C'était un matin comme tous les autres pour les ChouChouLandais : levés à l'aube (à dix heures près), pétant la forme (vivants, en tout cas), de bonne humeur (tant qu'on ne les contrariait pas). Ils étaient rassemblés dans un des salons de thé de la Promenade pour prendre un petit-déjeuner bien mérité. L'absorption de nourriture sembla leur faire du bien, car ils cessèrent progressivement de se regarder avec des regards assassins pour parler de tout et de rien. Puis, le ventre bien rempli, ils se dirigèrent dans le désordre le plus total vers la passerelle du vaisseau, où ils s'affalèrent dans les confortables fauteuils de celle-ci.
- À quoi ressemble la planète du jour ? demanda T-Citron.
- Haut niveau de technologie, quelques stations spatiales, mais l'exploration du système ne fait que commencer. Économiquement, une douzaine de très grosses entreprises contrôlent 99% de l'économie légale et illégale.
- Des Mégacorps, quoi, intéressant, dit Milvus en souriant.
- Des traces de nos trois disparus ? demanda Ori.
- Quelques relevés positifs, mais rien de sûr à 100%.
- Comme d'habitude quoi... On est encore dans le flou le plus total.
Cela faisait désormais six mois qu'ils erraient dans les univers parallèles, cherchant sans relâche Calimsha, Pavel et Hébus. Ils avaient de nombreuses fois été tentés d'abandonner, en raison de leur nombreux et frustrants échecs. Mais la Déesse veillait et refusait de leur laisser réintégrer leur monde d'origine sans les trois disparus. Sans pour autant les aider à les localiser...
- Pu pu puuuuuuu ! fit Mokona en débarquant sur la passerelle. Mokona est lé héros ! Mokona veut descendre sur la planète et trouver les ChouChouLandais perdus. Mokona est sûr d'y arriver !
- Je croyais que c'était les plumes ta spécialité, dit Farf, intrigué.
- Pu pu puuuuu ! Mokona sait trouver tout plein de choses ! Mokona est multi-usage, comme le couteau suisse.
- C'est bon, c'est bon, dit Milvus. Je te file une compagnie de Néo-silencieux. Je compte sur toi pour ne pas me les abîmer.
- Pu pu puuu ! Mokona est content ! C'est son premier commandement !
Et la petite boule blanche, puputant de plus belle, partit récupérer ses soldats pour aller avec eux à la surface enquêter.
- Tu es sûr de toi ? demanda Ori.
- On sait jamais, son mekyomètre peut marcher.
- Si tu le dis...
- Bon, en attendant, gronda ChouChouBoy, il faut essayer la méthode classique. Donc, passage en orbite basse et scan continuel à large bande de la surface. Si un de nos chers disparus est là, on devrait quand même pouvoir repérer sa signature quantique.
- Ça va prendre du temps, signala Milvus. Vu le niveau technologique local, il va falloir le bouclier occulteur au maximum de ses capacités. Ce qui gène les senseurs, bien sûr.
- Combien de temps ?
- Environ une semaine, vu la taille de la planète et nos expériences passées.
- Très bien, de toute façon nous n'avons pas le choix. Pilote, en orbite basse !
- Bien reçu, fit Farf. Et une orbite basse, une ! Ajouta-t-il comme s'il préparait des pizzas.
L'équipage de l'USS Yggdrasilreplongea donc dans une routine tranquille et parfaitement familière, qu'ils répétaient régulièrement depuis six mois. C'était en effet la même chose chaque fois qu'ils abordaient une planète avec un niveau de technologie trop élevé pour la bombarder de senseurs actifs. Mais ce coup-ci, au bout de deux jours, un événement inattendu se produisit.
- Transmission de la surface, annonça Chen Li. C'est Mokona.
- Hein ? Passe-le.
- Pu pu puuuu ! Mekyo mekyo ! Je les ai trouvé !
- Non ! C'est pas vrai ?
- Pu pu puuu ! Mokona dit toujours la vérité ! Mokona a trouvé les disparus !
De toutes les Mégacorps de la planète, la plus atypique était sans doute la Shinkai-Yoshitoshi-WWE. C'était en apparence la plus récente, mais sa puissance rendait jalouse bien des firmes concurrentes plus ancienne. En fait, ses racines étaient très anciennes, mais depuis quelques mois, à force de rachats, de ventes, de réorganisation et de changements de nom, c'était bel et bien une entité neuve qui était née. Elle siégeait dans un immense gratte-ciel fort ancien, à la façade recouverte de pierres de taille. La petite taille de ses fenêtres lui donnait un air de bunker, et les gargouilles tout en angles et en biseaux achevait de lui donner un air menaçant. Ce fut pourtant sans hésiter qu'un petit groupe de ChouChouLandais franchirent son seuil pour pénétrer dans ses entrailles. Ils se retrouvèrent dans un immense hall au murs de marbre et de granite, qui donnait l'impression d'être une fourmi. Il s'approchèrent de l'accueil, ou deux jeunes réceptionnistes étaient en grande conversation sur les derniers bigoudis à la mode.
- On veut voir les patrons, demanda Ori, avec son plus beau sourire.
Devant le manque total de réactions des deux écervelées, il réitéra sa demande deux ou trois fois. Sans plus de succès.
- Je vous parle ! fit-il en tapant sur la table.
- Non mais vous ne voyez pas qu'on parle ? fit alors une des deux réceptionnistes, avec un ton cassant.
- Puisque c'est comme ça...
Et les ChouChouLandais, décidant de prendre ça pour une autorisation, se dirigèrent vers les ascenseurs.
- Vous n'avez pas le droit de prendre cet ascenseur ! hurlèrent-elles avec des voix de harpies parfaitement synchronisées.
Mais il était déjà trop tard. Les ChouChouLandais étaient déjà dans l'ascenseur express, et il s'était refermé sur eux.
- Sécuritééééé !!
L'ascenseur express les amena au centième étage, à mi-hauteur du bâtiment. Mais une fois arrivés là, ils s'aperçurent que tous les autres ascenseurs avaient été immobilisés.
- Et merde ! Va falloir continuer à pied, rouspéta Kettch.
- Bhaa... dit Milvus. Estime-toi heureux qu'on soit pas resté coincés entre deux étages.
- Ouais, c'est même un peu louche qu'on ait échappé à ça, ajouta Ori.
- Un piège ?
- Possible...
Ils étaient dans un large corridor qui de toute évidence, courait sur la plus grande partie du gratte-ciel. À chaque extrémité était visible un escalier monumental.
- Bon, de toute évidence, faut se séparer en deux équipes. Allez, zou, on y va !
Sans perdre de temps, deux groupes se formèrent. Milvus, accompagné de Kettch, Tsunami et l'éternelle peluche Mokona allèrent à droite, tandis que les autres fonçaient à gauche. Dégainant leurs armes, ils se mirent à courir dans l'escalier à toute allure. Mais déjà des hommes en costard jaillissait de partout pour les intercepter en les truffant de plomb. Sans se démonter, ils se mirent à répliquer, avec leur flingues, leurs katanas et leur baïonnettes, et le sang gicla à gros bouillon, dévalant ensuite les escaliers qui bien vite se transformèrent en une réplique miniature des chutes du Niagara.
- Ils sont trop forts ! cria un des hommes de main. Appelez le boss !
- Laissez-nous passer, et tout ira bien !
- Jamais de la vie, fit un des sbires en crachant du sang. « Il » va arriver. Même vous, vous ne ferez pas le poids face à « lui ».
Et il mourra dans un gargouillis sinistre.
- Peuh...
Mais déjà une silhouette massive s'encadrait en haut de l'escalier, à contre-jour. Dans chacune de ses mains se trouvait un immense pistolet à la taille démesurée.
- Qui ose venir ici ? Il va avoir affaire à moi !
Et il bondit dans l'escalier, fondant tel un faucon sur ses proies, tout en hurlant son cri de guerre.
- Vous n'échapperez pas à Beyond the Troll !
