, à la fois pour s'y cacher et s'y retrancher. Leurs Syuks démantibulés gisaient dans la boue, pitoyables reliques de leur gloire perdue.
Le troisième survivant, cependant, le Technomancien en chef des ChouChouLandais, avait quitté son Syuk dans des conditions bien différentes. Il faisait face à Phoenix-co avec un sourire de dément.
- Ainsi nous nous retrouvons encore face à face. L'histoire n'est elle qu'un éternel recommencement ?
- Notre haine et nos pouvoirs sont sans limites. Il n'est donc pas étonnant que nous nous entre-tuions ainsi sans fin. Même après la mort de cet univers, certaines choses resteront toujours les mêmes.
- Qu'il en soit ainsi ! Que les destins écrit et non-écrit soient avec nous !
- Je n'aurais pu mieux dire.
Et avec des cris de guerre à la fois inhumains, sauvages et joyeux, ils s'annihilèrent mutuellement. Les forces magiques déchaînées furent telles que pendant quelques pico-secondes, les fondation même du multivers tremblèrent. Une conséquence étonnante eut lieu au sein de l'univers personnel d'un Dieu assez dur en affaire. Absolument toutes les toilettes de celui-ci explosèrent. Le procès qui en résulta, dirigé contre l'entreprise qui avait effectué les travaux de construction, marqua durablement les mémoires au sein du multivers, et entraîna un nombre non-négligeable de Guerres Divines dans différents univers. Mais tout ça est une autre histoire...
Mokona, en voyant ainsi un troisième pilote de Syuk mourir pour protéger le village, devint fou de rage. Oubliant toute prudence, il fonça sur la petite maison ou s'étaient retranchées les deux uniques officiers survivants du ChouChouLand. Un sinistre bruit de canon électromagnétique se fit entendre, et un projectile métallique brillant vint se planter dans le cou de la créature. Sous l'impact; elle fut projetée en arrière, et fut littéralement épinglée sur un des rares murs restés debout.
- Mokooooona ! fit Gailin24px, enrageant de voir tomber un autre camarade.
Thoron-sensei et Nenuph, bien décidé à venger les morts, se dirigèrent à grande vitesse vers la maison, sans toutefois être à découvert une seule seconde. Dans leur abri de fortune, les deux ChouChouLandais se disputaient, se rejetant mutuellement la faute de leur situation désespérée. Les deux grandes créatures poilues ne comprirent donc pas grand chose quand les deux pilote de Syuks, jouant de leurs katanas, pulvérisèrent les murs de la maisons avant de les découper sauvagement. Ce fut une véritable orgie de sang, comme en aimaient les ChouChouLandais haut gradés. Mais c'était bien la première fois qu'ils se retrouvaient dans le rôle des victimes.
- Ils n'ont eut que ce qu'ils méritaient, murmura Nenuph en contemplant le résultat.
Il ne pouvait cependant chasser de son esprit le sentiment que lui et les bandits n'étaient pas si différents. Sortant des ruines de la maison, ils virent que Gailin24px, quasiment transformé en berserker, avait massacré tous les néo-silencieux qui avait réussi à survivre au plus gros de la bataille. Épuisés, couverts de sang, de sueur et de larmes, les trois pilotes, seuls survivants de cette horrible bataille, se regardèrent mutuellement dans les yeux, heureux d'avoir accompli leur mission, avant de s'effondrer de fatigue sur place.
Trois semaines avaient passés depuis que les bandits avaient étés anéantis. Les villageois, enfin libérés de la menace perpétuelle des razzias, pouvaient enfin vivre comme ils l'entendaient. Ils avaient déjà reconstruits la quasi-totalité de leurs maisons, et s'activaient désormais à repiquer la moquette pour la prochaine récolte. Cette fois-ci, ils allaient enfin pouvoir la vendre par des filières de commerce équitable. Thoron-sensei, Nenuph et Gailin24px les regardaient, ces fermiers tout entiers tournés vers l'avenir, non sans une incompréhensible jalousie.
- Encore une fois, nous avons survécu, dit Nenuph, avec un sourire calme...
- Nous avons appris, ajouta Thoron-sensei, mais approchons-nous pour autant de la sagesse ? Se battre est tellement vain.
- Nos aspirations son tellement orgueilleuses, en comparaison des leurs.
- Nous avons perdu la bataille une fois de plus.
- Que veux-tu dire ?
- Ce sont eux les vainqueurs... Les fermiers.
Nenuph approuva, sous le regard perplexe de Gailin24px, et les trois pilotes remontèrent dans leurs Syuks. Ils décollèrent sans même que les paysans les remarquent, tant leur tâche accaparait leur attention.
- Notre place n'est pas ici...