Et il fit feu sans retenue. Mais les ChouChouLandais n'était pas des amateurs. Ils s'étaient déjà mis à l'abri (Mokona avait carrément disparu lui...) et se préparèrent à répliquer. Tsunami et Milvus surgirent des côtés, leurs armes blanches pointées sur la créature. Mais elle était trop rapide pour eux, et ils ne réussirent qu'à la ralentir un peu et la gêner. Du coup, elle ne vit pas arriver Kettch, qui tenait lui aussi deux puissants flingues, un dans chaque main. Il se retrouvèrent face à face, à quelques centimètres l'un de l'autre, se braquant mutuellement de leurs armes. On aurait dit que le temps s'était ralenti, Milvus et Tsunami observant toute la scène à à peine quelques mètres de là, mais totalement impuissants. Kettch reconnut son adversaire, et, soudainement, se détendit, pour dire :
- Salut Bubus, ça boume ?
Kettch souriait déjà, pensant que le Troll l'avait reconnu. Mais il avait oublié une chose : il était déjà trop tard pour l'arrêter, il était en pleine crise de rage, et ne reconnaissait plus ses amis de ses ennemis. Il tira, faisant exploser la tête de Kettch comme une pastèque bien mûre. Ce dernier tira par pure réflexe, criblant de balle le Troll. Mais déjà son corps décapité tombait en arrière, comme une marionnette de chiffons, tandis que la rage du Troll était décuplé par ses blessures.
- Putain, on est pas dans la merde, lâcha Tsunami.
Lui et Milvus se lancèrent dans une nouvelle attaque, mais le Troll, saignant de toute part, les yeux rougeoyant, vêtu d'un costard en lambeau dévoilant sa fourrure rousse, se jeta sur eux sans hésiter et mordit littéralement dans leurs lames, les brisant comme si elles avaient été faite en biscuit.
- Et merde, l'alliage béni, c'est plus ce que c'était !
Hébus, alias Beyond The Troll, continuait d'avancer sur eux, et finit par les bloquer dans un coin, sans espoir de s'enfuir.
- Ça sent le roussi... fit Tsunami.
- Tu veux dire le monstre roux ?
- C'est pas le moment de sortir des jeux de mots vaseux.
Brandissant leurs moignons d'armes blanches, ils s'apprêtaient à défendre chèrement leur peau jusqu'au dernier moment quand un grand bruit d'aspiration, suivi d'un bruit de déglutition particulièrement incongru, se fit entendre. Hébus avait disparu, remplacé par un grand machin blanc et pelucheux.
- Puuuu ! Mokona a sauvé son Milvus !
- C'est pas vrai... Sauvés par le Moko.
- Là c'est la honte.
Dans l'autre escalier, Ori, T-Citron, Kiko et Farf n'en menait pas plus large. À peine avaient-ils montés quelques marches qu'une armée de robots aux formes étranges les avait attaqués. Le bas était arachnoïde, avec quatre paires de pattes articulées diablement pratique dans un escalier. Le haut ressemblait vaguement à un Gundam pour le torse et la tête, mais les bras étaient équipé de tètes de forage coniques, à l'allure inquiétante.
- Mais c'est pas vrai. Je ne suis pas un fromage ! J'ai pas besoin de trous !
C'était Ori qui protestait ainsi, tout en essayant de se mettre hors de portée des robots.
- Y a pas moyen. Leur carcasse résiste à mes thés corrosifs. C'est de vraies saloperies.
Les quatre ChouChouLandais étaient encore en train de chercher une arme qui ferait effet sur leurs adversaires mécaniques, quand un cri de psychopathe se fit entendre.
- Mouhahahahahaha ! Aucun intrus ne passera ! Rien ne résiste à mes robots. Je suis le Docteur PaWest !
Ils regardèrent alors dans la direction d'où venait cette proclamation, et crurent que leurs yeux leur jouaient des tours.
- Je me disais bien que je reconnaissais cette voix... fit Farf.
- Il est devenu complètement fou !
- En effet, conclut Kiko, avec son flegme légendaire.
C'était bel et bien Pavel qui gesticulait en haut de l'escalier, tout en grattant comme un démené sur une vielle guitare électrique.
- Mouhahaha ! Je suis le plus grand inventeur de ce siècle ! Mes robots sont les meilleurs !
- Pavel, arrêtes de délirer ! C'est nous !
Mais ce dernier ne les écoutait pas. Totalement absorbé par l'essai de ses dernières inventions, il ne regardait même pas contre qui ses robots se battaient.
- Oh, et puis merde ! Employons les gros moyens ! décida T-Citron.
Il fit signe au Bagage, qui s'approcha prudemment, sans cesser de surveiller les robots. Ils avaient beau avoir huit pattes, il en avait beaucoup plus, et ce n'était sûrement pas de robots qui allaient lui apprendre des choses.
- Où ai-je bien pu le fourrer...
- Mais qu'est ce que tu fabriques ?
- Ah, ça y est, je l'ai trouvé !
T-Citron avait sorti un sachet de thé, et était en train de mettre le feu à son étiquette.
- Je voulais pas l'utiliser, mais tant pis.
Et d'un magnifique geste du bras, il le lança sur les robots, tout en gueulant :
- Planquez-vous, les gars !
Ses trois compagnons se demandèrent s'il n'avait pas perdu l'esprit, mais, juste au cas où, ils lui obéirent. Bien leur en prit. Une gigantesque explosion se produisit quand la mèche du sachet de thé finit de se consumer. L'immeuble trembla sur ses fondations, et la moitié de l'escalier s'effondra dans un nuage de poussière. Les quatre ChouChouLandais, transformés en fantômes tout blanc, se relevèrent lentement.
- Je ne veux pas savoir ce qui se passe si on fait infuser ce genre de sachet, murmura Farf en contemplant les dégâts.
- Le thé en sachet, c'est le mal ! expliqua T-Citron.
- Oui, je comprend maintenant pourquoi Maitresse Tohsaka n'aime pas ça... dit Ori.
- En effet...
Les robots avaient été proprement déchiquetés par l'explosion, transformés en charpie métallique torturée, qui avait été projetée un peu partout. Ori constata avec effroi qu'un des cônes de forage était passé à quelque centimètre d'une partie importante de son anatomie.
- Putain, je l'ai échappé belle.
- Il est où le Pavel ?
- Aucune idée...
- Merde, j'espère qu'on l'a pas tué.
Mais ces craintes étaient bien entendu injustifiées. Jaillissant comme un diable au milieu des débris, il était toujours en train de jouer de la guitare (Ori réalisa soudain que c'était le solo de gratte de Tenbatsu! Angel Rabbie, de Under17).
- Je suis Docteur PaWest ! hurlait-il à pleins poumons. Si vous croyez que vous en avez fini avec mes robots, vous vous trompez ! Elsa !
À cet ordre, une elfette robot surgit de nul part pour attaquer les ChouChouLandais.
- Elsa va défendre cet escalier au péril de sa vie-robo !
- Mais on est des amis, merde ! Pavel, t'as pas fini ton délire ?
Cependant, l'elfette robot avait attaqué Ori. Se dernier, bien incapable de faire du mal à une elfette, même robot, esquiva sans contre-attaquer. Du coup, Elsa, emportée par son élan, trébucha, et elle se vit tomber dans le trou béant qu'il y avait à la place d'une moitié de l'escalier. Mais c'était sans compter sur la goule, qui par pur réflexe de fan d'elfettes, l'attrapa par la taille et la ramena à lui.
- Tout va bien ?
- Darling... fit l'elfette, devenant toute rouge.
Calimsha essayait depuis une demi-heure de lire les tonnes de rapports d'activité que les différentes filiales de la Mégacorp produisaient en quantités astronomiques. Mais entre le bruit et les explosions qui faisaient tout trembler, il avait un peu de mal. Avec un soupir, il repoussa sa tasse de thé Earl Grey et décida d'aller voir ce qui se passait. Dès qu'il fut sorti de son bureau, ce fut un décor de guerre civile qu'il découvrit. La moquette avait été arrachée, les murs étaient fissurés, les lampes en mille morceaux, les meubles éventrés... Et par dessus tout ça, une épaisse fumée poussiéreuse empêchait de voir à dix mètres.
- Putain, qu'est ce que c'est que ce bordel ?
Enjambant des corps inanimés de divers employés, il arriva à proximité d'un des escaliers. Il y découvrit Pavel et plusieurs ChouChouLandais, affalés par terre, soufflant comme des phoques et visiblement morts de fatigue. Tout n'était que destruction autour d'eux. Il ne restait plus rien de l'escalier, et trois étages de la façade s'étaient effondrés dans la rue en contrebas. Calimsha haussa un sourcil, puis dit :
- Ah d'accord... Vous nous avez enfin trouvés !
- Ouais... On s'est tapé dessus... On s'est bien marrés. Mais on est un peu crevés, là...
- Ouais, je vois ça. Vous êtes que quatre ?
- Non non, les autres sont passés par l'autre escalier.
- OK, je vois, ils ont du tomber sur Bubus alors. Bon, je vais allez voir ce qu'ils fabriquent. Et après, on se fait une petit resto pour célébrer nos retrouvailles ?
- Ouais bonne idée.
Et il se dirigea tranquillement vers l'autre escalier, ou un spectacle un peu semblable l'attendait. Mais quand même assez différents. Milvus, Tsunami et Kettch était moins fatigués, mais ils arboraient un air sombre. Ils étaient accompagné d'un Mokona fort satisfait de lui-même, et qui lançaient de temps en temps de petits « Puuuu » qui soufflaient hors de sa bouche des poils de couleur vaguement rousse.
- Il est ou le Troll ?
- Là-dedans, fit Milvus en désignant la peluche vivante.
- Ah merde, il va être de sale humeur quand il va ressortir.
- Ouais, je pense aussi. Je crois bien qu'il faudrait lui prépare de la bouffe, histoire de faire diversion. Et comme il a la mémoire courte, une fois le ventre plein, il aura plus de raisons de tout pulvériser.
- Bhaaa, ça tombe bien, je viens de proposer aux autres d'aller au resto.
- Ouais, je crois que ça tombe bien.
Et le petit groupe rejoignit l'autre moitié des ChouChouLandais, avant de prendre les ascenseurs (que Calimsha avait donné l'ordre de débloquer) pour redescendre au niveau de la rue.
Le petit resto était une pizzeria appartenant à la Mégacorp, dans laquelle on les accueillit comme des rois. Visiblement, on avait éjecté quelques clients pour leur faire de la place, mais personne ne protesta devant cette preuve que Calimsha, Hébus et Pavel avait acquis un statut assez enviable sur cette planète.
- Alors, vous en avez amis du temps pour nous trouver !
- C'est ça, ça va bientôt être de notre faute ! Je vous rappelle que c'est vous qui avez déconné dans le monde des Magical Girls !
- Ouais, et j'ai été coincé en même temps, grogna Hébus tout en engloutissant quelques dizaines de pizzas. Heureusement qu'on est tombé dans un monde décent, sans couettes ni gamine surdouée !
- Ouais, j'ai plutôt eu l'impression que tu t'étais bien acclimaté ici...
Les ChouChouLandais faisaient leur premier festin tous ensembles depuis six mois, ce qui était une période de séparation exceptionnellement longue. Aussi ce qui devait être une simple tournée au resto avait fini en énorme fête quand les ChouChouLandais restés dans le vaisseau les avaient rejoints. Tout le monde se goinfrait comme à l'habitude, voire même plus vu les circonstances exceptionnelles. Mokona puputait de plus belle tout en allant d'un coin à l'autre de la gigantesque table où étaient attables les ChouChouLandais. Cette dernière avait une forme étrange et irrégulière due au fait qu'elle avait été constituée en rassemblant de petite tables de formes et de dimensions fort variées.
- Pu pu puu ! Mokona va vous montrer une recette !
Et il commença à faire la démonstration de son savoir-faire, alignant une bonne douzaine d'ingrédients devant lui avant de les manipuler et les mélanger dans un ordre compliqué.
- Pu pu puuuu ! Alors là vous prenez le chocolat fondu...
Mais il n'eut pas le temps de décrire ce qu'il allait faire avec son immense saladier de chocolat fondu, car l'enfer se déchaîna sans prévenir. Ce fit d'abord la vitrine du restaurant qui explosa, puis les tables et les chaises volèrent en tout sens tandis qu'un objet massif et bruyant se dirigeait droit sur les ChouChouLandais. Ces derniers eurent des réactions diverses : certains se planquèrent sous la table, d'autre sautèrent au plafond. Les plus proches des extrémités de la table s'enfuirent en courant tandis que le Moko, en plein dans la trajectoire de l'intrus, tombait la tête la première dans son chocolat fondu.
- Ce doit être le conglomérat Heenok-Derrick-Naruto Ltd ! expliqua Calimsha à ceux qui avait trouvé un refuge pas très loin du sien. Nos principaux ennemis.
Jetant un coup d'oeil par dessus la table, il vit que l'intrus qui avait pulvérisé le restaurant était un vieux Land Rover, mais n'eut pas le temps d'en voir plus : les passagers du véhicule avaient sortis des mitraillettes et les arrosaient copieusement d'un feu nourri.
- Je pense qu'ils vont regretter de s'être attaqués à nous. Feu à volonté !
Et les ChouChouLandais, sortant leur panoplie d'armes aussi diverses que redoutable, se mirent en devoir de répliquer. Ce fit donc une véritable fusillade acharnée qui commença, détruisant méticuleusement et systématiquement les restes du mobilier du restaurant. Le Land-Rover finit par exploser, tant il avait criblé de projectiles en tout genre. Les assaillants, comprenant qu'ils avaient gravement sous-estimés les forces en présence, décidèrent alors d'une subtile retraite stratégique, c'est à dire de se barrer vite fait. Ils quittèrent donc le restaurant pour s'enfuir dans la première voiture qui passait, après en avoir éjecté le conducteur, bien sûr.
Sans hésiter, les ChouChouLandais se précipitèrent à leur poursuite, laissant un pizzeria totalement en ruine. Les employés sortirent lentement des cuisines, contemplant les dégâts et remerciant les Dieux de leur avoir laissé la vie.
Le premier souci des ChouChouLandais, une fois déboulés sur le trottoir, fut évidemment de se procurer un véhicule. On poursuit difficilement une voiture à pied, même quand on est un bourrin. Justement, un individu était en train de sortir de sa voiture, qui ressemblait de façon étonnante à une Audi Quattro. Milvus sortit son sabre et donna un choix très simple au conducteur :
- Les clés ou la tête !
L'inconnu devint blanc, lâcha ses clés et partit à toute jambe en beuglant dans un sabir incompréhensible.
- Forts serviables, les locaux.
Sans attendre plus, il s'installa au volant, tandis que Ori, Pavel et T-Citron se disputaient pour savoir qui aurait quelle place. Finalement, tandis que Milvus démarrait sur les chapeaux de roues, ce fut Ori qui échoua à la place du mort.
- Accrochez-vous !
Pour ceux qui ne sont pas au courant, il faut préciser que l'Amiral Milvus, malgré ses facultés de pilote de Syuk hors pair, était sans doute le pire conducteur de tous le multivers. Comment il faisait pour rester en vie était un des plus grands mystère de l'existence...
Se faufilant entre les voitures à une vitesse inédite dans cette ville, l'Audi Quattro gagna rapidement du terrain sur la voiture des fuyards, une vielle Toyota MR2. Cependant, Pavel et T-Citron ne voyaient rien de tout cela : la conduite spéciale de Milvus les avait projeté dans tous les sens et ils avaient fini les quatre fers en l'air, assis à l'envers la tête près du plancher, et à moitié assommés. De son côté, Ori ne voyait que trop bien la situation.
- Attention ! On va mourir !
- On s'en fout... dit calmement Milvus en passant au travers de la cargaison de baies vitrées d'un camion.
Des morceaux de verres volèrent dans tous les sens, mais l'Audi Quattro avait traversé tout cela comme dans du beurre. Cependant, la Toyota avait disparu.
- Et merde !
Activant ses neuroniques, il commença alors à dialoguer avec l'ordinateur de l'USS Yggdrasil.
- Connexion au satellite demandée, chargement du logiciel de tracking.
- À vos ordres, fit l'IA.
Aussitôt, un des satellites de surveillance lancés par le vaisseau ChouChouLandais lors de son arrivée en orbite (ce qui était une procédure standard) se braqua sur le quartier de la ville où ils étaient.
- Recherche de Toyota MR2 rouge, fuyant la zone où l'on se trouve.
- Véhicule localisé.
Un plan de la ville apparu alors en transparence dans un coin du champ de vision de Milvus. La Toyota se trouvait dans une rue parallèle, à environ 200 m d'eux. Une grosse flèche clignotante lui indiquait obligeamment la direction à prendre (qui accessoirement était un sens interdit). Effectuant un majestueux dérapage contrôlé (enfin, contrôlé...), il tourna à droite dans la rue adjacente, frôlant une vielle bourgeoise promenant ses quinze yorkshires.
- Merde, j'ai raté les clebs.
- Tu vas tous nous tuer ! File-moi ce volant ! cria Ori.
- Hors de question !
- Je veux pas mourir !
Et la goule se jeta sur le pauvre conducteur, qui ne se laissa cependant pas faire, et se défendit à coup de pieds et de mains. La trajectoire de l'Audi commença à prendre une belle courbe aléatoire. Un mathématicien du coin, qui prenait son thé sur le balcon de son appartement, vit cela d'en haut et fut profondément touché par la beauté intrinsèque de la chose. Ce qui entraîna chez lui une révélation mystique et il put enfin prouver un théorème qui tracassait sa discipline depuis des siècles. Mais il fut interrompu dans ses pensées par un énorme vacarme. Il regarda dans la rue et vit que l'Audi était tombée dans le grand trou béant fait eu milieu de la chaussée pour les travaux du métro. Ce qui ne semblait pas avoir troublé le conducteur, car la voiture disparu dans le tunnel. Tout comme la brillante démonstration qu'il avait en tête quelques secondes plus tôt. Lui d'habitude si réservé ne pu s'empêcher de lâcher :
- Merde !
Dans la voiture, Ori avait fini par assommer Milvus et l'avait balancé à l'arrière avec les restes de Pavel et T-Citron. Il fonçait plus ou moins à l'aveuglette dans le tunnel,
- Et merde, faut que je sorte d'ici !
Avisant une station, il fit une embardée qui le mena sur le quai en construction. De là il se dirigea vers les tunnels de sortie, bousillant la suspension de la voiture sur les escaliers. Il défonça aussi au passage une rangée de validateurs de tickets, puis émergea à l'air libre, faisant faire à la voiture un bond prodigieux qui la fit atterrir sur le trottoir au milieu des baraques de chantier. Sans perdre une seconde, il retourna sur la chaussée et eut juste le temps de voir la Toyota tournant à gauche deux rues plus loin.
- Euh, fait que je préviennes. On est dans le territoire de la Heenok-Derrick-Naruto Ltd... informa Pavel d'un voix d'outre-tombe. C'est un peu nos ennemis jurés.
- Et alors ?
- ...
Tournant dans petite rue, il vit la Toyota entrer dans une entrée de garage au pied d'un immense gratte-ciel en forme de pyramide, recouvert de marbre noir.
- C'est leur siège social...
- Et bien c'est parfait ça, au moins on sait qui attaquer. Tout est clair.
- Je suis pas sûr que ce soit une super bonne idée...
- Ne me dis pas que tu as peur...
- Ben, on est un peu en sous-nombre
Mais à ce moment, le reste des ChouChouLandais arriva à bord de deux voitures déglinguées, une Renault Fuego et une Pontiac Fiero. Ori fit un grand sourire en les voyant.
- Des renforts, parfait ! Il n'y a plus aucune raison d'hésiter.
- ...
Les ChouChouLandais essayaient régulièrement de monter des opérations militaires subtiles et discrètes, reposant en grande partie sur la ruse. Mais si le taux d'échecs restait bas, une analyse des rapports de mission montrait que les plans initiaux foiraient en général lamentablement et que les ChouChouLandais ne devaient leurs succès qu'à leur capacité à sortir des plans B de leurs manches. Plan B qui n'avaient rien de subtils ni de discrets, et où la ruse était inexistante. En conséquence, ils décidèrent ce coup-ci de ne pas tenter l'impossible et que la méthode d'attaque la plus simple serait la meilleure. Le plan B en premier, donc...
Sortant la grosse artillerie, les ChouChouLandais se dirigèrent donc vers le hall d'entrée de l'immeuble en forme de pyramide et déboulèrent sans prévenir dans le hall d'entrée.
- Vous avez voulu avoir la guerre ? cria Hébus. Et bien vous l'avez trouvé.
Et sans plus de sommation, il se mirent en devoir de tirer dans tous les sens ou de sauter sur le premier venu pour le réduire en chair à pâté. En quelques secondes le hall fut réduit à l'état de ruines fumantes.
- C'est un peu mou tout ça. J'espérais plus de résistance, fit Ori, franchement déçu.
- On a pas fini, il reste les autres étages, rappela Farf.
- Ouais. Espérons que les occupants des autres étages soient dignes de nous.
- Mekyo Mekyo Mekyo !
- Hé ! Qu'est-ce qui lui prends ? demanda Kettch en voyant Mokona faire des yeux bizarres et sautiller encore plus que d'habitude;
Mokona sent un trésor. Mokona veut aller le chercher !
- C'est pas le moment, grogna Milvus.
Mais la bestiole avait déjà disparu dans un ascenseur.
- Bhaa... Laissons-le, on a d'autres chats à fouetter... dit Calimsha.
- C'est clair...
Mais à ce moment, un des employés, à moitié mort, réussit à se redresser et hurla aux ChouChouLandais :
- Vous ne sortirez jamais d'ici, étrangers ! Ce tombeau sera votre tombeau !
Et il appuya sur un bouton caché, qui déclencha l'alarme, avant de retomber, raide mort.
- Mais qu'est-ce qu'il raconte ? se demanda Farf.
- T'occupes, il a déclenché l'alarme, c'est la merde, dit Pavel.
- Mais non, c'est pas grave, dit Ori. Ça change pas grand chose pour nous. À la limite ce qui m'intrigue le plus, c'est qu'on ait pu démolir le hall d'entrée sans déclencher l'alarme automatiquement.
- Non, ce que je veux dire, c'est que leur système de protection vient de s'activer. D'après les informations dont on dispose, il s'agit d'un mélange inédit de nanotechnologie et de magie. Donc en gros on a aucune idée de ce sur quoi on va tomber.
- Huk huk huk... Génial !
Cependant, quelques dizaines d'étages plus haut, une réunion d'affaire venait de se terminer, et le déclenchement des systèmes de sécurité faisait se poser quelques questions à plusieurs participants ne faisant pas partie de la Mégacorp.
- J'ai une autre réunion dans une demi-heure. Il est hors de question que je reste coincé ici parce que vous n'êtes pas capable de gérer vos problèmes de sécurité avant qu'ils n'arrivent.
- Rassurez-vous, je vous en prie, disait un des employés. Nos système de sécurité vont vous permettre de quitter ce bâtiment autant qu'ils sont capables de neutraliser ces quelques intrus.
- Il y a intérêt !
Cependant, deux des participants ne semblaient pas s'inquiéter le moins du monde, mais au contraire, avait franchement l'air de s'amuser. L'un deux était une entrepreneur audacieux du multivers, bien connu des ChouChouLandais, et l'autre était une grande femme mince, très élégante dans son costume exubérant, et qui fumait avec un long fume-cigarette en ivoire. Elle était également connue des ChouChouLandais, même si c'était plus récent.
- Décidément, où qu'on aille, il faut toujours qu'on tombe sur cette bande de cinglés !
- Et alors, ils sont amusants, et on fait de bonnes affaires avec eux. Et ils ont même adopté mon cher Mokona !
Bien entendu, ces deux puissants personnages n'avaient aucunement besoin qu'on les aide pour quitter le bâtiment, contrairement à la plupart des autres. Mais ils n'avaient rien d'urgent à faire après cette réunion (où ils avaient conclu de fort juteux contrats), aussi décidèrent-t-ils d'un commun accord de rester pour profiter du spectacle.
De son côté, Mokona était parti à la recherche de son trésor, zigzaguant dans les couloirs sans trop regarder où il allait. Il finit par tomber sur une lourde porte blindée située au sous sol.
- Pu puuu !
Sautillant sur une console, il tapa au hasard de sa danse sur les touches du clavier. Il y avait une chance sur un million qu'il tape la bonne combinaison. Ce qui explique qu'une lumière verte s'alluma et que la porte blindée tourna lentement sur ses gonds. Mokona sauta de la console et s'apprêta à entrer dans le coffret, quand il vit que quelque chose en sortait.
- Puuuuuu ! fit-il terrifié.
Le reste des ChouChouLandais, de leur côté, s'enfonçaient aussi dans l'immeuble ennemi, mais en allant tout droit pour leur part. Même quand le couloir tournait, car ils démolissaient tout ce qui se trouvait sur leur passage. Ils ne savaient pas trop où ils allaient, les systèmes de protection du gratte-ciel brouillaient leurs sens : impossible de dresser un plan. La réalité flottait devant les yeux, de plus en plus étrange.
- C'est bizarre, on croise personne. Il est vide ou quoi cet immeuble ?
- Mmmm... fit Calimsha. J'ai bien peur qu'on ne soit en train de nous faire tourner en rond.
- Gottferdom ! Faire tourner en bourrique un Troll de Troy ! C'est un crime ! Si je les trouve, je vais te me les transformer en chipolatas !
Tout en parlant, il agitait sa massue en tout sens, sans regarder autour de lui. Ce qui explique qu'il frappa Ori sans faire exprès, alors que ce dernier était en train d'inspecter un mur en quête de passage secrets. La goule tomba raide sur place, complètement assommée.
- Ne fais pas de mal à mon Darling, sale Troll mal propre-robo ! Elsa va te corriger-robo !
Et l'elfette robot commença à taper sur le Troll, qui commença par rigoler. Les coups de poing d'Elsa ne lui faisait pas plus de mal qu'un atterrissage de Fifine. Mais son rire dut remplacé par de l'agacement quand elle sortir ses ongles, puis à de l'effroi quand des pistolets à eau sortirent de ses manche.
- Gottferdom ! Tout mais pas ça !
- Alors Hébus, on se fait martyriser par une elfette ? ricana ChouChouBoy. Tu vas voir, bientôt il te poussera des couettes !
Mais il ne l'entendait déjà plus, car il fuyait au loin, l'elfette accrochée à son dos. Ori de son coté était en train de se relever, 36 chandelles dansant autour de sa tête.
- Quelqu'un a noté la plaque d'immatriculation de ce chauffard ?
- C'est un peu éculé, ça comme gag, lui fit remarquer Milvus.
- Je te l'accorde, mais reconnaît que tu es le dernier à pouvoir me faire ce genre de reproches.
Milvus se mit alors à siffloter, et le petit groupe se remit en marche, suivant le sillage de destruction laissé par la fuite du Troll. Mais quelques minutes plus tard, ils entendirent d'effroyables cris derrière eux, et en se retournant, il virent Hébus qui fonçait vers eux, toujours poursuivi par Elsa.
- Mais lâche moi, sale elfette sadique !
- Tu ne m'échappera pas-robo !
Les deux les dépassèrent sans même leur accorder un regard, totalement absorbés par leur course-poursuite.
- Voilà qui semble confirmer ma théorie, dit Calismha avec une certaine satisfaction. Ces enfoirés se servent de leur magie pour nous embrouiller !
- C'est ce que je disais ! dit Pavel. On était pourtant d'accord pour ne pas attaquer cette Mégacorp.
- Oui, mais c'était avant qu'ils démolissent notre resto, et avant que nos chers concitoyens arrivent.
- En tout cas, il faut enclencher la vitesse supérieure...
- Combattre la magie par la magie ? demanda Farf.
- Exactement !
Mokona de son côté, était en train de courir aussi vite que Hébus, sinon plus. Mais il n'était pas poursuivi par une elfettes. Son tortionnaire était beaucoup plus vieux, plus maigre et plus moche. Et surtout il était recouvert de bandelettes de papier qui se déroulaient peu à peu, lui faisant comme une robe de mariée derrière lui (mais en gris jaunâtre et sale, et non en blanc immaculé).
- Pu pu pu puuu ! Mokona n'aime pas les momies !
Mais cette dernière, imperturbable, continuait à le pourchasser. Elle était très dévouée dans sa tache de protection du coffret-fort. Mais un peu stupide, puisqu'elle l'avait laissé sans protection...
La vitesse supérieure, ici, pour les ChouChouLandais, cela signifiait commencer à utiliser la magie, en particulier la magie paradoxale. Elle était plus compliquée à utiliser en étant dans un univers parallèle, mais ça n'allait pas les arrêter. Les melons paradoxaux de Farf se révélèrent même particulièrement utiles, car ils étaient capable de voir à travers les brouillages magiques ennemis avec une ridicule facilité.
- Voilà où on est. On va où ?
- Il faut monter ! déclara Ori. Les big boss se trouvent au sommet de la pyramide.
- Encore des escaliers ! Je hais les escaliers ! grogna Calimsha.
- Les ascenseurs sont en panne. Si tu trouves un moyen d'aller plus vite...
- Ouais... Materialize ! Tamazinger-chan Z!
- Hé... Ça va pas l...
Mais il était trop tard pour l'arrêter. Le Paradoxal Golem se matérialisa dans le couloirs, pulvérisant cloisons et plafond tandis qu'il prenait progressivement sa taille normale.
- Mais quel crétin !
Sans plus attendre, il grimpa sur l'épaule de son golem chélonien et ce dernier commença à se frayer un chemin en traversant les plafonds, créant derrière lui une sorte de puits d'accès.
- Bhaaa... fit Milvus avec fatalisme. Une fois qu'on a appris à éviter les gravats qui tombe, c'est pratique. On n'a qu'à le suivre !
- C'est bourrin quand même...
Cependant, Calismsha les avait littéralement laissés sur place, fonçant à une allure folle vers le sommet du gratte-ciel. Les ChouChouLandais invoquèrent donc différent golems adaptés à la situation, et volant ou escaladant, commencèrent à emprunter la voie dégagée par Calimsha. Il se dépêchaient pour le rattraper quand trois silhouettes apparurent, qui visiblement était là pour le empêcher d'aller plus loin.
- Vous n'irez pas plus loin !
C'était trois jeunes filles, que les ChouChouLandais auraient trouvées charmantes, avec leurs mini-jupes et leurs uniformes de lycéennes,, si elle ne portaient pas par dessus une armure de combat et si elle n'étaient pas été armées.
- Heu... On veut juste passer... fit Pavel.
- Hors de question !
- Mais euh... fit-il en tentant de les amadouer avec les yeux humides.
Sans plus de sommations, elles invoquèrent trois bêtes, un loup rouge, un oiseau vert et un dragon bleu, de grande taille, et qui semblaient avoir un certain appétit pour les ChouChouLadnais.
- Merde ! Elles aussi elles ont des Paradoxal Golems !
- Non, je crois que c'est encore un autre type de magie.
- On va pas se laisser faire ! Yukinoruu !!
Les ChouChouLandais se lancèrent donc à l'attaque, biens décidés à les vaincre. Mais la moitié du groupe avait trop peur de blesser des filles à couette et leurs adversaires en profitèrent bien. Ils furent littéralement rétamés, et commencèrent à retomber le long du puits creusé par Calimsha, de plus en plus bas...
Calismha, lui, avait continué son chemin, et même dépassé le sommet du gratte-ciel. Tamazinger-chan Z avait surgi du haut de la pyramide comme un obus, et filait vers le ciel depuis une bonne minute quand il réalisa qu'il avait péché par excès de zèle.
- Oh bravo...
Cependant, un peu plus bas, le passage de l'entropiste avait quelque surpris et perturbé un certain homme d'affaire du multivers. Ce dernier courait en tout sens, visiblement paniqué.
- Mes pouvoirs, j'ai perdu mes pouvoirs !
Yuko le regardait, quelque peu stupéfaite de le voir paniquer, et encore plus de prétendre avoir perdu quelque chose d'aussi précieux que ses pouvoirs, sans qu'elle en soit responsable.
- De quels pouvoirs parles-tu ?
En apparence, il avait juste perdu une pile de paperasse, qui avait volé en tout sens au passage du Paradoxal Golem.
- Des pouvoirs que mes voisins m'ont donné ! Pour l'assemblée syndicale des copropriétaires de la planète d'Astilouth ou j'ai un continent !
- Ah je comprends mieux...
- Sans eux, je ne serais pas en majorité au prochain vote ! Mes pouvoirs ! Putain de merde !
- Cependant, une boule de poil blanche apparue soudain, avec un tas de feuilles chiffonnées sur la tête !
- Pu pu puuuu ! Phoenix-co a perdu ses pouvoirs ! Mais Mokona les a retrouvés ! Tiens, mon phoenix !
- ...
- Comme c'est gentil à toi, Mokona, fit Yûko en lui caressant le dessus de la tête entre les deux oreilles
- Pourquoi faut-il que ce soit lui qui me sauve la mise ? Quelle honte !
- Pu pu puuuuu !
- Mais dit-moi, c'est normal que tu traînes derrière-toi une vielle momie toute moisie ?
De leur coté, les ChouChouLandais étaient en train de se relever péniblement, l'arrière train meurtri par leur longue chute et surtout le choc avec le sol de la cave du gratte-ciel.
- Où on est ? demanda Farf.
- Je crois que c'est leur salle des coffres, vu le décor... fit Ori.
- OK... Mais pourquoi la porte est ouverte et y a ni gardien ni alarme ?
- Ça doit avoir un lien avec le bordel qu'on est en train de mettre... proposa Pavel.
- Ouais, un truc dans ce genre.
- Bon, on se sert !
- Ouaaaaais !
Et sans tergiverser plus, les ChouChouLandais se mirent en devoir de piller le coffre-fort ennemi, choisissant avec soin ce qui se vendrait un bon prix dans un autre univers. Ils évitèrent donc soigneusement les billets de banque pour se concentrer sur les bijoux, les oeuvres d'art et autres babioles pas trop chiantes à transporter, mais valant leur poids en or ou plus.
- Je crois qu'on est parés, là... fit Farf, croulant sous un sac rempli à craquer de lingots, de bijoux, de pièces d'or et de chandeliers en argent, dont un dépassait par un trou.
Et les ChouChouLandais quittèrent alors la salle des coffres, ayant visiblement totalement abandonné l'idée de trouver leurs ennemis. Le massacre du restaurant avait déjà été oublié, à moins que l'idée de leur piquer tout leur pognon (ou presque) ne leur parut suffisante comme vengeance. Mais au moment où ils trouvaient un escalier pour quitter le sous-sol, des voix de fausset se firent entendre.
- Halte là ! Vous n'irez pas plus loin.
Au début les ChouChouLandais ne comprirent pas d'où venaient les voix. Puis il baissèrent les yeux et tout devint logique.
- Je rêve ou on est en train de se faire barrer le passage par des Hobbits ? constata Ori.
Il entendit alors un grognement derrière lui, et quelqu'un cria :
- Arrêtez-le !
Mais il était déjà trop tard. Kettch avait lâché son sac, piqué sa hache à un T-Citron stupéfait (c'était bien la première fois qu'on la lui subtilisait), et il plongeait sur les Hobbits avec une rage meurtrière.
- J'aime pas les Hoooobbits !
Le sang commença très vite à gicler, puis des morceaux de membres et d'organes internes de Hobbits suivirent, sous l'œil stupéfait de la plupart des ChouChouLandais.
- Mais qu'est-ce qui lui arrive ? demanda finalement T-Citron.
- Il a une aversion incontrôlable pour les Hobbits, expliqua Hébus. Vous n'avez jamais entendu parlé du Kettch's cut ?
- Ah, c'est donc ça...
Quand il fut calmé et que T-Citron récupéra sa hache, il ne restait pas un seul morceau de Hobbit plus gros qu'un morceau de viande pour fondue bourguignonne.
Mokona regarda derrière lui et vit que la momie était en effet toujours derrière lui. Elle lui était complètement sortie de la tète.
- Puuuu ! Au secours.
Il se remit à fuir, mais au même moment, Phoenix-co lâcha un petit sortilège de feu. Des flammèches touchèrent les bandelettes de la momie et cette dernière s'embrasa en moins d'une seconde.
- Ça brûle toujours aussi bien les momies...
Tout en haut du building-pyramide, Calimsha avait fini par retomber sur le toit. Aucune menace n'était en vue, et il avait donc fait disparaître son golem. Il était désormais à la recherche d'un moyen de revenir à l'intérieur, la pente de la pyramide n'étant pas très confortable. Le trou par lequel il avait émergé était bien sûr toujours là, planté prêt du sommet de la pyramide comme le cratère secondaire d'un volcan.
- Je parie que tout un comité d'accueil m'attends de l'autre coté de ce trou. Vaut mieux que je me méfie.
Il lança donc un sort technomagique pour se matérialiser une cape en métamatériaux, se rendant ainsi invisible. Mais à sa grande surprise, il ne croisa personne quand il sauta dans le trou béant pour accéder à un des étages supérieurs de la pyramide.
- Mais quelle bande de glandus. On débarque chez eux, on casse tout, il se mettent en alerte rouge, ils courent partout, et on peut quand même se balader sans les croiser !
Haussant les épaules, il se dirigea vers les ascenseurs (il ne prenait décidément jamais les escaliers). La meilleure chose à faire était désormais de retrouver le reste des ChouChouLandais. Mais il n'avait pas la moindre idée de où ils pouvaient bien être dans le bâtiment.
- Mmmm... Je monte ou je descend ?
À ce moment précis, une explosion se fit ressentir, venant de toute évidence des étages inférieurs, et faisant vibrer tout l'immeuble.
- Je descend...
Mais il eut beau appuyer sur le bouton, l'ascenseur ne réagit pas le moins du monde.
- Mmmm. J'aurais du m'en douter. Avec tout ce bordel, ils sont en rade.
Il sortir alors son bâton de mage de sous sa cape, et lança un petit sort offensif. La lourde porte coulissante de l'ascenseur chauffa à blanc, puis se tordit avec d'affreux grincements, jusqu'à former un trou assez large pour laisser passer un homme.
- Parfait.
Sans hésiter, il sauta dans la cage d'ascenseur. Sans surprise, elle était vide, la cabine n'était nulle part en vue. Il dévala une bonne cinquantaine d'étages avant de la voir, montant vers lui. Il atterrit sur son toit, sans aucun dommage malgré plusieurs secondes de chute libre. D'un second coup de son bâton, il fit sauter la trappe.
- Salut les gens ! fit-il en sautant à l'intérieur, ou se trouvait quelques sbires de l'ennemi.
Les cris d'horreurs résonnèrent dans toute la cage d'ascenseur, tandis que Calimsha faisait place nette autour de lui.
Cependant, si Calimsha traversait des zones à moitié désertes, le reste de la bande de fous était enfin tombé sur une bande d'ennemis en nombre satisfaisant : Une horde de zombis muets les avait surpris au détour d'un couloir, se jetant sur eux comme une horde de lemmings.
- Des lurkers ! cria Ori !
Ces ennemis n'étaient pas particulièrement dangereux, mais ils étaient vraiment présents en très grand nombre, et les ChouChouLandais furent vite séparés dans la foule, aussi dense qu'à Châtelet-les-Halles à l'heure de pointe.
- Enfer ! Où sont-ils passés ? Je ne les voit plus ! dit Milvus.
Il avait continué à tout massacrer autour de lui, mais avait fini par dériver dans un couloir isolé, où aucun de ces concitoyens n'était en vue.
- Mais vous avez fini de me faire chier !
Redoublant d'efforts, il se mit à faucher méthodiquement les lurkers : un coup à gauche, un coup à droite. Jamais il n'avait combattu d'ennemis aussi ridiculement faibles, mais il allait finir par avoir des crampes si ça continuait ainsi. Il vit alors à un moment qu'il était au centre d'une cage d'escalier, qui se dressait au-dessus de lui, comme une cheminée dotée d'une spirale hypnotisante.
- Désolé de vous fausser la compagnie, mais vous êtes vraiment lourds !
Et il effectua un bond prodigieux qui le mena une bonne dizaine d'étage au-dessus. Il atterrit avec souplesse sur la rambarde et, de là, put rejoindre un palier dépourvu du moindre lurker.
- Ah ça fait du bien quand ça s'arrête, dit-il en se massant l'épaule.
- Tiens, tiens tiens, qui voilà... fit une voix.
- Oh, c'est toi...
- Encore en train de massacrer tes ennemis ?
En effet Milvus était quelque peu couvert du sang des lurkers qu'il avait massacré.
- Ça n'est rien. Le sang de ces créatures finit par se transformer en poussière. Dans quelques minutes, j'aurais l'allure d'un érudit qui a passé trop de temps dans sa bibliothèque.
- C'est bon à savoir...
- Sinon... Qu'est-ce que tu fabriques ici ?
- J'avais quelques affaires à régler. Mais c'est fini. Çà te dit, d'aller boire un coup ?
- Mmmm... Théoriquement, je devrais aller retrouver mes concitoyens pour les aider. Mais venant de toi, ça se refuse pas !
Trois étages plus haut, une peluche blanche était en train de chercher partout les gens avec qui il était quelques secondes plus tôt.
- Puuu ! Yuuko ! Phoenix-co ! Où êtes-vous ?
Mais ils avaient complètement disparus.
- Puuu ! Puisque c'est comme ça, Mokona va chercher le trésor tout seul !
Quinze étages plus bas, le couple présidentiel avait fini d'éclater la tronche des lurkers qui les avaient attaqués. Comment ils avaient réussi à rester ensemble, c'était un mystère, dont personne n'aurait la clé. Mais ils étaient bel et bien tous les deux ensembles, et ils s'étaient installés dans un coin pour un petit pique-nique tranquille à base de sandwich au Saint-Nectaire. ChouChouBoy avait également troqué son uniforme pour une chemise hawaïenne et un étrange couvre-chef qui ressemblait fort à un petit palmier. Il jouait (mal) du ukulele pour faire danser leur chien robot.
- ...tain je suis crevé. Qu'est-ce qu'ils étaient nombreux ces cons.
- Oui. Heureusement qu'on a du Saint Nectaire pour recharger nos batteries.
Des explosions se faisaient entendre de temps en temps, démontrant que certains ChouChouLandais n'en avait pas fini avec les lurkers. Ou qu'ils avaient trouvé d'autres ennemis à taper.
- Qu'est-ce qu'on fait ? On va les aider ?
- Bof, ils se débrouilleront très bien tous seuls. Une fois qu'on aura fini le pique-nique, je propose de revenir sur l'USS Yggdrasil et de se mater quelques nanars. On aura bien le temps d'aller récupérer leurs morceaux quand ils auront fini...
La pyramide avait commencé à ressembler à un volcan avec le premier trou, fait par Calimsha. Mais apparemment, les ChouChouLandais n'allait pas en rester là. Certains se battaient près des parois, et les explosions que ChouChouBoy et Chen Li avaient entendues avaient créé quelques cratères secondaires. Le gratte-ciel avait donc de moins en moins une forme régulière et de plus en plus celle d'un vieux volcan qui ne crachaient jamais sa lave deux fois par le même orifice. Farf émergea de l'un d'entre-eux, légèrement ébloui par la lumière du soleil après la pénombre des couloirs. La magie que l'ennemi avait déchaîné avait semble-t-il eu quelques effets secondaires : deux magnifiques nekomimis étaient apparues sur sa tête.
- Nyaaa~~
Toute la ville se dressait sous ses yeux félins, magnifique panorama urbain qui respirait la paix et la tranquillité, à des années-lumières du chaos qu'il venait de quitter.
- Nyaaa~~ C'est beau... Mais quel ennui.
Et sans hésiter il replongea dans la pyramide pour trouver un ennemi à manger.
- Nyaaa~~ Petites souris où êtes-vous ?
Bondissaant avec souplesse dans les couloirs, il fondit sur un petit groupe, qui visiblement, ne s'attendait pas à le trouver là : des hauts dirigeants de la Mégacorp et leurs gardes du corps.
- Je croyais qu'on s'occupait d'eux ! protesta un vieux mafieux.
- Nous sommes dépassés, expliqua un garde du corps. Les lurkers ont été un échec total, ils les ont dispersés au lieu de les éliminer.
- Espèce d'imbéciles ! Vous êtes tous virés !
- Vous délirez ?
Mais le vieux avait l'air sérieux.
- OK, j'ai compris.
Le garde du corps cessa alors de tirer, pour contourner habilement Farf et sortir par le trou béant dans le mur.
- Revenez !
- Faut savoir...
Mais il ne revint pas sur ses pas pour autant, et sauta dans le vide, utilisant la pente de la pyramide comme un toboggan. Les mafieux regardèrent autour d'eux et virent que tous les gardes du corps l'avaient imité.
- Vieux gâteux ! Ils se sont tous barrés à cause de toi !
- C'était des incapables !
- Nyaaa~~ Vous m'auriez pas oublié par hasard ?
Les mafieux eurent à peine le temps de réaliser leur erreur avant que Farf ne les croque tous crus.
Ori de son côté s'était transformé en son double maléfique bien connu, Sarkori, mais qui bizarrement avait un costume et un maquillage de clown. Il errait dans les escaliers, cherchant des ennemis à mettre en prison, mais n'en trouvait aucun. Du coup un peu de bave coulait le long de ses canines de prédateur.
- Pri... son... Je dois mettre des gens en prison...
Un bruit étrange se fit alors progressivement entendre, et il tendit l'oreille. Une proie approchait, et visiblement sans méfiance. Il contint un petit rire sadique. Le bruit se fit de plus en plus précis et de plus en plus reconnaissable.
- Pu pu puuu, pu pu puuu !
Il se cacha dans un coin, et une fois que sa proie fut éloigné de tout refuge, il lui sauta dessus.
- En tauuuuuule le puputeur !
- Puuu ! fit Mokona, tous ses poils hérissés de frayeur.
Mais quelques secondes plus tard, il se reprenait déjà.
- Ah, mais c'est que Sarkori. Mokona n'a pas peur de Sarkori, car Mokona est un citoyen modèle.
- C'est ce qu'on va voir !
- Mais pourquoi Sarkori a un costume de clown ? Il ressemble à Pierrot Bolneze !
- Ne détourne pas la conversation ! Vos papiers, jeune puputeur !
- Ah, je sais ! Sarkori a demandé a Yuuko la conquête du monde, et Yuuko a pris l'âme de Sarkori pour la revendre à des forains qui passaient par là ! Du coup tu travailles dans un cirque !
- Ce délire prouve que tu consommes des substances illicites ! En taule !
Et joignant le geste à la parole, il empoigna Mokona par la peau du cou et le fourra dans la première chose qui ressemble à une cellule qu'il trouva : son lave-vaisselle. Il referma brusquement la porte, et déclencha un cycle de lavage.
- Mouhahhaha ! Sarkori triomphe toujours !
Et il éternua. Du coup, Ori réémergea, mais sans avoir le souvenir de ce que son double avait fait.
- Où est-ce que je suis ? Pourquoi je suis devant un lave-vaisselle ?
Mais Mokona continuait à protester à l'intérieur de la machine, et cette dernière se mit à tressauter sur place.
- Rhaaa ! Mon lave vaisselle est vivant ! Au secours !
Il voulut fuir par les escaliers, mais le lave-vaisselle ne le quittait pas d'une semelle.
- Mais tu vas me lâcher !
- Pu pu glou glou ! fit la machine, sans qu'on sache trop si le son venait de Mokona ou de la machine elle-même.
Ori finit par rater une marche et s'étaler de tout son long. Le lave-vaisselle lui passa sur le corps sans pitié, tout en s'ouvrant, ce qui projeta de la mousse et de l'eau savonneuse un peu partout. Puis il continua son chemin, tout en se désagrégeant, laissant derrière lui une traînée de pièces détachées.
- Je suis lessivé... fit Ori avant de tomber dans les pommes.
La pyramide transformée en volcan fumant était devenu le point de mire de toute la ville. La rumeur courait déjà que c'était la Shinkai-Yoshitoshi-WWE qui avait attaqué, et au vu des dégâts, était en train de gagner. Toutes les autres Mégacorps était donc en train de se préparer à récupérer tous les morceaux qui pourraient traîner après la bagarre. Cependant, personne n'osait s'approcher du champ de bataille, tant que les choses ne se calmaient pas. Aussi, quand un individu étrange entra dans le halle en ruine, tout le monde essaya de savoir qui était le suicidaire. Mais il n'apparaissait nulle part, dans aucune base de donnée. De même qu'un nombre non identifié d'individus d'allure dangereuse qui venaient de s'allier à la Shinkai-Yoshitoshi-WWE. Seules quelques Mégacorps parmi les plus puissantes réussirent à capter les paroles du fou quand il fut dans le hall.
- Quels dégâts ! Pas de doute, ce sont bien eux !
Puis il disparut dans les profondeurs de la pyramide.
C'était tout dégoulinant du sang des lurkers que Pavel et Elsa débarquèrent dans le saint des saints de la pyramide : le bureau du chef suprême de la Mégacorp. Il était en sale état, quasiment détruit par les nombreuses explosions qui avaient secoué le gratte-ciel.
- Je suis le Docteur PaWest ! Vous êtes fichus !
- Il n'y a plus personne-robo.
- Quelle bande de lâches. Décidément ils ne méritaient pas de devenir nos pires ennemis. Je suis déçu.
Il s'installa derrière le bureau couvert de gravats et alluma l'ordinateur.
- Elsa, interface-toi avec leur système. Tant qu'à faire, je vais pomper les données de leur R&D. Avec un peu de chances, ces incapables auront réussi à inventer des choses intéressantes.
- À vos ordres-robo !
Pavel fouilla dans les menus, à la recherche de quelque chose d'intéressant. Il finit par trouver un dossier au nom intriguant et l'ouvrit.
- Dame, Onii-chan !
- Ho ho ! Voilà qui semble coller à mes attentes !
- Onii-chan no ecchi ! Hyaaaaaa !
Tandis qu'il copiait frénétiquement les données avec l'aide d'Elsa, il relâcha son attention et ne remarqua pas qu'un groupe d'inconnus arrivaient furtivement. Il fut donc complètement pris par surprise quand il se vit entouré d'individus vêtus de noir et de petite taille.
- Rend-toi, tu es cerné ! fit une voix fluette.
- Des r0r1 ninjas ! Dans mes bras !
Mais malgré l'enthousiasme de Pavel, c'était à coups de Shurikens qu'elles l'accueillirent et Elsa dû s'interposer.
- Ne le touchez pas-robo !
Elle commença donc à contre-attaquer sans pitié, les rouant de coups sous l'oeil affolé de Pavel.
- Ne leur fais pas de mal !
- Mais elles nous attaquent-robo !
Tiraillé en entre la nécessité de se défendre et son incapacité à affronter de tels ennemis, Pavel était littéralement paralysé et Elsa du faire tout le sale boulot elle-même. Au bout de quelques longues minutes, elle en avait fini et Pavel était devenu un peu gâteux.
- On dirait qu'il a planté-robo !
Elle le chargea sur son épaule, tandis qu'un grondement sourd, agrémenté de bruits de divers objets de taille variable tombant, commençait à monter des étages inférieurs.
- Il faut se barrer d'ici-robo !
En effet, à force de faire des trous, que ce soit à coup de technologie, de magie, ou tout bêtement d'huile de coude, la pyramide commençait à trembler sérieusement sur sa base. Les ChouChouLandais (enfin, ceux qui comprenaient ce qui se passait) étaient donc en train de se diriger calmement vers la sortie, non sans massacrer tout ce qui se dressait sur leur chemin. La magie aussi était en train de s'estomper, ce qui leur permettait de se retrouver petit à petit les uns les autres.
- Je crois qu'on est au premier étage, dit T-Citron. On devrait pas tarder à trouver cette putain de sortie !
Mais une silhouette enveloppée d'un grand manteau leur barra soudain le passage.
- Maudit ChouChouLandais ! Je vous retrouve enfin !
- Rincendent ? Qu'est-ce que tu fous ici ? demanda Hébus.
- Je suis venu me venger !
- Je t'ai déjà dit que Karoutrha'pè avait été reconstruite ! rouspéta T-Citron. Rentre chez toi au lieu de nous stalker !
- Mensonges ! Je ne vous croit pas !
- Hébus. Assomme-le, on l'embarque.
- Comme tu veux !
Et il joignit le geste à la parole, avant même que l'autre ait put esquiver quoi que ce soit.
À peu près au milieu de la pyramide, une scène touchante était en train de se produire, mais hélas personne n'était là pour en être le témoin. Il est donc étrange qu'elle apparaisse dans ce récit, mais quand on fait joujou avec les univers parallèles, c'est le genre de chose qui arrive.
- Non père, je ne vous abandonnerais pas.
Un jeune homme était au chevet d'un individu tout de noir vêtu, la tête cachée par un casque intégral au design étrange.
- Je ne veux pas vous perdre à nouveau !
- Ma vie s'est écoulée, Luke... Il faut te faut l'accepter. Accorde-moi donc une dernière chose. Je veux te voir avec mes vrais yeux.
- Mais ça vous tuerait !
- Il est déjà trop tard...
Le fils finit donc par accepter, et avec quelques jets de vapeur, défit le casque de son père.
- Tu... Tu as les yeux de ta mère.
Et il cessa de vivre. Ravalant son chagrin, le fils prit le corps de son père et, titubant un peu sous son poids, l'emporta avec lui. Tout était en train de s'effondrer autour de lui : poutres, murs, morceaux de plafonds tombaient dru et ce fut un miracle qu'il arrive à rejoindre une navette. Il la fit décoller et sortir de la pyramide en toute hâte. Et la suite des évènements prouva qu'il avait raison : la pyramide finit par exploser juste après son départ, ne laissant plus qu'un champ de ruines.
L'explosion soudaine de la pyramide Heenok-Derrick-Naruto Ltd ne fit par miracle aucun dégât aux alentours. Un certain nombre de personne avait même pu fuir avant l'issue fatale. Mais leur témoignage était toujours profondément incohérent, et les différents Mégacorps de la planète ne surent jamais vraiment ce qui s'était passé. La disparition des trois dirigeants fondateurs de la Shinkai-Yoshitoshi-WWE n'avait pas plus d'explications. Comme des vautours, tout le monde se précipita donc sur les ruines des deux empires décapités. La guerre des gangs qui s'en suivit fit un nombre élevé de victimes, mais petit à petit, un nouvel équilibre se mit en place, et on finit par totalement oublier cette histoire de fous.
Lorsque Milvus se réveilla, c'était avec une sérieuse gueule de bois et une amnésie partielle assez inquiétante.
- Note pour plus tard : dire à Homère que l'efficacité de ses endoglandes est en chute libre.
Se massant les tempes, il sortit du lit, ou une forme féminine dormait encore, probablement tout autant victime de la gueule de bois. Il enfila un uniforme à peu près propre et tenta de rejoindre la passerelle. Il zigzaguait un peu, mais finit par y arriver. Elle était vide.
- Bande de cons, ils sont passés où ?
Il jeta un coup d'oeil et constata que le vaisseau était en train de voyager dans les limbes, quelque part entre les univers. Il n'avait aucune idée de qui avait donné cet ordre ni de qui l'avait exécuté.
- Putain j'espère qu'on oublié personne ce coup-ci.
Il tapota quelque commande sur sa console, affichant les localisation des différents ChouChouLandais à bord du vaisseau. Au fur et à mesure que la liste défilait, une grimace déformait de plus en plus son visage. Il manquait bel et bien trois concitoyens à l'appel : Ori, Kettch et Mokona.
- Et meeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeerde !